Autour de la musique classique Le but de ce forum est d'être un espace dédié principalement à la musique classique sous toutes ses périodes, mais aussi ouvert à d'autres genres. |
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| A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? | |
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Auteur | Message |
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Zeno Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4648 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 05/04/2008
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 27 Juin 2010 - 20:38 | |
| - Grégoire de Tours a écrit:
- Zeno a écrit:
- Je n'adhère pas à l'idée selon laquelle, hors opéra, Haydn serait supérieur à Mozart.
Déjà, il n'est pas supérieur, il est différent. La prégnance mélodique de Mozart est de loin supérieure. Et Haydn, que j'adore par ailleurs, n'a pas écrit le Requiem, et pas davantage les grands concertos, les quintettes, et j'en passe. Surtout que Haydn a écrit de très beaux operas Oh oui, mais franchement, c'est incomparable à ceux de Mozart. |
| | | WoO Surintendant
Nombre de messages : 14343 Date d'inscription : 14/04/2007
| | | | Wolferl Lapinophobe
Nombre de messages : 13311 Age : 33 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/06/2006
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 27 Juin 2010 - 23:48 | |
| - Otello a écrit:
- Octavian a écrit:
- Alain92 a écrit:
- A l'étranger, Haydn est jugé bien plus inventif, plus créatif, novateur, que Mozart.
Haydn a longtemps sonné à mes oreilles comme une sorte de "Mozart-le-génie-en-moins". J'ai révisé mon jugement (assez récemment), découvert de belles choses, et puis, c'est vrai : Haydn s'est montré beaucoup plus inventif, plus novateur que Mozart. Il y a des choses assez folles pour l'époque chez Haydn. MAIS il n'empêche que Mozart n'avait tout simplement pas besoin de ça pour écrire une musique... parfaite. je dirais plutôt que Haydn s'est voulu (davantage que montré) inventif et novateur mais c'est très relatif quant au résultat ainsi que selon les oeuvres ce qui n'empêche pas qu'il a écrit un certain nombre de merveilles. Je trouve Mozart globalement bien plus inventif et novateur avec effectivement le génie en plus. Tout à fait d'accord avec ça. Enfin, Haydn est plus novateur d'un point de vue formel, se libère plus aisément des conventions si bien que sa "modernité" apparait plus directement. Au contraire, Mozart joue avec les contraintes formelles (tout en les respectant) et innove plus dans le langage musical lui-même. C'est du moins ainsi que je perçois leurs différences. |
| | | Otello Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7308 Age : 58 Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 27 Juin 2010 - 23:56 | |
| - Wolferl a écrit:
- Au contraire, Mozart joue avec les contraintes formelles (tout en les respectant) et innove plus dans le langage musical lui-même.
C'est du moins ainsi que je perçois leurs différences. au début oui mais je trouve que dans les 10 dernières années il s'appuie sur les codes musicaux pour mieux les faire évoluer voire éclater. |
| | | Zeno Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4648 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 05/04/2008
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 0:02 | |
| Haydn a besoin d'explorer l'horizon, d'annoncer de nouveaux rivages, de graver l'avenir dans le filigrane de sa prodigieuse inventivité. Mozart, d'ambition plus modeste, se contente d'offrir l'éternité à l'instant présent. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 0:08 | |
| Sur le plan harmonique, Haydn me semble plus audacieux que Mozart, il y a parfois des cheminements étonnants pour l'époque. Après selon les corpus c'est vraiment variable. Alors que pour les quatuors et les sonates pour piano, Haydn montre beaucoup plus de variété et d'originalité, pour les opéras et les concertos pour piano, Mozart fait preuve d'un génie que n'a pas Haydn (pour ces corpus en particulier). Après même si Mozart semble plus efficace mélodiquement, Haydn fait quand même de très belles choses (sonate Hob.VXI:44). Certains adagios de quatuors sont aussi magnifiques.
Sur les symphonies, c'est dur de les départager, même si sur l'ensemble Haydn est plus convaincant. J'ai écouté l'ensemble des symphonies de Mozart et il y a quand même pas mal de déchet. |
| | | Otello Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7308 Age : 58 Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 0:09 | |
| - Zeno a écrit:
- Haydn a besoin d'explorer l'horizon, d'annoncer de nouveaux rivages, de graver l'avenir dans le filigrane de sa prodigieuse inventivité. Mozart, d'ambition plus modeste, se contente d'offrir l'éternité à l'instant présent.
en dépit du fait que je déteste les hiérarchies, j'ai toujours pensé que Mozart était un compositeur à part, intemporel et à la vérité touché du doigt de Dieu. Sa musique relève du ciel, du divin. |
| | | Zeno Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4648 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 05/04/2008
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 0:26 | |
| - alexandreg a écrit:
- Sur le plan harmonique, Haydn me semble plus audacieux que Mozart, il y a parfois des cheminements étonnants pour l'époque.
Regarde de près les début du Quatuor "Les dissonances", le mouvement lent de la Jupiter et la scène de l'engloutissement de Don Giovanni. Trois exemples parmi d'autres. |
| | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 1:07 | |
| - Zeno a écrit:
- alexandreg a écrit:
- Sur le plan harmonique, Haydn me semble plus audacieux que Mozart, il y a parfois des cheminements étonnants pour l'époque.
Regarde de près les début du Quatuor "Les dissonances", le mouvement lent de la Jupiter et la scène de l'engloutissement de Don Giovanni. Trois exemples parmi d'autres. C'est peut-être génial, mais franchement je n'accroche pas du tout ! Je pense que je ne suis pas fait pour cette musique. Autant j'adore la musique de chambre de Haydn, autant celle de Mozart m'ennuie. Il y a quelques symphonies de Mozart que j'apprécie, mais la Jupiter c'est un supplice pour moi ! Quant aux opéras .... |
| | | Eunolie Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 69 Age : 66 Localisation : Paris Date d'inscription : 25/06/2010
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 1:36 | |
| A part que la Jupiter écrase tout, je trouve oiseux de comparer Haydn et Mozart, qui s'adoraient. L'important pour un compositeur, c'est de dédier sa vie à l'écriture envers et contre tout. Mozart est mort d'épuisement au travail et Haydn a résisté un peu plus. Je ne connais pas un compositeur qui ne soit prêt à donner sa vie pour composer (même les quasi-modaux rétrogrades d'aujourd'hui).
Et encore plus important est l'expansion de leur fichue intelligence dans les formes les plus diverses. Je peux comprendre que La Clémence de Titus en barbe plus d'un, so what...? Il faut mesurer l'effort de ces gars-là à ce dont ils se sont privés des joies ordinaires pour passer leurs journées enfermés à noircir du papier PARCE QU'EN EUX ÇA BOUILLAIT GRAVE !!!
