I) Une Œuvre faisant la quasi unanimitéA) Les (nombreux) conquis.Sud273- Je viens d'écouter deux fois de suite ce quintette op 80 de Koechlin, et la surprise est totale! j'étais déjà convaincu par avance de l'importance de ce grand compositeur, mais là ça dépasse vraiment tout ce que j'ai pu entendre de sa musique de chambre.
On à peine à croire qu'un tel sommet soit passé sous silence: je lis qu'il s'agirait d'une pièce publiée après sa mort, ce qui expliquerait dans une certaine mesure qu'on la connaisse mal, et l'extraordinaire liberté de ton de l'écriture. Profondeur sans pareil et recueillement, ce quintette donne vraiment une impression d'étrangeté mystérieuse: dans le finale seulement on reconnaîtrait peut-être quelques traces de danses françaises. Quand on pense au bruit que l'on a fait du quintette de Franck, et même du (long) quintette de Schmitt: ici justement il n'est pas question de faire du volume, tout se déroule avec une simplicité de moyens et une évidence parfaite, la moindre note a son poids.
Merci pour cette incroyable découverte.
- Ce début du troisième mouvement avec cette énonciation d'intervalles au piano, comme un violon qui s'accorde, c'est vraiment unique. Je me demande si c'était écrit pour le concert, ça parait tellement hors-norme.
.natrav- C'est épique et passionné. Moderne mais pas abscons. Un régal !
- Spoiler:
- C'est géant !
[note Crapio : notre papa pingouin a conseillé à plusieurs reprises le Quintette à ceux qui voulaient (re)découvrir Koechlin].Jerome- Je suis vraiment fasciné par la profondeur harmonique, au sens propre : souvent des basses très graves, et des aigus qui paraissent presque étrangers tellement ils sont perchés.
Sinon, je suis également frappé par le rôle peu conventionnel du piano : souvent dépouillé, en retrait, squelettique (mouvement 3), il laisse beaucoup les cordes chanter, et abandonne souvent le rôle traditionnel d'accompagnateur (basses et rythmique en accords) qu'on peut lui donner dans ce type de formation.
.WoO- J'ai écouté à trois reprises le
quintette pour piano et cordes. Chaque mouvement développe quelque chose de très différent et possède une personnalité très marquée. J'aime énormément le premier, sans doute le mouvement que je préfère, à la fois sombre et énigmatique, je ne vois pas le temps passer et je pourrais l'écouter en boucle. Le deuxième est une véritable tornade sonore, extrêmement véhémente et impressionante à son apogée. J'aime bien le début du troisième mais par la suite je finis immanquablement par décrocher... peut-être trop "squelettique" comme le notait jerome plus haut. Enfin j'aime beaucoup le quatrième et dernier mouvement, sauf peut-être sur la fin, avec un piano mélodique qui s'affirme fièrement et dialogue superbement avec les cordes.
.Crapio- Le Piano Quintette est vraiment Un gros choc comme jamais, incomparable : j'ai enfin trouvé quelqu'un à la mesure des plus grands
- Ca m'a saisi instantanément, dès la première écoute et me parle profondément.
- C'est un sommet dramatique (au sens théatral) ce quintette je ne connais vraiment pas mieux. Les quatuors 7 8 9 de Shosta peut être s'en rapprochent (seulement dans l'aspect "génie dramatique").
-
Le premier mouvement est vraiment captivant, hypnotisant, vraiment mon préféré, même si je conçois ce quatuor comme une unité qu'il est vraiment difficile de choisir : c'est statique, funeste, amélodique, introverti, un peu malsain, les violons dessinent une plainte discrète, sur les doux et sourds accords du piano. Et il y a ce crescendo !
Les choses s'accélèrent dans
le deuxième mouvement et on retrouve le côté "macabre" certes mais plus du tout passif loin de là (!) : un Scherzo totalement agité, allant jusqu'au machiavélique voire à l'halluciné ; quel contraste avec le premier mouvement ! Je n'arrive pas à concevoir qu'on ne puisse pas être sensible à ça ! Puis finalement retour à la passivité du premier mouvement qui annonce la fin du combat : Magique.
Le troisième mouvement est d'une méditation incroyable : les accords des cordes en ligne d'horizon accompagnée de la douce ligne mélodique très lente, très intimiste du violon ou du piano, moi ça m'hypnotise. Puis le piano commence à esquisser une mélodie plus rythmée plus dansante, plus mélodique vers le milieu du mouvement annonçant déjà l'issue finale...
...celui du
4ème mouvement : "La Joie" affirmée d'office par le piano qui se libère et la chante. Les cordes elles sont plus introverties, plus apaisées. Le mouvement va consister en un jeu entre cet apaisement et l'affirmation de la joie ! Bon on retrouve quelques accords un peu noirs mais c'est très vite estompé par un final en extase
Quel voyage tout de même !
