Mozart : discographie des opéras peu connus

Ce fil pour accueillir les considérations discographiques sur les différentes versions disponibles des opéras de Mozart en marge d'Idoménée, du Sérail, de la trilogie Da Ponte, de la Clémence et de la Flûte... ce qui laisse quand même encore pas mal de choses.

L'occasion de lancer ce fil m'est donnée par la (re)sortie en ce mois de décembre de ce joli petit bijou de jeunesse (pensez-y pour les fêtes ) :



Elizabeth Calléo : Bastienne, Michael Slattery : Bastien, Martin Winkler : Colas. L'Orchestre de l'Opéra de Rouen est placé sous la baguette de Laurence Equilbey. La mise en scène est signée Claude Buchvald, la réalisation Anaïs et Olivier Spiro : il s'agit d'une version filmée sur scène, mais en dehors des représentations. J'avais pu voir ça sur Arte qui l'avait diffusé l'an dernier, et tout y est très bien. La recommandation du jour. (pour les amateurs de Mozart évidemment ).

(Une semaine et demi plus tard)

Bon la dernière fois que j'ai fait un tel four en créant un topic, c'était avec un compositeur croate quasiment inconnu, je ne pensais pas que Mozart allait connaître le même sort. D'autant qu'il me semble me souvenir que plusieurs personnes s'étaient montrées intéressées quand j'avais mentionné ce projet dans le topic création de fils.

Bon, allez, je relance avec un autre enregistrement, mais je vous préviens qu'avec ça j'aurais fait le tour de mes connaissances actuelles en matière de discographie des opéras peu connus de Mozart, après ce sera un peu à vous de jouer.

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Moi qui conserve encore des réticences face à Harnoncourt dans Mozart, j'aime bien cet enregistrement de 1996 du Re Pastore, œuvre encore de relative jeunesse (1775: Mozart a 19 ans...) mais pas déplaisante pour autant. Surtout qu'ici Harnoncourt la présente dans une version très dynamique et que j'ai trouvé bien séduisante.

Et puis à 9€ la réédition parue cette année, ce serait vraiment bête de se priver.

Je préviens quand même les non-amateurs: options d'interprétation "baroqueuses" assez nettes à l'oreille.

Oh non pitié, pas Bastien et Bastienne...! Pourquoi pas le Devin du Village tant qu'on y est

Si tu ne veux pas parler de celui-là, il doit en rester environ une quinzaine d'autres hein.

Pour ma part, j'adore le directeur de théâtre, enfin, des extraits que j'ai entendu (et qui font de fait, la quasi-totalité de l'opéra ) Et plus exactement, c'est la version avec Moser que j'ai écoutée. Gé-ni-a-lli-ssi-me.

J'ai une version que j'ai acheté à vraiment pas cher à la Chaumière (un euro...), toujours pas écouté.

La Finta Giardiniera de Cambreling-Herrmann. Le cd n'est malheureusement plus disponible et, plus gravement, le VHS n'a jamais été repris en dvd.

C'est un peu abusivement que l'œuvre est souvent étiquetée parmi les opéras de Mozart, mais :





Parfois présentée comme une sorte de préfiguration de la Flûte, la partition de Thamos roi d'Égypte devait accompagner la représentation d'une pièce de théâtre... qui fit un four monumental. Rien d'étonnant à cela si on considère que celle-ci (librement adaptée du Sethos de Terrasson) était un concentré de ce qu'on pouvait trouver de pire dans le genre au XVIIIe. Il en va tout autrement de la musique de Mozart, qui regretta amèrement le sort auquel l'insuccès de la pièce de Gebler condamnait son seul essai dans le domaine de la musique de scène. Le 15 février 1783, il écrivait ainsi à son père : "Je suis bien fâché de ne pouvoir utiliser la musique que j'ai écrite pour Thamos. Cette pièce n'ayant pas réussi, elle est reléguée ici parmi les oeuvres discréditées, qui ne sont pas reprises. Il faudrait la redonner pour la musique seule, mais cela n'irait pas sans peine. C'est dommage, vraiment." Un jugement qu'on ne peut que confirmer aujourd'hui, à l'écoute de l'œuvre en concert (conditions de ma découverte il y a quelques mois) ou au disque, avec par exemple cet excellent enregistrement de Gardiner. C'est à un véritable feu d'artifice musical que nous convie ici le chef anglais. Chaudement recommandé.

Seul bémol : l'enregistrement est devenu rare, ne se trouve pas à moins d'une trentaine d'euros, et une réédition semble assez hautement improbable. Reste l'emprunt en médiathèque bien sûr.

