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| Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) | |
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Auteur | Message |
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DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Sam 16 Jan 2010 - 10:22 | |
| - Xavier a écrit:
- Je ne crois pas qu'on ait parlé de cette anthologie assez alléchante, chez Naxos:
2 CD comme dans l'intégrale EMI, sauf qu'ici il manque Schéhérazade et les Mallarmé. Sinon j'ai l'impression qu'il y a tout, et ici on a en plus les 3 chansons (3 beaux oiseaux, etc...) version chant-piano. Détail et extraits ici Oui, il y a tout, et il y a à boire et à manger. C'est surtout Théruel qui est immense (Histoires Naturelles : aussi fort que Herbillon, dans un genre plus viril), mais même Millot est un peu décevante et la voix de Naouri pleurniche déjà un peu. C'est très chouette, mais un peu en-dessous de ce que promettait la pochette. |
| | | Pinch Mélomane averti
Nombre de messages : 204 Age : 42 Date d'inscription : 28/01/2009
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Lun 1 Mar 2010 - 12:01 | |
| Je ne connais toujours pas les Mélodies de Ravel. J'aimerais bien découvrir les Mallarmé mais je ne trouve rien à moins de 45euros sur amazon et même pas des versions de référence de ce que je comprends... je dois chercher où? |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91597 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Lun 1 Mar 2010 - 12:04 | |
| Pour les Mallarmé spécifiquement, il y a ce très beau cd Upshaw avec un sublime programme (Falla, Stravinsky, Delage...): http://www.amazon.fr/Girl-Orange-Lips-Bruce-Coppock/dp/B000005J0T/ref=sr_1_5?ie=UTF8&s=music&qid=1267441469&sr=1-5 Le disque Otter est un peu plus cher par contre. (indisponible neuf apparemment, 19 euros d'occas) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Lun 1 Mar 2010 - 12:07 | |
| - Pinch a écrit:
- Je ne connais toujours pas les Mélodies de Ravel. J'aimerais bien découvrir les Mallarmé mais je ne trouve rien à moins de 45euros sur amazon et même pas des versions de référence de ce que je comprends...
je dois chercher où? Si tu veux juste les Mallarmé, il y a la plus belle version ici : http://www.amazon.fr/Otter-Bonne-Chanson-Mel-Mats-Lidstrom/dp/B000001GRC/ref=sr_1_3?ie=UTF8&s=music&qid=1267441597&sr=1-3 . Edit : Xavier vient d'en parler. |
| | | Pinch Mélomane averti
Nombre de messages : 204 Age : 42 Date d'inscription : 28/01/2009
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Lun 1 Mar 2010 - 12:23 | |
| Merci!
Je vais commander les titres avec Von Otter à l'unité je crois |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91597 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Jeu 8 Nov 2012 - 23:47 | |
| - Xavier a écrit:
- Polyeucte a écrit:
- Tous les détails :
http://www.deutschegrammophon.com/cat/single?sort=newest&PRODUCT_NR=4783725&ADD_OTHER=1&per_page=50&flow_per_page=50&presentation=flow&UNBUYABLE=1
Tiens, des Mallarmé et madécasses par Palmer, il faudrait vraiment que j'entende ça! Est-ce que quelqu'un a ce coffret Decca et a écouté les mélodies chantées par F.Palmer? Ca m'intrigue et m'intéresse. EDIT: en fait ça se trouve sur Musicme pour ceux que ça intéresse. |
| | | math Mélomane averti
Nombre de messages : 403 Localisation : Au nord du centre du sud de la France Date d'inscription : 13/09/2010
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mar 17 Déc 2013 - 22:08 | |
| Je viens d'écouter les deux versions des Madécasses dont je dispose:
1°) Jean-Christophe Benoît, Fernand Dufrène (celui-ci était tellement modeste qu'il a refusé d'enregistrer la partie de piccolo, ne se considérant pas comme un spécialiste de l'instrument. C'est donc Robert Rochut qui tient cette partie), Guy Fallot et Monique Fallot.
2°) Jessye Norman, Alain Marion, Philippe Muller et Pierre-Laurent Aimard.
La première version est une petite merveille. Ceci grâce au talent de conteur de Jean-Christophe Benoît, qui dit le texte autant qu'il le chante, et en raison de l'osmose totale entre les interprètes, qui créent un climat magique de bout en bout.
La deuxième version contraste totalement avec la première: en dépit d'une affiche alléchante, on ne peut se défaire de l'impression que les solistes n'ont pas assez répété (ce qui n'aurait rien de surprenant).
Bien sûr, avec des musiciens de cette classe, l'ensemble est de haute tenue, mais sonne vraiment très lisse et aseptisé. On est à des années-lumière de la mystérieuse alchimie de la version précédente.
Quant à Norman, sa diction est incompréhensible, et le phénomène est aggravé par un vibrato excessif et par une prise de son abominablement réverbérée. Même son "Aoua! Méfiez-vous des Blancs!" m'a paru fade. Une expérience vraiment décevante.
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| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91597 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mar 17 Déc 2013 - 22:29 | |
| Je crois l'avoir écoutée, cette version de Norman... mais celle que je connais le mieux, c'est celle qu'elle a enregistrée chez Emi, avec notamment Dalton Baldwin, et je la trouve superbe, pas incompréhensible d'ailleurs. |
| | | math Mélomane averti
Nombre de messages : 403 Localisation : Au nord du centre du sud de la France Date d'inscription : 13/09/2010
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mar 17 Déc 2013 - 22:35 | |
| Ah mais attention, je n'ai pas dit que ce n'était pas beau. C'est plastiquement superbe, ce qui ne contredit en rien ce que j'ai écrit plus haut. (jouer les Madécasses en fin de programme un dimanche après-midi est une expérience très drôle: le public rigole lorsque la chanteuse termine par son "allez, et préparez le repas!" Mais curieusement, si l'acoustique est trop floue ça ne marche pas )En tout cas je ne savais pas que Norman avait enregistré l'oeuvre deux fois. Je suis curieuse de connaître la version EMI! |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91597 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mer 18 Déc 2013 - 1:17 | |
| - math a écrit:
- Ah mais attention, je n'ai pas dit que ce n'était pas beau. C'est plastiquement superbe, ce qui ne contredit en rien ce que j'ai écrit plus haut.
Quand je disais "superbe", ça ne voulait pas dire seulement d'un point de vue hédoniste, mais à tous points de vue, c'est engagé, mordant, bref... je crois même que c'est ma version préférée. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mer 18 Déc 2013 - 12:40 | |
| J'ai écouté la version Baldwin il y a longtemps, et je partage l'avis de Math sur Norman : c'est certes de la belle voix, mais ça sonne gros, et le texte est quand même au second plan... dans ce répertoire, c'est un défaut aussi grave que chanter faux, de mon point de vue. |
| | | Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3574 Age : 50 Localisation : Vienne... en Isère, pas en Autriche ;-) Date d'inscription : 24/05/2010
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Lun 27 Jan 2014 - 11:56 | |
| Bonjour, J'ai écouté trois versions différentes des Chansons Madécasses : Kozena, Karnéus, Fischer-Dieskau. J'apprécie bien la version de Fischer-Dieskau, l'articulation est très bonne, la voix belle, et le texte bien mis au premier plan. Avec le timbre masculin, l'oeuvre prend une autre couleur. J'aime également bien son "Allez, et préparez le repas" dit très simplement... je n'ai pu résister, je me suis levé, j'ai fait la popote Par contre étonnamment, j'avais imaginé qu'une voix d'homme ferait ressortir le caractères érotique. Eh bien, c'est à mon sens la belle voix de Kozena qui l'exprime à merveille dans Nahandove... "C'est elle, c'est Nahandove, la belle Nahandove...". Très belle version, le texte est très présent, très clair, bien mis en valeur, beaucoup d'expressivité. Beaucoup de plaisir à l'écoute. Mon seul regret est de n'avoir pas de version DVD, j'aurais aimé voir son visage, ses gestes, son charisme... Ensuite forcément quand j'ai écouté la version de Karnéus (trouvée dans un CD de Pahud)... c'est plat. Pas de récit, peu de nuances, pas d'articulation, et on comprend rien... c'est très scolaire, "Karnéus, au tableau, récitez.". Aoua! Aoua! Méfiez-vous de Karnéus ! |
| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14630 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Dim 13 Jan 2019 - 17:50 | |
| Il y a aussi cette intégrale de chez Brilliant, que je trouve plutôt pas mal, surtout pour Christian Immler- Spoiler:
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| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Dim 13 Jan 2019 - 17:56 | |
| Avec la cousine de notre administrateur ténor.
Je trouve néanmoins que l'accompagnement au piano manque un peu d'ardeur virile. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91597 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Jeu 18 Juin 2020 - 18:44 | |
| Chansons madécasses
J'aime beaucoup Norman, Kozena, Palmer, voire Karnéus, DeGaetani…. Mais pourquoi aucune chanteuse franchophone ou presque (il y a Brua chez Naxos) ne les enregistre? Où sont les versions Gens, D'Oustrac, Deshayes? (alors que chez les hommes on a notamment Herbillon, Souzay, Le Roux…) Ou même Otter, si adéquate dans ce répertoire… Y a-t-il des versions qui m'ont échappé?
