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| Luigi Nono (1924-1990) | |
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Auteur | Message |
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/ Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Jeu 11 Avr 2019 - 22:03 | |
| C’est avec beaucoup d’appréhension que je me suis jetée sur La lontananza nostagica utopica futura (pour violon et bandes magnétiques, 1988) et “Hay que caminar” soñando (pour deux violons, 1989). Mes craintes étaient fondées. Autant le second je sens un potentiel : en persévérant (reste à savoir si je persévèrerai) il est possible que je puisse en saisir suffisamment les mystères pour que ça me plaise ; mais le premier, qu’est-ce que c’est pénible ! J’ai pas pu aller au bout... |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Ven 12 Avr 2019 - 23:30 | |
| - lulu a écrit:
- Par contre là je viens de voir que l’œuvre a été jouée à Leningrad en 1988 (donc avant Gielen et toute exécution européenne), dirigée par Jansug Khakhidze.
Moi qui n’avait pas osé dire qu’au début de l’œuvre j’ai instantanément pensé à la musique de Terterian... Terterian sans la continuité... Ah oui, tiens, je n'y avais jamais pensé (il faut dire que je n'ai de la musique de Terterian qu'une connaissance bien plus superficielle et bien plus récente que de celle de Nono - et en particulier de No hay caminos, hay que caminar... Andrei Tarkovskij), mais maintenant que tu le dis, ça me semble presque évident (surtout avec les 4ᵉ et 5ᵉ Symphonies, pour ce que je connais.) - lulu a écrit:
- C’est avec beaucoup d’appréhension que je me suis jetée sur La lontananza nostagica utopica futura (pour violon et bandes magnétiques, 1988) et “Hay que caminar” soñando (pour deux violons, 1989).
Je dois dire que je redoute pour ma part de les réécouter... J'ai le disque DG de Kremer et Grindenko - acheté à sa sortie, juste après la mort de Nono, écouté une fois et... bon, j'avais mis ça sur le compte de mon peu de goût pour le crincrin, mais apparemment il n'y a pas que ça. Depuis, je n'ai écouté qu'une fois “Hay que caminar” soñando: en concert, avec les deux violonistes qui se déplaçaient dans la salle; ça m'avait alors paru moins pénible que dans mon souvenir au disque - le problème, c'est que, coincé entre les deux autres Caminantes ( Tarkovskij et Ayacucho - le premier fascinant et hypnotique, le second d'une puissance d'impact incroyable), ça semblait vraiment de peu de substance. (C'était un concert à la Cité de la Musique en 1999, avec Pomàrico et la SWF.) |
| | | Mandryka Mélomaniaque
Nombre de messages : 928 Date d'inscription : 03/04/2010
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Sam 13 Avr 2019 - 15:18 | |
| - lulu a écrit:
- C’est avec beaucoup d’appréhension que je me suis jetée sur La lontananza nostagica utopica futura (pour violon et bandes magnétiques, 1988) et “Hay que caminar” soñando (pour deux violons, 1989). Mes craintes étaient fondées. Autant le second je sens un potentiel : en persévérant (reste à savoir si je persévèrerai) il est possible que je puisse en saisir suffisamment les mystères pour que ça me plaise ; mais le premier, qu’est-ce que c’est pénible ! J’ai pas pu aller au bout...
Je suis tombé amoureux à la première écoute de tous les derniers morceaux de Nono que j’ai jamais entendus! C’est mon rêve de voir un live de Prometeo! Comme on dit en franglais, pour ces morceaux il faut chillaxer. Go with the flow. En ce qui concerne le Hay que caminar, j’adore ce vidéo sur YouTube, l’église est parfaite, même le bruit des voitures dehors! Lien retiré |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91592 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Sam 13 Avr 2019 - 15:19 | |
| Je ne sais pas qui a mis ça en ligne, mais ce n'est absolument pas libre de droits, il faut retirer le lien. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Sam 13 Avr 2019 - 16:51 | |
| - Mandryka a écrit:
- C’est mon rêve de voir un live de Prometeo!
Une de mes plus stupéfiantes expériences de concert. (Ça avait été donné en décembre 2015 à la Philharmonie de Paris.) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 14 Avr 2019 - 1:59 | |
| Suite aux échanges de ces derniers jours, réécouté trois fois ces deux derniers jours: • A Carlo Scarpa, architetto, ai suoi infiniti possibili (1984-85) pour orchestre à microintervallesMichael Gielen / Sinfonieorchester des Südwestfunks En public, Bischheim, IX.1989 Astrée / AuvidisC’est un de mes tout premiers disques de musique contemporaine (acheté à sa sortie: j’avais 16 ans, et Nono était toujours en vie), et probablement un de ceux que j’aurais le plus réécoutés - et je trouve cette œuvre toujours aussi belle, toujours aussi bouleversante. Après ce qu’en a dit lulu l’autre jour: - Citation :
- À côté, A Carlo Scarpa (1984) parait isolée dans son emploi de l’orchestre, qui contraste d’ailleurs avec le dénument du résultat. Ça parait presque provocant de faire ça avec un orchestre symphonique. Ici deux notes se voient dissoutes en d’infimes variations microtonales et de timbres pour devenir des espaces sonores incertains et fragmentaires.
