Opéra de Lyon - saison 2009-2010

Le programme de la saison prochaine de l'Opéra de Lyon a été dévoilé cette semaine. Je ne sais pas si ça intéressera grand monde ici, mais toujours est-il qu'il se compose, pour ce qui est des opéras, de:

Productions "locales":

> Nouvelles productions
* Mozart - Don Giovanni
Markus Werba (DG), Vito Priante (Leporello), Jaquelyn Wagner (Donna Anna)...
Direction: Christopher Moulds - Mise en scène: Adrian Noble

* Puccini - Manon Lescaut
Misha Didyk (Des Grieux), Lionel Lhote (Lescaut), Alexander Teliga (Géronte)... Rôle de Manon pas encore attribué.
Direction: Kazushi Ono - Mise en scène: Lluis Pasqual.

* Saariaho - Emilie (création mondiale)
Karita Mattila (Emile du Châtelet)
Direction: Kazushi Ono - Mise en scène: François Girard

* Copland - The Tender Land (création en France)
Chanteurs du Nouveau Studio de l'Opéra de Lyon
Direction: Dominic Grier - Mise en scène: Jean Lacornerie

> Reprises
* Chostakovitch - Moskva, Cheremushki (Moscou, Quartier des cerises)
Christina Daletska (Macha), Vladimir Samsonov (Babourov), Ekaterina Schscherbachenko (Lidotchka)...
Direction: Kirill Karabits - Mise en scène: Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps

*Gershwin - Porgy and Bess
Derrick Lawrence (Porgy), Janice Chandler Eteme (Bess), Ronald Samm (Sporting Life)...
Direction: William Eddins - Mise en scène et chorégraphie: José Montalvo et Dominique Hervieu

>Festival Pouchkine
* Tchaïkovski - Mazeppa
Nikolai Putilin (Mazeppa), Anatoli Kotscherga (Kotchoubeï), Marianna Tarasova (Lioubov), Olga Guryakova (Maria)...
Direction: Kirill Petrenko - Mise en scène: Mise en scène: Peter Stein

* Tchaïkovski - Eugène Onéguine
Axely Markov (Eugène), Olga Mykytenko (Tatiana), Edgaras Montvidas t
Direction: Kirill Petrenko - Mise en scène: Mise en scène: Peter Stein

* Tchaïkovski - Pikovaïa Dama (La Dame de pique)
Mysha Dydik (Hermann), Nikolai Putilin (Tomski), Marianna Tarasova (la Comtesse), Olga Guryakova (Lisa)...
Direction: Kirill Petrenko - Mise en scène: Mise en scène: Peter Stein


Productions "invitées"
* Van der Aa - After Life
Roderick Williams (Aiden), Richard Suart (M. Walter), Yvette Bonner (Sarah)...
Direction: Otto Tausk - Mise en scène: Michel van der Aa

* Humperdinck - Hänsel und Gretel
Michaela Selinger (Hänsel), Julia Novikova (Gretel), Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (la Sorcière)...
Direction: Johannes Willig - Mise en scène: Laurent Pelly


... Je vous passe le détail des ballets, concerts et récitals (dont un récital de mélodies françaises par José Van Dam et un de mélodies russes par Mariana Tarasova & Olga Mykytenko, l'intégrale des Suites pour violoncelle de Bach par Pieter Wispelwey...), en tout plus d'une centaine de levers de rideau sont prévus pour la saison à venir.

Octavian a écrit:

Markus Werba (DG), Vito Priante (Leporello),

Que de grands chefs, Ono, Karabits, Petrenko (dans le répertoire slave, il est imbattable...).

Citation :

* Chostakovitch - Moskva, Cheremushki (Moscou, Quartier des fleurs)
Christina Daletska (Macha), Vladimir Samsonov (Babourov), Ekaterina Schscherbachenko (Lidotchka)...
Direction: Kirill Karabits - Mise en scène: Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps

Ah, tiens, ce n'est plus le Quartier des Cerises, la Russie a donc bien été décommunisée

Citation :

>Festival Pouchkine
* Tchaïkovski - Mazeppa
Nikolai Putilin (Mazeppa), Anatoli Kotscherga (Kotchoubeï), Marianna Tarasova (Lioubov), Olga Guryakova (Maria)...
Direction: Kirill Petrenko - Mise en scène: Mise en scène: Peter Stein

Ca va être une orgie. Même si Putilin est déclinant, aux côté de Kotcherga et de Guryakova...
Et surtout la direction de Petrenko.