Edit: je vois qu'il y a Gubisch, mais évidemment ce n'est pas mon idéal de diction... |
| | | luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5876 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Jeu 1 Oct 2020 - 21:15 | |
| Pour ceux que cela intéresse, le 1er CD du baryton Victor Sicard sort le 16 octobre. Si je le mentionne ici c'est qu'il est entièrement consacré à Ravel, avec entre autres cycles et mélodies les Chansons Médacasses. En principe le CD devait sortir le 16 mars, mais confinement oblige, la sorti a été reportée à octobre. Pour mon article, comme nombre de rédacteurs, j'ai donc du me baser sur deezer et spotify ; c'est pas l'idéal, mais ça m'a permis de mettre un coup de projecteur sur un CD qui mérite qu'on s'y arrête.
https://lyriqueinfo.blogspot.com/2020/05/victor-sicard-et-anna-cardonna.html |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Sam 3 Oct 2020 - 10:44 | |
| Écouté il y a quelques mois lors de sa sortie, sur le conseil d'un ancien du forum. (À part Xavier, il ne doit plus rester grand monde qui l'a connu…)
Je n'aime pas la technique de Sicard, comme une désagréable constriction dans la gorge toujours audible. Pour le reste, je suis partagé entre la clarté de certaines inflexions, très belles, et une émission « saturée » d'harmoniques très denses (un peu agressives), une « artificialité » qui met le texte et l'expression un peu à distance. Les deux cohabitent étrangement. (Le piano d'Anna Cardona est lui un peu dur, sans doute capté de façon non optimale.)
C'est néanmoins un disque réussi, bien chanté, d'une approche assez originale. Il s'agit plutôt d'une divergence d'ordre esthétique – je crois que j'aime bien en réalité, mais je suis déstabilisé par ce que j'entends. |
| | | luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5876 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Dim 4 Oct 2020 - 13:43 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Écouté il y a quelques mois lors de sa sortie, sur le conseil d'un ancien du forum. (À part Xavier, il ne doit plus rester grand monde qui l'a connu…)
Je n'aime pas la technique de Sicard, comme une désagréable constriction dans la gorge toujours audible. Pour le reste, je suis partagé entre la clarté de certaines inflexions, très belles, et une émission « saturée » d'harmoniques très denses (un peu agressives), une « artificialité » qui met le texte et l'expression un peu à distance. Les deux cohabitent étrangement. (Le piano d'Anna Cardona est lui un peu dur, sans doute capté de façon non optimale.)
C'est néanmoins un disque réussi, bien chanté, d'une approche assez originale. Il s'agit plutôt d'une divergence d'ordre esthétique – je crois que j'aime bien en réalité, mais je suis déstabilisé par ce que j'entends. Comme je l'ai dit, on est quand même très handicapé par la prise de son de deezer et de spotify qui écrasent quand même beaucoup tout ; mais ils ont le mérite d'exister. Quand j'aurai le CD en main, je changerai peut-être radicalement d'avis. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Dim 4 Oct 2020 - 14:28 | |
| J'écoute quasiment tout sur Deezer / Naxos / Qobuz. Donc ça ne change rien vis-à-vis de mes autres écoutes. Surtout, parce que c'est vrai que le disque peut tout changer, je l'ai déjà entendu en salle, et j'avais été frustré par le peu d'impact de la voix, très fondue / moelleuse. Il trouve des solutions vraiment intéressantes dans ce disque (quand il allège et chante sans la pâte lyrique), mais il l'applique irrégulièrement. Sans doute de quoi creuser, parce qu'il y a des intuitions stimulantes et originales dans ce disque. J'espère qu'il poursuivra en ce sens et ne se laissera pas tenter par la « grosse voix » qui vous fait obtenir des rôles plus intéressant, mais est beaucoup moins satisfaisante pour l'auditeur. |
| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14630 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mer 2 Déc 2020 - 10:03 | |
| Une nouveauté: - Au programme::
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| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mer 2 Déc 2020 - 10:11 | |
| J'ai été un peu rebuté au début par les aspects techniques, et puis au fil du disque vraiment intéressé par la proposition originale. Il faudrait que je réécoute pour me faire une opinion (mais ce n'est vraiment pas mon genre de voix…).
Ravel – Mélodies – Sicard, Cardona → Je n'aime pas du tout la technique de Sicard, comme une désagréable constriction dans la gorge toujours audible. Pour le reste, je suis partagé entre la clarté de certaines inflexions, très belles, et une émission « saturée » d'harmoniques très denses (un peu agressives), une « artificialité » qui met le texte et l'expression un peu à distance. Les deux cohabitent étrangement. (Le piano d'Anna Cardona est lui un peu dur, sans doute capté de façon non optimale.) → C'est néanmoins un disque réussi, bien chanté, d'une approche assez originale. Il s'agit plutôt d'une divergence d'ordre esthétique – je crois que j'aime bien en réalité, mais je suis déstabilisé par ce que j'entends. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mer 2 Déc 2020 - 10:21 | |
| Ah, il me semblait bien qu'on en avait parlé… juste au-dessus. |
| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14630 Date d'inscription : 21/01/2007
| | | | fgero Mélomaniaque
Nombre de messages : 908 Age : 55 Localisation : 78 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Jeu 10 Fév 2022 - 20:07 | |
| En dehors V. de Los Angeles / Prêtre (que j'adore), y a-t-il d'autres versions des Hébraïques avec orchestre ? |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Jeu 10 Fév 2022 - 20:59 | |
| Je me souviens qu'il existait une version Hendricks / Gardiner / Opéra de Lyon chez EMI, j'imagine que ça a dû être réédité, vu la célébrité des interprètes, mais je n'en ai aucun souvenir précis. J'avais vu en vinyle un disque Ravel de von Stade / Ozawa / Boston chez CBS (jamais écouté, j'imagine aussi que ça a dû être réédité par Sony.)
Et ma préférée, bien sûr: Danco / Ansermet / Suisse Romande chez Decca. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91597 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Jeu 10 Fév 2022 - 21:18 | |
| Oui, il y a aussi Denize/Casadesus.
Von Stade se trouve en coffret uniquement j'ai l'impression, avec Shéhérazade entre autres. (Von Stade, The Complete Columbia Recital Albums) |
| | | fgero Mélomaniaque
Nombre de messages : 908 Age : 55 Localisation : 78 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Jeu 10 Fév 2022 - 22:01 | |
| Merci à vous 2, je vais voir si je trouve ça quelque part. Danco j'avais oublié, en effet, mais je connaissais aussi. |
| | | Francesco Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4116 Localisation : Paris Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Ven 11 Fév 2022 - 15:17 | |
| Hendricks/Gardiner, c'est vraiment très beau. Le timbre de Hendricks est magique à cette époque et il y a quelque chose d'à la fois aérien, suspendu et pourtant oriental et incarné dans toute l'interprétation. |
| | | Beckmesser Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 51 Date d'inscription : 16/11/2021
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Dim 20 Mar 2022 - 23:40 | |
| Voici une liste non exhaustive d’enregistrements des Madécasses, y compris quelques vidéos, avec des commentaires pour certaines versions, à compléter au fur et à mesure (les suggestions sont les bienvenues) Madeleine Grey (s) Marcel Moyse (fl), Auguste Cruque (vcl), Maurice Ravel (« piano » et/ou « direction » selon les sources), 1928-32 - Incontournable si on veut comprendre les Madécasses:
Que Ravel soit au piano ou à la direction, il s’agit d’un enregistrement supervisé par le compositeur, avec une chanteuse expressément choisie par Ravel, et donc d’un témoignage précieux à plusieurs titres:
Sur l’approche vocale:
Ravel décrivait la voix de Grey comme « agréablement puissante et très limpide », « pourvue d’une diction parfaite », et c’est exactement ce qu’on entend ici. À la fois un texte parfaitement dit, et un chant intensément soutenu et habité, voire même chanté "avec les tripes » dans Aoua. Cela n’a rien à voir avec une voix charmante et policée comme on aurait tendance à associer à la mélodie française. Ce n’est pas non plus un parlé-chanté insouciant comme celui des Histoires Naturelles (ou plutôt, le parlé-chanté est limité à de très brefs instants: "Tu souris...", la phrase finale...). Quand à la question soprano ou mezzo, Grey était précisément entre les 2 (ou les 2 à la fois…)
Sur les tempi et la conduite du discours:
Le début de Nahandove est bien joué « andante quasi allegretto », c’est à dire loin des étirements hédonistes que l'on entend parfois, et sur un tempo qui semble correspondre au rythme naturel de la déclamation. L’accélération sur « Elle vient » est véritablement fébrile et enflammée, idem pour la reprise du tempo I° sur les élans sur « tes baiser me brûlent jusqu’à l’âme »: il s’agit d’une passion torride et débridée, sans aucune retenue pudique. J'y entends même des échos de Concepción dans l'Heure espagnole, jamais retrouvés chez aucune des interprètes féminines ultérieures. Noter également, avant "Ô reprends haleine", comment les figures haletantes de flûte et violoncelle restent strictement au tempo animato jusqu'à l'entrée de la voix, ce qui figure idéalement la course de la jeune fille qui ne s'interrompt que lorsqu'elle tombe dans les bras de son amant (ou son amante...). Combien de version ultérieures anticipent ce ritardando, passant complètement à coté de l'effet recherché...
Idem pour Aoua, déclamé et martelé mais sans s'appensantir, avec une accélération fulgurante dans la partie centrale qui met délibérément l’articulation à rude épreuve. Le 2e "Méfiez vous des blancs" est bien chanté sur le tempo allegro feroce, contrairement à certaines versions qui font débuter l'allegro feroce sur la mesure d'après, voire même ajoutent une pause entre les 2...Tout s'enchaine ainsi jusqu'aux « vents empoisonnés » sans laisser à aucun moment retomber la tension. Derrière le prétexte exotique, c’est clairement une musique de guerre, dans la lignée du Concerto pour la main gauche, et qui sort complètement du cadre de la « mélodie française.