Octavian a écrit:

Rien d'étonnant à cela si on considère que celle-ci (librement adaptée du Sethos de Terrasson) était un concentré de ce qu'on pouvait trouver de pire dans le genre au XVIIIe.

Bizarre, ce Sethos de Jean Terrasson eut plutôt un bon succès (en lecture) auprès des lettrés français même si je crois que ce n'est pas vraiment une pièce de théâtre mais des épisodes séparées. Après, ce n'est qu'une traduction du latin si je me souviens bien, Terrasson n'était pas dramaturge (ou alors vraiment peu connu).
Tu me donnes envie de le lire...

Et donc la musique toute seule, ça ressemble à quoi?

Moander a écrit:

Bizarre, ce Sethos de Jean Terrasson eut plutôt un bon succès (en lecture) auprès des lettrés français même si je crois que ce n'est pas vraiment une pièce de théâtre mais des épisodes séparées. Après, ce n'est qu'une traduction du latin si je me souviens bien, Terrasson n'était pas dramaturge (ou alors vraiment peu connu).
Tu me donnes envie de le lire...

Tu t'égares. Sethos est un roman, et bel et bien français (pas une traduction). Il a effectivement eu pas mal de succès à l'époque - il a même été à l'origine d'une vague d'égytomanie dans les lettres... d'où sont sorties des choses nettement moins glorieuses (dans ce que j'ai lu...). Mais d'après le résumé que j'ai lu, la pièce de Tobias von Gebler - qu'accompagne la musique de Mozart - a l'air de considérablement réduire et "remixer" le contenu du roman (qui est, de fait, un peu long...), en y incorporant au passage des éléments francs-maçons. Du coup ça ressemble surtout aux mauvaises productions parues conséquemment que je signalais ci-dessus.

Si tu veux te plonger dans Sethos, ça se trouve sur Gallica. Mais ne t'attends quand même pas non plus à un chef-d'œuvre absolu hein. Par contre si tu es amateur de bizarreries tu peux y trouver ton compte.

Moander a écrit:

Et donc la musique toute seule, ça ressemble à quoi?

C'est grandiose. De superbes climats entre le dramatique et l'épique. Partition majoritairement orchestrale (il s'agit en fait des entractes), avec des chœurs en ouverture et en clôture (un seul comprenant l'intervention d'une basse soliste dans le rôle de Sethos - Alastair Miles dans le disque Gardiner).

Pour La Finta Giardiniera, je suppose qu'en dehors de la version Harnoncourt en CD, il n'y a pas beaucoup de concurrence.
La version d'Hans Schmidt-Isserstedt est malheureusement en allemand.

La version allemande est une adaptation de Mozart lui-même, donc je pense que même se méfiant des traducions on peut lui faire confiance.

Je l'écoute précisément (après la très jolie version Schreier de la Finta Semplice ... qui vaut vraiment pour Ann Murray éblouissante et avant la version Hager et italienne de La Finta Giardiniera qui est, semble-t-il plutôt décevante, mais il y a Lilian Sukis et Fassbaender alors ...)
C'est beau, vivant (sauf peut-être Norman dont les couleurs ne sont pas sans être troublantes en compensation), les dialogues sont très réussis et les chanteurs sont superlatifs (Donath et Prey !!!).

aurele a écrit:

Pour La Finta Giardiniera, je suppose qu'en dehors de la version Harnoncourt en CD, il n'y a pas beaucoup de concurrence.
La version d'Hans Schmidt-Isserstedt est malheureusement en allemand.

Östman en dvd à Drottningholm ; version d'un allant incroyable, fruitée, gorgée et dans laquelle (une fois n'est pas coutume même si j'adore son Idomeneo et son Enlèvement chez Arthaus), la distribution est d'une fraîcheur incroyable. Un peu le "paradoxe du comédien", en somme !

Sinon, en dvd toujours, tu as deux extraordinaires versions : l'une dirigée par Harnoncourt chez TDK (Mei, notamment y est d'une ligne enivrante ; toujours ce syndrome italien dans Mozart dont je n'en finis pas de parler !) et celle du M22 avec Gens, notamment, superbe de palpitation semi-seria et Markus Werba qui arrache son rôle à la glèbe des demi-caractères (vrai présence et charme réel ; bref, un passage de flambeau avec Prey) !

bAlexb a écrit:

aurele a écrit:

Pour La Finta Giardiniera, je suppose qu'en dehors de la version Harnoncourt en CD, il n'y a pas beaucoup de concurrence.
La version d'Hans Schmidt-Isserstedt est malheureusement en allemand.

