Boulez-Bartok -16/11/09 - Salle Pleyel

Ce soir pour moi, premier concert orchestral depuis des lustres, premier concert à la Pleyel nouvelle, premier "grand pianiste", premier Boulez. C'était Bartok avec l'orchestre de la Scala et Maurizio Pollini. Je ne connais de Bartok que sa musique pour cordes, percussions et celesta que j'écoutais pas mal il y a une dizaine d'années.
Les "Quatre pièces" étaient très remuantes, bousculade garanti à chaque coin de rue! Mais pas touché. Pour le concerto n°2, j'ai eu une grosse fatigue, pas entendu grand chose malheureusement. Par contre -après un café à l'entracte- j'ai n'ai pas décroché du Mandarin merveilleux (plus lisible pour moi que les pièces) qui m'a captivé de bout en bout. Je vais le réécouter de ce pas!

KidAmnesiac a écrit:

Mandarin merveilleux (plus lisible pour moi que les pièces)

Ah tiens.
Réécoute les 4 pièces aussi, ou au moins la 1ère !

Ce n'était pas le concert du siècle, il faut bien dire, et c'est un admirateur (presque) inconditionnel de Boulez qui l'écrit. La faute essentiellement à un orchestre honnête mais quand même franchement de seconde zone (certes, x personnes m'ont dit que c'était bien pire avant...), mais j'ai trouvé que Boulez semblait être en petite forme physique (y compris par rapport à son dernier concert parisien).

C'est surtout Pollini qui n'était pas très en forme dans les mouvements 1 & 3 du 2e concerto, et l'orchestre jouait trop fort. Ce 2e concerto, avec tout le respect et l'admiration que j'ai pour Pollini, il arrive un âge où il est bon d'arrêter, les doigts ne suivent plus et manquent sérieusement d'impact. Le 2e mouvement était très beau.

J'ai trouvé les Quatre pièces magnifiques ainsi que Le Mandarin, très dramatique et habité. Pour l'orchestre, je ne suis pas d'accord, il me semble que c'est au contraire plutôt une très bonne surprise, quelques imperfections ici ou là mais l'ensemble était superbe. C'était déjà le cas hier soir dans le Requiem de Verdi. Les cordes en particulier sont bien plus belles que celles de certains de nos grands orchestres...

Quant à Boulez, c'est comme s'il avait minci en effet (à cet âge ça vieillit), mais je n'ai perçu aucune méforme. Il avait l'air toujours aussi alerte, droit comme un I à côté d'un Pollini tout courbé et pourtant bien plus jeune.

Ce sujet est fait pour parler de la programmation, pas faire vos commentaires!...

Je divise.

Pour le Mandarin, c'était le ballet ou la suite seulement? (ce n'était pas précisé sur le programme, mais comme il n'y avait pas de choeur d'indiqué...)

J'étais très déçu de ne pas pouvoir y aller, apparemment je n'ai rien raté d'inoubliable donc... Un beau programme quand même.

Non non c'était le ballet (mais, bien sûr, sans choeur à la fin).
Inoubliable, non, et je suis d'accord avec les commentaires d'Hippolyte sur la fatigue de Pollini, mais tout-de-même... Le Bartok orchestral, et le Mandarin en particulier, quel pied !!!!

Beirgla a écrit:

Non non c'était le ballet (mais, bien sûr, sans choeur à la fin).

Ils ont joué le ballet en entier (30 minutes) mais sans le choeur à la fin??

Euh... ta surprise me fait un peu douter. Je suis sûr que c'était nettement plus long que ce que j'avais entendu aux Champs-Élysées il y a quelque mois. Et oui, hier ça durait facilement 30 minutes. Faudrait que je réécoute la fin en disque pour être sûr.

ce qui ne m'a pas plu dans cet orchestre, c'est à la fois le son des cordes, très mince et flou, et la médiocrité de certaines interventions solistes notamment chez les cuivres, parfois assez franchement largués dans le concerto.
Pour ce qui concerne la fatigue physique de Boulez, il était frappant de voir à quel point ses gestes étaient limités par rapport même à son concert du mois d'octobre (Ligeti/Stockhausen). J'espère que ce n'est que passager .

Rameau a écrit:

ce qui ne m'a pas plu dans cet orchestre, c'est à la fois le son des cordes, très mince et flou, et la médiocrité de certaines interventions solistes notamment chez les cuivres, parfois assez franchement largués dans le concerto.