...the rest is silence, dixit Hamlet... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 8:39 | |
| - Zeno a écrit:
- alexandreg a écrit:
- Sur le plan harmonique, Haydn me semble plus audacieux que Mozart, il y a parfois des cheminements étonnants pour l'époque.
Regarde de près les début du Quatuor "Les dissonances", le mouvement lent de la Jupiter et la scène de l'engloutissement de Don Giovanni. Trois exemples parmi d'autres. Je connais ces exemples, mais je trouve ça moins troublant que ce que peut faire Haydn (ce qui ne veut pas dire que Haydn est meilleur ou quoi que ce soit). Ce qui me gêne par contre, c'est que persiste encore le discours qui soutient qu'Haydn est sans génie, qu'il a composé à la chaîne des choses ennuyeuses et convenues. C'est certes valable pour une partie de ses œuvres (mais chez Mozart il y en a autant si ce n'est plus), mais globalement le niveau de la production est très inspiré. |
| | | Rameau Mélomaniaque
Nombre de messages : 699 Date d'inscription : 12/01/2009
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 9:28 | |
| J'ai quand même l'impression que le génie de Haydn est nettement moins remis en question aujourd'hui. Le problème, c'est qu'une partie de sa production la plus géniale (quatuors, messes) est un peu victime d'une part du désamour (en tout cas en France) pour la musique de chambre, d'autre part du coût de production pour les oeuvres avec choeur dès qu'elles ne sont pas ultra-célèbres... |
| | | Zeno Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4648 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 05/04/2008
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 11:30 | |
| Il faudrait être sourd pour nier le génie de Haydn. On a changé de siècle. Désormais, il est jeune, le père Haydn ! |
| | | Zeno Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4648 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 05/04/2008
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 11:33 | |
| - Eunolie a écrit:
Et encore plus important est l'expansion de leur fichue intelligence dans les formes les plus diverses. Je peux comprendre que La Clémence de Titus en barbe plus d'un, so what...? Il faut mesurer l'effort de ces gars-là à ce dont ils se sont privés des joies ordinaires pour passer leurs journées enfermés à noircir du papier PARCE QU'EN EUX ÇA BOUILLAIT GRAVE !!!
...the rest is silence, dixit Hamlet... C'est un sujet passionnant et on n'en parle pas assez ici. La perception de la musique est un phénomène, c'est-à-dire que se produit une relation de type noématique, pour causer phénoménologie. Il y a rencontre dans une conscience de ce qu'un artiste a mis dans son oeuvre et de ce que je suis à même de recevoir. Or, je reçois rarement en conscience pure. D'emblée, je trie, je classe, j'élimine, je suspecte, j'encense, je rabaisse, etc... Tu as bien raison de souligner l'essentiel, à savoir ce volcan prodigieux, ces flamboiements dont parle Hugo (dans sa prose, pas dans ses vers... ) que seule notre opacité acquise par l'éducation empêche de vivre dans le jaillissement de l'être. |
| | | Eunolie Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 69 Age : 66 Localisation : Paris Date d'inscription : 25/06/2010
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 12:30 | |
| Voilà pourquoi éducation et formation ne sont pas la même chose : la première assemble des données dans le magasin cérébral, la seconde engendre et préserve la culture (à défaut de terme moins connoté).
Or c'est le compositeur, ou le peintre ou l'architecte, qui travaille, pas la théorie. Il brasse le son, un son habillé par l'oreille intérieure, lui fait subir toutes sortes d'opérations, dont le modèle peut être acquis ou inventé en cours de route, voire utilisé sans avoir été clairement identifié.
C'est la puissance de la technique que de permettre de tels mouvements créatifs, où l'on passe par-dessus sa propre conscience. Et ce n'est pas la seule. |
| | | Zeno Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4648 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 05/04/2008
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 12:37 | |
| Ouh là, passer par-dessus sa propre conscience, voilà qui mérite ample débat - et déjà, l'idée d'un débat court-circuite la conscience en train de se vivre comme telle. On peut parler de métaconscience, de conscience systémique, de conscience collective... Allons chercher Jung, on va avancer. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 12:56 | |
| - Zeno a écrit:
- Il faudrait être sourd pour nier le génie de Haydn.
On a changé de siècle. Désormais, il est jeune, le père Haydn ! Je pensais aux propos d'Otello - Otello a écrit:
- je dirais plutôt que Haydn s'est voulu (davantage que montré) inventif et novateur mais c'est très relatif quant au résultat ainsi que selon les oeuvres ce qui n'empêche pas qu'il a écrit un certain nombre de merveilles.
Je trouve Mozart globalement bien plus inventif et novateur avec effectivement le génie en plus. Il est bien dit que Mozart est génial, Haydn non. D'ailleurs je ne pense pas qu'il ait échoué à être novateur, il a réussi à stabiliser les grandes formes classiques et à les développer d'une façon très importante dans certains domaines (surtout dans les quatuors). Ses dernières symphonies montrent aussi une maîtrise exceptionnelle de l'écriture. Et sa période Sturm und Drang est parfois stupéfiante d'innovations. |
| | | Eunolie Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 69 Age : 66 Localisation : Paris Date d'inscription : 25/06/2010
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 13:09 | |
| - Zeno a écrit:
- Ouh là, passer par-dessus sa propre conscience, voilà qui mérite ample débat - et déjà, l'idée d'un débat court-circuite la conscience en train de se vivre comme telle.
On peut parler de métaconscience, de conscience systémique, de conscience collective... Allons chercher Jung, on va avancer. Justement, les méthodes cliniques ne nous apprendront rien sur ce processus, pas plus que la menuiserie ne nous aidera en physique des particules, sauf à un niveau de sagesse très développée. C'est la pensée de la composition en tant qu'on peut la noter qui doit nous guider seule (avant de vérifier si l'on possède d'autres talents) parmi les méandres de l'Amazonie anté-sonore. |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33375 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 13:12 | |
| Haydn est quand même le père de la symphonie et du quatuor à cordes ... alors dire que ce n'est pas un génie, alors que ça inspiré et structuré la musique jusqu'à aujourd'hui ... _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Zeno Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4648 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 05/04/2008
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 28 Juin 2010 - 13:25 | |
| - Eunolie a écrit:
- Zeno a écrit:
- Ouh là, passer par-dessus sa propre conscience, voilà qui mérite ample débat - et déjà, l'idée d'un débat court-circuite la conscience en train de se vivre comme telle.
On peut parler de métaconscience, de conscience systémique, de conscience collective... Allons chercher Jung, on va avancer. Justement, les méthodes cliniques ne nous apprendront rien sur ce processus, pas plus que la menuiserie ne nous aidera en physique des particules, sauf à un niveau de sagesse très développée.