.spiritus- C'est vrai qu'il est génial, ce quintette! Je m'attendais à un truc hyper moderne, et bien même si harmoniquement, c'est très avancé, ce n'est pas bruyant ou cacophonique, loin de là. Au contraire, il y a ici un lyrisme constant vraiment emballant, beaucoup d'émotion, je trouve. Je suis très sensible à ce genre de musique langoureuse, à la fois agréable, fluide et réellement aboutie sur le plan technique. Dans les quatre mouvements, pas un seul ne m'a déplu, et je n'ai pas senti de longueur non plus, au contraire, la pièce s'est déroulée très vite, je n'ai pas senti le temps passer. Pour le reste, je rejoins assez les descriptions qui ont été faites de cette oeuvre vraiment plaisante, un chef d'oeuvre saisissant.
.David- Après la musique pour violoncelle et piano, [ce quintette] confirme qu'il y a à creuser du côté de la musique de chambre.
- Troisième audition de ce quintette. Il n'y a pas à dire, c'est inventif. Le premier mouvement me laisse toujours assez froid, avec cette inventivité objectivement intéressante, mais qui me paraît assez superficielle sur le plan de la nécessité musicale ou expressive. A retenter tout de même.
- Un chef-d'oeuvre absolument majeur
- […] chaque mouvement a son ton... Le deuxième est le plus effarant, je trouve. Mais le quatrième lumineux, assez caractéristique du temps (qu'on songe à la fin de sonate pour violon, aux finals de Le Flem, à la Villanelle de Dukas...), est tout autant délicieux. En revanche, au fil des écoutes, la véhémence du deuxième mouvement fascine vraiment, et puis les harmonies feldmaniennes qui ouvrent le troisième mouvement.
- Vraiment étonnant, très original, et très séduisant. Si l'on fait le parallèle avec le premier Quintette de Fauré que j'écoutais à plusieurs reprise ces jours-ci, au lieu d'une idée, on en rencontre vingt... Assez passionnant, avec de très belles couleurs, des climats très travaillées, mais sans le renfort un peu ostentatoire d'une orchestration chamarrée. Avec la seule écriture musicale, Koechlin déploie le même univers. Beaucoup plus essentiel pour moi, vraiment un grand jalon de la musique de chambre française de l'époque - qui pèche beaucoup par salonnardise. Enthousiasmant, en fin de compte, et de façon croissante aux écoutes.
- Ce Quintette passe en boucle chez moi... C'est vraiment d'une profondeur et d'un raffinement extraordinaires, quelque part entre la tendresse d'un Fauré et les recherches de Debussy, mais je trouve ça plus moderne que le trio de Debussy, par exemple. Vraiment une révélation, je n'ai pas souvenir d'avoir entendu aussi beau dans la littérature de musique de chambre avec piano. En tout cas jamais dans les formations pour quatuor ou quintette avec piano.
- Je l'écoute en moyenne une fois par jour depuis que je l'ai découvert, attention, c'est très addictif.
Ce troisième mouvement qui débute comme du Feldman, ce deuxième qui finit dans un apocalypse assez impensable en musique de chambre... vraiment des choses extraordinaires. Comme tu le dis, il n'y a guère que la thématique du dernier mouvement (chef-d'oeuvre aussi) qu'on puisse rattacher à des choses de connues.
- On a peine à imaginer que les tiroirs contiennent de tels chefs-d'oeuvre absolus. Même chez Ravel et Debussy, je ne vois pas spontanément aussi passionnant et moderne en musique de chambre... En tout cas, c'est ce qui se faisait de mieux à son époque, je ne connais pas beaucoup de choses supérieures à ça.
.Cello- Ma première réaction à été de me demander quand il avait été écrit. Ca sonne tellement moderne. Pourtant d'après le n° d'opus je dirais 1930. L'introduction est étonnante en tout cas, très ondulante et insasissable.
- Le
quintette avec piano, que j'ai réécouté dans la foulée, est par contre autrement plus varié et palpitant [que les heures persanes].
Je me demande aussi pourquoi on le rapproche à
Debussy et à
Ravel. Certes, il y a quelque chose de "français" dans sa musique, un raffinement, une certaine délectation de la sonorité si j'ose dire mais à part ça, je ne suis pas sûr qu'ils aient tant en commun. Il me semble au contraire que je découvre ici une voix très singulière.
.Xavier- Le 1er mouvement est magique, tout simplement.
- Je réécoute le Quintette pour piano et cordes, que j'avais déjà vanté plusieurs pages auparavant... Mais c'est vrai que c'est hyper étonnant, même comparé aux sonates pour alto ou pour violon.
Etonnant parce que c'est assez nettement plus moderne, et c'est même un peu le chaos ce truc en fait!
Le 1er mouvement est tellement mystérieux, athématique, presque sans mélodie distincte...