En effet l'orchestre était nettement moins bon dans le concerto, et cette médiocrité dont tu parles ne s'est pas retrouvée dans le Mandarin, tout comme la veille dans le Requiem, où les cuivres avaient été parfaits. Pas d'accord avec toi sur les cordes.

Non, Xavier, ce n'était pas inoubliable à cause du concerto, mais l'interprétation du Mandarin et des Quatre pièces est pour moi marquante, tout comme elle l'avait été, mais plus oppressante encore, en 2001 au Châtelet pour l'anniversaire Bartok avec l'Orchestre de Paris.

Pour Le Mandarin, c'était le ballet intégral, et comme souvent on ne fait pas se déplacer un choeur juste pour la fin.

Hippolyte a écrit:

Pour Le Mandarin, c'était le ballet intégral, et comme souvent on ne fait pas se déplacer un choeur juste pour la fin.

Tiens je n'ai jamais entendu une telle version... (faut dire, je n'ai jamais entendu le ballet intégral en concert!)
Et le choeur était remplacé par des instruments j'imagine?

J'étais également à ce concert, et j'ai bien aimé dans l'ensemble. L'orchestre, pas mal, mais les cordes un peu sèches peut-être et les trompettes un peu criardes. Je que j'ai trouvé de plus réussi c'est le
Mandarin. Les 4 pièces opus 12 étaient bien également et j'étais si heureux de pouvoir les écouter en concert. Pollini dans le 2e de Bartok, mwouef ; enfin, quand on a écouté il y a peu Ranki dans le même concerto, on est forcément déçu.
C'était un bon concert, et si c'est diffusé un jour sur les ondes, c'est à écouter, il me semble.

Utnapishtim a écrit:

enfin, quand on a écouté il y a peu Ranki dans le même concerto, on est forcément déçu.

Oh oui ! Ranki était absolument génial dans ce concerto l'an dernier, royal et peut-être insurpassable. J'avais cela en tête en écoutant Pollini... Dezsö Ranki, voilà un vrai grand pianiste qu'on n'entend que trop rarement alors que des pianistes de seconde zone sont médiatisés à l'excès...

Tu penses à ceux qui ont prénom et patronyme identiques (oui, je vise Jürgen Jürgens), ou bien tu as une liste plus généreuse ?

DavidLeMarrec a écrit:

Tu penses à ceux qui ont prénom et patronyme identiques (oui, je vise Jürgen Jürgens), ou bien tu as une liste plus généreuse ?

Tss pauvre Jürgens, ne le tirons pas du bienheureux oubli, où on aimerait que Tongue Tongue (pardonnez-moi l'erreur de traduction) le rejoigne. Doux rêve.
Mais je pensais aussi à un David Fray, ou encore à ce qu'est devenue Hélène Grimaud. Ou encore à un Aldo Ciccolini ignoré pendant des années et ovationné au moment où il a perdu ses moyens, etc.

C'était vraiment une plaisanterie, je n'appelais pas vraiment de liste, cruel !

Hippolyte a écrit:

Tss pauvre Jürgens, ne le tirons pas du bienheureux oubli,

Oh, dans Schütz, c'est très bien. Après, dans Bach ou dans Monteverdi... évitons les sujets pénibles.

Citation :

où on aimerait que Tongue Tongue (pardonnez-moi l'erreur de traduction) le rejoigne. Doux rêve.

Le trio de Tchaïkovsky de Lang Lang est pas mal d'ailleurs, même s'il existe (beaucoup) mieux.

Citation :

Mais je pensais aussi à un David Fray, ou encore à ce qu'est devenue Hélène Grimaud. Ou encore à un Aldo Ciccolini ignoré pendant des années et ovationné au moment où il a perdu ses moyens, etc.

Je ne suis d'accord avec rien de tout ça. Rien que pour ses Boulez, chapeau à David Fray ; il parvient à rendre chaque texture comme un orchestre, avec des différences d'intensité et d'attaque proprement stupéfiantes au sein d'un même accord.
Son Bach ne m'avait pas plus déplu que ça, mais je ne m'y suis pas attardé, on sait que ce n'est pas le répertoire que j'attends avec le plus d'impatience.