C'est la pensée de la composition en tant qu'on peut la noter qui doit nous guider seule (avant de vérifier si l'on possède d'autres talents) parmi les méandres de l'Amazonie anté-sonore. C'est juste que je suis sophrologue et que j'ai une perception de la musique extrêmement phénoménologique, à travers des états de conscience modifiés. Ca change beaucoup de choses mais ça n'empiète pas, et heureusement, sur le champ éthique. |
| | | ScareDe2 Farceur québécois
Nombre de messages : 1051 Age : 25 Localisation : Québec Date d'inscription : 27/06/2005
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Mar 4 Déc 2012 - 18:23 | |
| M'intéressant au comportement sexuel des personnes influentes de notre histoire, je suis tombé sur cet article http://www.ranker.com/list/the-13-most-historically-important-perverts-of-all-time/beau-iverson Traduction: Les 13 perverts les plus importants de notre histoire.
Je ne sais pas où poser la question et il y a tellement à lire sur Mozart. Je me demandais si ca été abordé sur ce forum. Mozart aurait écrit un canon indécent qui en anglais se traduit par "lick me in the ass nice and clean" /watch?v=C78HBp-Youk
Avez-vous d'autres anecdotes de ce genre concernant Mozart ?
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| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Mar 4 Déc 2012 - 18:35 | |
| Tout cela est très connu, non ? Il craint, ton site… Toi aussi, non ? On parle musique ici, pas de cul… |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Mar 4 Déc 2012 - 18:42 | |
| on en trouve diverses interprétations (et plusieurs canon reprenant ces paroles, Mozart les improvisant volontiers pour faire rire ses amis. le plus beau est O du Aselhafter Martin (Lick mir doch geschwindt im Arsh). Les plaisanteries scatologiques au 18è n'étaient pas socialement proscrites comme en témoigne l'expression Comment allez-vous? (qui veut en fait dire à l'origine Avez-vous bien chié?) Les lettres de Mozart, entre autres à sa cousine en témoignent. Pour les anecdotes, tout est resté assez confidentiel, après l'époque de son mariage. Il semble que Mozart ait beaucoup aimé Anna Maria Gotlieb (Barberine-Despina-Pamina) avec qui il a eu des relations assez continues à l'époque où il écrivait la Flûte dans la cabane au fond du jardin de Shikaneder. A la même époque il plaisante à de nombreuses reprises la sexualité de Süssmayer dans ses lettres, lignes qui n'ont pas été caviardées par Constance parce qu'elle était fâchée avec le monsieur. Le reste a apparemment beaucoup souffert de la censure de la famille après son décès. |
| | | Alain92 Mélomane averti
Nombre de messages : 354 Localisation : montrouge Date d'inscription : 12/06/2010
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Mar 4 Déc 2012 - 19:55 | |
| - sud273 a écrit:
- Pour les anecdotes, tout est resté assez confidentiel, après l'époque de son mariage. Il semble que Mozart ait beaucoup aimé Anna Maria Gotlieb (Barberine-Despina-Pamina) avec qui il a eu des relations assez continues à l'époque où il écrivait la Flûte dans la cabane au fond du jardin de Shikaneder. A la même époque il plaisante à de nombreuses reprises la sexualité de Süssmayer dans ses lettres, lignes qui n'ont pas été caviardées par Constance parce qu'elle était fâchée avec le monsieur. Le reste a apparemment beaucoup souffert de la censure de la famille après son décès.
Certes Constance et son mari ont épuré la correspondance mais le dernier état de la recherche est que Mozart n'a finalement eu que très peu d'aventures concluantes, même dans la fameuse cabane de composition de la Flûte avec ce coquin de Schikaneder. Par contre il tombait facilement amoureux mais celà n'aboutissait pas. Il faut dire qu'il était très petit et qu'à partir de 25 ans sa maladie le fait grossir, surtout le visage. Dans la cabane, Mozart est déjà difforme de visage et de corps. Quand à Constance, elle allait aux eaux régulièrement avec le jeune Süssmayer, seulement tous les deux, ce qui a fait jaser, Süssmayer avec qui elle se fachera à la mort de Mozart, à cause du Requeim et bien qu'il l'ait terminé. |
| | | hommepiano Mélomaniaque
Nombre de messages : 818 Date d'inscription : 23/01/2014
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 17 Fév 2014 - 13:05 | |
| bonjour j'aime beaucoup ce sujet, je vais donner mon avis.
quand on me dit :"quel est le compositeur que tu préfères?" je dis toujours et encore :"'c'est mozart!"
même si j'aime Mozart moins qu'il y a 20 ans en arrière, car entre temps j'ai découvert le romantisme tardif et la musique classique moderne des années 1900 à 1950,
j'aime surtout les oeuvres orchestrales avec beaucoup de cuivre, la péri, Dukas par exemple,
et à l'époque de Mozart les cuivres étaient encore assez absents......existait-il déjà tous les cuivres que nous connaissons actuellement ?
et pourquoi je dis que Mozart est toujours et encore mon compositeur préféré ?
sans doute un blocage ou même un tabou, le tabou "mozart doit rester mon compositeur préféré" ou encore la reconnaissance d'un mythe, oui mozart est un mythe :surdoué, genie dès la naissance pour finir dans une fosse commune, ce fait aide-t-il, participe-t-il à la sacralisation de ce compositeur ?
mais des fois j'ai peur que la musique de mozart ne soit pas aussi "bonne" geniale qu'on veuille bien le crier partout, pourquoi ?
c'est quand même le compositeur le plus connu, établissez un sondage et mozart passe devant bach ou beethoven auprès de la masse populaire,
et je dis toujours que les goûts artistiques de la masse ne sont pas savants ou ingénieux...à tort ? je ne sais pas.
on a trop banalisé Mozart et sa musique je trouve....et je repète il reste ce tabou, le fait que je ne veuille pas en ce qui me concerne le detrôner de sa place de compositeur préféré.....même si à mon goût j'estime qu'il le mérite moins qu'avant.
alors ne doit-t-on pas toucher au statut de Mozart ?
Mozart l'opéra rock, Mozart le film de milos forman, Rock me amadeus uns chanson rock d'un chanteur connu autrichien, la phrase :" toi tu n'es pas mozart cad un génie ?
si le commun des mortels connait surtout mozart c'est peut-être parce qu'aucun autre compositeur classique est autant cité, sollicité et dépoussiéré....
et je termine en redisant cela : si mozart est tellement divin génial pourquoi alors la masse populaire se l'est un peu attribué ?
sa musique est-elle simple, facile pour pouvoir être appréciée par toutes les catégories sociales ?
je me rappelle un copain de lycée...mais il y a longtemps il y a 30 ans de cela qui disait :" mozart à côté de beethoven, c'est de la musique pour les domestiques!"... sincèrement je ne vois pas ce qu'il voulait dire....
bon mozart reste mon compositeur préféré, peut être moins pour sa musique mais davantage pour le mythe mozart, sa fin dramatique, etc |
| | | Chris3 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4542 Date d'inscription : 10/07/2007
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 17 Fév 2014 - 14:30 | |
| Que dire après tout ça ?
