Cité de la musique 2008-2009

oui c'était vraiment très bien. Le concert a été enregistré par France musique reste plus qu'a trouver la retransmission

Des concerts en vidéo sont accessibles sur le site de la Cité, ici en bas de page: http://www.cite-musique.fr/francais/Default.aspx

Il y a notamment tous les concerts Satie qui sont disponibles jusqu'à jeudi.

La journée Scelsi c'est demain!

tu y vas ?

Ben oui.

Ah bin je passerai te casser les pieds alors, et te passer ce fichu Parsifal.

Cool.

Méfie-toi, c'est peut-être complet.

Oui, un beau week end ensoleillé, les gens vont se ruer écouter du Scelsi. Argh... pourvu que j'ai une place...

En effet, à tes risques et périls.

En février, pour Busoni, Decaux et Schoenberg c'était déjà pas plein. (et pourtant, l'Amphithéâtre, c'est pas une grande salle!)

La journée Scelsi d'hier donc:

15 heures Conférence
L'obsession du son Pierre-Albert Castanet, musicologue
16 heures Table ronde
Animée par Franck Mallet, journaliste Avec la participation de Sharon Kanach, éditeur et Jay Gottlieb, pianiste

17 h 30 Concert

Giacinto Scelsi
Tre Canti Sacri
Tre Canti Populari
Three Latin Prayers, pour huit chanteurs
Trilogie "Les Trois Ages de l'Homme", pour violoncelle seul

Axe 21
Bruno Mantovani direction
Sonia Wieder-Atherton violoncelle

Je passe rapidement sur la parlote de 15h, même si c'était intéressant. (mais ça ne se raconte pas!)

Le concert lui-même m'intriguait car je ne connaissais aucune de ces oeuvres (je connais surtout les oeuvres orchestrales de Scelsi), et j'ai été soufflé par Tryphon pour violoncelle seul, (qui n'est que le 1er volet de la Trilogie, le programme n'était pas clair là-dessus, il était d'ailleurs complètement vide au sujet des oeuvres, ce qui est dommage) magnifiquement interprété et je dirais "vécu" par Sonia Wieder-Atherton.
Une oeuvre puissante, inspirée, rauque, on a rarement entendu le violoncelle chanter, crier, râler, gémir de la sorte.
Ce qui était apparemment une sourdine placée sur les 2 cordes graves du violoncelle donnait (dans le 1er et le 3è mouvement) des effets étonnants de saturation voire de grésillement, le fameux son impur dont on nous avait parlé précédemment.
A plusieurs reprises on se demandait aussi si les sons qu'on entendait étaient vraiment joués ou résultaient des imbrications d'harmoniques des notes jouées sur différentes cordes.
Comme me le faisait remarquer Morloch, il aurait peut-être été préférable de jouer cette oeuvre en 3 mouvements d'une traite plutôt que de l'entrecouper des oeuvres vocales.

Concernant les oeuvres vocales j'ai beaucoup aimé les 3 chants sacrés, dans le style Scelsi le plus habituel, avec ces tiers de tons, ces voix évoluant sur de faux unissons souvent à distance de triton, cette polyphonie étonnante qui met à mal le système tempéré auquel nous sommes tant habitués.
Les monodiques Prières latines, tout à fait diatoniques et modales, m'ont un peu ennuyé je dois dire, je vois mal le but de Scelsi ici.
Les chants populaires enfin, m'ont paru tourner un peu en rond, je n'ai pas réussi à m'enthousiasmer.

En tout cas bravo à l'ensemble Axe 21 (et à son chef!), ça me semble vraiment être une performance d'interpréter une telle musique a cappella, heureusement qu'ils avaient ces petits écouteurs qu'ils mettaient avant chaque nouvelle pièce pour avoir le la certainement (si Bruno peut nous préciser s'il s'agit bien de cela), mais vraiment c'était remarquable, assez précis je pense, très convaincant en tout cas.