(... et on attend toujours ton compte-rendu. )

Intéressant même s'il n'y a que deux italiens.

PS : Octavian t'as pas l'impression qu'il y a comme une erreur dans le titre du sujet?

Attends, il a des prévisions sur dix saisons, et tu fais la fine bouche.

DavidLeMarrec a écrit:

Attends, il a des prévisions sur dix saisons, et tu fais la fine bouche.

Alors la c'est petit David

Sinon tu en penses quoi de cette saison ?

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

* Chostakovitch - Moskva, Cheremushki (Moscou, Quartier des fleurs)
Christina Daletska (Macha), Vladimir Samsonov (Babourov), Ekaterina Schscherbachenko (Lidotchka)...
Direction: Kirill Karabits - Mise en scène: Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps

Ah, tiens, ce n'est plus le Quartier des Cerises, la Russie a donc bien été décommunisée

Erreur de transcription de ma part. Je corrige dans le billet original.

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

>Festival Pouchkine
* Tchaïkovski - Mazeppa
Nikolai Putilin (Mazeppa), Anatoli Kotscherga (Kotchoubeï), Marianna Tarasova (Lioubov), Olga Guryakova (Maria)...
Direction: Kirill Petrenko - Mise en scène: Mise en scène: Peter Stein

Ca va être une orgie. Même si Putilin est déclinant, aux côté de Kotcherga et de Guryakova...
Et surtout la direction de Petrenko.

J'espère.

DavidLeMarrec a écrit:

(... et on attend toujours ton compte-rendu. )

Urgence médicale féline (ça commence bien...). Mais je m'y mets, promis.

calbo a écrit:

Intéressant même s'il n'y a que deux italiens.

Oui, le tropisme est slave cette année. (et il faudrait encore rajouter Mozart et Salieri de Rimski-Korsakov en version de concert). Cela dit, la saison en cours s'est ouverte avec Anna Bollena de Bellini et se refermera sur La Traviata.

calbo a écrit:

PS : Octavian t'as pas l'impression qu'il y a comme une erreur dans le titre du sujet? [/size]

Oui, 2009-2019, j'ai vu un peu loin.
Je corrige ça aussi.

calbo a écrit:

Sinon tu en penses quoi de cette saison ?

J'en pense qu'elle me tente bien.

Toute la saison me fait envie !

Octavian a écrit:

calbo a écrit:

Sinon tu en penses quoi de cette saison ?

J'en pense qu'elle me tente bien.

Toute la saison ? Même si ma question s'adressait à David

Octavian a écrit:

Oui, le tropisme est slave cette année. (et il faudrait encore rajouter Mozart et Salieri de Rimski-Korsakov en version de concert). Cela dit, la saison en cours s'est ouverte avec Anna Bollena de Bellini et se refermera sur La Traviata.

Anna Bolena de Bellini, c'est une vraie rareté, quand même.

Sinon, Calbo, je la trouve super appétissante, surtout les trois Tchaïkovsky / Petrenko (qui me donneraient furieusement envie de camper dans cette contrée lointaine).

Incroyable tout de même le déséquilibre : il y a 50% de second vingtième.
Ce n'est pas ce qui me tente le plus, d'ailleurs.

Le public glottophile qui n'aurait pas la curiosité du Tchaïkovsky va être très malheureux.

Oui, c'est intéressant même si spontanément je ne rêverai pas de ce programme. Les Tchaï, la création d'un Saariaho par Ono, un Copland, c'est éclectique

Et à part ça, il s'appelle comment ce chat ?

natrav a écrit:

Et à part ça, il s'appelle comment ce chat ?

Rappelle-moi quelque chose, j'ai un doute.

A part Xavier (et moi bien sûr), qui est administrateur ici ?

DavidLeMarrec a écrit:

Anna Bolena de Bellini, c'est une vraie rareté, quand même.

Oui c'est clair. Comme d'autres elle a cédé le pas face à Norma, Sonnambula, Pirata et Puritani.