C'est vrai que pour les profanes Mozart reste souvent la seule référence connue, et que la plupart savent reconnaître au moins deux ou trois morceaux de lui (La marche turque, La tartine de beurre, Variations sur Ah vous dirais-je maman... pas des oeuvres majeures, mais faciles d'accès) Moi-même je pense que j'ai connu certaines de mes premières émotions musicales en écoutant le Requiem, La petite musique de nuit, la Symphonie 40, les derniers concertos pour piano, La flûte enchantée notamment.
Cela m'a permis de comprendre que le "classique" n'était pas une musique élitiste, et m'a ouvert par la suite de nouveaux horizons. Si donc passer par Wolfi donne la possibilité de découvrir des compositeurs moins médiatisés, des périodes aussi diversifiées que possible, alors oui ! Mais n'en rester qu'à Mozart et indépendamment de son génie (mot que je ne réserve pas à tout le monde !), c'est se priver de tant d'autres chefs-d'oeuvre... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97888 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 17 Fév 2014 - 14:49 | |
| Beaucoup de choses stimulantes dans ton message, Hommepiano.
=> Les cuivres traditionnels existaient déjà à l'époque de Mozart : trompettes, cors, tombones, même si on les utilisait avec un nombre de notes très limitées, ce qui ne les rendait utilisables que dans certaines tonalités et avec des figures mélodiques et harmoniques toujours similaires (pour les cors, intervalles de tierce, quarte, quinte et sixte uniquement).
En revanche le tuba n'apparaît que de la première moitié du XIXe, ainsi que tous les instruments plus rares qu'on retrouve dans les orchestres d'harmonie ou dans certaines pièces plus tardives pour grand orchestre.
Ce qui est vrai, c'est que les classiques ne l'utilisaient qu'à certains moments
=> Pour ce qui du génie et de la musique pour domestiques, je me pose souvent la question aussi : cette musique si simple est-elle si géniale ? Et quand on ouvre les partitions, on a la réponse : ça sonne aussi bien parce que c'est très subtil, plein de petits changements, de petites coquetteries d'orchestration, pas toutes des choses aussi spectaculaires que le final du IV des Noces, du II de Don Giovanni ou de la Jupiter... mais un sens incroyable du goût, qui permet de rendre une musique simple aussi éloquente.
Je ne suis pas particulièrement partisan de reproduire l'hagiographie, et tout Mozart n'est pas du même tonnel... mais franchement, il mérite sa réputation.
Son succès spublic s'explique, en plus, par sa dimension très positive, jusque dans la mélancolie (sentiment qu'il exprime mieux que quiconque au demeurant, et rare dans une musique aussi simple en apparence). |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 17 Fév 2014 - 14:54 | |
| Les questions que tu poses sont souvent si vastes qu'il est compliqué d'y apporter un début de réponse. De plus tu sembles souvent beaucoup plus renseigné que tes demandes ne le laissent paraître (tu n'as pas connu cette époque du forum, mais ça me rappelle quelqu'un qui venait sous le ps Kougelhof Ier... par ailleurs je me demandais, ce qui est sans rapport si tu parles russes car j'ai cru repérer ton pseudo sur un site célèbre) - hommepiano a écrit:
quand on me dit :"quel est le compositeur que tu préfères?" je dis toujours et encore :"'c'est mozart!"
même si j'aime Mozart moins qu'il y a 20 ans en arrière, car entre temps j'ai découvert le romantisme tardif et la musique classique moderne des années 1900 à 1950 c'est sans doute la réponse que je suis tenté de faire également... mais je pense que j'aime plus qu'il y a vingt ans, malgré ma découverte des musiciens que tu évoques.Peut-être mon intérêt s'est-il doublé d'un désintérêt de la musique romantique par exemple. - hommepiano a écrit:
- j'aime surtout les oeuvres orchestrales avec beaucoup de cuivre, la péri, Dukas par exemple,
et à l'époque de Mozart les cuivres étaient encore assez absents......existait-il déjà tous les cuivres que nous connaissons actuellement ? Non, mais l'essentiel y est déjà, cor, trombone et trompette (sauf qu'il semblerait que Mozart n'aimait pas la trompette, c'est un bruit qui court en tout cas). - hommepiano a écrit:
mais des fois j'ai peur que la musique de mozart ne soit pas aussi "bonne" geniale qu'on veuille bien le crier partout, pourquoi ?
c'est quand même le compositeur le plus connu, établissez un sondage et mozart passe devant bach ou beethoven auprès de la masse populaire,
et je dis toujours que les goûts artistiques de la masse ne sont pas savants ou ingénieux...à tort ? je ne sais pas. je ne pense pas qu'on puisse raisonner ainsi, ce n'est pas parce que le nom Mozart est connu que sa musique l'est, si tu demandes aux même ce qu'ils aiment de lui, ils te fredonneront peut-être un bout de la Petite musique de Nuit, ou du premier mouvement de la 40è symphonie, mais il est plus probable qu'ils connaissent des thèmes de musique de Beethoven à mon avis. Avant les avatars "contemporains" Mozart a été aussi un sujet sur lequel de nombreux littérateurs se sont penchés, de Möricke à Pushkin. - hommepiano a écrit:
sa musique est-elle simple, facile pour pouvoir être appréciée par toutes les catégories sociales ?
je me rappelle un copain de lycée...mais il y a longtemps il y a 30 ans de cela qui disait :" mozart à côté de beethoven, c'est de la musique pour les domestiques!"... sincèrement je ne vois pas ce qu'il voulait dire....