Östman en dvd à Drottningholm ; version d'un allant incroyable, fruitée, gorgée et dans laquelle (une fois n'est pas coutume même si j'adore son Idomeneo et son Enlèvement chez Arthaus), la distribution est d'une fraîcheur incroyable. Un peu le "paradoxe du comédien", en somme !

Sinon, en dvd toujours, tu as deux extraordinaires versions : l'une dirigée par Harnoncourt chez TDK (Mei, notamment y est d'une ligne enivrante ; toujours ce syndrome italien dans Mozart dont je n'en finis pas de parler !) et celle du M22 avec Gens, notamment, superbe de palpitation semi-seria et Markus Werba qui arrache son rôle à la glèbe des demi-caractères (vrai présence et charme réel ; bref, un passage de flambeau avec Prey) !

Et j'avais oublié la version studio d'Harnoncourt, chez Teldec :

http://www.amazon.com/Mozart-giardiniera-Gruberova-Scharinger-Harnoncourt/dp/B000000SE7

Un brin plus large que la version dvd, peut-être moins strictement vivante (mais animer Margiono ) mais incroyablement colorée et moins strictement dogmatique qu'on le dit trop souvent relativement à la pâte/patte d'Harnoncourt.

Avec, en plus, de très belles signatures vocales (Moser, impressionnant Podesta, Bacelli, Heilmann à sa manière, c'est à dire un peu mièvre, et Gruberova, évidemment, qui file des piani sublimes et sait jouer la bergère comme peu !).

Un regret : que ne circule aucune captation de la version que j'ai entendue, voici quelques années, avec le Podesta incroyable de Blake !

bAlexb a écrit:

Et j'avais oublié la version studio d'Harnoncourt, chez Teldec :

http://www.amazon.com/Mozart-giardiniera-Gruberova-Scharinger-Harnoncourt/dp/B000000SE7

Ben non, tu ne l'avais pas oubliée, puisque tu répondais à Aurèle qui demandait quelles autres versions existaient en dehors de ce CD.

En revanche tu as oublié de pointer vers la réédition à prix économique :
http://www.amazon.fr/Finta-Giardiniera-Wolfgang-Amadeus-Mozart/dp/B002QZPVBK/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=music&qid=1299153384&sr=8-1

bAlexb a écrit:

Un brin plus large que la version dvd, peut-être moins strictement vivante (mais animer Margiono ) mais incroyablement colorée et moins strictement dogmatique qu'on le dit trop souvent relativement à la pâte/patte d'Harnoncourt.

Comme (et peut-être plus encore que ?) pour son Re pastore que je mentionnais en début de topic, il y a quand même une option "baroqueuse" très très nette. Et qui, à mon sens, marche moins bien (en tout cas) avec cette Giardiniera à laquelle je trouve également qu'il manque un peu de vie. En revanche il est vrai que l'interprétation vocale est très belle.


Bon, sinon, là, je suis en train de regarder le DVD "M22" avec la mise en scène de Dörrie... je ne sais pas si je vais tenir très longtemps... je vais quand même essayer d'aller, au moins, au bout de l'acte I avant de poster plus en détails...

J'ai écouté en entier lundi ce dvd, et ce fut impossible d'arrêter.
Le texte d'abord, a priori c'est issu d'un texte de Cisteron "Le songe de Scipion", repris par le libretiste Métastase
et transcendé par le jeune Mozart.

En fait c'est un dilemme qui se pose à tous les hommes libres qui ont un peu réfléchi (et aux femmes aussi); quand on aborde la vie dans des bonnes conditions ( c'est évidemment une chance), on a le choix entre le plaisir du moment et construire sa vie en ne considérant le plaisir que comme partie mais pas essentiel.

Le texte vivifié par Mozart est intéressant à suivre, les deux choix sont La Constance (incarnée par Louise Fribo) et La Fortune (incarnée par Bernarda Bobro), les deux voix m'ont charmées tout à tour (c'est le but de l'exercice) et le quidam qui se trouve devant le choix , Scipione, est incarné par Blagoj Nacoski, une belle voix de baryton ou de ténor.

La mise en scène est bien construite, tendant à monter la permanence du choix lors des évenements de la vie, la difficulté de la décision et bien sûr tout cela se termine avec le bon choix.

L'image pour le dvd est excellente comme tous les dvd M22 (ils ont été tous filmés en haute définition "hd" et descendus en définition standart "sd" , le son stéréo est parfait (pcm), on regrette qu'il n'y ait pas un blu-ray (pas assez rentable) car le son serait bien mieux que le cd.