Et tu as vu cette Anna Bolena Octavian? Ca t'a plu?

calbo a écrit:

Même si ma question s'adressait à David[/size]

J'avais compris, mais j'ai attrapé au vol.

calbo a écrit:

Toute la saison ?

Tout, peut-être pas, mais l'essentiel, sans doute. D'autant que je ne suis pas seul sur le coup et que les envies de ma compagne et les miennes sont complémentaires. Donc si on s'accompagne mutuellement (et qu'on se débrouille correctement pour les dates et les places)... il y a peu de choses qui devraient nous échapper.

Heureusement les tarifs de l'Opéra de Lyon sont plutôt attractifs pour les moins de 26 ans (et pour en profiter c'est maintenant... ou jamais ).

DavidLeMarrec a écrit:

Incroyable tout de même le déséquilibre : il y a 50% de second vingtième.
Ce n'est pas ce qui me tente le plus, d'ailleurs.

Le public glottophile qui n'aurait pas la curiosité du Tchaïkovsky va être très malheureux.

Oui, j'ai noté ça aussi. Pour ce qui est plus précisément du début vingt-et-unième, Saariaho, c'est le sujet qui m'attire en priorité, car je n'ai pas été vraiment emballé par les quelques extraits de L'Amour de loin que j'ai pu voir, et Van der Aa, je ne sais pas si j'irai. Mais bon, de toute façon, avec des places à 10€ en catégorie C, ça peut valoir le coup d'être curieux.

Calbo, Calbo... Anna Bolena de... Bellini. Anna Bolena de... Bellini.

Non ?


(Cela dit, Anna Bolena est plus jouée que Pirata ou Tenda...)

Octavian a écrit:

Heureusement les tarifs de l'Opéra de Lyon sont plutôt attractifs pour les moins de 26 ans (et pour en profiter c'est maintenant... ou jamais ).

Heureux que tu es . Profites en un maximum .

calbo a écrit:

Et tu as vu cette Anna Bolena Octavian? Ca t'a plu?

Non, pas vu. Je ne suis à Lyon que depuis cet hiver, et encore, pas à plein temps, ce qui fait que j'ai loupé plein de choses qui m'intéressaient ces derniers mois (). C'était donc la première fois hier soir que je franchissais l'enceinte de cet Opéra.


Pour le chat, je répondrai dans le fil "Nos petits bonheurs du jour."

Ah OK. Dommage que tu n'aies pas pu le voir, mais ca sera pour une autre fois

DavidLeMarrec a écrit:

natrav a écrit:

Et à part ça, il s'appelle comment ce chat ?

Rappelle-moi quelque chose, j'ai un doute.

A part Xavier (et moi bien sûr), qui est administrateur ici ?

Alors c'est bien, tu fais ton boulot ! [Mode Poulet] mais ça ne me fait ni chaud ni froid [/Mode Poulet]

Octavian a écrit:

Pour le chat, je répondrai dans le fil "Nos petits bonheurs du jour."

Désolé Octavian, mais ce serait du pur HS de compétition. Note qu'il y a un sujet qui t'attend à bras ouverts et qui exige une photo si possible.

https://classik.forumactif.com/hors-sujet-f4/chien-ou-chat-t1819.htm?highlight=chat

Novembre : l'heure du premier bilan. Je n'ai pas pu avoir de places pour Don Gio (blindé, comme est déjà blindée Manon Lescaut) et je crois que ça va être difficile pour le Chostakovitch aussi (sauf à passer Noël à Lyon plutôt que de redescendre dans le sud pour la famille-tout-ça-tout-ça, mais bon ).

En revanche, dimanche, j'étais assis juste à cinq rangs en face de José Van Dam. Et c'était... wow...

J'ai failli rater ce récital suite à un caprice intempestif de ma batterie de voiture, mais finalement j'ai pu rejoindre la salle - vraiment - in extremis. Du coup je n'ai pas pris de programme à ce moment-là et j'ai été un petit peu surpris quand le concert a commencé. Après quelques secondes à remettre sérieusement en question la diction de Van Dam, je me suis rendu compte qu'il chantait en allemand, ce qui n'était pas du tout prévu.

