Défi amical: Dies Irae et ses apparitions...

Oui là aussi, étrange... A la fin de cette chanson pur style Louis XVI on entend les premières mesures de la marseillaise.

http://www.bide-et-musique.com/song/5490.html

C'est frappant !!!

HS, je ne vois pas le rapport avec le Dies Irae...

Pour éviter d'ouvrir un fil, Kia a parlé de la Marseillaise ici, je pense.

je n'ai pas tout lu, mais je ne pense pas que cette citation là ait été mentionnée : la deuxième sonate d'Ysaÿe, dédiée à Thibaut... Jacquot comme on l'appelait... ou le beau jacques... Ysaÿe a dédié chacune de ses sonates à un violoniste qu'il respectait, Kreisler, Thibaut, Enescu, etc... et pour Thibaut, il avait même ajouté un clin d'œil, car Thibaut, à chaque fois qu'il jouait en concert le Prélude de la dernière suite de Bach (un thème que Bach avait tout d'abord utilisé à la trompette dans une cantate), se plantait pour la mémoire, et tournait en rond sans jamais réussir à s'en sortir...

Alors Ysaÿe a ainsi commencé sa 2e sonate par une citation très exacte de ce prélude (joué en sautillé comme certains le faisaient vers 1900), puis il enchaine dans tout une suite de doubles croches tourbillonnantes rageuses n'ayant rien à voir avec Bach... respire une fraction de seconde, reprend la suite du thème de Bach, de nouveau interrompu par une suite différente, et bientôt, au cours de cette pièce presque entièrement en doubles croches, on perçoit le thème du dies irae qui ressort en filligrame, et qui semble accompagner en pointillés le déroulement de la pièce, apparaissant ici, là, toujours présent mais insaisissable, et je compare ces apparitions à ces bulles, dans certaines bandes dessinées, où le personnage mécontent met des bombes allumées des têtes de mort avec les tibias croisés, et des signe biscornus...

Comme thème souvent cité, mais peut-être cela a déjà été dit, il y a le thème de la mort d'Yseult (par ex Debussy l'emploie je crois que c'est dans Golliwood kakewalk) Tu parlais au début du carnaval et de la danse macabre, mais as-tu remarqué que saint saëns emploie aussi pour les tortues le thème de French cancan lentement, et pour l'éléphant, le thème de la danse des sylphes de Berlioz, à la contre basse... il y a bien sûr aussi dans Debussy la contine "dodo l'enfant do" qu'il emploie dans jardin sous la pluie...

Et puis aussi à la fin de ce magnifique concerto pour violon de Berg (à la mémoire d'un ange, sur la mort de celle qu'il aime), une citation d'un choral luthérien.

Ah, et j'allais oublier une citation extrêmement maligne par Vincent Scotto du thème d'Yseult au violon solo dans la musique qu'il composa pour le film de Pagnol, Marius-Fanny-César... c'est le thème qui revient (un Leitmotiv !!) à chaque fois qu'il y a du spleen amoureux dans l'air avec Fanny ou Marius...

La chose amusante est qu'en changeant seulement l'un des intervalles de ce thème d'un seul demi ton, il le transforme totalement, en sorte qu'il n'a plus rien a voir avec le chromatisme Wagnérien, mais semble directement issu d'un air d'accordéon à la mode de cette époque!

"La Marseillaise" est aussi explicitement citée dans "Les deux grenadiers" de Schumann, texte de Heine.
[url]
https://www.youtube.com/watch?v=CF7kGWJlje0[/url]

Citation :

"La Marseillaise" est aussi explicitement citée dans "Les deux grenadiers" de Schumann, texte de Heine.

Et, de manière un peu plus subtile, dans la version du même texte par Wagner...

Pour la Marseillaise dans le 25è de Mozart, c'est en mineur qu'on l'entend, et je n'aime pas trop ce rapprochement réducteur, le 25è étant mon préféré des concertos pour piano de Mozart. Mais Leonard Bernstein a écrit pour ce concerto une cadence où il exploite à fond le rapprochement avec la Marseillaise. Elle est rarement jouée, je l'ai entendu il y a des années en concert par le pianiste Justus Frantz (qui a joué avec Bernstein).

Pour recentrer le sujet j'ajoute à la liste des citations du Dies Irae Mors et Vita de Gounod. Il n'y a d'ailleurs pas grand chose d'autre à dire de cette oeuvre...

Citation :

Et, de manière un peu plus subtile, dans la version du même texte par Wagner...

.

Merci, je ne connaissais pas... et en plus c'est disponible sur Youtube. Amusant d'entendre "La marseillaise" dans du Wagner (et en plus initialement écrit pour la traduction en français!). On devine que ça date d'avant le scandale de "Tannhaüser". Mais c'est un peu languissant. Je préfère Schumann, plus proche du ton héroïque du poème. Amusant décidément que Wagner ait longtemps passé pour martial et bêtement boche.