je suis en effet frappé par la singularité de A Carlo Scarpa. En effet, c’est d’un dénuement assez radical - et pourtant à l’écoute, ça paraît aussi d’une incroyable richesse: l’espèce de trame de microintervalles tissée par les cordes (tantôt densément grenue, tantôt distendue et comme effilochée) et ces infimes surgissements de timbres très typés (ces unissons de vents dont la sonorité semble comme abrasée, ces percussions éruptives où l’on sent avec intensité la matérialité du bois, de la peau, de l’étoupe...) Pour reprendre la référence de darkmagus à des équivalents visuels cela me fait penser certaines œuvres d’ Arte povera, où l’on croit ne discerner qu’un lambeau de toile de jute déchiré mais dont la contemplation fait surgir du moindre pli, de la moindre tache, du moindre accident de la trame comme une espèce d’épiphanie matérielle où semble se déployer la sensation incertaine et vague, mais vertigineuse et presque tragique, d’un «infini possible»... |
| | | Mandryka Mélomaniaque
Nombre de messages : 928 Date d'inscription : 03/04/2010
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 14 Avr 2019 - 15:28 | |
| - Benedictus a écrit:
- Mandryka a écrit:
- C’est mon rêve de voir un live de Prometeo!
Une de mes plus stupéfiantes expériences de concert. (Ça avait été donné en décembre 2015 à la Philharmonie de Paris.)
Ah oui, je m'en souviens, mais je l'ai raté malheureusement. Et après il y avait un autre que j'at raté aussi à Amsterdam. En fait je préfère les dernières musiques de Nono que ses premières oeuvres. |
| | | Mandryka Mélomaniaque
Nombre de messages : 928 Date d'inscription : 03/04/2010
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 14 Avr 2019 - 15:34 | |
| - Xavier a écrit:
- Je ne sais pas qui a mis ça en ligne, mais ce n'est absolument pas libre de droits, il faut retirer le lien.
Désolé pour ça! |
| | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6084 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 14 Avr 2019 - 16:39 | |
| - Benedictus a écrit:
- Suite aux échanges de ces derniers jours, réécouté trois fois ces deux derniers jours:
[/url] • A Carlo Scarpa, architetto, ai suoi infiniti possibili (1984-85) pour orchestre à microintervalles Michael Gielen / Sinfonieorchester des Südwestfunks En public, Bischheim, IX.1989 Astrée / Auvidis ... Pour reprendre la référence de darkmagus à des équivalents visuels cela me fait penser certaines œuvres d’Arte povera, où l’on croit ne discerner qu’un lambeau de toile de jute déchiré mais dont la contemplation fait surgir du moindre pli, de la moindre tache, du moindre accident de la trame comme une espèce d’épiphanie matérielle où semble se déployer la sensation incertaine et vague, mais vertigineuse et presque tragique, d’un «infini possible»...
Carlo Scarpa et l' Arte Povera, pas tout à fait évident ... Par contre, le jeu sur les textures, matières, fluidité et accidents, éclats de lumière, certainement. Quels pouvaient être les équivalents visuels de Luigi Nono en composant cet hommage ? Mais je comprends bien que cette composition n'entende pas être descriptive de l'œuvre de Scarpa |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 14 Avr 2019 - 17:06 | |
| - xoph a écrit:
- Carlo Scarpa et l'Arte Povera, pas tout à fait évident ... Par contre, le jeu sur les textures, matières, fluidité et accidents, éclats de lumière, certainement. Quels pouvaient être les équivalents visuels de Luigi Nono en composant cet hommage ? Mais je comprends bien que cette composition n'entende pas être descriptive de l'œuvre de Scarpa
Oui, il y a pour moi comme un hiatus entre les tendances géométrisantes et monumentalistes de l'œuvre de Scarpa et le travail musical de Nono. |
| | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6084 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 14 Avr 2019 - 17:35 | |
| C'est pas tout à fait le lieu, mais je qualifierais pas Scarpa comme ça, à t'entendre on penserait plutôt à Giuseppe Terragni (très grand architecte lui aussi) et au rationalisme italien ... Assez loin des objets énigmatiques de Scarpa et du jeu tout en raffinement de son œuvre, définitivement singulière. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 14 Avr 2019 - 17:59 | |
| Bien sûr: je ne prétendais réduire à ces caractéristiques l'œuvre de Scarpa - je ne parlais que de tendances, et seulement de celles qui, dans son œuvre, semblent étrangères à l'univers sonore de l'hommage de Nono (mais oui, le raffinement des textures, les miroitements d'eau et de lumière, les espaces énigmatiques, qui comptent encore davantage, permettent en revanche de rendre compte de la solidarité entre les deux artistes.) |
| | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6084 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 14 Avr 2019 - 18:12 | |
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| | | alej Néophyte
Nombre de messages : 1 Date d'inscription : 07/10/2019
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Lun 7 Oct 2019 - 12:52 | |
| Comme ce n'est quand même pas très courant, pour info en 2019/2020... Intolleranza 1960 à Berne, à la Scala et peut-être au festival de Salzbourg Al gran sole carico d'amore à Bâle et à Mayence P.S. J'avais d'abord mis les liens mais je n'ai pas le droit |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 10 Nov 2019 - 12:33 | |
| À propos de Kakhidze, il n’a pas seulement dirigé No hay caminos, hay que caminar…..Andrej Tarkowskij en 1988 à Leningrad (vraisemblablement la deuxième exécution de l’œuvre après Takaseki au Japon), mais chose que j’ignorais a également assuré la création de Caminantes…..Ayacucho en 1987... avec le philharmonique de Munich et le chœur de la radio bavaroise (et l’électronique de Freiburg bien entendu). Je me trompe peut-être mais ça me semble tout à fait unique que le chef numéro un d’une république soviétique se déplace à l’ouest pour créer l’œuvre d’un compositeur occidental.