En effet le programme initialement prévu avait connu une adjonction, et de taille: les Dichterliebe de Schumann, que je ne connaissais pas du tout, sauf de nom. Sans livret et sans connaissance préalable, évidemment, je suis sans doute passé à côté de beaucoup de choses - mais en tout cas pour ce qui était de l'affect pur, je me le suis bien pris en pleine g... poire.

En tout cas c'était bien suffisant pour constater que M. Van Dam était en grande forme ce soir-là. Technique irréprochable, puissance vocale, diction, implication, émotion... Et la suite n'a fait que le confirmer.

Après la pause, le programme initialement prévu : mélodies françaises de Fauré ("Les Berceaux", "Après un rêve", "Prison", "Mandoline"), de Duparc ("L'invitation au voyage", "Phylidé", "Chanson triste") et enfin Poulenc avec les deux courts cycles du Bestiaire et, en guise de des Chansons gaillardes.

Moi qui ne suis pas un grand connaisseur en matière de lied et encore moins, à l'origine, un grand fan de mélodie française, j'ai vraiment beaucoup apprécié cette partie du concert où j'ai découvert de très belles choses, et très bellement interprétées. Quant au bouquet final des Chansons gaillardes, Van Dam n'a pas hésité à en "rajouter" dans l'interprétation, presque farcesque par moments (sa tête pendant le final instrumental de "L'offrande"... ), provoquant à plusieurs reprises les rires du public.

En guise de bis, et puisque nous étions à l'opéra, nous avons eu droit à deux airs d'opéra: celui "la puce", de La Damnation de Faust, dans le droit fil de ce qui précédait, et un "petit bonbon mozartien".

Seul point négatif de l'après-midi (hormis les caprices de ma voiture), Robert Giordano, l'accompagnateur au piano, ne m'a pas semblé vraiment à la hauteur. Il en faisait des tonnes côté expression faciale, mais pour ce qui se passait sous ses doigts, cela me semblait beaucoup plus mécanique, en tout cas sec et manquant de nuance.

Le concert a été enregistré, il me semble avoir lu quelque part qu'il serait radiodiffusé, mais je ne retrouve plus l'info et ne peux donc dire, ni où (même si probablement France Musique), ni quand. Moi en tout cas en sortant de là j'étais très très, très très content d'y avoir assisté.

ça m"étonne, car j'avais l'impression que van Dam était franchement plus que usé, en écoutant par exemple L'Enfant et les sortilèges récemment chez EMI.

David m'avait dit que c'était rare à présent de l'entendre en forme, j'en ai donc d'autant plus profité. La voix a "vieilli" bien sûr, mais en me fondant sur le concert de dimanche je ne dirais pas qu'il est usé.

Octavian a écrit:

En effet le programme initialement prévu avait connu une adjonction, et de taille: les Dichterliebe de Schumann, que je ne connaissais pas du tout, sauf de nom. Sans livret et sans connaissance préalable, évidemment, je suis sans doute passé à côté de beaucoup de choses - mais en tout cas pour ce qui était de l'affect pur, je me le suis bien pris en pleine g... poire.

En tout cas c'était bien suffisant pour constater que M. Van Dam était en grande forme ce soir-là. Technique irréprochable, puissance vocale, diction, implication, émotion... Et la suite n'a fait que le confirmer.

Ah bon ? Ces dernières années, il est vraiment en baisse (en Golaud, il réinvente habilement les notes mais ne les chante plus), et particulièrement en récital où depuis 2001, alors qu'il brillait encore opératiquement, je n'en ai jamais entendu de bon. C'est une affaire de soirs paraît-il, mais à chaque fois... Et pour Dichterliebe, j'ai un souvenir radiophonique tout à fait pénible.

Il est vrai que je n'aime pas trop van Dam dans la mélodie et le lied, sa technique s'y prête mal, la voix est un peu trop large, manque d'une finesse, d'une ductilité qui aident. Et puis l'allemand et mauvais, et puis expressivement parlant, c'est ni adéquat ni très profond.

Une fois que j'ai dit tout ça, je peux quand même dire que, peut-être faute d'une concurrence sérieuse, j'aime beaucoup ses Duparc, et qu'en vrai ça doit avoir de l'allure, assurément. Ne serait-ce qu'à cause de l'impact vocal qu'on dit assez impressionnant (concentration de la projection).