Xavier a écrit:

heureusement qu'ils avaient ces petits écouteurs qu'ils mettaient avant chaque nouvelle pièce pour avoir le la certainement

Oui, c'est cela. Les Accentus ont le même.

Oui d'ailleurs c'était l'ensemble Accentus/Axe 21. (j'imagine qu'Axe 21 est la formation réduite d'Accentus, ou quelque chose comme ça)

Xavier a écrit:

Comme me le faisait remarquer Morloch, il aurait peut-être été préférable de jouer cette oeuvre en 3 mouvements d'une traite plutôt que de l'entrecouper des oeuvres vocales.

Oui, j'ai eu l'impression que cette alternance était une fausse bonne idée. C'était sans doute pour donner un programme construit et peut-être par crainte d'une trop grande aridité du violoncelle solo, mais ça coupait un peu l'élan plus qu'autre chose. Enfin bon, c'était un concert absolument génial

Le papotage avant m'a passionné aussi, je ne savais pas du tout qui était Scelsi et j'ai trouvé attachant cet aristocrate décadent, poète, théoricien, compositeur, orientaliste mystique et danseur de salon et qui a eu des intuitions géniales sur la musique à venir. Une grande découverte, il va falloir explorer cela maintenant.

Morloch a écrit:

Le papotage avant m'a passionné aussi, je ne savais pas du tout qui était Scelsi

https://classik.forumactif.com/general-f1/giacinto-scelsi-1905-1988-t848.htm?highlight=scelsi

Alors, si c'était les Accentus, c'est normal qu'ils chantent à capella, c'est leur particularité. Parfois, ils sont accompagnés par Brigitte Engerer. J'aime beaucoup cet ensemble que j'ai découvert à Lille l'an dernier.

Mariefran a écrit:

Alors, si c'était les Accentus, c'est normal qu'ils chantent à capella, c'est leur particularité.

C'est surtout qu'ils n'ont pas le choix, ce sont des oeuvres a capella.

natrav a écrit:

Morloch a écrit:

Le papotage avant m'a passionné aussi, je ne savais pas du tout qui était Scelsi

https://classik.forumactif.com/general-f1/giacinto-scelsi-1905-1988-t848.htm?highlight=scelsi

Oui, je l'avais lu avant d'y aller, mais je n'avais pas réalisé à quel point c'était un personnage à part. J'ai tout à découvrir

Mais j'ai un concert ce soit...

Quelqu'un d'autre vient écouter Pascal Dusapin dans Go, Extenso, Apex, Clam, Exeo, Reverso et Uncut ?

Tu es le seul courageux apparemment.

et bin ils ont eu tort ceux qui ne sont pas venus, c'était 'achement bien !

Je te crois sur parole

Morloch a écrit:

Mais j'ai un concert ce soit...

Quelqu'un d'autre vient écouter Pascal Dusapin dans Go, Extenso, Apex, Clam, Exeo, Reverso et Uncut ?

Tu sais si ça a été capté pour la radio?

Morloch a écrit:

et bin ils ont eu tort ceux qui ne sont pas venus, c'était 'achement bien !

Apparemment ça ne te rend pas très bavard.

Décidément géniale la programmation de la Cité de la musique, je me demande pourquoi je perds encore mon temps à aller visiter les autres salles parisiennes.


Les Troqueurs de Dauvergne par un commando spécial des forces d'Ambronay, c'était génial, un rève d'une petite salle à l'acoustique ultra-précise où on est presque sur les genoux des chanteurs, un livret passionnant, une musique super inventive et vivante mélange de Rameau et d'opéra italien, un intérêt documentaire (le piège musical de la querelle des bouffons) et des chanteurs vraiment bien (mais ils en ont combien d'étudiants chanteurs aussi jeunes et de ce niveau à Ambronay , ils font un élevage ??)

Une soirée vraiment sympa qui est passée trop vite.

Ah, tu y es allé, c'est super !

Oui, je suis de temps en temps les mauvais conseils que j'aperçois sur des sites infââmes, mais pour une fois, je n'ai pas été déçu.