Mozart, pour moi, n'a pas fait d'opéras mineurs et son génie humaniste est présent dans ses oeuvres de jeunesse, la musique, quant à elle, est plus proche de Bach ou du baroque, elle est magnifique.

bAlexb a écrit:

aurele a écrit:

Mozart, Il Rè pastore, Harnoncourt, Concentus Musicus Wien, Sacca, Murray, Mei, Nielsen, Schäfer

J'adore, bravo ! Et notamment le parti-pris finalement assez violent qui consiste à sortir l'oeuvre de sa dimension de pastorale tout en demi-tons de pastels ! Orchestre énergique et parti-pris vocaux très assumés (Sacca qui n'a pas la voix de ténor la plus séduisante qui soit ; Murray, même si c'est un peu tardif ; et tu sais que j'ai des affinités très particulières avec Mei). Pour se pénétrer de la dimension volontairement sans concession d'Harnoncourt, comparer avec Marriner qui reste d'une joliesse que je trouve vite univoque. Mais la question aurait peut-être sa place dans un autre topic...
Je regrette que rien (ou si peu) ne circule de la version zurichoise de Christie, avec Villazon ; ce que j'en ai entendu pourrait bien réconcilier tous les contraires.

Harnoncourt comme dans Lucio Silla coupe dans les récitatifs. Ce n'est pas plus mal car c'est du recitativo secco assez répétitif et chiant. Sa direction est alerte et très agréable. Sacca s'en tire très bien sur le plan de la vocalisation et est à l'aise dans ce rôle qui n'est que pure démonstration vocale. Murray a des aigus pas très agréables mais les récitatifs accompagnés sont habités. Le duo du I avec Mei et "L'amerò saro costante" sont les deux moments dans lesquels elle m'a le plus convaincu. La vocalisation manque étonamment un peu de liberté. Mei est crédible en jeune pastourelle mais la voix est fadasse. Nielsen a un timbre très particulier, de caractère en tout cas, c'est une Tamiri satisfaisante mais guère marquante. Schäfer n'a pas une belle voix mais elle colle bien au rôle.

aurele a écrit:

Mei est crédible en jeune pastourelle mais la voix est fadasse.

C'est amusant mais autant je peux comprendre qu'on n'aime pas le timbre, le grain serré, etc. autant le terme "fadasse" ne me paraît pas pouvoir qualifier le timbre de Mei (il faut l'entendre dans "Gemme la tortorella" de la Finta où, à mon goût, et avec d'autres moyens, elle fait jeu égal avec Gruberova dans l'expression et, paradoxalement, la ligne pure et une espèce de nostalgie douce-amère : /watch?v=0qcdpxsFAN0).

bonjour à tous
s'il vous plait où puis-je parler de l'opera Lucio Silla de MOZART ?
une vraie découverte, les 15 premières minutes chantées sont sublimes.
j'ai une autre question : quel autre compositeur que Mozart était aussi surdoué, car pour réaliser un opera à 16 ans........
salutations Benoit

Il suffit de regarder dans l'Index de la partie Discographie :
https://classik.forumactif.com/t6976-index-discographique


Tu y trouveras une partie pour Mozart, avec dedans divers liens vers les oeuvres de Mozart qui ont un sujet discographique... et parmi eux : https://classik.forumactif.com/t4344-mozart-lucio-silla

hommepiano a écrit:

bonjour à tous
s'il vous plait où puis-je parler de l'opera Lucio Silla de MOZART ?
une vraie découverte, les 15 premières minutes chantées sont sublimes.
j'ai une autre question : quel autre compositeur que Mozart était aussi surdoué, car pour réaliser un opera à 16 ans........
salutations Benoit

Il en a fait plein d'autres avant. Mais à partir de Lucio Silla, ça devient vraiment très bon.

Côté précocité, outre Scriabine Jr qui est hors concours, il y a bien sûr Mendelssohn, qui a composé des chefs-d'œuvre très tôt : de beaux quatuors avec piano dès treize ans ; un bon opéra à quinze ; son premier quatuor – le n°2 –, déjà un bijou, à dix-huit ; et puis son formidable octuor à seize et l'Ouverture du Songe d'une Nuit d'Été, considérée par tous comme assez géniale… à dix-sept. Ça calme.

hommepiano a écrit:

bonjour à tous
s'il vous plait où puis-je parler de l'opera Lucio Silla de MOZART ?
une vraie découverte, les 15 premières minutes chantées sont sublimes.
j'ai une autre question : quel autre compositeur que Mozart était aussi surdoué, car pour réaliser un opera à 16 ans........
salutations Benoit

C'est un peu le pb que j'ai avec Lucio Silla, c'est surtout les 20 premières minutes que j'aime ^^.