Pour ce qui est de Caminantes…..Ayacucho, j’ai trouvé trois enregistrements discographiques : Metzmacher chez RZ (je n’ai pas trouvé la date, mais au plus tard 1995), Abbado (1995) chez Musicom et enfin Pomàrico (2004) chez Kairos. Vous en connaissez d’autres ? |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 10 Nov 2019 - 12:57 | |
| C'est intéressant, cette histoire de Kakhidzé, parce que ça peut aussi permettre de par quel biais Kantcheli a dédié une de ses œuvres à Nono - alors qu'esthétiquement, ce sont deux univers vraiment sans rapport (me semble-t-il, du moins.) Apparemment, Nono avait noué pas mal de liens à l'Est dans ses dernières années (qui étaient aussi celles de l'URSS): par exemple, c'est aussi Sofia Goubaïdoulina qui réalise à Fribourg-en-Brisgau la version finale de la bande utilisée pour La lontananza...
Sinon, le site de la Fondation Nono n'indique que cette version Abbado (mais bizarrement en omettant de mentionner Abbado dans le cartouche): http://www.luiginono.it/opere/1-caminantes-ayacucho/#tab-id-7 Et pour ma part, je ne connais au disque que la version Pomàrico.
Dernière édition par Benedictus le Mer 21 Avr 2021 - 17:09, édité 1 fois |
| | | Mandryka Mélomaniaque
Nombre de messages : 928 Date d'inscription : 03/04/2010
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 10 Nov 2019 - 19:15 | |
| - lulu a écrit:
Pour ce qui est de Caminantes…..Ayacucho, j’ai trouvé trois enregistrements discographiques : Metzmacher chez RZ (je n’ai pas trouvé la date, mais au plus tard 1995), Abbado (1995) chez Musicom et enfin Pomàrico (2004) chez Kairos. Vous en connaissez d’autres ? J'ai un enregistrement d'Emilio Romarico, je ne sais pas comment je l'ai, mais c'est sur mon disque dur, et la qualité sonore n'est pas mal du tout. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 24 Nov 2019 - 21:17 | |
| - En Playlist, lulu a écrit:
- Luigi Nono : Fragmente – Stille, An Diotima per quartetto d’archi (1979–80)
Minguet-Quartett Ça existe en disque, ça? Je dois avouer que depuis que j'ai découvert cette œuvre à 16 ans dans la versions des LaSalle, je ne suis jamais allé voir ailleurs (même si les Diotima me tentent bien.) |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 24 Nov 2019 - 21:21 | |
| Non, c’est un enregistrement radio que j’ai trouvé, ça date de 2014. J’essaie toujours de pénétrer cette œuvre, alors pourquoi pas varier... Mais il me faudra encore persévérer, encore que je commence à m’y faire avec le temps...