Bon la petite simphonie de Dauvergne avant, c'était dur. D'autant que le détachement d'Ambronay l'a jouée sans chef, comme de la musique de chambre, mais c'était bien mou. J'ai un peu de mal avec le baroque classique français non lyrique, au bout d'une dizaine de minutes, il m'a fallu chercher des ressources intérieures fortes pour ne pas piquer du nez

Mais franchement, Les Troqueurs, c'est fantastique !

Je n'avais rien dit de ce concert Rameau / Grisey il y a quelques semaines, parce que Rameau par le Concert français dirigé par Hantaï, je m'étais endormi, la honte (franchement, le baroque français orchestral, c'est pas humain) heureusement qu'il y avait l'Ensemble intercontemporain dirigé par Susanan Mälkki, avec du Grisey tout spectral et spectaculaire et poétique à la fois en seconde partie.

Samedi soir, donc, j'ai survécu pour la deuxième fois à un concert dirigé par Michel Tabachnik, en dépit du malaise suscité, il dégage une certaine chaleur à la tête du Brussels Philarmonic.

Deux grandes pièces au programme :

Luca Francesconi - Sirènes
Luciano Berio - Coro.

Le Francesconi, je ne suis pas trop entré dedans, c'était élégant, très ircamisé à grands coups d'électronique, spatialisé, avec des contrastes terribles. Difficile à écouter, il faudrait le mode d'emploi. Habituelles dispersion du chœur dans la salle, partition manifestement très virtuose (de façon gratuite ?)

Par contre Le Coro de Luciano Berio, c'est magnifique. Des fragments de textes qui se répondent, de façon récurrente un poème très violent de Pablo Neruda qui se reconstitue avant de conclure la pièce, enfin entier. A chaque fois que j'entends Berio, je suis époustouflé. Il est peut-être considéré comme dogmatique, comme compositeur, je trouve à chaque fois que c'est un manifeste de liberté d'écriture et d'inspiration. Les expressions et les styles sont variées, l'orchestration est magnifique, il y a un souffle tout du long, c'est difficile à décrire. Berio joue avec les textes et les musiques avec une aisance incroyable.

Intéressant, la disposition de Berio est originale : le chœur est mélangé à l'orchestre, pour de vrai : choristes et instrumentistes côte à côte. L'effet rendu est très beau. Une grande fresque épique et inquiétante, je suis rentré dedans complètement.

Dogmatique, Berio ? J'aurais plutôt dit éclectique.

Par ailleurs, Francesconi, j'aime bien, moi, c'est chatoyant, avec une certaine forme de lyrisme atonal, ça se laisse suivre avec limpidité, c'est vraiment le type de contemporain que j'aime.

Oui, je trouve aussi Berio éclectique, mais j'avais l'impression qu'il était catalogué dogmatique.

Luca Francesconi, je découvrais. Je ne suis pas rentré dedans mais il existe un disque dirigé par Susanna rien nest perdu !

Il est catalogué orthodoxe, surtout, c'est-à-dire digne d'être écouté lorsqu'on est boulézien strict. Mais c'est comme Maderna, ça n'est pas bien aride ni d'un intellectualisme desséché.

En gros, c'est un novateur, quoi.

Des effets pervers de l'adoubement boulezien

Je ne connais que des fragments de ce qu'il a écrit, mais à chaque fois, je suis séduit pour des raisons diverses. Cela semble toujours destiné à un public sans se limiter à une leçon d'écriture. Il joue sur l'émotion, et parfois sur l'humour, sans jamais tomber dans une caricature.

Il est pas mal rejoué, pour un compositeur "contemporain", en deux ans j'ai du entendre les sequenzas, le récital pour Cathy et ce Coro.

Oui, tout à fait, il utilise de la tonalité, de l'atonalité, du collage, de l'électronique, de l'humour grotesque, bref tout ce dont il a besoin, et ça change d'une oeuvre à l'autre. On est loin de la Foi des Douze.