PP. Messe en si. Pichon / Pygmalion

Ensemble Pygmalion
Raphaël Pichon, direction
Joanne Lunn, soprano
Lea Desandre, mezzo-soprano
Lucile Richardot, alto
Emiliano Gonzalez Toro, ténor
Christian Immler, basse

Superbe concert hier soir avec un ensemble Pygmalion qui m'a semblé en grande forme, à tel point que j'ai porté une plus grande attention aux interventions des différents pupitres qu'aux solistes.
Très belles flûtes, magnifiques trompettes, continuo assuré par Thomas Dunford, Arnaud di Pasquale et Pierre Gallon (j'ai regretté parfois de ne pas mieux entendre Thomas Dunford dans les tutti, je l'entendais parfois mieux tourner ses pages...)
Parmi les solistes, Lucile Richardot souveraine avec son timbre fascinant, très beau legato, Joanne Lunn que je n'avais entendue qu'une seule fois auparavant très convaincante, j'ai été déçue par Léa Desandre que j'aime par ailleurs beaucoup, elle m'a parue sous-dimensionnée pour la salle et par rapport aux autres solistes. Pas très convaincue par Christian Immler qui remplaçait Thomas E. Bauer souffrant, en revanche très émue par Emiliano Gonzalez Toro qui a débuté le Benedictus en très belles nuances et délicatesse, accompagné par la flûte solo de Georgia Browne si je ne me trompe, Julien léonard à la viole de gambe et Thomas Dunford, un moment plein de grâce. Tout le monde semblait se retenir d'applaudir après leur intervention.
Le choeur s'est taillé la part du lion au moment des applaudissements, cela m'a semblé totalement mérité tant il s'est montré homogène, impressionnant dans les pianissimi.
Le travail de Raphaël Pichon m'a impressionnée.

Concert fantastique, je suis bien d'accord. Ma meilleure Messe en Si depuis longtemps... Une densité et rondeur forte, jamais tonitruante, une mise au point impressionante. Tout ca m'a paru simple et évident: pas grand chose entre nous et la musique. Du coup on se laisse baigner par la tendresse chaque fois incroyable de cette musique....

Oh, bonne nouvelle ! Je trouvais que le chœur Pygmalion s'était empâté ces dernières années, même dans Bach (Motets). S'ils ont retrouvé le niveau de leurs disques (notamment celui incroyable autour des premières portions composées de la Messe en si), miam ! (Pas étonné pour Desandre, la voix est jolie mais s projette très peu… à la Philharmonie ce doit vraiment être difficile ; et dommage pour Bauer, qui est extraordinaire. Surpris qu'Immler ne t'ait pas plu, il chante, dit et projette pourtant vraiment bien, quel était le problème ?)

(J'étais à côté, pour les orchestrations des Mélodies irlandaises de Berlioz par Lavandier, concert débuté par des Hébrides et une Écossaise de folie !)

J'étais peut-être dure, mais il m'a semblé un peu terne et fade, rien de choquant ni scandaleux bien sûr

Je n'étais pas aussi enchanté.  

Le point fort était effectivement les choeurs qui n'ont jamais déçu. L'orchestre était généralement très bon même s'il vaut mieux  passer sous silence le solo de cor qui m'a paru proche de la Bérezina avec la trompe curieusement tournée vers le fond de la salle.

Pour les solistes c'était un "mixed bag".  

Très beau et émouvant solo de ténor effectivement. Lucile Richardot a bien chanté et parmi les femmes elle était la seule capable de projeter sa  voix dans la salle.  Lunn particulièrement  était quasiment inaudible avec une voix qui ne rayonnait absolument pas : le premier duo de sopranos et son Laudamus ont donné un assez mauvais départ au concert.