Quant à la moustache à la Brassens de Bernd Weikl...

Le Wagner réutilise sensiblement les mêmes formules, mais le texte est meilleur et l'oeuvre nettement plus originale et prenante, amha.

Il existe une superbe version Hampson / Parsons parue dans un double récital EMI avec des choses peu fréquentes (des romances de Berlioz notamment).

Pour en revenir au Dies Irae et puisqu'il est question de Schumann, je crois que personne ici n'a encore mentionné son apparition au début des Scènes du Faust de Goethe - sous une forme il est vrai assez éloignée de l'original grégorien.

En dehors d'un contexte musical (quoique...), le Dies Irae produit une impression saisissante dans Le septième Sceau de Bergman, quand le chant des pénitents interrompt celui des forains...

Eustrabirbéonne a écrit:

Pour en revenir au Dies Irae et puisqu'il est question de Schumann, je crois que personne ici n'a encore mentionné son apparition au début des Scènes du Faust de Goethe - sous une forme il est vrai assez éloignée de l'original grégorien.

Oui, la scène à la Cathédrale. C'est quand même très reconnaissable, mais c'est obligatoirement le cas dans toutes les versions de Faust qui comportent cet épisode, puisque c'est cité dans le texte de Goethe. Donc on le rencontre chez ceux qui l'exploitent littéralement comme Schubert (Szene aus Faust) et Schumann, et également dans le livret issu de l'adaptation dramatique de Barbier (Marguerite) chez Gounod.

Dans le Csardas macabre de Liszt, une pièce impressionnante, le thème me semble une paraphrase du Dies Irae, non ?

Sans vérifier, comme cela, je dirais oui.

Xavier a écrit:

Sympa comme sujet.

Bizarrement comme ça je ne trouve pas 50 exemples...
A part une bonne moitié des oeuvres d'Escaich environ.
Ah si il y a la 1ère symphonie de Rachmaninov aussi.

Dans le 3eme mouvement des Danses symphonique que de Rachmaninov aussi ^^ il y a le thème du dies irae qu'utilise Saint-saens par exemple dans sa Danse macabre mais je sais pas si je répond bien au sujet et je croix même que j'arrive un peu tard ^^ En tous cas je me suis souvent posé la question de ce thème de ses origine il m'intéresse beaucoup j'ai pas encore lu ce sujet en entier mais je ne sais toujours pas dans qu'elle oeuvre musicale il apparait pour la première fois. D'ou vient il ?

Le thème vient du plain chant grégorien

Era a écrit:

Le thème vient du plain chant grégorien

Merci oui effectivement avec cette information j'ai vite trouvé ^^

Ce thème du Dies Irae, il me semble en entendre une citation au début de la Première Symphonie de Bohuslav Martinu; et aussi après les roulements de timbales de la Symphonie "Roulements de Timbales", justement, de Haydn.

J'avais oublié aussi je pense pas qu'on l'ai citée c'est la 2eme symphonie de Khachaturian magnifique oeuvre de guerre.

My Death, reprise par Scott Walker d'une chanson de Brel, commence par une citation sans équivoque du Dies Irae.

Je viens de retrouver ce bon vieux thème du Dies Irae, très joliment varié, dans le film avec Fernandel : le mouton à 5 pattes dans le premier sketch avec De Funès, formidable soit dit en passant, je suis fan. Le thème est varié tous le long du sketch, de manières différentes.

Nino Rota : Divertissement concertant pour contrebasse et orchestre

Je me permets de remonter ce fil... pour une fois qu'on par le d'une mélodie très ancienne !

Il existe sur youtube un page entièrement consacré au grégorien ( /user/SGeorgeAZ ), avec les partitions, on y trouve bien entendu le dies irae "orginal":

/watch?v=dsn9LWh230k

J'ai lu dans le fil que c'était "en ré mineur", si ne me trompe, c'est plutôt en "premier ton", donc en mode de ré (ré authante)

La première mise en musique est celle de Brumel, qui l'utilise comme séquence dans son requiem: http://imslp.org/wiki/Missa_pro_defunctis_(Brumel,_Antoine) . Je ne connais qu'une version, celle des Huelgas, couplé avec la messe "ecce terrae motum". Brumel met en musique les verset impairs uniquement, et laisse les verset pairs au plainchant.

Sa composition n'est pas en "cantus firmus" comme on faisait souvent à l'époque (c'est à dire que la mélodie grégorienne est gardée telle qu'elle, normalement en valeur très longue, à une des voix, souvent le ténor (c'est du reste pour ça que le ténor s'appelle ténor !). Brumel utilse le principe de "parphrase", à savoir la reprise des motifs du plainchant aux différentes voix, comme par exempla la messe "pange lingua" de Josquin.