Grimaud, j'aime énormément. Pas tout (le Winterreise déchiffré... ), mais ses Brahms et ses Beethoven, même récent, je suis furieusement client.

Quant à Ciccolini, je le trouve bien plus excellent ces dernières années en concert qu'en studio. Dire qu'il a perdu ses moyens est quand même un brin exagéré vu l'inspiration qu'il y a dans des oeuvres vraiment difficiles.

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

Mais je pensais aussi à un David Fray, ou encore à ce qu'est devenue Hélène Grimaud. Ou encore à un Aldo Ciccolini ignoré pendant des années et ovationné au moment où il a perdu ses moyens, etc.

Je ne suis d'accord avec rien de tout ça. Rien que pour ses Boulez, chapeau à David Fray ; il parvient à rendre chaque texture comme un orchestre, avec des différences d'intensité et d'attaque proprement stupéfiantes au sein d'un même accord.
Son Bach ne m'avait pas plus déplu que ça, mais je ne m'y suis pas attardé, on sait que ce n'est pas le répertoire que j'attends avec le plus d'impatience.

Grimaud, j'aime énormément. Pas tout (le Winterreise déchiffré... ), mais ses Brahms et ses Beethoven, même récent, je suis furieusement client.

Quant à Ciccolini, je le trouve bien plus excellent ces dernières années en concert qu'en studio. Dire qu'il a perdu ses moyens est quand même un brin exagéré vu l'inspiration qu'il y a dans des oeuvres vraiment difficiles.

Je ne parle pas de leurs disques mais de leurs prestations en concert. Je ne dis pas que ce sont de mauvais pianistes d'ailleurs, je compare ceux-ci à quelqu'un comme Ranki, à cent coudées au-dessus et quasiment inconnu.

On peut faire de beaux disques, les concerts c'est autre chose. Le Fray que j'ai entendu en concert, c'est soit indigne (des Schumann terrifiants avec Masur) soit insignifiant, avec une technique problématique et un son faible et martelé (cette manie d'imiter Gould, sans en avoir ni la capacité ni le génie). Au disque, sa Wanderer et sa sonate de Liszt sont tout à fait honnêtes, et ses Impromptus de Schubert d'un narcissisme chichiteux ridicule, je n'ai pas écouté ses Bach.

Grimaud depuis quelque temps ne doit pas travailler beaucoup, c'est une catastrophe en concert. J'en suis marri car je l'aimais bien. Ses Brahms au disque sont assez superficiels, mais très séduisants malgré le manque de nuances, cruel dans ses pièces. Son 1er concerto avec Sanderling est en revanche très bon et ses Beethoven plutôt bien, mais c'est du disque.

Quant à Ciccolini, que j'aimais bien il y a encore trois ou quatre ans, car je lui trouvais aussi une profondeur et une subtilité que je ne lui avais pas connues, il n'est plus que l'ombre de lui-même ces derniers temps. Le concerto de Schumann qu'il a donné l'an dernier était catastrophique, le 5e de Saint-Saëns il y a deux ans montrait déjà des limites techniques rédhibitoires : les doigts ne suivent plus l'inspiration. Mais bon, les salles lui font une ovation qu'il a beaucoup attendue et qu'on aurait mauvaise grâce à lui refuser au regard de sa carrière.

Je n'ai entendu aucun des trois sur place, effectivement il y a toujours des surprises, mais elles sont plus limitées avec le piano. Pour le concert, j'ai entendu des radiodiffusions de Grimaud et de Ciccolini (j'écoute moins ses disques) absolument enthousiasmantes dans une période récente, y compris très récente pour le second, d'ailleurs : ce doit dépendre des soirs.

Hippolyte a écrit:

Je ne parle pas de leurs disques mais de leurs prestations en concert. Je ne dis pas que ce sont de mauvais pianistes d'ailleurs, je compare ceux-ci à quelqu'un comme Ranki, à cent coudées au-dessus et quasiment inconnu.

Oui, entre ce que que certains produisent en concerts et au disque...

Enfin ! J'ai eu la chance d'écouter plusieurs fois Ranki en concert, et en effet il plane au-dessus de tous les pianistes cités. D'ailleurs je n'ai jamais compris pourquoi ses deux compères hongrois de la même génération sont plus connus. Mais bon là on dévie, il faudra ouvrir un fil sur ce pianiste. Et au disque il a également réalisé de grandes choses.