La musique instrumentale baroque et l'opéra... vaste question !
Il faut partager en deux parties.
La première, celle qui a trait à l'Europe tout entière, principalement sous influence italienne.
La seconde, celle qui a trait à l'influence française.
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Pour le versant italien, c'est assez simple.
L'aria, ce n'est ni plus ni moins que l'air, mais ça ne me semble pas toujours déterminant, ces arie sont rarement sous forme standard de Da Capo. C'est plus une parenté linguistique qu'une parenté véritablement musicale, amha.
J'y vois surtout le lien de la virtuosité, avec la pyrotechnie façon airs de bravoure. L'exemple-type se trouve dans le dernier mouvement du concerto pour hautbois de Marcello. Cette fascination pour
l'agilité qui a fait que l'opéra est passé à cette époque d'un théâtre chanté à une musique vaguement théâtralisée. Tandis que la France conservait largement la primauté au théâtre. Le genre concerto peut s'expliquer ainsi.
On a aussi certaines
théâtralisations, du genre de la Tempesta di Mare, avec air de sommeil, tempête, etc. Mais c'est plus rare, et on est quasiment déjà dans notre seconde partie !
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La partie française. Là, c'est très riche ! Alors je fais bref.
=> Beaucoup de la musique instrumentale se trouve
au sein même des opéras, des pastorales, des divertissements. Il s'agit de danses, qu'on extrait parfois,
aujourd'hui, dans les disques comme suites.
On dispose même de choses plus gaillardes et parodiques, comme les Danses de Village de Boismortier.
=> Ces danses sont devenues des
repères pour toute composition autonome, et dans l'Europe entière, y compris chez les Italiens et assimilés. Haendel, par exemple, ouvre ses opéras avec des Ouvertures à la Française (partie lente pointée + fugato rapide). Et ses divertissements instrumentaux (Water Music, Royal Fireworks Music, Concerti Grossi divers) emploient des danses, pas forcément les danses canoniques de l'opéra français, puisqu'y figurent aussi des allemandes, des bourrées et même des hornpipes.
Valable aussi dans les suites françaises pour clavecin de Bach.
=> Rameau écrit aussi bien des suites traditionnelles avec allemandes et courantes que des
transcriptions d'airs célèbres. On trouve cela aussi chez d'Anglebert. Le principe de la transcription et de la paraphrase est donc particulièrement intéressant. Vivaldi réutilise par exemple son célèbre Printemps à partir de
Dorilla in Tempe.
Il faudrait vérifier sérieusement la parenté exacte entre les danses à l'opéra et les danses des suites instrumentales (filiation ou cousinage).
Bien, je m'arrête ici tant qu'il est encore temps.