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sergio a écrit:

Pour les solistes c'était un "mixed bag".  
Très beau et émouvant solo de ténor effectivement. Lucile Richardot a bien chanté et parmi les femmes elle était la seule capable de projeter sa  voix dans la salle.  Lunn particulièrement  était quasiment inaudible avec une voix qui ne rayonnait absolument pas

Je suis d'accord; il se trouve que personnellement, dans la Messe en si, les airs des solistes m'intéressent peu, les duos plus, et les choeurs Beaucoup plus, d'où mon enthousiasme personnel.... J'étais surtout sensible aux tempi, aux phrasés, et à la dynamique de Pichon, qui m'ont à peu pres comblés.

Toujours intéressantes les différentes perspectives selon le placement de chacun; j’étais dans ma place de prédilection au premier rang de la courbe droite, et Lunn était parfaitement audible, à un point gênant pour Léa Desandre lorsqu’elles chantaient ensemble. Quant au cor, j’ai tant d’appréhension à l’écoute d’ un cor naturel que j’ai été soulagée en l’entendant, en la trouvant plutôt juste, même si projetant très peu comme Sergio le fait remarquer.

Le concert m'a enchanté. Pichon a réussi à donner le caractère religieux qui s'impose à cette musique et j'ai parfois eu la sensation d'être dans une église. Je pense qu'il a bien lu l'acoustique des lieux.

Je pense que les chanteurs avaient le soucis de jouer "stylistiquement" juste et soignaient leurs phrasés afin d'être le plus homogène possible. Les deux sopranos jouant des parties accompagnées par l'orchestre l'équilibre est difficile et R. Pichon s'en est acquitté difficilement.  Mais c'est secondaire et n'a pas altéré mon plaisir.

Lucile Richardot a été somptueuse dans son Ag...nus Dei  et Gonzales Torro toujours aussi formidable.

Les deux airs de basse sont redoutables avec des ambitus très étendus et j'ai trouvé que la prestation d'Immler était très honorable, notamment dans le Quoniam.

J'ai tout particulièrement apprécié l'équipe au continuo qui a su soutenir les voix. Mention spéciale au théorbiste.

Le chœur est vraiment de très haut niveau avec des dynamiques et surtout un sens du rythme impressionnant.

J'avais auparavant entendu la Messe par Suzuki et William Christi sans atteindre ce degré de plaisir.

Bravo

Gardiner dans la même salle avait été mieux qu'excellent !

sergio a écrit:

Gardiner dans la même salle avait été mieux qu'excellent !

J'avais particulièrement apprécié Gardiner dans Monteverdi ; les vêpres et Orféo; Je ne doute pas qu'il ait été à la hauteur dans la Messe en si.

Une remarque : la qualité de silence à la Philharmonie une fois n'est pas coutume.

Tout à fait d’accord avec vous sur la qualité de cette exécution de la la Messe en Si.
Desandre était inaudible du premier balcon de coté ou je me trouvais mais pas Lunn.
Immler un peu limite dans le registre grave
Mais je voudrais souligner la magnifique prestation d' Emiliano Gonzales Toro ,ténor peu médiatisé, qui a chanté le Benedictus dans un style exemplaire ,le timbre est lumineux,le legato et la diction superbes,la projection excellente,il va être ce soir à la fois Orfeo et chef au TCE.

Une question en passant : est-ce que la grande salle de la Philharmonie est adaptée à la messe en SI ?

Bach n'a pas composé en tenant compte d'une salle contenant 2000 personnes. Ses cantates du dimanche étaient faites pour des assemblées réduites. Certaines parties étant tenues parfois par des enfants, il ne devait pas se soucier de leur projection.

Je pense que le problème de la spatialisation du son est insoluble

enrico75 a écrit:

la projection excellente

Ça c'est étonnant ; c'est un artiste que j'aime beaucoup (son timbre un peu grimaçant est très attachant), mais la projection est vraiment minime, dès qu'il en est en duo, même dans du Hérold je ne l'entendais plus…

Effectivement, j'ai beaucoup aime le ténor quand il a chanté son air à la fin mais il m'avait plutôt laissé froid quand il chanté en duo