Opéra de Marseille 2008/2009

Mireille, 20 Mai

J'étais très inquiète concernant les deux rôles de Mireille et Vincent, et mes craintes étaient en partie justifiées. la jeune soprano coréenne Hye Muyng Kang s'est révélée être une Mireille prometteuse tant vocalement que scéniquement. En ce qui concerne le chant il y a comme tous les soirs de 1ère des imperfections comme la voix qui blanchit de quelques fausses notes dans le final du second acte mais "Trahir Vincent... Mon coeur ne peut changer" et la terrible "scène de la Crau" sont interprétés sans faiblesses et dans un excellent français ce qui est rare pour les non francophones. Le cas Guèze est plus problématique; visiblement tétanisé il marque son rôle durant toute la première partie,les aigus sont tendus, ternes et sans éclats. En plus il manque de rater son entrée pour la chanson de Magali; la seconde partie est à peine mieux, il chante à pleine voix mais les fausses notes émaillent alors la partition ce qui est gênant pour un ténor que l'on présente comme un artiste français de premier plan. Les autres sont nettement plus satisfaisant : parfaits Alain Verhnes et Jean Marie Frémeau en Ramon et Ambroise; excellente aussi la Taven de Marie Ange Todorovitch. Déception en revanche en ce qui concerne Lionel Lhote en Ourrias. Le jeune baryton fait de son personnage un homme brutal et arrogant oubliant allègrement au passage que les bouviers sont des hommes fiers et courageux, et c'est précisément cette fierté qui est blessée quand Mireille le repousse en faveur de Vincent. Le troisième acte qui est celui d'Ourrias est gâché par les fausses notes; bref Ourrias est un personnage terne et inconsistant même si le pauvre garçon s'est fait une petite frayeur en se trouvant à deux doigts de la chute. Je signale au passage la prometteuse Vincenette d'Eduarda Melo. La partition maintenant : coupés le choeur des jeunes filles mortes d'amour dans la scène du Rhône et la ligne de Mireille dans le final. Diederich à la tête de l'orchestre de l'Opéra de Marseille sert cependant remarquablement la musique de Gounod. Notons également une très jolie mise en scène agrémentée de costumes supebes et de lumières efficaces. Bref une excellente soirée malgré un Vincent relativement faible et un Ourrias vraiment décevant.

J'ai oublié de signaler que Guèze a failli oublier d'entrer en scène pour la chanson de Magali et ce sont les choristes qui l'ont appelé à grands signes.
Sinon Alain m'a confirmé qu'il arrêtait à la fin de la saison prochaine ce que je regrette car il est encore en pleine possession de ses moyens malgré des graves un peu écrasés.

Merci Calbo.

Je partage assez ton avis sur le personnage d'Ourrias, que je trouve d'ailleurs très sympathique (le pauvre garçon, il n'a même pas fendu le crâne à Vincent qui le menaçait, et il part directement en enfer à grand renfort de pyrotechnie ).

Attention, Eduarda Melo, c'est Vincenette bien sûr. C'est plus que prometteur, c'est déjà excellent.

Oups. J'ai tapé trop vite on dirait .
Je ne parlerais pas de pyrotechnie mais la scène du Rhône était bien pensée. Dommage que le choeur de femmes ait été supprimé

Edit : c'est corrigé; merci David

Je plaisantais, avec pyrotechnie, je voulais juste dire qu'il était englouti de façon un peu spectaculaire. Ils ont fait ça comment à Marseille ?

Pour les Trèves, c'est un choeur mixte, d'ailleurs. Ils l'ont supprimé ? Mais où étaient les harmonies, alors ?? Ils avaient doublé à l'orchestre, ou bien c'était juste un truc tout plat ?

Ca, ça me rendrait furieux, c'est quand même la plus belle page de tout Gounod, cet acte II.

Pour le choeur dans la scène du Rhone il y a d'abord le choeur d'hommes puis les jeunes filles mortes d'amour et le choeur mixte si ma mémoire ne me trompe pas, et le choeur de femmes a disparu. En ce qui concerne la mise en scène de la mort d'Ourrias il disparait englouti dans le "Rhône en folie" avec le passeur en fond de scène

Tu veux dire qu'ils ont COUPE les mortes d'amour ?

DavidLeMarrec a écrit:

Tu veux dire qu'ils ont COUPE les mortes d'amour ?

Oui hélas.

Là, je crois que je hue.

OUi, mais avec élégance alors

Ca m'a fait bizarre quand j'ai vu que ce choeur était supprimé. J'étais dans un état de grosse colère. Et au niveau suppressions ils ont aussi squizzé la ligne de Mireille à la toute fin de l'opéra quand le choeur reprend "Sainte ivresse, divine extase"

calbo a écrit:

Ca m'a fait bizarre quand j'ai vu que ce choeur était supprimé. J'étais dans un état de grosse colère. Et au niveau suppressions ils ont aussi squizzé la ligne de Mireille à la toute fin de l'opéra quand le choeur reprend "Sainte ivresse, divine extase"

Pour la fin, il y a plusieurs versions, donc ils ont peut-être fait une fusion bizarre, mais c'est vrai que les coupures ne plaident pas pour leur faire confiance.