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| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 28 Juin 2020 - 17:57 | |
| - En Playlist, gluckhand a écrit:
Très belles oeuvres et très beau disque.Il n'est pas sûr que nous entendions l'oeuvre de Luigi Nono - La Lontananza Nostalgica Utopica, comme il eut voulu que nous la ressentions,non pas comme un ensemble, mais plutôt des pistes qui se croisent et s'entrecroisent, mais enfin le génie de Nono est là, sous nos oreilles et ces oeuvres n'ont pas pris une seule ride. Pour en savoir plus / Bruno Maderna - Heinz Holliger - Luigi Nono, La Lontananza ... Ça me semble surtout vrai de «Hay que caminar», soñando, qui prévoit en effet que les deux violonistes se déplacent dans la salle, au milieu des spectateurs. Je l'avais effectivement entendu dans cette configuration-là à la Cité de la Musique, en octobre 1999, dans le cadre d'un concert qui donnait l'ensemble du cycle des Caminantes (avec l'orchestre de la SWR dirigé par Emilio Pomàrico et l'Experimentalstudio de Freiburg sous la régie d'André Richard.) Je dois dire que j'en garde des impressions relativement mitigées: d'un côté, le fonctionnement de cet itinéraire spatial dialogué y gagne beaucoup d'intelligibilité et même une sorte d'évidence, là où le disque ne donne effectivement que la superposition de deux lignes de violon un peu écrasées l'une sur l'autre; en revanche, l'œuvre ne m'est pas apparue comme une des meilleures de Nono - en tout cas elle faisait presque l'effet d'un jeu anodin entre les deux pièces qui l'encadraient (qui compte, il est vrai, parmi les plus impressionnantes du Nono tardifs, et que j'adore): No hay caminos hay que caminar... Andrej Trakovskij, avec ses groupes instrumentaux dispersés et son discours à la fois abrupt et fragmenté (ces grands accord verticaux qui s'effilochent dans le silence...) et Caminantes... Ayacucho avec ses effectifs impressionnants (solistes, double chœur, grand orchestre par groupes) diffracté par l'électronique live, un peu comme une version véhémente et frontale (parce que plus «politique»?) de Prometeo. En revanche, La lontananza nostalgica utopica futura (pas écoutée depuis très longtemps, il est vrai - depuis la sortie du disque, en fait...), je n'arrive à l'entendre ni comme un faisceau de pistes qui se croisent et s'entrecroisent, ni comme un ensemble, mais plutôt comme une sorte de pur déploiement spatial - l'impression d'un espace sonore virtuel (ne serait-ce que du fait de la bande magnétique) qui ne cesse de s'ouvrir sur de nouvelles perspectives, avec quelque chose déceptif: ces espaces qui s'ouvrent paraissent de plus en plus lointains, hypothétiques, tremblés, aux limites de la perception, semblant dans le même mouvement héler l'auditeur et se refuser à lui, dans leur distance même. EDIT: Je m'aperçois d'ailleurs que nous en avions déjà parlé un peu plus haut avec lulu. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Ven 16 Avr 2021 - 22:22 | |
| • Momento, Romance de la guardia civil española (Epitaffio per Federico García Lorca n°3) (1952-1953) pour récitante, chœur parlé et orchestreChrista Ludwig (voix), Bruno Maderna / Sinfonieorchester und Chor des Norddeutschen Rundfunks En public, Hambourg, II.1953Composizione per orchestra (1951)²Bruno Maderna / Sinfonieorchester des Norddeutschen Rundfunks En public, Hambourg, II.1952España en el corazon (Epitaffio per Federico García Lorca) (1951-1952), trois études pour soprano, baryton, chœur parlé et instruments³Lidia Marimpietri (soprano), Mario Borriello (baryton), Bruno Maderna / Orchestra Sinfonica di Roma della RAI, Coro di Roma della RAI / Nino Antonellini En public, Rome, I.1961Composizione per orchestra n°2 (Diaro Polacco ’58) (1959)⁴Bruno Maderna / Orchestra Sinfonica di Roma della RAIEn public, Venise, 10.I.1959 Arkadia Enfin trouvé ce disque - et enfin découvert ces quatre œuvres de Nono: les trois premières, c’est vraiment le premier Nono, pré- canto sospeso, très, très schoenbergien (avec cette véhémence des grandes œuvres politiques - et une Christa Ludwig très surprenante dans cet emploi!) Je tâcherai (mais je voudrais réécouter Il canto sospeso avant cela.) La Composizione n°2 fait partie de ces œuvres de transition vers le langage plus «pointilliste» des années 60-70 (ce qui est assez surprenant, c’est l’espèce de dichotomie entre les percussions et le reste de l’orchestre; en fait, on dirait que ça fonctionne comme les œuvres de Nono pour chœurs et petits ensembles instrumentaux solistes avec les cuivres, les cordes et les bois dans le rôle des voix - soit l’élément encore «linéaire» - et les percussions dans le rôle des instruments - l’espèce de «ponctuation éruptive.») (Pas encore écouté l’enregistrement munichois de Per Bastiana - Tai-Yang Cheng.) |
| | | / Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Sam 17 Avr 2021 - 2:34 | |
| pff, même moi je n’ai pas les Epitaffi 1 et 3 par Maderna... (le cycle des trois Epitaffi fait partie des mes œuvres préférées) le problème, c’est que maintenant tu vas aussi devoir trouver celui-ci : como una ola de fuerza y luz (1971/72) Ursula Reinhardt-Kiss (soprano), Giuseppe La Licata (piano) / RSO Leipzig (Herbert Kegel) juillet 1976Epitaffio no. 1 (1951) Epitaffio no. 3 (1952–53) Roswitha Trexler (soprano), Werner Haseleu (baryton) / Rundfunkchor & RSO Leipzig (Horst Neumann) janvier 1977 |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Sam 17 Avr 2021 - 11:54 | |
| Celui-là, d'occase, il est facilement trouvable, mais un peu cher (mais, oui, il est sur ma liste.) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Mer 21 Avr 2021 - 14:20 | |
| • Prometeo (1981-84) Tragedia dell’ascolto, pour solistes vocaux et instrumentaux, chœur, orchestre et électronique liveLivia Rado, Alda Caiello (sopranos), Katarzyna Otczyk, Silvia Regazzo (contraltos), Marco Rencinai (ténor); Sergio Basile, Manuela Mandracchia (récitants); Alvise Vidolin, Nicola Bernardini (électronique live); Ensemble Prometeo: Giulio Francesconi (flûte), Roberto Gottardi (clarinette), Valentino Spaggiari (tuba), Gabriele Croci (alto), Claude Hauri (violoncelle), Emiliano Amadori (contrebasse); Marco Angius, Caterina Centofante / Filarmonica Arturo Toscanini, Coro del Teatro Regio di Parma / Martino Faggiani; Francesco Migliarini, Nicolò Valente (cloches de verre) Parme, III.2017 StradivariusJe viens d’écouter cet enregistrement récent et je dois dire que je le trouve vraiment très bon. Certes, pour une œuvre comme celle-ci, le disque sera toujours forcément très en-deçà de l’expérience en salle; cependant, je trouve que celui-ci est probablement celui qui rend le mieux justice à Prometeo. Non seulement mieux que le disque Metzmacher qui souffrait d’une prise de son très médiocre (typiquement EMI-90s: ça sonnait lointain, gris, cotonneux - et tout sur le même plan, ce qui, dans une œuvre comme celle-ci, est particulièrement rédhibitoire), mais aussi préférable, pour mon goût, à l’enregistrement Ryan chez Col legno: ce dernier reste un très bon enregistrement, mais, en le réécoutant après le concert de décembre 2015 à la Philharmonie, je m’étais aperçu que certains de ses parti-pris (en gros: un son avec beaucoup de présence et des dynamiques globalement assez soutenues, les voix très en avant façon opéra, les parties instrumentales par blocs compacts à l’arrière, des effets de spatialisation très marqués) allaient un peu à rebours des aspects de l’œuvre qui m’avaient le plus émerveillé. Ici, à l’inverse, les voix solistes sont moins uniment au premier plan, le chœur un peu plus lointain, les timbres instrumentaux plus définis et plus aérés (en particulier l’ensemble soliste), les dynamiques basses mieux respectées mais toujours audibles - bref, on entend beaucoup plus une sorte de tissu polyphonique avec de belles transparences, qui joue moins sur l’impact direct du son et exalte davantage la variété et la finesse des textures des vents solistes et l’espèce de poésie un peu «flottante» du matériau vocal. Dans les parties qui font surtout appel aux voix, solistes ou chœur, a cappella ou avec l’ensemble soliste (c’est-à-dire: dans la Deuxième Île, la partie «Io» de Io-Prometeo et Hölderlin; le premier Interlude; les deux Tre voci, a et b; les Troisième et Quatrième Île), ça donne vraiment une belle idée de l’espèce d’austérité hypnotique et éthérée de cette musique; et les parties qui mobilisent les quatre groupes orchestraux (que j’aime un peu moins - disons que dans ce genre-là, je trouve que Nono a fait mieux, avant et après) sonnent avec moins de brutalité et plus de nuances timbrales qu’à l’ordinaire. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Mer 21 Avr 2021 - 15:30 | |