Sinon, il me semble que Lully a composé un dies irae basé l'original, pareil pour le dies irae du requiem de Saint Saens http://imslp.org/wiki/Requiem,_Op.54_(Saint-Sa%C3%ABns,_Camille), qui commence avec citation des 4 premières notes.

Vu le contexte, il me semble bien qu'on peut trouver une parentée entre certains motifs de la 2e de Mahler et le dies irae, dans le développement du 1er mouvement, et dans le dernier mouvement..

Il y a aussi une belle citation à la trompette dans la danse des morts d'Honegger, vers la fin de la première partie...

Si je puis me permettre de faire cette parenthèse ophanine, la mélodie du Dies Irae, originale ou légèrement modifiée/ré-harmonisée, est également souvent utilisée dans la musique Metal, le Black Metal en particulier, comme ici : /watch?v=6jvZZK_YGtQ (à 0:53) (ce guitariste, y me rend dingue !).

Pour ceux et celles qui s'intéressent à l'origine de ce texte très riche, ne serait-ce que du point de vue culturel, le lien Wiki est pas mal foutu (avec notamment un enregistrement sonore du chant ainsi qu'une traduction des paroles vers)...


EDIT : ah et en plus, ils répondent à la question posée en citant une grande liste d’œuvres dans lesquelles figure le Dies Irae.

Corvus Corax a écrit:

EDIT : ah et en plus, ils répondent à la question posée en citant une grande liste d’œuvres dans lesquelles figure le Dies Irae.

Eh bien ils ont oublié Honneger

Pourtant la citation est évidente, et très bien amenée (un beau climax à rajouter dans le fil idoine, tiens... )

/watch?v=ckcX2_Abweg

à 3min.

De toute façon, le maniaque obsessionnel du Dies Irae n'est nul autre que Rachmaninov !! Il en a vraiment de partout dans son oeuvre : Les variations sur un thème de Paganini, les Danses Symphoniques, les Cloches, l'Ile des Morts, les Vêpres, le Prince Rotislav, les trois Symphonies, le concerto pour piano n° 4 ainsi que dans de nombreuses pièces pour piano ...
On peut lui décerner la médaille d'or officielle   !

Le "leitmotiv" de la Symphonie N°3 de Saint-Saëns est un dérivé du Dies Irae grégorien.
Dans la musique du ballet Spartacus d'Aram Khatchatourian, au moment où Spartacus se bat contre son meilleur ami pour le plaisir de Crassus on entend une bribe de Dies Irae deux fois, comme un prélude à l'issue fatale... (en tout cas c'est mon impression)
Berlioz: Symphonie fantastique.

La coïncidence veut que j'ai écouté ce matin les Trois morceaux dans le genre pathétique d' Alkan, et on y entend nettement le Dies Irae (et le glas) dans la troisième pièce, Morte.

"Qu'on dise devant nous la prière des morts" :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10318594z/f5.item.zoom

Belle apparition du thème dans Pour les funérailles d'un soldat de Lili Boulanger.

Spahlinger : extension.

dans la 4e Rhapsodie op. 11 de Dohnányi

Libertas venit, poème symphonique du néerlandais Hendrik Andriessen, écrit pour le dixième anniversaire de la libération du Brabant après la Seconde guerre mondiale. Très belle longue marche, peu ostentatoire, qui verse par moment dans le lyrisme et cite, dans les parties plus sombres, le Dies iræ.

Adagio molto de la Troisième Symphonie d'Ernst Křenek : une large partie du mouvement est fondée sur le Dies iræ et sur des thèmes qui en émanent. (Cette symphonie a un côté un peu pot-pourri, avec pas mal de références par ailleurs, quoique bien sombre. )

Wind Chimes a écrit:

My Death, reprise par Scott Walker d'une chanson de Brel, commence par une citation sans équivoque du Dies Irae.

En effet, autre exemple, la musique de la chanson "La mort" de Jacques Brel (contemporaine de Ne me quitte pas, La valse à 1000 temps... autrement dit de la fin des années 50) commence par une reprise telle quelle du Dies irae ("La mort m'attends comme une vieille fille/Au rendez-vous de la faucille/Pour mieux cueillir le temps qui passe") et poursuit sur une sorte de danse macabre aux allures de tarentelle !

Cinquième Symphonie de Tabakov : tout le premier mouvement est parcouru du Dies iræ (pour une fois assez bien développé, pas juste un gadget qui évite de chercher soi-même un thème).

Je ne crois pas qu'elle ait été citée: le dernière des trois Pièces pour quatuor à cordes de Stravinsky

Ma contribution inutile du jour à la vie de ce forum : l'oeuvre Memento Mori de Peter Sculthorpe est basée sur le thème du Dies irae (pas franchement adroitement utilisé d'ailleurs...). Et ça ne fait même pas partie des quelques dizaines d'oeuvres recensées par Wikipedia à ce sujet.