En ce qui me concerne, j'ai trouvé ça très bien. Après, je suis peut-être moins tatillon que d'autres ici. Mais je ne renierai pas le plaisir que j'ai pris. Et je n'étais pas le seul, les applaudissements se sont terminés en ovation debout.

En ce qui concerne l' "impact vocal", il est vrai que, comme je le décrivais, j'étais idéalement placé pour le ressentir!

En revanche, on vient de m'apprendre qu'il s'agissait de sa tournée d'adieu, en fait.....

Deuxième concert de la saison à l'Opéra de Lyon avec un programme qui aura connu quelques variations par rapport à ce qui était initialement annoncé : exeunt les "contemporains français" qui devaient côtoyer Mozart, resté finalement seul maître de la place, et plus grand chose du thème de "l'Égypte mythique" remplacé par un plus général "De Thamos à La Flûte enchantée" permettant d'intégrer à côté de ça... un peu tout et n'importe quoi : arias de diverses provenance, Symphonie n°31 "Paris", Ave Verum Corpus...

Je suis ressorti des deux parties de ce concert d'après-midi avec des sentiments très divers.

Ils étaient relativement mitigés à l'entracte. Jérémie Rohrer et son Cercle de l'Harmonie, que je n'avais jamais entendus mais qui commencent à être précédés d'une plutôt flatteuse réputation, m'ont paru livrer durant cette première partie une interprétation globalement estimable mais pas transcendante non plus, avec des hauts et des bas - des petites choses pas en place m'a-t-il semblé dans l'Ouverture de la Flûte qui ouvrait aussi le concert, et qui m'a donné l'impression de mettre un peu de temps à trouver sa dynamique, interprétation de la Symphonie n°31 assez "tristounette" (même si l'œuvre n'est déjà pas en soi la plus inspirée qu'est produite l'ami Wolgang...), en revanche très bon accompagnement à la fin de la première partie d'un récitatif et air tiré des Noces ("Hai gia vinta la causa... Vedro"). Côté vocal, le baryton-basse James Rutherford ne m'a pas enthousiasmé non plus, lors de son entrée en scène avec l'interprétation de l'air de concert "Per questa bella mano" (K.612) qui était franchement... un peu bizarre, le contraste de cette voix qui interprétait Mozart un peu comme on le faisait dans les années 40 mais accompagnée par une petite formation baroqueuse... Les deux airs qu'ils a interprété par la suite ("Rivolgete a lui lo sgardo", initialement composé pour Così puis rejeté, et celui des Noces mentionné plus haut) étaient plus "en style", mais ce n'était pas non plus totalement enthousiasmant et outre une diction pas toujours rigoureuse il y avait par moment des faiblesses d'émission - en tout cas de là où j'étais (rebord du 3e balcon) il y avait des moments où je n'entendais plus ce qu'il chantait... Bon là j'ai l'air de brosser un tableau un peu noir, comme je le disais au début il y avait quand même une prestation très correcte de la part de l'orchestre, mais enfin, voilà, pas de quoi non plus grimper au rideau.

Un entracte et un verre de jus de pèche de vigne plus tard, les choses ont assez radicalement changé. Marquée par l'arrivée du chœur de chambre Les Éléments, cette deuxième partie était déjà plus homogène dans sa programmation puisqu'en dehors de l'Ave Verum (qu'on aurait d'ailleurs pu nous proposer en guise de bis plutôt qu'à cet endroit-là, mais enfin, ne chipotons pas) elle était intégralement consacrée à la musique de scène pour Thamos, roi d'Égypte. Et là, j'ai quand même bien pris mon pied! Je ne connaissais cette œuvre que de nom et c'est quand même du meilleur Mozart... je comprends les regrets qu'il a eu de ne pas pouvoir réutiliser cette musique après que la pièce de théâtre en elle-même soit "tombée" (ce qui soit dit en passant n'est guère étonnant vu le résumé, c'est un peu, , a contrario de la musique de Mozart, un concentré de ce qu'on peut imaginer de pire dans le genre pour l'époque ). Les Éléments n'étaient pas mal du tout, trois autres solistes sont venus un peu équilibrer les faiblesses de James Rutherford, et surtout Jérémie Rhorer s'est montré nettement plus inspiré et inspirant pour son ensemble qu'il ne l'avait été avant cela. Sous sa direction le Cercle de l'Harmonie a livré sur cette œuvre une prestation engagée et pleine d'allant, assez exaltante.