| • Io, frammento dal Prometeo (1981) pour trois sopranos, petit chœur, flûte basse, clarinette contrebasse et électronique liveAndré Richard / Katia Plaschka (soprano léger), Petra Hoffmann, Monika Bair-Ivenz (sopranos), Roberto Fabbriciani (flûte basse), Ciro Scarponi (clarinette contrebasse), Solistenchor Freiburg, EXPERIMENTALSTUDIO der Heinrich-Strobel-Stiftung des Südwestrundfunks, Freiburg En public, Salzbourg, VIII.2001 Col legnoDans la foulée, je viens d’écouter (et de découvrir) cette œuvre, qui est non pas un extrait de Prometeo, mais la première esquisse achevée de ce qui était alors encore un work in progress. En fait, dans la version finale de Prometeo, seuls quelques lambeaux de cette Io de 1981 (où le montage textuel de Massimo Cacciari met en miroir des fragments d’Eschyle et de Hölderlin) seront repris dans la Deuxième Île: - certain des fragments d’Eschyle dans la partie (a) Io-Prometeo, combinés (tantôt en dialogue antiphoné, tantôt juxtaposés en contrepoint) à une version de la prophétie de Prométhée réécrite de façon plus massive-frontale pour ténor solo, chœur, cordes solistes et orchestre divisé; - les fragments du Schicksalslied de Hölderlin dans la partie (b) Hölderlin. (Je parle à dessein de «lambeaux», puisque dans le Prometeo de 1983-84 les deux parties (a) et (b) de la Deuxième Île durent moins de 25 minutes, alors que l’ Io de 1981 dure plus de 72 minutes.) Ce que l’on entend ici est donc une sorte de grand déploiement du matériau que je préfère dans le Prometeo: à la fois les parties chorales (tantôt sèchement déclamatoires avec des intonations quasi-grégoriennes, tantôt proliférantes, tantôt suspendues), les lignes des sopranos solistes «madrigalesques» flottant dans l’extrême aigu, les bruissement de flûte basse et de clarinette contrebasse (tantôt grains tubulaires, tantôt pures vibrations d’anches), dans un jeu flottant de tuilages, d’échos et de répons aux focales et aux textures sans cesse déplacées, amplifiées, recombinées par l’électronique live - autrement dit, vraiment ce versant «poétique» que seul son austérité empêche de qualifier de «planant.» Émerveillement de bout en bout, pour ma part! Et je recommande beaucoup à David: c’est un peu un développement de «ce-qu’il-aime-dans- Prometeo» - là où la Prometeo-Suite 1992 (enregistrée par Abbado dans son disque thématique sur le mythe de Prométhée) n’en était qu’un condensé. Matériau sonore et captation extraordinaires de transparence et de finesse. (Je n’ai pas encore écouté le version de Das atmende Klarsein qui complète ce double CD, et captée lors des mêmes sessions salzbourgeoises de 2001 - mais j’ai déjà écouté cette œuvre dans les versions d’Eva Furrer et Rupert Huber - live à Salzbourg en 1993 chez Col legno et en studio à Stuttgart chez Hänssler.) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Jeu 22 Avr 2021 - 0:19 | |
| C'est noté pour ces deux disques, merci ! |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7936 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Mar 30 Avr 2024 - 1:26 | |
| Je finis d'écouter Como una ola de fuerza y luz : impossible de décrocher, quelque chose d'important passe en permanence dans cette musique (on pourrait parler d'expressionnisme si ce n'était pas déjà pris)... (Edit : je précise qu'il faut attendre 6:33 pour que ça commence vraiment — à mon sens, et pour l'instant...) Aucune baisse de tension avec .....sofferte onde serene... : la grande courbe et le drame sont absents, mais le langage me parle encore plus directement — et comme j'avais aussi beaucoup aimé Il canto sospeso (même sans les textes : cette musique me donne une impression de grande honnêteté, je ne saurais pas dire mieux pour le moment), il est possible que je sois plutôt réceptif à Nono... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Mar 30 Avr 2024 - 9:37 | |
| - Golisande a écrit:
- Je finis d'écouter Como una ola de fuerza y luz : impossible de décrocher, quelque chose d'important passe en permanence dans cette musique (on pourrait parler d'expressionnisme si ce n'était pas déjà pris)...
Oui, dans le Nono pour voix solistes et orchestre, clairement le plus expansif / persuasif, nettement plus que le « tube » Al gran sole carico d'amore, pour moi. (Sinon, le sommet de Nono pour moi, ce sont les chœurs de Prometeo, évidemment. ) |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7936 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Mar 30 Avr 2024 - 10:10 | |
| Les opéras, je n'ai pas encore le courage... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Mar 30 Avr 2024 - 10:25 | |
| Opéra, ce n'est vraiment pas le mot. C'est vraiment proche de Como una ola, une très vaste cantate, une sorte d'oratorio poétique un peu abstrait. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7936 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Mar 30 Avr 2024 - 10:48 | |
