Opéra comique Salle Favart 2008-2009

Elle est géniale (j'en ai causé sur CSS) : mis à part l'air final très conventionnel, un peu romantisant, chaque réplique est totalement habitée, travaillée dans le détail sur le texte, le phrasé et le vibrato... Bouleversante, comme d'habitude.


(Et en plus, on avait une cantate de Britten - certes dispensable - pour compléter la soirée. )

J'ai oublié quelque chose d'important.
Merci Morloch pour la place.

J'ai réussi à en trouver une autre hier soir, coup de bol parce que ça a l'air bien plein.

J'étais assez bien placé, dans un fond de premier balcon, voisins franchement antipathiques mais vue correcte (debout).

Tout comme Freia je n'ai pas trouvé les chanteurs inoubliables même si j'ai beaucoup aimé la Belinda de van Wanroij. La mise en scène était très esthétique mais ne m'a convaincu qu'à moitié. En fait je n'ai pas aimé le mélange des genres dont parle Freia plus haut. Dans un opéra de 3-4h des petits clins d'oeil au public et de petits anachronismes peuvent être sympathiques, permettent de souffler un peu. Mais dans une mini-tragédie de une heure à peine l'alternance de scènes bouffonnes avec les sorcières et de scènes sérieuses avec Didon et Enée m'a empêché de rentrer pleinement dans l'oeuvre. Un esprit de dérision et un décalage permanent, par peur d'ennuyer les spectateurs ? par souci de rendre cette oeuvre accessible peut-être ? qui n'a pas fait mouche sur moi, mais je comprends que ça puisse plaire. Très agréablement surpris par l'acoustique et l'apparence de cette salle en revanche, les Arts Flo pourtant réduits à leur portion congrue étaient en grande forme ce soir là. Malgré ces quelques réserves j'ai passé une bonne soirée et j'aimerai bien y retourner.

Mais tu n'as pas aimé les alternances de scènes rigolotes et de scènes sérieuses dans la pièce du Purcell ou bien la façon dont la mise en scène les présente ?

Pour une fois Renaud Machart est enthousiaste.

ici

Citation :

Deborah Warner sublime "Didon et Enée"
LE MONDE | 06.12.08 | 13h38

Si le cerveau de la metteuse en scène britannique Deborah Warner était une caméra, on dirait qu'il a une profondeur de champ sans pareille. Sa mise en scène de Didon et Enée (1689), de Henry Purcell, qui ouvre la saison de l'Opéra-Comique, n'est pas une mise en abyme postmoderne en italiques et entre guillemets mais une incarnation mémorielle d'une richesse infinie.

Dans ce spectacle dont la liberté et la beauté visuelle laissent pantois, l'objet principal est enchâssé dans une large perspective qui décadre sans décentrer. Cet effet de loupe évite le désagrément de la mise sous verre protectrice et distanciée, voire ironique.

Avant le lever de rideau, des fillettes en jupes plissées bleu marine (l'opéra aurait, selon certains historiens, été créé dans un pensionnat) s'amusent sous la conduite d'une monitrice qui se révèle être la grande actrice irlandaise Fiona Shaw. Laquelle, en blue-jeans, va jouer, en avant-dire, trois merveilleux poèmes (modernes).

L'invention puise sa source dans le lieu commun du "théâtre dans le théâtre" : une estrade bordée de bancs, des murs de brique, mais aussi un fronton baroque. Ce qu'a fait la décoratrice Chloe Obolensky est d'une simplicité virtuose, habillée par le tact exemplaire des lumières de Jean Kalman.

Deborah Warner se permet tout sans jamais porter atteinte au sens profond des choses : des sorcières déjantées fumeuses de clopes, qui montrent leur derrière, effraient les fillettes, se marrent et s'énervent comme des chipies ; une Didon hiératique mais ardente (quelle musicienne impeccable que Malena Ernman !) ; un choeur en costumes modernes remarquablement dirigé et intégré ; des citations picturales (Le Déjeuner sur l'herbe de Manet, une pieta) ; des pantomimes...

William Christie, si familier de Didon, la réinvente à la tête de ses Arts florissants avec ce soin gourmand et amoureux qui est la marque de ses grands soirs. Ce spectacle, bouleversant et unique, indique comment l'opéra devrait toujours être traité : avec du sens et de la sensibilité.

