Bon, après ma récente déconvenue avec le quintette, j'ai quand même décidé d'explorer plus en profondeur le répertoire de Koechlin (du coup je retenterai bientôt le quintette) en començant par les oeuvres orchestrales (donc a priori ce qui a le plus de chances de me séduire). C'est donc parti pour un grand tour de jungle, et je dois avouer que mon avis reste mitigé, même si je suis quand même beaucoup plus directement séduit que pour le quintette.
Déjà commençons quand même par un point très positif évident : l'orchestre de Koechlin est superbe (pour le coup sa réputation d'orchestrateur de génie n'est vraiment pas usurpée) et les atmosphères qu'il crée avec ce formidable outil sont impressionnantes, sans tomber dans la facilité d'un exotisme de pacotille. Malhaureusement, c'est plus au niveau du contenu musical lui-même que j'ai des réserves
. Dans le détail, oeuvre par oeuvre :
La
Loi de la jungle, très solennelle, remplit bien son rôle de grand portique introductif, même si c'est un peu répétitif, les belles couleurs orchestrales suffisent à se laisser porter par cette oeuvre courte (du moins plus que les autres segments de ce livre de la jungle !).
Avec les
Bandar-log, j'avoue avoir un problème de "lisibilité" de l'oeuvre. Sans le programme (merci à Amis-Charles pour les détails de la main de Koechlin lui-même donnés au début de ce fil, c'est extrêmement instructif), je suis perdu dans cette série de parodies qui me semble n'avoir ni queu ni tête. Même avec le programme en fait, j'ai du mal à apprécier la musique uniquement pour elle-même, même si évidemment j'en comprends mieux les intentions. En fait, ça me dérange de toute façon d'avoir de la musique à programme qui ne puisse pas se passer dudit programme. Quand j'écoute le Till Eulenspiegel de Strauss, je suis emporté même si je n'ai aucune idée du programme exacte qui se trouve derrière (je sais bien que ça n'a rien à voir musicalement, mais disons que ça partage avec ces bandar-log une certaine volonté d'intégrer un peu de fantaisie voire d'humour dans la musique). Là ce n'est vraiment pas le cas. Pourtant je ne peux pas nier au morceau une construction finalement très savante et maîtrisée, mais je n'y accroche pas vraiment.
Beaucoup moins de soucis avec les
trois poèmes op.18, oeuvre de jeunesse comparée aux autres segments. C'est très beau, là j'adhère sans problème, en particulier à la berceuse phoque à l'introduction si magique.
La
méditation de Purun Baghat est encore un déploiement de science orchestrale assez fascinant. Le seul problème, c'est qu'il ne s'y passe à peu près rien pendant un bon quart d'heure. Certes c'est le principe de l'oeuvre, mais bon, en ce qui me concerne, quelque chose d'aussi statique sur une telle durée, il me manque quelque chose pour ne pas m'ennuyer.
La
course de printemps qui conclut le cycle est pour le coup beaucoup plus variée, mais en même temps également beaucoup plus longue, avec une bonne demi-heure de musique (pour les curieux, j'ai écouté la version Holliger pour ce que ce dernier a enregistré, et Zinman pour les morceaux manquants). C'est beau mais pour moi ça ne se hisse pas jusqu'aux sommets où certains membres éminents du forum portent cette oeuvre.
En fait, je crois que je trouve un caractère un peu vain à la musique de ce livre de la jungle : extrêmement soigné et maitrisé, mais ça ne provoque pas en moi les émotions que j'attends de la découverte d'une oeuvre vraiment majeure. Bon, j'ai quand même été un peu sévère eu égard au statut de l'oeuvre sur le forum, c'est de la très belle musique, mais qui personnellement ne m'enthousiasme pas.