Enfin, on retrouve dans Il est doux la même fluidité et le même rythme naturel de prosodie que dans Nahandove. Y compris dans l'épisode de danse « Que vos pas soient lents », qui reste malgré tout animé, ce qui est sans doute une des clés pour éviter à la pièce de s’enliser comme ce sera si souvent le cas.
Noter que l’argument selon lequel les tempi rapides seraient forcément dictés par les faces de 78 tours ne tient pas. Aoua et Il est doux sont joués chacun en 3’30, alors qu’une face pouvait durer jusqu’à 5’: il y avait de la marge…
Quant au jeu instrumental, les principales caractéristiques que l’on perçoit derrière la prise de son sont là aussi la clarté et la nervosité rythmique.
À connaitre absolument pour qui s’intéresse aux Madécasses. Et à méditer lorsqu’on entendra des versions qui misent sur la « pudeur de l’expression » ou qui cherchent à arrondir les angles…
Martial SingherSamuel Baron, David Soyer, Paul Ulanowsky, ℗ 1950 (Concert Hall Society - non réédité) Jennie Tourel (ms)John Wummer, Laszlo Vargo, George Reeves, ℗ 1951 (Columbia - non réédité) Jacques Jansen Jean-Pierre Rampal, Maurice Gendron, Jacqueline Bonneau, ℗ 1953 (Decca) - Peu inspiré:
Une déception. On retrouve certes la clarté d’émission et de diction de ce Pélléas célèbre, dans une lecture vive et directe, très proche des tempi de Ravel lui-même. Mais on peut se demander si l’œuvre convient réellement à Jansen, avec ce ton souvent plaintif (le début de Nahandove, plus geignard que sensuel), certaines phrases terriblement prosaïques (« du temps de nos pères »), d’autres surjouées (« nous avons vus de nouveaux tyrans… » avec des accents assez puérils sur chaque premier temps…) De plus, les aigus d’Aoua commencent à exposer les limites d’une voix qui n’a plus tout à fait ses facilité naturelles des années 1940. Enfin, le trio instrumental, bien que prestigieux, est assez mal capté. À réserver aux admirateurs inconditionnels de Jansen. Irma Kolassi (ms)Geoffrey Gilbert, William Pleeth, André Collard, 1954 (Decca) - Une leçon, mais pas tout à fait le grand frisson:
Une leçon de chant français comme on pouvait s’y attendre avec Kolassi. Diction absolument parfaite, rigueur et clarté de l’émission, choix de tempi en adéquation totale avec la prosodie (donc un Nahandove assez allant, proche de l’exemple de Grey/Ravel)
D’où vient alors cette curieuse impression de détachement, qui fait qu’on admire sans être vraiment touché. D’une dynamique un peu uniforme, sans réelle capacité à alléger dans l’aigu? D’une émission très franche mais avec peu de legato, qui limite la dimension sensuelle de Nahandove, et la dimension onirique dans Il est doux? D’une gamme d’expression un peu réduite? Kolassi sait idéalement traduire la plainte ou la nostalgie (« et tes transports s’éteignent dans langueur », intensément poétique), mais on pourrait imaginer un frémissement plus sensuel à l’évocation de Nahandove, un sentiment d’urgence plus exalté sur « Elle vient... », ou encore un élan plus torride sur « arrête, ou je vais mourir… »… Ce qu’obtenait Madeleine Grey, et que l’on retrouvera davantage chez d’autres interprètes.
Ces réserves disparaissent dans Aoua, où ce chant aux angles bien marqué sert idéalement le propos, où les défis de déclamation rapide sont pleinement relevés, et où l’aigu métallique ajoute même en force d’évocation. (Mais là encore, on trouve davantage de terreur panique chez Grey, Souzay 1958, Laplante et quelques autres. Et la prise de son relègue une fois de plus le trio instrumental loin derrière la voix, limitant la portée de l'écriture ravélienne)
Pour ceux qui apprécient les versions anciennes, celle-ci est à connaitre à coup sûr. Pour les autre, qui souhaiteraient écouter juste un fois une version ancienne pour avoir une idée de l’esthétique d’origine des Madécasses, je crois que celle de Grey / Ravel, bien que moins confortable à l’écoute, sera plus riche d’enseignement. Jean-Christophe Benoit Fernand Dufrene & Robert Rochet, Guy Fallot, Monique Fallot, 1954 (EMI) - Un art de la narration, un peu daté:
Impression mitigée. J'admire le talent réel du conteur, l’engagement sur chaque mot, l’art du parlé-chanté. Mais j’avoue être rebuté par ces nombreux « tics » de chants français à l’ancienne : les r grasseillants, le timbre très nasale, les « è » transformés en diphtongues (ex: « du temps de nos paères »…). Des tics nettement plus marqués ici que chez Jansen, Kolassi, Mollet ou Souzay jeune, qui ne me gêneraient pas dans une pièce de caractère, mais qui agissent un peu comme un tue-l’amour dans une pièce reposant sur la séduction comme Nahandove. Il est dommage que Benoit n’ait pas ré-enregistré ce cycle en même temps que ses Poèmes de Mallarmé en 1968, époque où son émission vocale avait sensiblement évolué, gagnant en rondeur et en « modernité ». Après, pour ceux qui arriveraient à passer outre ces détails, c’est sûrement une très bonne version. Gérard Souzay Jean-Pierre Rampal, Robert Cordier, Dalton Baldwin, 1958 (EMI) - Coup de cœur !:
Attention, il s'agit bien de la version de 1958 avec Rampal, pas de celle de 1968 avec Larrieu
1958, c'est un témoignage de Souzay dans meilleures années, cette courte période où sa voix était pleinement épanouie, et ses interprétation profondément inspirée sans être entachée des maniérismes. Et c'est aussi de toute la discographie, la seule version qui retrouve exactement dans Nahandove les tempi vifs et le ton passionné de l'enregistrement de Ravel lui-même, ce qui donne à la pièce une unité et une évidence que l'on ne retrouvera plus jamais à ce point.
Le texte est transmis avec une présence tout aussi immédiate et limpide que chez Jansen ou Benoit (ou plus tard Laplante et Herbillon).
Le timbre est somptueux, avec des graves sombres et veloutés, un aigu solaire, une aisance confondante sur toute la tessiture.
Le chant offre une palette infinie de couleurs, de nuances, de subtilité des phrasés, donnant l’impression de recréer l’œuvre au fur et à mesure et apportant une véritable dimension poétique (le sourire dans la voix au début de Nahandove, les demi-teintes caressantes, le legato sensuel sur « et tes transports s’éteignent »...) tout en restant sur le fil pour ne pas "trop" en faire comme ce sera la cas plus tard. (Seule réserve, l'assombrissement artificiel de la voix sur "Du temps de nos pères", effet inutile, mais qui heureusement ne dure pas longtemps)
Enfin, chanteur et instrumentistes semblent tous les quatre animés d'une même flamme : aucune autre version d'après 1950 n'offre une telle urgence sur l’arrivée de Nahandove, un tel élan torride sur « tes caresses brûlent tous mes sens… » (avec ici comme chez Grey/Ravel des échos de l'Heure espagnole...qui font paraitre toutes les autres pesants en comparaison). Et peu d'autres versions osent une telle vague de panique dans Aoua.
La principale réserve, c'est prise de son mono assez cotonneuse sur les instruments, en particulier sur le piano de Baldwin, qui avait pourtant l'air de sonner (ce glas lugubre sur "et cependant, ils faisaient des retranchements")
Enregistrement autrefois édité en CD (trouvable en médiathèque ou d’occasion), mais qui n’est actuellement disponible en streaming que dans un transfert médiocre de la BNF d’après microsillon. Un remastering d’après les bandes originales serait le bienvenu, et donnerait peut-être plus de présence au trio instrumental. Dietrich Fischer-Dieskau Aurèle Nicolet, Irmgard Poppen, Karl Engel, 1959, DG - Merci Gérard...:
1ère des 2 versions de DFD: il s’agissait de son tout premier récital de mélodies françaises, une réponse logique aux Schubert et Schumann de Souzay. L’interprétation semble d’ailleurs clairement calquée sur celle de Souzay 1958, dans les tempi comme dans les inflexions vocale: un Nahandove phrasé à fleur de peau, intensément poétique, un Aoua où la voix truque légèrement pour obtenir une couleur "ancestrale", un Il est doux rêveur et lascif mais qui n’oublie pas d’avancer.
Le français est particulièrement détaillé, presque sur-articulé, avec certes des voyelles parfois déformées (« belle » à tendance à « bêler »), des erreurs curieuses (« meurt-r-on de volupté), mais au moins tout est parfaitement compréhensible. Sauf dans la partie rapide de Aoua où la diction part dans tous les sens — mais même certains chanteurs français sont dépassés par ce passage.
La voix était à cette époque en pleine santé, avec des aigus pas encore blanchis, et naturellement cette souplesse, ces demi-teintes et cette variété infinie de colorations typiques de Fischer-Dieskau. Parmi les instrumentistes, se détache le violoncelle remarquable d’Irmgard Poppen.