bon mozart reste mon compositeur préféré, peut être moins pour sa musique mais davantage pour le mythe mozart, sa fin dramatique, etc Je ne crois pas qu'il puisse être question de catégories sociales concernant l'appréciation de la musique. Elle est devenue d'un accès facile, au contraire des contemporains de Mozart qui la percevaient comme quelque chose de trop complexe, voire de trop savant. Mozart est en quelque sorte le véritable redécouvreur de Bach, avant Mendelssohn, et il a beaucoup appris de Händel, qu'il a transcrit pour le remettre au goût du jour (sa version du Messie est encore jouée). Quand on te disait "musique pour les domestiques", outre le côté méprisant, c'est sans doute par référence à l'historiographie, qui reconnaît en Beethoven le premier compositeur "libre", ce qui est complètement faux mais un cliché des romantiques sur l'homme révolté, l'homme libre. Beethoven n'était pas un révolutionnaire (politiquement), il a toujours vécu des largesses de certains nobles et a montré le plus grand respect pour le régime impérial -contrairement à Mozart, qui, né domestique effectivement, a été le premier compositeur à tenter de vivre de son art, tout en voyant se fermer peu à peu les portes des salons, parce qu'il était trop proches des "illuminés" et des idées révolutionnaires. Malgré ça, les révisionnistes de l'histoire l'ont placé au centre de la trilogie "classique" qui fonde le mythe de la musique germano-centrée destiné à servir à la consolidation du pouvoir politique. La flûte enchantée est effectivement comparable aux comédies musicales d'aujourd'hui car elle s'adresse à un public populaire de faubourg (dans le cadre du théâtre hors les murs de Schikaneder qui fonctionnait lui-même comme un phalanstère socialiste avant la lettre). Mozart reste un inconnu du grand public, ses apports principaux se situent dans la musique pour la scène et la musique de chambre. Il y a peu de chance que la plupart des amateurs te citent les deux derniers quintettes à cordes ou la Grande messe en ut mineur comme preuves du génie de Mozart. En revanche tout le monde va s'extasier sur le Requiem qui est si peu de lui, et il reste de grands doutes sur des attributions incertaines de certaines oeuvres très connues. Je n'aime pas le mythe personnellement, le mythe occulte tout ce qui dérangeait déjà au début du 19è siècle, c'est une sage construction opérée entre autre par la famille pour obtenir une pension d'état au bénéfice de sa veuve, qui ne connaissait d'ailleurs sans doute qu'un tout petit bout de ses activités les plus secrètes (ses liaisons comprises). Tout ce qu'on dit généralement de la fin de Mozart est faux, le requiem n'est pas sa dernière oeuvre, il n'avait pas de dettes, il n'est pas mort dans la misère, de nombreux amis ont assisté à son enterrement, il n'est pas mort empoisonné par quelqu'un d'autre, Salieri était un ami proche, il a d'ailleurs donné les premiers rudiments d'enseignement musical à ses fils, etc. |
| | | Chris3 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4542 Date d'inscription : 10/07/2007
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 17 Fév 2014 - 15:04 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
En revanche le tuba n'apparaît que de la première moitié du XIXe. Et le Tuba mirum, alors ???? Sinon, oui, tout la musique de Mozart n'est pas géniale : par exemple, ses sonates pour le piano ne valent pas, pour la plupart, celles de Haydn (à mon avis).
Dernière édition par Chris3 le Lun 17 Fév 2014 - 15:06, édité 1 fois |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33375 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 17 Fév 2014 - 15:06 | |
| - sud273 a écrit:
Mozart reste un inconnu du grand public, ses apports principaux se situent dans la musique pour la scène et la musique de chambre. Il y a peu de chance que la plupart des amateurs te citent les deux derniers quintettes à cordes ou la Grande messe en ut mineur comme preuves du génie de Mozart. Totalement d'accord. Rajoute à ça que même certains opéras sont pas très connus du grand public ... alors que géniaux (c'est surtout Don Gio - certes le plus génial - qui est connu et les Noces ... dans une moindre mesure la Flûte ... mais les autres ...). - Citation :
- En revanche tout le monde va s'extasier sur le Requiem qui est si peu de lui, et il reste de grands doutes sur des attributions incertaines de certaines oeuvres très connues.
Vu la génialité de l'œuvre franchement je ne peux croire que ce soit un grouillot qui ait pu l'écrire. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 17 Fév 2014 - 15:12 | |
| - Citation :
- En revanche tout le monde va s'extasier sur le Requiem qui est si peu de lui, et il reste de grands doutes sur des attributions incertaines de certaines oeuvres très connues.
Vu la génialité de l'œuvre franchement je ne peux croire que ce soit un grouillot qui ait pu l'écrire. pas un, plusieurs (et parmi eux, pas que des sous-fifres, comme Eybler par exemple, considéré par Mozart lui-même comme le plus prometteur des compositeurs de son cercle), sans compter que dans ce qui est probablement entièrement de lui, les emprunts sont très nombreux (à Michael Haydn, à Händel, à d'autres salzbourgeois moins connus). |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97888 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Lun 17 Fév 2014 - 15:16 | |
| - Chris3 a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
En revanche le tuba n'apparaît que de la première moitié du XIXe. Et le Tuba mirum, alors ???? Pour ceux qui te liraient ingénument : tuba signifie trompette, et Mozart utilise un trombe alto. - Citation :
- Sinon, oui, tout la musique de Mozart n'est pas géniale : par exemple, ses sonates pour le piano ne valent pas, pour la plupart, celles de Haydn (à mon avis).
Ces sonates pour piano ne sont pas vaiment géniales, mais je les trouve quand même bien meilleures que celles de Haydn. Mais je ne suis peut-être pas bon juge : je trouve Galuppi plus intéressant. |
| | | Churros Néophyte
Nombre de messages : 3 Date d'inscription : 03/09/2017
| Sujet: Pourquoi considère-t-on que Mozart était un génie ? Dim 3 Sep 2017 - 14:12 | |
| Bonjour à tous,
Loin de moi l'idée de bâtir un troll visqueux en guise de premier post, et je me doute bien que ceci y ressemble fort. Je m'en excuse par avance, mais l'objectif est vraiment pour moi de comprendre un fait qui semble acquis de tous : Mozart était un génie. L'origine de ce questionnement, c'est que j'ai été regardé bien de travers par mes amis lorsque je leur ai expliqué ne pas aimer Mozart. Et il est vrai qu'après réflexion, Mozart semble être un compositeur universellement accepté et reconnu, tant par ses contemporains que les notres.
D'accord, Mozart était incontestablement un prodige. Que se soit par ses qualités de virtuose ou de compositeur, c'est un fait. Cependant, sa musique me semble si lisse et convenue. Rien ne vient me surprendre à l'écoute, tout est attendu, d'une fadeur que je n'ai trouvé chez personne. J'écoute une de ses sonates et ok c'est sympa. "Feel good" comme on dit. Puis à la fin des 15 minutes, il n'en reste rien, comme si je venais d'écouter n'importe quel tube commercial à la radio. Je vais peut-être dire un gros mot, mais ça me semble pauvre (notez l'utilisation du verbe "sembler", j'ai bien conscience que ça ne l'est pas en pratique). Pauvre rythmiquement, harmoniquement et au niveau des dynamiques. En ce qui concerne les mélodies, elles sont souvent lancinantes et restent dans la tête, ceci étant accentué par le fait que ses variations sur les thèmes sont invariablement très légères.
Voilà. C'est peut-être simplement une question d'époque. Il est vrai que Haydn et Beethoven me font un peu le même effet, mais un ordre de magnitude plus bas. Par ailleurs, je n'ai pas vraiment d'autres problèmes de Lully à Chostakovitch. Ou alors est-ce simplement un désir d'anti-conformisme que j'ai voulu me construire depuis ma naissance (j'en parlerai à mon psychanaliste) ?