Et le 2è mouvement, quel déchaînement!
Je comprends que tu aimes tant David, parce qu'effectivement c'est une des pièces les plus dramatiques et les plus contrastées de Koechlin, sans aucun doute.
Le 3è mouvement offre un peu de repos et de sérénité, avec une de ces pièces un peu pastorales et aux harmonies raffinées comme Koechlin en a le secret, même si sur la fin ce n'est pas tout à fait de tout repos. On retrouve parfois des bribes de mélodies qui viennent des Heures persanes.
Le final nous ramène au Koechlin frais, souriant et moins moderne qu'on avait complètement oublié jusqu'ici.
Cependant je crois que je n'aime pas autant que certains ici à qui j'avais conseillé l'oeuvre.
Ca n'est pas une de mes oeuvres préférées de Koechlin (ça me touche moins que les Heures persanes, le Livre de la jungle, la Sonate pour alto et certains des Paysages), même si les deux premiers mouvements sont assez fantastiques.
.Fgero- Très bonne médication !
Pour préciser : le couple 2e mouvement / 3e mouvement est assez marquant, je trouve. Le 3e est immédiatement accessible et magnifique, par contre il faut un peu d'efforts pour le 2e. Les deux autres mouvements réclament plus d'écoutes pour intéresser autant, sans doute
[fgero précise son post : par "couple" je voulais dire qu'aux premières écoutes c'étaient ces deux là (2e & 3e) qui me parlaient le plus]..Joachim- Bon, j'ai écouté ce fameux quintette, et même deux fois car la première écoute m'avait semblé trop abstraite (d'ailleurs je crois qu'il est atonal) sauf le 4ème mouvement, plus joyeux.
Car je m'attendais plutôt à un quintette assez proche de Fauré ou même de celui de Florent Schmitt, alors que par moments j'avais l'impression d'écouter du Schönberg (j'exagère un peu mais pas tant que ça je pense).
Par contre, à la seconde écoute, j'ai commencé à reconnaître des thèmes, et aussi cette progression entre le calme et la lenteur du premier mouvement, l'explosion de violence du second, ce retour au calme et à la sérénité du 3ème, suivi de l'allégresse du 4ème.
Une oeuvre inclassable, ce n'est pas de l'impressionisme, ce n'est pas du moderne, non, du Koechlin tout simplement
- Spoiler:
[David: Non, le Quintette n'est pas du tout atonal, mais terriblement moderne, et je me doutais que tu aimerais surtout le quatrième mouvement et pas trop le reste.]
B) Du scepticisme au reconvertissement.pulcino ou le récalcitrant
- En fait je connais assez bien la musique de chambre du Monsieur, et rien qui m'ait plu pour l'instant. Et vus les commentaires dithyrambiques sur le quintette, je pensais que ça suffirait à me convertir, mais ça m'a plutôt conforté dans mon impression
[Tout m'a l'air uniformément mou, gris, lancinant, dépourvu de tout point saillant. Je ne sais plus quel critique comparait la musique de Debussy à une méduse échouée, mais c'est exactement l'impression que me laisse cette musique. Quelle que soit la pièce, je décroche au bout de deux minutes, ça glisse sur moi sans le laisser le moindre souvenir, et jamais mon attention ne s'est focalisée sur autre chose que les deux trois harmonies étranges que j'ai pu déceler au hasard de mes tentatives.
Je ne sais pas trop quoi écouter pour réviser mon jugement.]
.Dave- J'aime beaucoup mais ça ne me fait pas encore l'effet escompté, surtout après tous les commentaires lus sur cette œuvre !
Enfin, je persévère et parfois, ici et là, je ressens une petite pointe d'émotion qui me fait espérer.
.Wolferl ou la belle histoire d’un sceptique interpellé finalement conquis
-
1. Bon, je vais essayer d'expliquer alors, mais c'est n'est pas évident, surtout que je l'ai écouté déjà trois fois et qu'à chaque fois j'ai trouvé ça mieux.
Mais au début je m'attendais à du Fauré sautillant voire du gentil Debussy, mais en fait c'est très moderne et ce début avec des dissonances (sages me direz-vous, mais tout de même) m'a surpris.
J'ai toujours un peu de problèmes avec les premier et troisième mouvement dont la langueur désolée m'est peu supportable, c'est très beau mais vraiment ça me met mal à l'aise... Les mouvements rapides me conviennent mieux, plus éclatants parfois, plus douloureux aussi, mais une douleur qui n'est pas statique comme au début, ça me touche plus.
C'est pareil pour la sonate pour violon et piano assez clairement mélancolique qui est par contre magnifique. Ce n'est pas un immense choc, plutôt une agréable découverte...
-
2. La recette qui a marché pour moi : tous les jours pendant une semaine, même sans être très concentré, et quelques mois plus tard, tu y reviens l'air de rien, et là tu sens les larmes monter.