L’appréciation finale dépendra de chacun: on peut rester bloqué par cette diction non idiomatique, trouver certains raffinements excessifs et hors propos, ou encore considérer les quelques secondes aboyées et incompréhensibles au milieu de Aoua comme disqualificatoires. On peut aussi admirer cette lecture qui reste d’une parfaite cohérence musicale, d’une séduction vocale étrange mais réelle dans les 2 mouvements extrêmes, et ou il se passe infiniment plus de choses que chez certains chanteurs français moins engagés (Jansen…)
Quant à savoir si le remake de 1975 est préférable ou non à cette version, il y a des arguments dans les 2 sens. (Voir plus bas) Pierre Mollet Michel Debost, Pierre Degenne, Alain Motard, ℗ 1961 (Vega/BnF) - Excellent:
Retour à un chant français parfaitement idiomatique, intelligible d’un bout à l’autre, avec une émission franche et bien maitrisée: les graves d’Aoua sont présents, les aigus correctement assurés, l’aplomb vocale supérieure à ce qu’on entend chez Jansen ou Benoit. L’interprétation est une fois de plus dans la lignée de Grey / Ravel, avec des tempi allants, des accélérations fulgurantes, un engagement réel de la part du chanteur (rien à voir avec la platitude de Jansen), et une parfaite cohérence du cycle.
La portée de cet enregistrement est seulement limitée par un timbre assez impersonnel, une prise de son très étouffée sur le trio instrumental, et de manière générale, une force d’évocation poétique et une sensualité inférieures à ce que propose Souzay 3 ans plus tôt. Une très belle version malgré tout, qui mériterait un transfert de meilleure qualité que celui de la BnF d'après microsillon. Bernard KruysenChristian Lardé, Jean-Charles Richard, Henri Martinerie, ℗ 1965 (Valois - non réédité) Christa Ludwig (ms) Douglas Whittaker, Amaryllis Fleming, Gerald Moore, 1965 (EMI) - Le Venusberg sous les tropiques:
Naturellement, ce n'est pas l'interprète qu'on attendrait ici en priorité, et on peut lister d’innombrables défauts: la diction n’est pas idiomatique, on peut trouver la voix trop charnue et trop capiteuse pour de la mélodie française (on est loin de la douce clarté de Kožená), certaines accentuations disparaissent sous un legato excessif, les courbes voluptueuses de Nahandove rappellent davantage Venus ou Kundry qu’une halte sous les palmiers, « Habitants du rivage! » sonne comme une imprécation d’Ortrud (avec un E final tout sauf muet…), Ludwig nasalise le "an" de Nahandove (Ravel souhaitait "NahAnnndove"), l’allegro feroce est trop pesant, la flûte n’est pas la plus séduisante, et les harmoniques du violoncelle sont approximatives.
Pour autant, le français est relativement fluide malgré quelques bizarreries ça et là, et dans l’ensemble plus intelligible que des ses Carmen, Didon ou Dalila. La voix est à cette époque au sommet de ses moyens, avec une palette de couleurs assez incroyable, plus variée que dans ses enregistrements des années 1950, sans le vibrato qui allait apparaitre dans les années 1970, et en ayant conservé de réelles capacité à alléger par moments (« le plaisir passe comme un éclair », assez envoûtant…). Et surtout, l’interprétation est constamment habitée: sensuelle, passionnée et lascive dans Nahandove, puis menaçante et littéralement effrayante dans Aoua, où même Gerald Moore sort de sa torpeur habituelle pour asséner des accents dévastateurs…
Une version hors-style, mais pas sans intérêt pour qui est prêt à tenter un Ravel germanisé (ce qui fonctionne parfois, cf. Daphnis par Furtwängler).
En tout cas, j’avoue y revenir avec un plaisir certain. (Aïe, je vais devoir faire le pèlerinage à Rome pour me faire pardonner…) Janet Baker (ms)Melos Ensemble, 1966, Decca - I love Ravel (but does he love me?):
Malgré un chant à nouveau peu idiomatique, cette version aurait pu avoir de sérieux atouts face à celle de Christa Ludwig Une émission plus claire et plus légère que celle de la mezzo allemande, sans ce legato parfois envahissant . Un ton intimiste et touchant dans Nahandove. Le jeu remarquablement clair et aéré des membres de Melos. Sauf que ça ne prend pas.
Déjà, au niveau de la diction: on a l'impression que Baker multiplie des essais pour « bien faire », mais qui tombent à coté. . Tous mes sen(s)… avec un s final muet comme dans « encens ». Le verbe « langouir » (à plusieurs reprises!) À nouveau NahANdove au lieu de NahAnnndove (Allô Christa, ça se prononce comment ce truc?... Tu es sûre?... Pas besoin que j'appelle Irma, alors?... Bon, Ok)
Ensuite, à cause de ce timbre particulier avec sa coloration naturellement plaintive, qui plait plus ou moins selon les goût, mais qui a l’inconvénient de rester assez uniforme: parfaitement adapté à des œuvres à forte propension lacrymale (Mahler…), moins pour des œuvres reposant sur la séduction (on retrouve presque dans Nahandove le coté geignard de Jansen)
Enfin, à cause d’un manque de fougue et de passion. Nahandove est raffiné à l’extrême, mais passe complètement à coté de la dimension enflammée et torride que Ravel attend ici, si l’on se réfère au témoignage avec Grey. Et Aoua semble beaucoup trop précautionneux, avec des tempi fortement rallentis pour pouvoir prononcer à peu près confortablement, et perdant du coup tout son impact: les vents empoisonnées passent sans laisser la moindre trace.
Par rapport à la version tout aussi exotique de Ludwig, j’aurais tendance à dire que Ludwig déborde… et m’entraine avec elle, tandis que Baker s’applique… et me laisse sur le coté. Mais cela est évidemment subjectif, et celles et ceux qui fondent devant la moindre note de Baker auront sans doute un autre avis.
Gérard Souzay Maxence Larrieu, Pierre Degenne, Dalton Baldwin, 1968 (Philips) - Baisse de régime:
Une version nettement inférieure à celle de 1958
L’ensemble reste d’un haut niveau, mais le timbre a déjà considérablement perdu en couleurs et en velouté, le grave se fait court, l'aigu s'est durçi, et on commence à entendre ces déformations de voyelles et ces effets affectés qui allaient entacher la plupart des enregistrements ultérieurs de Souzay. De plus, l’approche est globalement plus austère, sans cette poésie lumineuse qui faisait le charme de la première version, mais sans que cela ne s’accompagne d’un gain significatif sur d'autres plans interprétatifs — la partie rapide d’Aoua semble au contraire davantage expédiée. Naturellement, la stéréo met mieux en valeur le trio instrumental — mais le violoncelle de Degenne n'est pas des plus séduisants.
Je n’ai jamais compris pourquoi Souzay déclarait préférer ses enregistrements tardifs à ceux des années 1950, et celui-ci ne fait pas exception.
Sylvia Getszy (s)Johannes Waltern Clemens Dillner, Hans Dunker, 1968-69 (Berlin Classics) Barry McDanielKarlheinz Zöller, Eberhard Finke, Aribert Reimann, 1963-74 (Audite) Bruno LaplanteJeanne Baxtresser, Jean-Guy Morin, Jean-Eudes Vaillancourt, 1970 (audio mis à disposition par Laplante lui-même sur YT) - Coup de cœur !:
Version extraordinaire par ce grand spécialiste de la mélodie, marquée par un chant à fleur de peau, une présence brûlante donnée au texte, avec une émission très peu couverte qui rend la déclamation encore plus directe et spontanée, un engagement total de chaque instant — et un timbre légèrement trémulant qui donne à la voix un coté à la fois fragile et ardent, particulièrement attachant.
Nahandove débute de manière sans doute un peu trop retenue, sans la fluidité de Grey ou Souzay jeune, mais rejoint ensuite ces derniers parmi les versions les plus torrides de la discographie, tout et maintenant l’auditeur suspendu à chaque mot du récit.
Aoua prend tous les risques, avec une section avant la bataille qui a rarement sonné avec une telle évidence, d’emblée animée et intense, une autorité rageuse conservé même dans la déclamation frénétique, et une conclusion qui laisse dévasté. Les aigus très ouverts font craindre parfois l'accident... mais ça tient!
Il est doux réussit l’exploit de captiver d’un bout à l’autre par cette présence vocale incroyable, maintenant la tension d’une phrase à l’autre même au delà des silences.
La seule réserve, c'est un trio instrumental qui semble en retrait, avec un violoncelle assez ingrat au début de Nahandove, une flûte qui est loin d’avoir la rondeur de celle de Rampal (pour rester chez des flûtistes de la même époque), et un piano très étouffé par la prise de son.
Malgré tout, il s’agit pour moi d’un des plus beaux témoignages disponibles, qui mériterait largement une édition officielle. Jacques HerbillonChristian Lardé, Pierre Degenne, Théodore Paraskivesco, 1972 (Calliope) - Admirable, mais légèrement frustrant - question de goût:
La version considérée par certains comme la plus belle de celles pour baryton. Il est vrai qu’il s’agit avec l’enregistrement de Laplante des 2 versions qui offrent les voix les plus claires, directes, limpides dans la transmission du texte, tout en étant enfin dégagées de certains aspects datées qui pouvaient persister chez des chanteurs des années 50-60. Et le trio instrumental est plus séduisant et nettement mieux capté ici que chez Laplante, avec un piano superbe et inventif, une flûte idéalement veloutée, et un violoncelle qui à défaut d’avoir la sonorité la plus voluptueuse, est particulièrement rodé à cette œuvre (c’est au moins son 3e enregistrement).
Pour autant, je reviens plus volontiers à Souzay 1958, Laplante, et Degout 2015.
Par rapport à Laplante et au jeune Souzay, il me manque ici cet élan juvénile, enflammé, voire torride, que Herbillon choisit de cacher derrière une certaine pudeur. L’expression est bien là, mais reste plus contenue, dans un cadre qui conviendrait parfaitement à du Fauré… L’enregistrement débridé de Grey de 1928 montre que ce n’est pas forcément ce que souhaitait Ravel.