Ceci dit 3 ou 4 mn de coupures sur 2H30 à 2H45 de musique cela me parait bien peu. Et franchement vu le haut niveau de l'interpréte de Mireille, je suis contente d'avoir vu une telle production. L'ONP va devoir faire très fort en Septembre prochain en ce qui concerne la scénographie et les coupures.
Les différentes versions éxistantes ont beaucoup coutées à Gounod à qui l'on a forçé la main sur bien des points notament la valse ariette "Hirondelle légère" ajoutée en 1889 à la demande de la Carvalho. Les seules modifs pour lesquelles Gounod n'a pas été consulté sont celles de 1901 vu qu'il était décédé depuis 1893.

Oui, pour la Madame la Directrice.

C'est-à-dire que pour moi, Mireille est une belle oeuvre, certes, mais le chef-d'oeuvre, c'est l'acte II. Le couper, surtout dans son plus beau moment, c'est un peu comme si tu coupais le Te Deum dans Tosca...

Tu parles de la scène du Rhône? C'est l'acte 3 dans le découpage de Gounod. Corrige moi si je me trompe :

Acte 1 : du choeur des magnanarelles jusqu'au duo avec Vincent
Acte 2 : de la farandole jusqu'au très beau finale "A vos pied hélas me voici" ouvert par Mireille
Acte 3 : scène du val d'enfer et scène du Rhône
Acte 4 : feux de la St Jean chez chez Ramon puis dans la chambre de Mireille
Acte 5 : scène de la crau puis dans l'église des saintes

calbo a écrit:

Tu parles de la scène du Rhône? C'est l'acte 3 dans le découpage de Gounod. Corrige moi si je me trompe :

Acte 1 : du choeur des magnanarelles jusqu'au duo avec Vincent
Acte 2 : de la farandole jusqu'au très beau finale "A vos pied hélas me voici" ouvert par Mireille
Acte 3 : scène du val d'enfer et scène du Rhône
Acte 4 : feux de la St Jean chez chez Ramon puis dans la chambre de Mireille
Acte 5 : scène de la crau puis dans l'église des saintes

Alors l'acte III. Il me semblait que le I et le II étaient groupés dans ma partition, mais comme je l'ouvre surtout pour le Val d'enfer après le départ des compagnons d'Ourrias, je ne vérifie pas forcément le numéro de l'acte à chaque fois.
Mais il me semblait vraiment que Mireille était en quatre actes.

Non, non, Mireille a été créée en 5 actes. Il éxiste une version en 3 actes qui a été quasiment arrachée de forçe à Gounod mais le compositeur l'a découpé comme je l'ai indiqué. C'est d'ailleurs grâce à Reynaldo Hanh (le compositeur de Ciboulette entre autres) que la partition d'origine a été reconstituée après un long et patient travail de recherches musicologiques. C'est d'ailleurs lui qui a dirigé les premières reprises en 1939 et 1941 avec un succès réel semble-t-il.

calbo a écrit:

Non, non, Mireille a été créée en 5 actes.

Ah, mais je te crois sur parole, je n'ai même pas été vérifier.

Ce qui est certain c'est que l'Opéra de Paris va avoir fort à faire avec cet opéra au niveau de la mise en scène. Je sais que Castronovo sera forçément meilleur que Guèze par contre si au niveau vocal Mula et Kuang sont de forçe égales Mula a de sérieux progrès à faire en ce qui concerne la diction.
Je ne sais pas si tu as lu l'article de Machard mais j'ai bien rigolé en voyant qu'il présentait Guèze comme un grand artiste qui "durera longtemps".

calbo a écrit:

Ce qui est certain c'est que l'Opéra de Paris va avoir fort à faire avec cet opéra au niveau de la mise en scène.

L'Opéra de Paris a un atout majeur : de grands murs de scène de béton qu'il met à toutes les sauces. Ce sera parfait pour le Val d'Enfer ou la Plaine de la Crau.
La dernière fois que j'ai vu Mireille, c'était à l'Opéra-Comique à Paris. La mise en scène avait un peu forcé sur les costumes régionaux, mais c'était quand même un bien ravissant spectacle.
On aurait pu réutiliser les costumes pour monter l'Arlésienne de Cilea, qu'on voit trop rarement sur scène !

Ca ne veut pas dire que cet atout sera bien utilisé en l'occurrence, mais on verra bien ce que ça donnera.

En tout cas j'attends de voir ce que donnera Mula dans ce même rôle.