| Disons que c'est la durée et le fait de devoir suivre les textes qui me refroidissent un peu – comme dans pas mal d'autres cas du reste... Je tenterais bien Prometeo tout de même, mais pour la raison susmentionnée je me demande par lequel des deux derniers disques commentés par Benedictus un peu plus haut il vaudrait mieux que j'attaque (l'intégrale ou Io, voire la Prometeo-Suite...). |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7936 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Sam 8 Juin 2024 - 13:42 | |
| Pour la troisième fois hier soir : J'imagine bien qu'assister à une "représentation" de cette œuvre (il ne s'agit effectivement en aucun cas d'un opéra au sens traditionnel) doit avoir un impact beaucoup plus puissant qu'une écoute au casque même immersive, mais ayant eu une sorte de crush pour ce que j'avais entendu de Nono auparavant j'ai eu envie de me confronter sérieusement à ce monstre — et j'ai bien fait de m'accrocher car je commence à vraiment y entrer (même si, après trois écoutes intégrales d'une traite, j'envisage maintenant des écoutes plus partielles – notamment Isola Prima qui résiste toujours largement –, et peut-être aussi en commençant pas la fin pour éviter l'effet de saturation lié à la densité et à la durée...). Je suis assez peu familier de cette génération de compositeurs, mais en l'occurrence le caractère à première vu "daté" de certains aspects (notamment le traitement des voix solistes) qui renvoie encore un peu aux "tics" de l'école de Darmstadt (grands intervalles, sorte d'histrionisme ultra-sérieux etc.) — davantage que dans Como una ola de fuerza y luz, mais aussi plus que dans ce que j'ai pu entendre de cette époque relativement tardive chez Boulez et Stockhausen (comme si en un sens Nono était resté plus fidèle à cet esprit) — n'est non seulement pas un obstacle, mais même un argument positif : j'aime énormément cette intransigeance, qui contrairement à tant d'œuvres qui ont l'air de rechercher la singularité au moyen de procédés plus ou moins plaqués, produit ici un véritable effet d'étrangeté (l'impression de voyager dans des paysages non seulement fascinants mais d'une grande diversité d'une section à l'autre), précisément parce qu'elle semble procéder d'une nécessité profonde et non d'une posture quelconque (ce qui ne me paraît pas si courant à vrai dire, mais peut-être n'étais-je pas bien "tombé" jusqu'à présent...). Plus basiquement, j'aime à la fois l'effet combiné de densité et de raréfaction du matériau (on devine le gigantesque travail de composition à la hauteur d'un projet carrément existentiel, consistant à englober l'ensemble du mythe de Prométhée dans un geste concentré dont une large part est en creux — comme en attestent les grands pans de texte présents dans le livret mais dont aucun mot n'est chanté, ou d'autres ânonnés par le chœur de façon tellement disséminée et distendue qu'il est presque impossible de les repérer avec le texte sous les yeux), et l'absence totale d'agressivité qui en résulte : malgré sa radicalité (mais peut-être aussi en raison de celle-ci, parce qu'elle est nécessaire et sincère) cette musique me fait l'effet de s'adresser à mes oreilles avec égards et bienveillance, en chuchotant presque et sans bavardages inutiles... Il est encore trop tôt pour savoir s'il s'agit d'un véritable coup de foudre, mais c'est à coup sûr une découverte importante pour moi. |
| | | bambou Mélomane averti
Nombre de messages : 482 Date d'inscription : 19/03/2023
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Sam 8 Juin 2024 - 21:40 | |
| C'est la version de 2017? Je suppose que la qualité de la prise de son doit être crucial pour la perception de l'œuvre. |
| | | Songeur Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2271 Age : 15 Localisation : Paris Date d'inscription : 17/04/2024
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Sam 8 Juin 2024 - 22:01 | |
| Le disque est-il disponible sur YouTube (je ne l’ai pas trouvé) ? |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7936 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Sam 8 Juin 2024 - 22:45 | |
| - bambou a écrit:
- C'est la version de 2017?
Je suppose que la qualité de la prise de son doit être crucial pour la perception de l'œuvre. Tout à fait. - Songeur a écrit:
- Le disque est-il disponible sur YouTube (je ne l’ai pas trouvé) ?
Je n’ai pas l’impression; en revanche j’ai vu qu’il y avait ça, je me demande si je ne vais pas tenter… |
| | | Songeur Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2271 Age : 15 Localisation : Paris Date d'inscription : 17/04/2024
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Sam 8 Juin 2024 - 23:04 | |
| - Golisande a écrit:
- Songeur a écrit:
- Le disque est-il disponible sur YouTube (je ne l’ai pas trouvé) ?