Et par rapport à Souzay et Degout, il manque le plaisir lié à la dimension purement vocale, dont l’économie poussée à l’extrême chez Herbillon me frustre quand même un peu, avec cette couleur plus uniforme, ces voyelles parfois assez plates (« l’heure », « feuilles »), un legato limité, une palette dynamique réduite… Un exemple parmi d’autres, la phrase « et tes transports s’éloignent », où Souzay en 1958 véhicule le texte avec autant de présence, tout en modèlant subtilement l’émission, pour le revêtir d’une tendresse et d’une poésie qui me « transportent » davantage… Mais tout cela est évidemment personnel.
Enfin, on peut se demander si un baryton-martin très léger dispose vraiment des ressources suffisantes pour Aoua. Plus particulièrement dans la section « plutôt la mort! le carnage fut long et terrible », où Herbillon semble dépassé par les évènements, et se met carrément à parler façon « sauve qui peux ». Pour rappel, ce sont bien les Malgaches qui ont fini victorieux, pas les colons. À comparer avec l’autorité qu’arrivent à conserver Souzay en 1958, Laplante, Kruysen, Henry, Degout, mais aussi Grey, Gubisch, Broderick…
À chacun de se faire son avis…. Je ne nie pas les très belles qualité de cette version, ni les immenses mérites d'Herbillon en général. Mais pour ce cycle en particulier, j'aurai bien aimé que Laplante, qui enregistrait aussi chez Calliope à la même époque, ait été choisi plutôt qu'Herbillon Dietrich Fischer-Dieskau Solistes des Berliner Philharmoniker: Karlheinz Zoller, Wolfgang Böttcher, Wolfgang Sawallisch, 1975 (Acanta) - Ravel trifft Schrecker:
Cette 2e version de DFD affiche pas mal de différences avec celle de 1959.
La langue française semble désormais plus familière: la prosodie est plus fluide, sans l’impression de sur-articlation parfois caricaturale de 1961. Mais avec du coup l’excès inverse, une diction occasionnellement plus floue. Les voyelles sont dans l’ensemble moins déformées (les « é »). En revanche la partie rapide d’Aoua semble toujours inaccessible, aboyée et confuse. (Et on note à nouveau dans Nahandove ce « meurt-r-on de volupté », qui n’a apparement pas été corrigé en 16 ans).
Le raffinement des nuances et des phrasés est encore plus poussé, et s’éloigne du modèle du jeune Souzay pour devenir du pur « Fischer-Dieskau ». On peut trouver le résultat sophistiqué à l’excès et définitivement hors style, ou accepter ce détournement qui s’éloigne encore plus du cadre de la mélodie française pour proposer une expérience complètement différente, fait de courbes mouvantes et imprégnée d’une sensualité presque morbide qui renvoient au décadentisme viennois…
Le matériaux vocal s’est naturellement un peu altéré, avec un timbre légèrement amenuisé et grisé, et des aigus forte qui laissent légèrement entrevoir la trame de la voix. Tout cela reste évidemment relatif: même diminués, les sol# aigus de DFD restent bien plus solides que ceux de certains autres barytons.
Enfin, le trio instrumental est mieux capté et plus lisible, mais ce violoncelle "du philharmonique de Berlin" est particulièrement aigrelet: celui d’Irmgard Poppen en 1959 était nettement plus séduisant.
Difficile donc de décider si une version est supérieure à l’autre. Celle de 1959 est préférable si on cherche une version encore relativement classique, et de belles sonorités vocales et instrumentales. Celle de 1975 offre une proposition plus personnelle, dans un français plus fluide, moins ronde et voluptueuse sur le plan sonore, mais peut-être plus envoutante… Felicity Palmer (ms)Nash Ensemble, dir. Simon Rattle, 1975 (Decca) Jan DeGaetani (ms)Paul Dunkel, Donald Anderson, Gilbert Kalish, ℗ 1978 (Nonesuch) - Très belle version dans une optique intimiste:
Une des très belles versions féminines, portée par une voix souple et claire, qui témoigne d’une parfaite intelligence du texte, avec une diction et une appropriation de la prosodie assez bluffante pour une non française, et où les 4 interprètes affichent une qualité d’écoute et de dialogue que l’on retrouve pas toujours à ce point dans la discographie.
Nahandove est intimiste et rêveur, dans la lignée de celui de Janet Baker, mais réalisé de façon beaucoup plus convaincante, sans les bizarreries de prononciation ou de timbre qui pouvaient alors faire obstacle. Les seules limites sont ici une voix qui a tendance à s’épaissir dans l’aigu sans pouvoir réellement alléger, et une retenue dans les nuances et l’expression qu’on peut trouver parfois excessive: les interprètes font clairement le choix de privilégier les raffinements d’écriture et le coté onirique, plus que la passion débordante, ce qui n’est pas tout à fait ce que souhaitait Ravel si l’on en croit son témoignage… mais c’est réalisé avec art.
Aoua commence également avec une étrange similitude avec Janet Baker, mais ose ensuite bien plus de risque et de sauvagerie dans l’allegro feroce. La seule limite est cette fois une voix peu puissante qui oblige le trio à modérer son ardeur pour ne pas trop la couvrir — contrairement à la vague dévastatrice que l’on entendait chez Grey / Rave (et que l’on retrouve ensuite chez des chanteuses aux moyens plus conséquents).
Il est doux retrouve ce ton de la confidence, jouant sur la suspension du temps et l’effet hypnotique sans pour autant perdre le fil, comme un conte qui s’achève.
Une version à connaitre absolument pour qui recherche avant tout de la clarté et un ton intimiste, moins somptueuse vocalement dans Nahandove que Kožená en 2003, mais prenant davantage de risques dans Aoua. Jessye Norman (s)Solistes de l’EIC: Alain Marion, Philippe Muller, Pierre-Laurent Aimard, 1979 (CBS/Sony) - Un essai inabouti:
Un premier essai, pas vraiment concluant. La voix est relativement bien canalisée (Norman chantait encore occasionnellement Haydn et Mozart à cette époque), l’ensemble est exécuté avec rigueur et application, mais manque d’engagement, d’angles, de liberté, de sensualité, et la chanteuse donnera davantage de présence au texte et offrira davantage de couleurs dans la version EMI. Frederica von Stade (ms)Solistes du Boston Symphony Orchestra: Doriot Anthony Dwyer, Jules Eskin, Martin Katz, ℗ 1981 (CBS) - Hors sujet:
Une version peu idiomatique, où l’on retrouve des bizarreries d’émission et de prononciation qui rappellent Janet Baker, mais avec une émission plus lourde, et sans que l’on ressente l’engagement ou la force de persuasion qui permettent à certaines chanteuses au style discutable d’emporter quand même l’adhésion. Nahandove manque de frémissement et de lumière, et Aoua est étiré au point de perdre toute tension interne. Jessye Norman (s)Michel Debost, Renaud Fontanarosa, Dalton Baldwin, 1981-83 (EMI) - Voluptueuse et sauvage, ou fourvoyée?:
Une version qui semble diviser dans les posts précédents.
Pour moi, même si ce n'est pas "La" version idéale des Madécasses, ça reste une des belles réussites de Norman dans la mélodie française, plus convaincante ici que dans d’autres enregistrements comme les Nuits d’été ou de nombreuses mélodies avec piano, et nettement plus investie que la version CBS/Sony. L’articulation est plus mordante et reste parfaitement compréhensible (au prix parfois d’une sur-articulation), la voix est captée avec davantage de présence et de chaleur, et l’interprétation est bien plus vivante et contrastée.
Nahandove peut ainsi séduire par ses couleurs riches et capiteuses, avec des efforts d’allègement particulièrement réussis par moments (« le lit de feuilles et préparé… »), et sur des tempi toujours allants qui évitent de tomber dans un hédonisme excessif. Évidemment, on trouve ailleurs des émissions vocales plus aériennes, des dictions plus naturelles, on peut regretter que la métrique soit parfois trop carrée (aussi bien du point de vue de la parole que du jeu instrumental, surtout dans un passage tel que « tes caresses brûlent tous mes sens »), ou que le violoncelle ne soit pas plus plus suggestif. Mais il me semble injuste de balayer ça d’un revers de main en disant « trop épais ou trop opaque ».
Aoua impressionne par sa franchise et sa rigueur musicale, sur des tempi animés fidèles à ceux de Grey/Ravel, sans aucun aménagement de l'écriture pour la rendre plus confortable comme c'est le cas dans de nombreuses autres versions. La coloration très sombre et un peu étrange qu’adopte Norman pour évoquer les temps ancestraux (la même que lorsqu’elle chante des parties de contralto chez Mahler), ne me semble pas inadaptée ici. La description de la bataille, accélérée avec fougue, acquiert un coté presque stravinskien, accentué par cette prise de son qui individualise chaque instrument, sans aucun fondu. Certes, quelques détails de prononciation auraient mérité qu’on refasse la prise (« Méfiez-vous des bans ???», ou encore un étrange sautillement sur "le ciel a commbatttu" qui trouble la narration à un moment crucial). Certains estimeront peut-être que ça disqualifie la pièce. Pour moi ça reste clairement un des Aoua les plus marquants de la discographie, jusque dans sa dernière phrase complètement habitée.
Il est doux, retombe hélas un cran en dessous: dit et phrasé avec application mais sans l'abandon ou la fluidité que l'on peut entendre chez d'autres, et avec un trio instrumental au jeu trop littéral, ne parvenant pas à créer de climat et faire vivre la scène.