Désolé si j'ai choqué les aficionados intemporels de Mozart, mais j'aimerais avoir votre avis. Qu'est-ce que vous trouvez de subversif chez Mozart ? Ou au contraire, vous aimez justement ce manque de transgression ? Cette manière qu'il a de transcender la perfection, de ne rien laisser dépasser ?
Churros |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97888 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 14:34 | |
| Bienvenue Churros ! Ton message sera probablement déplacé dans un autre fil qui traite du même thème, pas de panique – on n'efface rien. C'est une belle question, au contraire, à laquelle j'ai tout de suite envie de te rétorquer : qu'écoutes-tu d'habitude ? Si c'est Ravel, Stravinski, Prokofiev et Stockhausen, alors nul doute que, oui, Mozart va te paraître pauvre. Et c'est un obstacle parfois difficile à dépasser – c'est plus facile quand on vient de la chanson ou du baroque que lorsqu'on vient des musiques complexes ou rugueuses du XXe siècle. D'abord, je suis obligé de te dire que tes observations sont exactes : oui, il écrit surtout des thèmes symétriques, des formes sonates aux réexpositions prévisibles et avec peu de développement, de jolies variations, des dynamiques limitées aux instruments du temps. Mais il est aussi un peu plus que cela. Ensuite, pourquoi est-il un génie ? Je mets de côté le côté prodige joue les yeux bandés ou compose à quatre ans, écrit des fugues en dormant, etc., ce n'est vraiment pas le sujet comme tu le dis. 1) C'est un mélodiste incroyable : comme tu le dis toi-même, on est tout de suite imprégné de ses thèmes. 2) Deuxième qualité, il a un sens harmonique plus développé que ses contemporains (écoute Stamitz, Vanhal, Cannabich, pourtant de bons compositeurs du temps, pour t'en convaincre), et qui correspond beaucoup à la sensibilité romantique (qui se prolonge largement aujourd'hui), avec ces joies voilées, ces lumières toujours imparfaites, ces petites surprises… Cela explique pourquoi il est populaire. Ensuite, pourquoi est-il important dans l'histoire de la musique, il faut se pencher sur son rapport à son temps, il écrit vraiment des choses que personne ne peut alors écrire (hors peut-être Pavel Vranický). 3) Si tu prends le final de la Symphonie n°41, ce fugato qui récapitule tous les thèmes à la fois, ou bien Don Giovanni, forme sans cesse mouvante, épousant le drame (et de sacrées trouvailles musicales, comme la scène du Commandeur, avec ses gammes folles qui explorent tous les modes, ou comme l'orchestre sur scène qui devient autonome de l'accompagnement orchestral à la fin du I…), il y a vraiment une dimension supplémentaire chez Mozart. Ça reste de la musique de style classique, donc si Haydn ou Boccherini ne te touchent absolument pas, Mozart reste tout de même dans cette esthétique… mais il a indéniablement un supplément, une capacité à surprendre, à trouver des solutions inattendues… Et je crois que ce qui fait la différence est que ce soit porte toujous sur la recherche de l'émotion juste, ses modulations, ses emprunts créent vraiment une couleur qui s'approche d'une vérité psychologique. (J'avais pris un exemple dans la Clémence de Titus, si ça peut aider avec le son : http://carnetsol.fr/css/index.php?2015/02/01/2619-d-ou-vient-l-emotion-pourquoi-mozart-est-il-aussi-different-genial-la-preuve-par-l-exemple .) Mais désolé, pas de solution miracle, il est possible que ça ne te touche tout simplement pas… À moins de t'immerger dans la période, pas sûr que tu puisses te défaire d'habitudes d'écoute, la familiarité avec un langage est quelque chose de très puissant en musique… |
| | | Churros Néophyte
Nombre de messages : 3 Date d'inscription : 03/09/2017
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 14:57 | |
| Salut DavidLeMarrec. Et bien moi qui m'attendais à me faire lamentablement jeter, je suis très heureux de recevoir une telle réponse, si bien construite et argumentée. C'est excactement ce que je recherchais. Ceci va sans aucun doute me permettre d'affiner mon écoute et surtout me concentrer sur les bonnes choses. Tu as raison, mes idoles sont beaucoup plus contemporaines que Mozart. Rapidement : Gershwin, Rachmaninov, Chostakovitch, mais aussi Debussy, et même Poulenc. Et j'ai moins de problèmes avec Lully et surtout J.S. Bach qu'avec Mozart bizarrement. Peut-être ai-je trop haï mes professeurs qui, petit, me forçaient à écouter du Mozart plutôt que d'autres compositeurs que je jugeais plus dignes d'écoute. Je devrais sûrement me placer dans une perspective plus chronologique et moins universelle pour vraiment comprendre ce que Mozart a apporté. Merci encore . Churros |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 15:08 | |
| deux remarques aussi : — on entend tellement Mozart (ou des imitations plus ou moins bonnes de Mozart) partout, que ça semble très habituel et sans originalité... forcément, Mozart n’est pas le plus original si on le compare à Mozart ; — chercher la transgression et la subversion, mesurer la qualité en proportion de ceux-là, c’est globalement anachronique pour un compositeur de l’époque classique.
non ?
mais tu n’es pas le seul, ne t’inquiète pas : moi aussi Mozart m’intéresse très peu (et le seul intérêt ne serait pas encore grand-chose). |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33375 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 15:10 | |
| Bach ... ça peut se comprendre. En revanche, quand on supporte lully, là les arguments invoqués ne marche plus du tout S'il y a bien une musique où rien ne se passe, c'est bien celle-là ! _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97888 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 15:18 | |
| Je ne l'ai pas dit, mais ça dépend aussi de ce que tu écoutes de Mozart : les Sonates ou les premières symphonies sont très conventionnelles. Dans certaines œuvres comme les concertos, c'est avant tout un sens mélodique, voire une forme de mélancolie (qui n'est pas un pré-romantisme, mais a abondamment inspiré les romantiques) qui séduit, mais pas forcément un génie formel.
Regarder d'un peu près les dernières symphonies de Mozart, ses opéras les plus aboutis (en priorité Don Giovanni, le plus audacieux). Et plutôt dans des interprétations qui pulsent (cette musique est délicate, si on la joue avec des orchestres brucknériens, ça ne passe pas toujours) : si tu n'as pas essayé, les instruments d'époque changent beaucoup de choses. Typiquement, le Requiem et Don Giovanni par Currentzis ou Jacobs, ça secoue un peu… Ou les symphonies par Hogwood / Minkowski / Gardiner… |
| | | Churros Néophyte
Nombre de messages : 3 Date d'inscription : 03/09/2017
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 15:40 | |
| - lucien a écrit:
- — on entend tellement Mozart (ou des imitations plus ou moins bonnes de Mozart) partout, que ça semble très habituel et sans originalité... forcément, Mozart n’est pas le plus original si on le compare à Mozart ;
— chercher la transgression et la subversion, mesurer la qualité en proportion de ceux-là, c’est globalement anachronique pour un compositeur de l’époque classique.
non ?