Le reste est tout aussi formidable pourtant. Seulement, c'est le même type de formidable pendant trois heures. Je l'écoute par tranches en prenant la suite, sinon, effectivement, difficile d'arriver au bout.

Poly, tu oublies la rubrique générale: https://classik.forumactif.com/t2848-mozart-operas-peu-connus

Xavier a écrit:

Poly, tu oublies la rubrique générale: https://classik.forumactif.com/t2848-mozart-operas-peu-connus

Oui, mais vu que c'était pour parler de Lucio Silla, je me disais qu'il valait à la limite mieux en discuter dans la rubrique spécifique à cet opéra même en discographie...

Repêché du côté de l'Enlèvement :

bAlexb a écrit:

Montfort a écrit:

bAlexb a écrit:

Montfort a écrit:

sauf dans la cas de la Finta Giardinera, découverte à Vienne au Theater an der Wien - mais c'est l'oeuvre que je trouve peu intéressante.

Montfort

Et pourtant, quelques si belles feuilles ("Geme la tortorella", les deux finales, etc.) ; mais ça n'est pas le sujet, ici.

Je sais mon avis sur ce point est minoritaire...

Non pas du tout, dans le sens où je pense qu'on peut trouver des pages faibles chez n'importe quel compositeur ; et des oeuvres aussi, plus largement. Mais je pense qu'on (a) fait un mauvais sort à cette Finta qui recèle de vraies beautés, un authentique talent de "convention" (c'est à dire : que faire avec un cahier des charges pour le moins serré/contraignant), etc. Avec des chefs comme Östman, Harnoncourt ou Jacobs, justement (et, pour lui, avec le "sel de [sa] terre" qui tient dans le matériel instrumental retenu), il y a moyen d'y prendre un plaisir sincère. Avec des chutes de tension, parfois ; mais jamais avec de vrais tunnels, je crois.

J'ajoute cette version dvd (celui d'Östman se trouve-t-il commodément ?) somme toute très "complète" sur le fond et sur la forme (Gens, justement, qui s'offre presque en démonstration de ce que j'écrivais au sujet de la forme-carcan autant que tremplin, objectif dépassable/à dépasser) : http://www.amazon.fr/gp/product/B000I8OFL4?keywords=finta%20giardiniera%20deutsche%20grammophon&qid=1446736975&ref_=sr_1_1&sr=8-1 .

J'avoue : j'ai la flemme de ressortir la somme des Massin .
Quelqu'un sait à quel état de la partition correspond la version de Bastien avec récitatifs, enregistrée par René Clemencic ?

Jusque-là, je m'en étais tenu à la version Singspiel.

Mozart – La Betulia liberata – Piau, Forsythe, Iervolino, Pablo Bemsch, Di Pierro ; Les Talens Lyriques, Rousset (Aparté)

→ Seul oratorio achevé de Mozart, commandé pour Padoue (et manifestement jamais représenté sur place, ce titre étant lié dans les archives à l'œuvre d'un compositeur local), c'est l'œuvre d'un compositeur de 15 ans, sur un livret de Métastase, où Holopherne a la particularité d'être totalement absent – sa mort est rapportée par Judith elle-même dans un long récitatif accompagné par les cordes, à la façon du viol raté de Donna Anna. Seule incarnation du camp ennemi, son allié Achior, prisonnier impuissant qui se convertit au judaïsme deva

nt la puissance du Dieu hébraïque.

→ L'œuvre consiste uniquement en une suite de récitatifs et d'airs, quelques chœurs (peu marquants) mis à part ; à cette âge, on ne dispose pas encore du meilleur Mozart évidemment.

→ Je déplore que les Talens Lyriques mettent leur énergie (et leurs disques) au service d'une œuvre réellement mineure d'un compositeur-vedette, mais je dois admettre qu'ils en fournissent ce faisant de loin la meilleure version disponible au disque. L'Ouverture qu'ils colorent à la Gluck est tétanisante, tandis que la mobilité d'ensemble épargne l'ennui. Belle distribution également, en particulier Iervolino – Bemsch qui change de voyelle en cours de vocalisation et Di Pierro qui les hache rencontrent quelques limites dans les coloratures, mais déclament remarquablement. Dommage que la prise de son les mette très en avant, à l'ancienne – les chanteurs font plus de bruit dans un récitatif que l'orchestre entier dans l'Ouverture !

→ En effet, je n'ai pas écouté la version historique de Rossi ni la très tradi de Hager (mais je vois ce que c'est), et Gaigg (Orfeo Barockorchester) ou le très beau Favero (Oficina Musicum) ne sont pas aussi luxueusement aboutis.

→ C'est donc recommandé si vous souhaitez absolument écouter du seria de Mozart mineur mais bien servi.