Une version qui reste quand même à connaitre pour qui aime les Madécasses. Jessye Norman (s)Alain Marion, Renaud Fontanarosa, Philippe Moll, 1984, Live, Aix en provence (non officiel) - Jessye fait son show:
Là ok, c'est trop! Un festival d'effets appuyés, de portamenti et d'attaques par en dessous façon comédie musicale, faisant un sort à chaque mot voire à chaque syllabe, étirant les phrases à outrance, alternant entre un son hénaurme et goulu et des ppp minaudants. La caricature-type de Jessye Norman (cf. la célèbre vidéo "Quasthoff On How To Emulate Jessye Norman"), qui permettra à ses détracteurs de s'en donner à cœur joie. En plus, l'accord des instruments semble avoir souffert de la chaleur du festival. Mais en même temps, il se passe quelque chose, l'art du récit existe et se révèle plus vivant qu'en studio malgré ses idiosyncrasies qui n'ont pas grand chose à voir avec Ravel, avec notamment un Aoua que l'on peut taxer de tout sauf d'un manque de sincérité, et on peut facilement imaginer qu'une partie du public aixois soit resté captivé par le show de Jessye... Elaine Bonazzi (ms)Timothy Day, Stephen Kates, Ellen Mack, 1985 (Bridge) Bernard KruysenFranz Vester, Anner Bylsma, Gérard van Blerk, 1986-87 (Bayer) - Un peu tard, mais avec de beaux moments:
J’ai toujours apprécié Kruysen, pour sa diction limpide assez incroyable pour un non français, son timbre à la fois clair et disposant d'une belle assise grave, et son approche franche et complètement dépourvue des aspects « datés » encore courant chez certains chanteurs français jusque dans les années 70-80 (l’émission nasale, les r grasseillés, les diphtongues sur « è »…).
ll existe une version des Madécasses de 1965, apparemment jamais rééditée, qui montrait probablement le baryton au sommet de ses moyens.
L’enregistrement de 1987 arrive un peu tard: l’aigu piano a perdu en souplesse, le souffle semble court par moments, particulièrement dans un Nahandove très retenu, qui tente un parti pris onirique, mais semble du coup trop prudent. Le violoncelle de Byslma est bien sûr digne d’intérêt, mais le trio instrumental est loin d’être le plus enflammé de la discographie.
Aoua est en revanche impressionnant: Kruysen habite intensément chaque mot, même dans la partie rapide si souvent bâclée, et n’hésite pas à se servir des quelques fêlures de la voix pour ajouter en force d’évocation. Et contrairement aux fragilités aperçues dans Nahandove, l’aigu forte reste ici parfaitement assuré. A connaitre donc surtout pour cette pièce en particulier. Didier HenryPhilippe Pierlot, Jean-Luc Bourré, Angeline Pondepeyre, 1987 (REM / Maguelone) - À connaitre pour certains moments:
On pouvait attendre beaucoup de cet enregistrement, réalisé peu avant le formidable Pelléas que Didier Henry a gravé avec Dutoit. Pourtant Nahandove et Il est doux déçoivent légèrement. L’interprétation est engagée et même passionnée par moments, les mots sculptés avec art (même si moins directs et lumineux que chez Souzay jeune, Mollet, Laplante, Herbillon...), et le timbre ambré de la voix se marie idéalement avec un violoncelle particulièrement éloquent. Mais l'émission semble un peu « fermée », le son parfois artificiellement contraint. Et les instrumentistes prennent parfois quelques libertés qui nuisent à la continuité des enchainements et à l'unité d'ensemble. Ex: "Ô reprend haleine", où le ritardando est exécuté bien trop tôt, annulant cet effet de la course de la jeune fille qui se précipite dans les bras de son amant...
En revanche, Aoua est particulièrement réussi. Henri prouve ici qu'une voix pourvue d'une autorité naturelle, et même d'un certain métal, est sans doute plus appropriée que celle de barytons excessivement légers. La tessiture est parfaitement assurée, la maitrise est conservé jusque dans la déclamation rapide, sans jamais donner l’impression de « sauve qui peut », la construction dramatique exemplaire, et le résultat des plus impressionnants. Mira Zakai (c)Avner Biron, Michael Haran, Jonathan Zak, 1988 (Koch) - Ravel avait dit "soprano":
La contralto de l’enregistrement de la 2e de Mahler par Solti à Chicago, pas vraiment à sa place ici: diction française appliquée mais peu idiomatique et qui ne fait pas vraiment faire vivre le texte, phrasés manquant d’imagination, allègement difficile, aigu mal canalisé et/ou un peu trémulant typique de certains contraltos… Kathrin Graf (s)Peter-Lukas Graf, Raffaele Altwegg, Michio Kobayashi, ℗ 1989 (Claves) Sarah WalkerNash Ensemble, 1990 (Erato) Marie Atger (s)Jean Ferrands, Sonia Wieder-Atherton, Andere Vieru, 1991 (Valois) Katarina Karnéus (ms)Emmanuel Pahud, Truls Mørk, Stephen Kovacevich, 1999 (EMI) - Pour le trio instrumental:
Une version dont le principal atout est la beauté sonore et la qualité du trio instrumental, mais qui reste un peu trop sage sur le plan vocal.
Le français de Karnéus sonne avec application et offre une parfaite intelligibilité, mais sans que l’on perçoive une intégration intime de la prosodie comme chez Kozena, DeGaetani, ou plus encore Broderick. (Avec comme chez Baker, un NahANdove supposé sonner «bien français », alors que Ravel demandait NahAnnndove…) Le timbre est particulièrement chaleureux, mais là encore, on peut trouver des palette de couleurs plus variées ou davantage de capacités d’allègement chez Norman, Kožená, Broderick, ou même Ludwig.
Nahandove et Il est doux, sont ainsi revêtus d’un sorte de tristesse un peu uniforme, qui peut lasser à la longue, et la chanteuse peine à faire vivre le récit avant la bataille dans Aoua… Les élans féroces sont ensuite pleinement assumés, de manière plus directe que ne le fera Kožená, mais tout en restant dans les limites d’une voix de mezzo plutôt léger.
Le trio instrumental est probablement le plus « prestigieux » de la discographie avec un piano qui apporte un relief inhabituel grâce à la variété de ses attaques, une flûte à la richesse incroyable et réussissant à traduire le « quasi tromba » dans Aoua comme peu le font, et un violoncelle qui délivre un tapis de velours (mais sans dialoguer autant avec la voix que ce qu’on entend chez DeGaetani/Anderson, Wallfisch père et fils, Degout/Descharmes, Broderick/Lowe…). L’ensemble est superbement enregistré, avec une lisibilité et un présence sonore dont on avait rarement profité à ce point dans les versions plus anciennes.
À époque de sa parution, cette version devait renouveler agréablement le paysage: des version féminines chantées dans un français compréhensible, il n'y en avait pas tant que ça. Maintenant que l'on dispose de Kožená (2 fois!) et de Broderick, elle devient plus anecdotique. Claire Brua (ms)Vincen Prat, Xavier Gagnepain, David Abramovitz, 1997-2000 (Naxos) François LerouxMichel Moraguès, Yovan Markovitch, Pascal Rogé, 2000 (LCD) Michel PiquemalPatrick Gallois & Juliette Hurel, Roland Pidoux, Jean-Claude Pennetier, 2001 (Saphir) - Aoua:
Quant les intentions sont trahies par les moyens vocaux. La diction est exemplaire, et on perçoit une recherche d’intentions descriptives, suggestives, dramatiques. Mais tout est gâché par une voix au timbre engorgé, à l’émission poussée, aux aigus passés en force, parfois instables, carrément éraillés par moment. Difficile de percevoir la sensualité de Nahandove derrière des sons aussi contraints. Dommage pour l’excellent trio instrumental. Isabelle CalsRapahëlle Truchot, François Salque, Antoine Palloc, 2002 (Saphir) Magdalena Kožená Paul Edmund-Davies, Jiri Barta, Malcolm Martineau, 2003 (DG) - Magnifique et ensorcelante.:
Version unanimement plébiscitée dans les posts précédents, ce qu’elle mérite amplement. Il s’agit probablement de la plus immédiatement séduisante de toutes les versions existantes, et d’un enregistrement idéal pour qui cherche à la fois un timbre d’une beauté frémissante, une émission plutôt légère ne faisant jamais obstacle à la clarté du texte, et une version riche en contrastes, avec des musiciens superlatifs, osant par moments des élans véritablement enflammés ("Elle vient...", "Tes caresses brûlent tous mes sens...") sans jamais sacrifier la transparence des textures.
Est-ce pour autant la version la plus fidèle à l’esprit de Ravel? Le début de Nahandove, étiré à l’extrême, captive par l’expression à la fois lumineuse, pudique et sensuelle de la belle Magdalena, et par des phrasés de violoncelle toujours imaginatifs. Mais cela semble assez loin de la vision fluide et directement calqué sur le rythme de la déclamation naturelle que l’on peut entendre chez Grey ou Kolassi, ou dans une moindre mesure chez DeGaetani ou Broderick.
De même, on ne retrouve pas tout à fait dans Aoua la violence ou la vague d’effroi appelée par le texte, dont l’enregistrement de Grey a donné un exemple saisissant, et que d’autres chanteuses ont pu recréer chacune avec des moyens différents même si moins idiomatiques (Nora Gubisch, Katherine Broderick, mais aussi Christa Ludwig, Felicity Palmer, Jessye Norman…). L'ensemble est idéalement dit, la progression dramatique remarquable y compris chez les instrumentistes (enfin une version où il n'y a aucun silence entre le 2e "Méfiez-vous des blancs" et le quasi tromba), mais le chant donne une impression de contrôle permanent, inhérent à la personnalité vocale de Kožená, jusque dans ces "vents empoisonné" attaqués piano enflés progressivement, que l'on peut trouver un peu trop jolis.