Oui, lucien. Je pense que tu as tout à fait raison. Je ne sais pas ce que tu entends exactement par des "imitations plus ou moins bonnes de Mozart". Mais sans aucun doute y a-t-il une part de vraie : si Mozart a réellement eu une telle influence sur ses successeurs et jusqu'à aujourd'hui, alors il y a bien du Mozart partout. De ce fait, vouloir comparer ce "Mozart" d'aujourd'hui au Mozart d'hier est idiot, ou en tout cas, fausserait l'analyse. C'est pour cela qu'il semble important de recontextualiser Mozart, comme le soulignait justement DavidLeMarrec. Il faut mieux comprendre l'époque dans laquelle il s'inscrit, écouter ce qu'il propose par rapport à ses prédécesseurs et non par rapport à nos repères actuels. - Cololi a écrit:
- En revanche, quand on supporte lully, là les arguments invoqués ne marche plus du tout Mr.Red S'il y a bien une musique où rien ne se passe, c'est bien celle-là !
Ok, j'ai mentionné Lully à contre-cœur. Mais j'ai effectivement moins de problème avec lui qu'avec Mozart. Mozart me semble au moins aussi monotone que Lully, et pardon, mais Lully, c'est un peu plus que juste "feel good" quand même. Aussi, l'avantage (relatif) qu'a Lully sur Mozart, c'est qu'il ne propose pas vraiment de mélodies. Ça tient beaucoup moins en tête et donc c'est aussi moins pénible pour moi. Enfin, Lully est moins universellement connu, reconnu et accepté, ce qui lui donne un petit côté rebelle que j'apprécie. Mozart, est bien trop "mainstream" pour pouvoir rester au dessus de tout soupçon . - DavidLeMarrec a écrit:
- Je ne l'ai pas dit, mais ça dépend aussi de ce que tu écoutes de Mozart : les Sonates ou les premières symphonies sont très conventionnelles. Dans certaines œuvres comme les concertos, c'est avant tout un sens mélodique, voire une forme de mélancolie (qui n'est pas un pré-romantisme, mais a abondamment inspiré les romantiques) qui séduit, mais pas forcément un génie formel.
Regarder d'un peu près les dernières symphonies de Mozart, ses opéras les plus aboutis (en priorité Don Giovanni, le plus audacieux). Et plutôt dans des interprétations qui pulsent (cette musique est délicate, si on la joue avec des orchestres brucknériens, ça ne passe pas toujours) : si tu n'as pas essayé, les instruments d'époque changent beaucoup de choses. Typiquement, le Requiem et Don Giovanni par Currentzis ou Jacobs, ça secoue un peu… Ou les symphonies par Hogwood / Minkowski / Gardiner… J'ai également oublié de préciser que s'il y avait bien une œuvre qui "rattrapait" Mozart selon moi, c'était son Requiem. Concernant Don Giovanni, j'avoue ne pas l'avoir vu et me refuser de voir des opéras autrement qu'à l'Opéra. Peut-être est-ce une faute.
Dernière édition par Churros le Dim 3 Sep 2017 - 15:41, édité 1 fois |
| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14565 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 15:41 | |
| Bon, je l'avoue, je ne suis pas très "Mozartien" moi non plus. Mais il y a quand même des œuvres que j'aime chez lui. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91538 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 15:43 | |
| - Churros a écrit:
- Mozart me semble au moins aussi monotone que Lully, et pardon, mais Lully, c'est un peu plus que juste "feel good" quand même.
Ben Mozart aussi, je t'assure. As-tu écouté les quatuors à cordes? Les grandes oeuvres religieuses? Don Giovanni? Le concerto pour clarinette, le concerto pour piano n°20? |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97888 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 15:44 | |
| - Churros a écrit:
- et pardon, mais Lully, c'est un peu plus que juste "feel good" quand même.
- Citation :
- J'ai également oublié de préciser que s'il y avait bien une œuvre qui "rattrapait" Mozart selon moi, c'était son Requiem. Concernant Don Giovanni, j'avoue ne pas l'avoir vu et me refuser de voir des opéras autrement qu'à l'Opéra. Peut-être est-ce une faute.
C'est un problème effectivement, mais pas pour Don Giovanni qu'il est très facile de voir en scène (et qui n'est pas trop complexe à distribuer, donc on peut en voir une bonne version près de chez soi, en principe). Certes, tu n'aimes pas forcément assez Mozart pour te l'imposer, mais Don Giovanni, c'est en général une expérience, ne serait-ce que théâtrale, qui marque une vie de spectateur, vraiment. Et là, ça devrait lever tes réserves sur le Mozart galant des Sérénades (qui sont mignonnes, mais pas forcément géniales, en effet). |
| | | Roupoil Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2069 Age : 43 Localisation : Pessac Date d'inscription : 22/04/2017
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 15:46 | |
| Si tu aimes le requiem, essayes peut-être les autres oeuvres un peu plus "dramatiques" des dernières années de la vie de Mozart (20ème concerto pour piano, 40ème symphonie pour ne citer que les plus évidentes), mais concernant Mozart, si tu n'accroches pas, je crains qu'il n'y ait pas grand chose à faire. C'est une musique qui est souvent vantée pour son "évidence" et de fait c'est comme ça que je la ressens et que je l'apprécie, tout est simplement beau et semble presque couler de source, j'aurais en fait du mal à trouver des raisons objectives de traiter Mozart comme un génie (contrairement à d'autres compositeurs qui ont soit vraiment révolutionné la musique de leur époque, soit apporté une dimension vraiment inexistante chez leurs contemporains). Bref, moi ça me touche, mais je comprends parfaitement que ça ne prenne pas chez d'autres (et peu importe que le consensus soit en faveur de Mozart, on a le droit de ne pas aimer, heureusement !). |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91538 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 15:47 | |
| Oui, et si on aime le Requiem, je conseillerais aussi de poursuivre avec la Messe en ut mineur K 427, impossible d'y rester tout à fait insensible! |
| | | luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5841 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| | | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97888 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 15:55 | |
| - Xavier a écrit:
- Oui, et si on aime le Requiem, je conseillerais aussi de poursuivre avec la Messe en ut mineur K 427, impossible d'y rester tout à fait insensible!