Au final un bilan un peu mitigé pour ce concert surtout à cause d'une première partie un peu moyenne, donc, mais une belle surprise avec cette découverte de Thamos dans une interprétation qui pour le coup valait bien le déplacement.

Je reviens de la 2e représentation d'Emilie, opéra qui a été créé lundi. J'en dirai plus dans le topic Saariaho d'ici peu. En quelques mots :

- une très belle musique

- sur un très beau livret (Maalouf)

- très bien interprété côté voix (Mattila) et côté orchestre (Ono)

- dans une très bonne mise en scène.



Je signale dès à présent la retransmission qui sera donnée le 29 mars à 20h sur France Musique.

Octavian a écrit:

- sur un très beau livret (Maalouf)

A force de se faire la main, il finira par écrire de bons livrets.

C'est le même qui a écrit l'Amour de loin non

C'est possible.

Bah je n'ai toujours pas entendu L'Amour de loin donc je ne peux pas juger. En tout cas j'ai apprécié celui-là, mais je détaillerai plus les raisons d'ici ce week-end dans le topic concerné, comme annoncé.

Avec tout ça je n'ai pas pris le temps de vous parler de la représentation de Hänsel und Gretel à laquelle j'ai assisté la semaine dernière. Pour tout un tas de raisons j'ai finalement eu bien moins d'occasions d'aller à l'Opéra de Lyon cette année que je ne l'espérais initialement, aussi je tenais un peu à ne pas rater cette soirée. Et bien m'en a pris.

Les deux interprètes principales, Michaela Selinger et Julia Novikova, étaient relativement jeunes et très convaincantes : il n'y avait pas beaucoup d'effort à faire pour "croire" que c'était des enfants (bon, avec le côté tête-à-claque aussi par moments, mais je suppose que c'était fait pour ), et vocalement j'ai trouvé leur performance très satisfaisante. Seul bémol, dans les passages un peu "nuancés", les voix semblaient parfois avoir du mal à passer la rampe. Rien à redire sur le reste de la distribution, ni sur la direction de l'Orchestre de l'Opéra de Lyon assurée par Johannes Willig.

Je me demandais un peu ce qu'allait donner la mise en scène de Laurent Pelly, et loin d'être déçu j'ai trouvé la chose très bien faite. Craignant sans doute (à bon droit...) la plongée dans le kitsch que peut engendrer une mise en scène "1er degré" de cet opéra, Pelly, situant l'action dans un décor contemporain, a fait de la maison du I une maison en carton bidonvillesque, jouxtant une forêt aux arbres desséchés et jonchée de détritus ; et le plus surprenant peut-être est que cela n'empêchait pas de vrais petits moments de grâce, renforcés justement par le contraste avec ce décor qui aurait pu n'être que sordide (je pense par exemple à l'assemblée des angelots à la fin du II). Mais le morceau de bravoure était surtout le troisième tableau et sa maison de sorcière façon... supérette de toutes les tentations. Et preuve que la chose fonctionnait, j'ai en effet vraiment été frappé par la similitude des discours de la sorcière avec les diktats de notre actuelle société de consommation.

Bon, à côté de ça, je n'ai pas bien compris l'intérêt de faire interpréter la sorcière par un ténor travesti, et les costumes des Marchand de sable / Bonhomme Rosée étaient vraiment too much... mais Wolfgang Ablinger-Sperrhacke était néanmoins très convaincant, tour à tour effrayant et grotesque, et Susann Kalauka avait une voix magnifique, ça compensait.

Bref, vous l'aurez compris, j'ai passé une très agréable soirée.

Octavian a écrit:

Mais le morceau de bravoure était surtout le troisième tableau et sa maison de sorcière façon... supérette de toutes les tentations. Et preuve que la chose fonctionnait, j'ai en effet vraiment été frappé par la similitude des discours de la sorcière avec les diktats de notre actuelle société de consommation.

Dit comme ça, ça fait quand même super envie.

Citation :

Bon, à côté de ça, je n'ai pas bien compris l'intérêt de faire interpréter la sorcière par un ténor travesti,

Il y a deux raisons à cela :
- vieille tradition que permet la tessiture basse de l'alto (après tout, c'est déjà le cas des nourrices chez LULLY et Charpentier...) ;
- Wolfgang Ablinger-Sperrhacke.