Ces observations ne sont que des détails, cette version reste bien sûr un des tous premiers choix… Mais à compléter quand même avec quelques autres lectures pour avoir une vision plus complète des Madécasses. Catherine RobbinNora Shulman, Thomas Wiebe, André Laplante, ℗ 2008 (CBC) Ildiko Ivan (s)István Szakács, Katalin Vas, Istvan Matuz, (p) 2009 (Hungaroton) Nora Gubisch (ms)Magali Mosnier-Karoui, Jérôme Pernoo, Alain Altinoglu, 2011 (Naïve) - Cheffe de guerre:
Une belle version, plus ou moins convaincante sur le plan vocal selon les pièces, mais qui fonctionne néanmoins. En particulier grâce à un trio instrumental remarquable par sa qualité de dialogue, sa richesse de texture, ses contrastes, et qui apporte la variété de couleur qui peut faire défaut à la partie vocale.
C’est là la principale réserve: un voix ample et homogène, mais un peu monochrome par rapport à la palette de teintes ou les irrisations de Norman, Kozena, Broderick, qui donne parfois l’impression d’être calibrée une fois pour toutes (bien que l’allègement soit possible à des moments clés), et qui tend à s’opacifier dans l’aigu. On peut en revanche apprécier une prononciation délibérément moderne, avec des r non roulés contrairement à ce qu’on entend encore actuellement chez la plupart des chanteuses étrangères, et une clarté de de diction qui, sans être aussi projetée que chez Grey ou Kolassi, reste parmi les plus évidentes: il n’y en a pas tant que ça dans la discographie féminine.
Nahandove est irréprochable sur le plan musical, chanté avec une franchise bienvenue, mais il manque ce quelque chose d’indéfinissable, qui fait passer davantage d’envoutement, de frémissement, de poésie chez les 3 chanteuses citées plus haut.
En revanche, ces mêmes caractéristiques vocales deviennent plutôt des qualités dans Aoua. L’émission naturellement sombre, l’aigu un peu dur et agressif, la puissance indéniable, le chant très direct qui ne s’encombre pas de joliesses et fonce droit dans la bataille, soutenu par un jeu instrumental osant des sons durs et anguleux, avec un « quasi tromba de flûte » particulièrement descriptif (mais pourquoi ajouter ce silence au chiffre 4???)… Tout cela produit un des Aoua les plus palpitants, aussi intense mais plus intelligible que ceux de Norman ou de Ludwig, et, si l’on excepte le témoignage historique de Grey, je ne vois guère que Broderick qui apporte ici un frisson aussi saisissant. Barbara Hendricks (s)Peter Fridholm, Claes Gunnarsson, Love Derwinger, 2009-2013 (Arte Verum) - Trop tard ?:
Un enregistrement tardif, honorable, mais où je ne peux m'empêcher d'éprouver une certaine tristesse en écoutant ce timbre désormais pauvre en couleurs, cette voix à la trame apparente et au vibrato parfois envahissant, quand j'ai encore dans l’oreille la splendeur de sa voix dans les années 1980. Si encore, l’usure des moyens avait été compensée par un investissement exceptionnel dans le texte ou l’intensité dramatique, pourquoi pas. Mais ce n’est pas ce que je perçois ici: j’ai l’impression d’entendre une lecture certes sensible mais assez convenue, voire même précautionneuse pour ne pas plus exposer les fêlures de l’instrument. À celà s'ajoutent les limites inhérentes à une voix de soprano au grave peu sonore dans l’écriture déclamatoire d'Aoua.
Après, le texte est intelligible (en dépit de quelques voyelles excessivement arrondies çà et là), le trio instrumental joue habilement des textures et des articulations pour créer des climats contrastés (même si on reste dubitatif devant un Il est doux aussi étiré), et peut-être que celle et ceux qui n’ont pas la nostalgie de la voix de Hendricks jeune y trouvent leur compte. À chacun de se faire son avis. Ellie Dehn (s)Alexa Still, Daniel McDonough, Spencer Myer, ℗ 2013 (Oberlin) Elisabetta Lombardi (ms)Ecu Ensemble: Claudia Giottoli, Giacomo Menna, Filippo Farinelli, 2013-14 (Brillant) Simon Wallfisch Efraín Oscher, Raphael Wallfisch, Edward Rushton, 2015 (Nimbus) - Musique en famille:
Le papa au violoncelle et le fiston au chant, dans une version qui ne manque pas d’atouts, mais au bilan mitigé.
La diction française est remarquable, jusque dans les détails intimes de la prosodie, et le texte est habitée de manière trés convaincante (Même si on peut trouver davantage d’urgence et d’élans torrides dans Nahandove chez Souzay jeune ou Laplante, et un coté plus implacable dans Aoua chez Kruysen, Henry ou Degout.)
Nahandove avance agréablement, sur des tempi fluides calqués sur la prosodie, tout en affichant une superbe qualité de dialogue entre musiciens (même si Wallfisch père est plus célèbre pour son travail de défricheur insatiable, que pour la rondeur de sa sonorité). Aoua ose la violence et fonce droit dans la bataille, et Il est doux parvient créer un climat de langueur sans pour autant se diluer.
Reste l’aspect vocal. Simon Wallfisch est un musicien surdoué, chanteur et multi-instrumentiste, doté également d'un humour ravageur (voir sa video "The singing cellist"). Mais l'écriture des Madécasses n'est probablement pas celle qui convient le mieux à son baryton plutôt "central", au grain personnel et au médium velouté, mais dont l'émission se tend rapidement dans l'aigu, engorgé entaché d'un vibrato marqué. Certes, cela reste mieux maitrisé que chez Piquemal, et on trouve chez de nombreux autres barytons quelques aigus ouverts ou poussés ça et là. Mais par rapport aux facilités naturelles de Jansen, Mollet, Souzay jeune, Laplante, Herbillon, ou à la technique à tout épreuve de Henry ou Degout, sans parler du cas Fischer-Dieskau, il est difficile d’en faire abstraction.
Noter que le reste du programme du CD est plutôt original, conformément aux habitudes de la famille Wallfisch (Caplet, Honegger, Milhaud) Stéphane DegoutMatteo Cesari, Alexis Descharmes, Michaël Guido, 27-05-2015 (Live Amphithéâtre Bastille - Video YT) - Coup de cœur !:
3e coup de cœur parmi les barytons, avec Souzay 1958 et Laplante.
Une voix véritablement lyrique, avec ce timbre concentré aux reflets ambrés, qui trouve ici un point d’équilibre idéal entre rondeur de l'instrument et clarté de la diction (ce ne sera plus tout à fait le cas sur le CD officiel de 2017), et qui témoigne d’une intelligence à la fois poétique et musicale à tout épreuve. Le trio instrumental est tout aussi formidable, dans une lecture qui semble là aussi plus vive et immédiatement captivante que celle de 2017.
Naturellement, par rapport à l'esthétique d'Herbillon que certains affectionnent tant, on se situe ici dans un tout autre univers, ne serait-ce que par le matériau vocal, bien plus charnu et même pourvu d’un certain métal (Degout a été un magnifique Pelléas, mais un Pélléas plutôt héroïque, comme Didier Henry, et pas du tout geignard comme Jansen. Et en 2015, il avait déjà abordé un répertoire plus lourd). Mais sauf à n’accepter qu’une seule esthétique dans la mélodie française, celle des voix très claires et ouvertes, je ne ressens à aucun moment ici un obstacle à la transmission du texte. Tout est non seulement énoncé avec une clarté irréprochable, mais véritablement incarné. Et je suis finalement plus sensible à une esthétique où les moyens vocaux créent une force d’évocation supplémentaire, et élargissent l’horizon poétique et émotionnel, plutôt qu’à une esthétique où la voix ne serait qu’un simple support à la transmission du texte, lequel pourrait presque se suffire à lui-même.
Cela vaut pour ce Nahandove, où non seulement je n’ai pas l’impression de perdre le moindre détail du poème, mais où le velouté vocal, les phrasés caressants (superbe dialogue avec le violoncelle de Descharmes), les couleurs charnelles me transportent littéralement. Cela vaut également pour un Aoua sombre et violent, littéralement sidérant, où on peut difficilement nier que l’intensité du son, jusque dans son coté saturé et agressif, ne participe pas aussi à l’intensité de l’expression(il s’agit encore une fois d’une musique de guerre), et où on reste bluffé devant la maitrise incroyable de Degout sur cette tessiture meurtrière. Et l'envoutement fonctionne à nouveau dans Il est doux, plus fluide et mieux tenu qu'il ne le sera en 2017, achevant cette lecture décidément exemplaire. Katherine Broderick (s)Adam Walker, Tim Lowe, James Baillieu, 2016 (Champs Hill) - Coup de cœur !:
Une superbe découverte à laquelle je ne m'attendais pas, de la part de cette soprano que je n'avais entendu jusqu'ici que dans un répertoire lyrique très éloigné (alors qu'elle consacre en effet une bonne part de son activité au Lied et à la mélodie)
Tout d’abord, un français quasiment parfait, à la fois pour la clarté de la diction, mais aussi pour la compréhension intime de la prosodie, du rythme et de la coloration des mots. Tout vit, tout est constamment habité, tout s’enchaine avec évidence. (Ils sont loin, les « je langouirai » de Janet Baker!)