Didon et Enée,

de Henry Purcell. Opéra-Comique, place Boieldieu, Paris-9e. M° Richelieu-Drouot. Jusqu'au 9 décembre. Tél. : 08-25-01-01-23. De 6 € à 100 €. www.opera-comique.com

Diffusé en direct sur France Musique

le 7 décembre à 15 heures.

Renaud Machart

J'ai compris que les petites filles répétaient avant le lever du rideau, non ?

Je pense que c'était de la fausse répétition, histoire de faire commencer le spectacle sans début solennel.

d'accord.

Réécoute de la bande son à la radio, une seconde écoute qui remonte beaucoup mes impressions sur ce spectacle.

Déjà, on entend que l'armée des petites filles n'interfère pas du tout avec la musique, pas de reproche de ce côté.

L'effectif des Art Flo est idéalement équilibré, adapté à la salle et aux chanteurs, pas besoin de plus d'instrumentistes, c'est excellent, poétique avec un beau son. Excellents solistes/continuistes, y compris Christie au clavecin.

Sa direction est excellente, il ne tombe pas dans l'alanguissement, sait rester vif et très subtil.

Ce sont les voix qui m'ont plu. La Didon de Malena Ernman est excellente. C'est sans doute sa sobriété et son absence de maniérismes qui m'avait fait dire qu'elle manquait d'ornements, par ce que la ligne vocale est très soignée et pleine d'inflexions. C'est vraiment très beau, et sa lamentation finale est extraordinaire.

Rien de plus à dire sur Judith van Wanroij, impeccable.

Enée n'a pas un rôle gratifiant vocalement pour un rôle titre, Christopher Maltman a une voix splendide. Il gagen à être entendu ici, je pense que la mise en scène ne l'aidait pas.

Sur la sorcière d'Hilary Summers, qui semble avoir encore été huée à cette représentation, elle choisit le théâtre et le contraste avec le reste des personnages à la beauté du chant, mais c'est très réussi. Encore une fois, un public qui m'échappe.

Au final, une version qui me semble excellente de cet opéra.

J'étais à la Première de Didon. Vraiment bien. Il n'y a pas grand chose à dire. J'ai quitté la salle en étant encore plus convaincu que c'était une oeuvre merveilleuse.

L'économie dramatique de Tate est vraiment sublimé par la musique de Purcell.

Tout le 3ème acte est à tomber, on va crescendo vers le pathos. Ca prend presque au tripe. Une réussite de la part de tous les artistes, c'est certain.

Alors oui, on peut considérer que le beau chant n'est pas au rendez-vous avec les sorcières, mais elles jouent pleinement leur jeu d'acteur aussi. Moi, je trouve que ça fonctionne même plus efficacement. Quand certains comprendront-ils qu'il s'agit autant de théâtre que de musique? (je sens que je vais me faire incendier!!!)

Pour ma part, j'ai trouvé les chanteurs au niveau qu'il fallait (j'ai bien aimé Enée d'ailleurs) et le Choeur était admirable.

L'Orchestre est bien, c'est du Christie quoi!! Excellent pour souligner les affects dramatiques de l'oeuvre et relativement faible dans les moments où il devrait être plus agressif ou au moins plus enjoué (l'Overture et la Triumphing Dance sont pour ma part de gros échecs mais on est pas dans l'essentiel) mais celà reste quand même bien, c'est juste dommage.

Christie a rajouté des parties de flûte un peu partout à la partition. Je n'ai pas trouvé ça dérangeant mais n'apporte pas grand chose non plus. Je me serais abstenu mais pourquoi pas. Qu'en avez-vous pensé?

La mise en scène est vraiment réussie aussi, hormis le choix des enfants. Finalement, ma plus grosse critique est ce prologue réécri qui ne sert, lui, à rien. Alors peut-être que le prologue initial n'est pas une réussite, mais pourquoi en réécrire un qui n'a aucun rapport avec l'oeuvre et qui n'est même pas spécialement un beau texte?

Merci à l'Opéra Comique!! Un beau lancement pour cette nouvelle saison!!