DavidLeMarrec a écrit:

Octavian a écrit:

Mais le morceau de bravoure était surtout le troisième tableau et sa maison de sorcière façon... supérette de toutes les tentations. Et preuve que la chose fonctionnait, j'ai en effet vraiment été frappé par la similitude des discours de la sorcière avec les diktats de notre actuelle société de consommation.

Dit comme ça, ça fait quand même super envie.

Je perçois comme de l'ironie, non?

Pour ce qui est du "discours", je pense à des passages comme :

Citation :

I nun. Ich will ihn futtern und nudeln,
Mit allerhand vortrefflichen Sachen
Ihn zart und wohlschmeckend machen.
Und ist er dann recht zahm, und brav,
Und fügsam und geduldig wie ein Schaf,
Dann, Hänsel, ich sag dir’s ins Ohr:
Dir steht eine große Freude
Bevor!

("Eh bien. Je vais le nourrir et le gaver / De toutes sortes d’excellentes choses, / Le rendre bien tendre et bien goûteux. / Quand il sera bien doux et bien gentil / Et docile et patient comme un agneau, / Alors, Hansel, je le dis tout bas : / Il y aura un grand bonheur / Pour toi !"), ou le refrain du "salut par les gâteaux" (Friß, Vogel, oder stirb! / Kuchenheil die erwirb!).

Pour ce qui est de la mise en scène de ce tableau, ça donnait ça :

Spoiler:

Au passage, le spectacle a été capté à Glyndebourne et il existe un DVD (avec une distribution différente pour les rôles-titres, et Kazushi Ono à la baguette).

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

Bon, à côté de ça, je n'ai pas bien compris l'intérêt de faire interpréter la sorcière par un ténor travesti,

Il y a deux raisons à cela :
- vieille tradition que permet la tessiture basse de l'alto (après tout, c'est déjà le cas des nourrices chez LULLY et Charpentier...) ;
- Wolfgang Ablinger-Sperrhacke.

Oui, la prestation de ce monsieur WAS était assez remarquable dans le registre. Et si en plus ça correspond à une tradition possible, je n'ai plus rien à en redire.

Octavian a écrit:

Je perçois comme de l'ironie, non?

Je n'oserais pas.

Pelly, c'est souvent très travaillé, même lorsqu'il ne rechigne pas au prosaïque, donc je ne doute pas que ç'ait été très bien, mais le côté apologue des mises en scène (pas les siennes jusqu'ici) me fatigue très vite.

Merci pour les précisions.

Citation :

Oui, la prestation de ce monsieur WAS était assez remarquable dans le registre. Et si en plus ça correspond à une tradition possible, je n'ai plus rien à en redire.

Arnalta, ça ne te dit rien ?

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

Oui, la prestation de ce monsieur WAS était assez remarquable dans le registre. Et si en plus ça correspond à une tradition possible, je n'ai plus rien à en redire.

Arnalta, ça ne te dit rien ?

Je ne savais pas qu'il avait chanté ce rôle. Sous la direction d'Emmanuelle Haïm avec Danielle De Niese en Poppea, mise en scène de Robert Carsen, c'est bien ça? Apparemment c'est passé sur Arte cet hiver. Encore quelque chose que j'ai raté, si c'est le cas. Une des raisons pour lesquelles j'espère pouvoir recaser une télé dans mon futur appartement.

Octavian a écrit:

Je ne savais pas qu'il avait chanté ce rôle.

Je parlais juste de la filiation des vieilles femmes ténor à l'opéra (il y a aussi la Nourrice de Cadmus ou la vieille femme du Malade imaginaire). Mais WAS l'a bel et bien chanté.

Citation :

Sous la direction d'Emmanuelle Haïm avec Danielle De Niese en Poppea, mise en scène de Robert Carsen, c'est bien ça? Apparemment c'est passé sur Arte cet hiver. Encore quelque chose que j'ai raté, si c'est le cas. Une des raisons pour lesquelles j'espère pouvoir recaser une télé dans mon futur appartement.

Je confirme que la mise en scène de Carsen est vraiment très chouette, mais je l'ai vue en salle dans une autre distribution.