Impossible, c'est vite dit : j'aime beaucoup Mozart (chez qui la postérité a fait un tri très consciencieux : peu de pépites dans les œuvres occultes), c'est même le premier compositeur que j'ai aimé, et je ne me suis toujours pas remis de ma découverte de certaines de ses grandes œuvres (Symphonie n°31, Don Giovanni, Quatuor n°14…). Mais la Messe en ut, étrangement, je l'ai toujours trouvée fade, rien à faire. Joliment mélodique, mais il ne se passe rien – alors que dans un genre similaire, le Quintette avec clarinette me subjugue sans problème. Donc quand on vient du XXe, pas sûr que ce soit garanti. Les tuilages du final de la Symphonie n°41, peut-être plus. Mais oui, si on aime le Requiem de Mozart, j'ai plus envie de conseiller ceux de Cherubini ou la Missa Solemnis de Beethoven que d'autres Mozart (hors Don Giovanni, sans doute – et peut-être la Clémence de Titus, le final du I quand même !). |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33375 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 15:56 | |
| - Churros a écrit:
- Enfin, Lully est moins universellement connu, reconnu et accepté, ce qui lui donne un petit côté rebelle que j'apprécie. Mozart, est bien trop "mainstream" pour pouvoir rester au dessus de tout soupçon .
Tu viens de résumer le snobisme marrecien en une phrase, on a jamais pu lui arracher Au moins tu es franc _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Glocktahr Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4707 Date d'inscription : 22/03/2009
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Dim 3 Sep 2017 - 18:02 | |
| Dans la veine du Requiem il y a une pièce qui me bouleverse, c'est la maurerische trauermusik k477
/watch?v=--sDBQuz6DY
Mozart est loin d'être mon compositeur préféré et je n'ai jamais réussi à écouter Don Giovanni sans m'ennuyer mais l'air du commandeur c'est vraiment incroyable
/watch?v=7cb1QmTkOAI
Pour lire il faut copier le code dans la barre d'adresse après youtube.com |
| | | Octavian Glasse les fraises
Nombre de messages : 7333 Age : 40 Localisation : Près du Vieux Port Date d'inscription : 07/05/2008
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Mar 3 Oct 2017 - 16:45 | |
| Je laisse à de bien plus savants que moi ès matières purement musicologiques les explications "techniques" sur pourquoi-Mozart-c’est-génial, mais je me permets de rebondir sur un point plus "de sensibilité", parce que ça fait partie des choses qui me touchent tout particulièrement chez Mozart : l'accusation de n'être que de la musique " feel good". Je pense que c'est plus complexe que ça ; et en l'occurrence, d'une forme de complexité assez propre au XVIIIe siècle. Pour faire quelques parallèles, quand je pense à Mozart, je pense presque toujours aussi à une formule célèbre attribuée à Voltaire : "J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé." (Pour les curieux et/ou pointilleux, la formulation exacte, issue de sa correspondance, était : "je me suis mis à être un peu gai, parce qu'on m'a dit que cela est bon pour la santé"). Ou, pour prendre une formule encore plus célèbre, le "Je m'empresse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer" du Figaro de Beaumarchais. Dans ces décisions volontaristes de prendre la vie du bon côté parce que l'on a conscience de l'alternative, il me semble qu'il ne s'agit pas seulement de dire qu'on oublie tout, qu'on regarde le monde à travers des lunettes roses, qu'on fait comme si le malheur n'existait pas. La meilleure musique de Mozart, très souvent, ce sont des voiles de " feel good", d'accord, mais jetés par-dessus des abîmes de mélancolie... et suffisamment diaphanes pour qu'on s'en rende compte. Ce sont des arabesques dansées et des pirouettes exécutées au bord du gouffre, parce que c'est ça ou se jeter dedans. (Pour sortir du XVIIIe, on retrouve régulièrement un peu du "même combat" aussi, je trouve, dans les meilleurs Woody Allen : cette idée que la vie est un truc totalement absurde, qui de surcroît ne peut que mal finir, et que c'est précisément pour ça qu'il faut en jouir au mieux.) Après, il est vrai que cet aspect peut plus ou moins ressortir selon les interprétations. David a eu raison de le pointer : - DavidLeMarrec a écrit:
- Regarder d'un peu près les dernières symphonies de Mozart, ses opéras les plus aboutis (en priorité Don Giovanni, le plus audacieux). Et plutôt dans des interprétations qui pulsent (cette musique est délicate, si on la joue avec des orchestres brucknériens, ça ne passe pas toujours) : si tu n'as pas essayé, les instruments d'époque changent beaucoup de choses. Typiquement, le Requiem et Don Giovanni par Currentzis ou Jacobs, ça secoue un peu… Ou les symphonies par Hogwood / Minkowski / Gardiner…
Encore que j'arguerais que ce n'est pas qu'une question d'époque d'enregistrement : parmi les "vieux trucs" aussi, on trouve des chefs qui maîtrisent parfaitement leur Mozart et le communiquent au mieux (les noms de Szell et de Fricsay viennent immédiatement en tête). Tout ceci posé, il n'en reste pas moins qu'on a évidemment le droit de ne pas aimer Mozart comme on a le droit d'aimer ou de ne pas aimer n'importe quel artiste, évidemment. Mais le cantonner à une accusation de simple légèreté me semble un mauvais procès. |
| | | Glocktahr Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4707 Date d'inscription : 22/03/2009
| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? Mar 3 Oct 2017 - 17:37 | |
| Quand je médite sur ce genre de choses, je pense à Purcell. Il était orphelin de père, enfant il a connu les charettes qui venaient chercher les cadavres de pestiférés qu'on balançait par les fenêtres, il a connu la destruction totale de Londres par le feu. Et pourtant il a composé pas mal de cucuteries fantaisistes. Il y a un autre genre de musique très feel good, c'est le jazz swing, un courant du jazz des années 30/40, soit la crise et la guerre, il n'y a pas plus rigolo pourtant (peut être qu'on peut comparer dans l'esprit à ce que faisait en France Charles Trenet. On peut illustrer ça avec le disque "Atomic Basie" - Spoiler:
On a du mal a associer le contenant apocalyptique et le contenu rigolo. (Après il y a des gens qui font des dépressions alors qu'ils sont rentiers sous les cocotiers, c'est une maladie). Et après avoir tapé ça si vous avez un peu de temps il y a une chanson du groupe de swing français "Ray Ventura et ses collégiens" que vous pouvez écouter, "tout va très bien madame la marquise". Je pense encore à un autre truc, sur France Musique un jour j'étais tombé sur une émission du compositeur de cette chanson chantée par Fernandel /watch?v=bZtrYkc5j7Y Il s'appelait Casimir Oberfeld, on a du mal en écoutant cette chanson sur la joie de vivre, à se dire que le type est mort en camp de concentration quelques années plus tard. |
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| Sujet: Re: A-t-on le droit de ne pas aimer Mozart ? | |
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