Ensuite, une voix assez stupéfiante: des moyens de jeune soprano dramatique, mais capable de revenir à une émission étonnement claire et légère, aux accents véritablement juvéniles. Certaines phrases dans Nahandove et Il est doux sont ainsi aussi transparentes et lumineuses que celles de Kožená, presque enfantines, tandis que la voix prend dans Aoua un coloration volontiers agressive, avec une puissance dévastatrice sur les « vents empoisonnés » qui renvoie à Christa Ludwig, avant une final aux couleurs carrément hypnotiques. Je ne sais pas si à l'heure actuelle, Borderick est toujours capable de faire ce « grand écart » entre ces types d’émission, mais là, c’est tout simplement fascinant.
Le trio instrumental est remarquable et parfaitement bien capté, avec notamment un violoncelle aux jeu subtil, dialoguant idéalement avec la voix, et une flûte impressionnante dans l’épisode guerrier (peut-être légèrement aidée par la prise de son? Mais au moins, c’est efficace…). Et le discours est conduit de façon exemplaire, sur un rythme toujours parfaitement adapté à la prosodie, sans jamais étirer les phrases de façon simplement décorative comme le fait occasionnellement Kožená, retenant parfois l’énergie par moment pour mieux la libérer ensuite (la partie centrale d’Aoua…), donnant au cycle une parfaite unité.
Les seules réserves que certains pourraient relever, c’est le coté métallique de la voix dans l’aigu forte — caractéristique que je trouve au contraire parfaitement appropriée pour la scène de massacre de Aoua, et un vibrato occasionnellement marqué, qui peut déranger dans d’autres œuvres présentes sur ce CD, mais qui reste discret et limité à quelques très rares endroits dans les Madécasses. Et éventuellement, une diction qui a tendance à devenir légèrement plus floue dans Il est doux (comme dans un demi-sommeil?). Des réserves pour moi négligeables par rapport aux immenses qualités exposées plus haut. Karine Deshayes (ms)Membres du Mahler Chamber Orchestra, 2016 (Live, Evian - Video Medici.tv) Magdalena Kožená (ms)Kaspar Zehnder, David Adorjan, Simon Rattle, 2017 (Pentatone) - Un remake inutile:
Une belle version, mais qui ne renouvelle pas la réussite de celle de 2003. La voix a acquis un grain légèrement plus charnu, au détriment et de la souplesse dans l’aigu, de la lumière et des élans juvénile si remarquables dans l’enregistrement précédent, et la diction s’est opacifiée, avec une pointe de zézaiement ça et là.
Le début de Nahandove est toujours très éthéré, perdant le rythme de la prosodie, et la suite enchaine des épisodes agréablement contrastés, mais sans l'évidence des enchainements que l'on peut entendre ailleurs (Broderick...). Aoua n’a pas vraiment gagné en sauvagerie, avec à nouveau cette attaque précautionneuse sur les « vents empoisonnés »… Le trio instrumental offre moins de contrastes et de raffinement de textures que celui de 2003, particulièrement du coté du piano, où le toucher assez générique de Rattle ne peut rivaliser avec l’art des colorations de Martineau.
Encore une fois, l’ensemble est d’un très haut niveau, mais pour celles et ceux qui connaissent déjà la version de 2003, il est difficile de voire l’intérêt de ce remake, à part pour documenter la collaboration du couple Kozena - Rattle. Stéphane Degout Matteo Cesari, Alexis Descharmes, Cédric Tiberghien, 23-01-2017 (Live Théatre de l’Athénée - B Records) - Plus sombre qu'en 2015:
Une très belle version, mais une légère déception par rapport au témoignage fantastique de 2015.
La voix est toujours impressionnante de maitrise, mais sonne légèrement plus épaisse, et la rondeur vocale rend la transmission du texte un peu moins directe. On entendrait presque un effet « Matthias Goerne »… référence tout sauf dévalorisante, mais qui peut donner une image pour ceux qui recherchent de la clarté du texte avant tout. Est-ce dû à la fréquentation d’un répertoire plus lourd, à des variations naturelles de la voix d’un jour sur l’autre, à la qualité de la captation? L’autre grande différence est le piano de Tiberghien, qui semble chercher davantage de poids et de densité de couleurs, prend davantage de temps que celui de Guido, mais au détriment de la fluidité et de l’élan dans certains passages.
Le bilan est du coup mitigé. Je préfère assez nettement le Nahandove de 2015, avec son chant plus direct, et sa conduite générale plus ardente et passionnée, notamment dans des sections comme sur « elle vient, j’ai reconnu sa respiration… », où le piano semble ici presque pesant. De même, Il est doux est ici étiré au point de perdre sa cohésion et de devenir inconfortable pour la voix. En revanche, Aoua est toujours aussi implacable et terrifiant, peut-être plus encore ici grâce, à cette voix assombrie mais toujours aussi vaillante.
Noter également l’avantage d’une prise de son qui donne plus de présence aux instruments, et permet d’apprécier la variété de jeux et l’engagement de Cesari à la flûte, ainsi que le violoncelle Descharmes, qui offre décidément l’un des plus beau dialogues voix-violoncelle de toute la discographie. Stéphane DegoutMatteo Cesari, Alexis Descharmes, Cédric Tiberghien, 29-01-2017 (Live Wigmore Hall - Video YT) - Bis:
Les même quelques jours plus tard à Londres. Avec les même caractéristiques d’ensemble, et une voix qui sonne légèrement plus libre et claire, ce qui laisse supposer que la prise de son B-Records a une part de responsabilité dans le coté plus opaque de la voix sur le CD. Victor SicardMathilde Caldérini, Aurélien Pascal, Anna Cardona, 2019 (La Musica) Anna Huntley (ms)Ayriel Ensemble: Dan Watts, Thomas Blunt, Adam Johnson, (p) 2019 (Ayriel) Cyrielle Ndjiki Nya (s)Sarah Van Der Vlist, Albéric Boullenois, Kaoli Ono, 2020 (Mirare) Julien Van Mellaerts, Sofia Castillo, Raphael Wallfisch, James Baillieu, 2020 (Champs Hill) Damiana Mizzi (s)Hemisphaeria Trio - Andrea Oliva, Roberto Mansueto, Marcos Madrigal, 2020 (Da Vinci)
Dernière édition par Beckmesser le Mar 22 Mar 2022 - 14:17, édité 115 fois |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Dim 20 Mar 2022 - 23:53 | |
| Oh ! Merci pour ça ! Je fais partie de ceux qui ont dû dire le plus grand bien d'Herbillon et Kožená. Mais je n'ai pas écouté à ce jour Kolassi, Mollet ni DeGaetani, ça me tente beaucoup. Laplante aussi, ce doit être splendidement dit et chanté comme toujours. Je n'ai plus de souvenir précis de Benoît, mais la description des défauts que tu en fais (tous des qualités pour moi ) me donne furieusement envie de réessayer. La seule chose qui me rebute parfois dans le chant de cette époque, c'est la diction parfaite sans but expressif, qu'on a chez certains chanteurs (et Irène Joachim ou Camille Maurane sont loin d'être les pires dans ce genre impavide). Mais tu dis justement que Benoît ne fait pas ça. Je n'avais pas conscience qu'il à avait à ce point une majorité de barytons dans la discographie, j'y ai surtout entendu des femmes jusqu'ici ! (et ça ne m'a jamais trop convaincu, alliage trop étrange, texte voilé, je vais donc réessayer avec cette offre pléthorique et quelques noms qui me sont particulièrement avenants, surtout si en tu en dis du bien de surcroît !) |
| | | jeanlebaptiste Néophyte
Nombre de messages : 5 Date d'inscription : 04/04/2023
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mar 29 Aoû 2023 - 10:18 | |
| Bonjour, J'avais l'habitude d'écouter certaines mélodies de Ravel (Mallarmé, Chansons Madécasses) dans le disque Erato (https://www.prestomusic.com/classical/products/8820482--ravel-melodies), avec Felicity Lott pour les Mallarmé et Jessye Norman pour les Chansons madécasses. En cherchant et en écoutant par curiosité d'autres versions des Chansons madécasses, je me suis rendu compte que je ne reconnaissais pas le premier mouvement (Nahandove). Dans le disque Erato, j'ai l'impression que la mélodie Nahandove a été remplacée par une autre, que je ne suis pas parvenu à identifier. Quelqu'un disposant de ce disque pourrait-il m'éclairer ? Les pistes du disque ont-elles été décalées ? La supposée mélodie Nahandove du disque Erato peut se trouver ici : https://www.youtube.com/watch?v=y8GP8fJ6QH4. Je vous remercie par avance ! |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91597 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mar 29 Aoû 2023 - 14:21 | |
| En tout cas c'est pas du Ravel!!
Bizarre, chez moi tout est normal sur le double CD avec la même pochette mais estampillé EMI. (l'ancienne édition je crois) |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mar 29 Aoû 2023 - 15:28 | |
| c’est même du Berlioz (« Premiers transports »). |
| | | jeanlebaptiste Néophyte
Nombre de messages : 5 Date d'inscription : 04/04/2023
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mar 29 Aoû 2023 - 17:18 | |
| Je vous remercie pour vos réponses, il semble donc qu'il y ait une erreur dans l'édition Erato de ce disque...
Bonne fin de journée à vous ! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) Mar 29 Aoû 2023 - 23:19 | |
| C'est clairement une erreur, c'est la romance de la mezzo au début de Roméo & Juliette de Berlioz, vraiment rien à voir. |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) | |
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| | | | Ravel - Mélodies (Mallarmé, Madécasses) | |
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