Je n’ai pas l’impression; en revanche j’ai vu qu’il y avait ça, je me demande si je ne vais pas tenter… J’ai regardé le début, et j’ai été assez étonné qu’ils jouent au milieu des tracteurs dans une sorte de grange l'une des oeuvres les plus ambitieuses jamais écrites. Sinon, musicalement, ça a l’aire vraiment bien, mais il est toujours difficile sur ce genre d’œuvre monumentale de juger d'une interprétation (comme pour les créations les plus titanesques de Penderecki). |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7936 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 9 Juin 2024 - 2:12 | |
| Je viens de le visionner en entier : le son est ce qu'il est (bruit de fond intense, bruits parasites...), mais quel trip tout de même... J'y reviendrai. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7936 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Dim 9 Juin 2024 - 9:53 | |
| Extrait de ce passionnant article : - Spoiler:
Avec Fragmente-Stille, an Diotima, d’après Hölderlin, et surtout Prometeo, créé en l’église San Lorenzo de Venise en 1984, mais dont le projet remonte à 1975, Nono développe une critique radicale de la réduction de l’essence musicale à l’acte de voir. Prometeo, vaste synthèse de mythes et de sons ne nécessitant ni costumes, ni décors, ne mettant en scène aucun personnage et n’impliquant aucune représentation, sinon musicale, révèle les fondements d’une autre dramaturgie et d’une « tragédie de l’écoute ». Au XVIIIe siècle, alors que la rationalisation politique développait des techniques de pouvoir destinées à diriger les individus de manière continue, l’édification des théâtres d’opéra aliénait l’esprit dionysiaque de la musique dans le rite social, en fonction des objectifs du gouvernement et de l’État naissant. Y sévissait une disposition réduite à une frontalité, où l’auditeur devait avoir la possibilité de voir le chanteur, le soliste et surtout le chef, ultime démiurge. Selon Nono, architecture et sociologie confirmaient donc cette tendance à la traduction du son en images, à travers le « fer à cheval » du théâtre lyrique. L’espace, organisé aux fins de détourner l’écoute, révélait à l’évidence comment notre civilisation instaurait la domination de la vision. « L’unification de l’écoute spatiale et musicale est le résultat de l’utilisation unidirectionnelle, unidimensionnelle de la géométrie, aggravée dans le cas particulier par les possibilités de réverbération. Avec la concentration de l’expérience musicale dans les théâtres et les salles de concert, ce qui disparaît irrémédiablement est la spatialité propre à des lieux où s’entremêlent dans un continuel bouleversement des géométries innombrables. Que l’on songe seulement à la basilique Saint-Marc ou à Notre-Dame. » Simultanément, et analogiquement, le retour à la classification des modes, selon l’identification platonicienne des éthoi, aboutissait dans les écrits et l’œuvre de Rameau aux catégories du triomphant, du furieux ou du plaintif… L’unification des sons dans les catégories, ou univocité des sens d’écoute, et l’unification de la salle de concert exprimaient une même rationalisation de l’espace acoustique et architectural. Ainsi, oublieux du merveilleux, les musiciens usèrent, consumèrent l’écoute à l’intérieur de sa détermination musicale, la soumirent à une image, antécédent ou intermédiaire consubstantiel et garant de la vérité de la perception auditive, dans le cadre d’un discours idéologique, littéraire, voire religieux. Celui qui écoute en a la « vision ». Dans Prometeo, Das atmende Klarsein, ou* Io, frammento dal Prometeo, fondés sur la scala enigmatica de Giuseppe Verdi dans l’Ave Maria des Quattro pezzi sacri* (avant que Nono ne réduise les hauteurs à deux notes, dans A Carlo Scarpa, architetto, ai suoi infiniti possibili, ou à l’aura d’une seule, dans « No hay caminos, hay que caminar… » Andrei Tarkowskij), l’écoute est l’enjeu d’une connaissance : « Savoir écouter », écrit Nono. « Même le silence », même « ce qui ne se peut écouter ». Ce silence est un lien. Le musicien donne à l’entendre, car l’écoute a besoin du plus profond silence pour recueillir le son, unique, fragile et non reproductible, pour ne pas le confondre avec un autre. Là, les sons, à peine effleurés, sinon abandonnés, ne sont liés que par leur pure appartenance au monde du silence, investis de la responsabilité d’introduire au néant. Par cette écoute, en soi, entre les musiciens, dans l’espace, suivant l’enseignement des Gabrieli ou des polyphonistes espagnols, à travers les transformations et les mondes infinis de Giordano Bruno dont Nono s’inspire dans Caminantes…Ayacucho, l’auditeur atteint la concentration du phénomène de l’écoute sur la base d’une perception effective et réduite. Ce qui est livré à notre attention, c’est l’écoute en soi, dans son essence, en deçà même de son ouverture aux sentiments et à la mémoire. Dans l’œuvre de Nono, les nuances extrêmes, jusqu’à ppppppp, aux confins du silence résistant au bavardage, rendant confuse la distinction des timbres (comme dans l’*Omaggio a György Kurtág*) et accroissant l’entente, nous incitent alors à tendre l’oreille, à une « écoute ententive ». Sans cette écoute, nul être-avec, nulle réelle appartenance à l’Autre.
Laurent Feneyrou.
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| | | DerivedRelations Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 45 Date d'inscription : 29/05/2024
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Mar 11 Juin 2024 - 11:59 | |
| Tiens, ce matin, j'ai écouté Il canto sospeso, ça a quand même pas mal d'allure. |
| | | bambou Mélomane averti
Nombre de messages : 482 Date d'inscription : 19/03/2023
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Mar 11 Juin 2024 - 13:30 | |
| Oui, c'est génial aussi (plus je découvre ses oeuvres, plus je pense que Nono est mon compositeur post WWII préféré, au moins) |
| | | Songeur Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2271 Age : 15 Localisation : Paris Date d'inscription : 17/04/2024
| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) Mar 11 Juin 2024 - 13:44 | |
| - bambou a écrit:
- Oui, c'est génial aussi (plus je découvre ses oeuvres, plus je pense que Nono est mon compositeur post WWII préféré, au moins)
Je n’irai pas jusque là (il faut dire qu’il a de la concurrence), mais après une seconde écoute de Prometeo, je peux aussi dire qu’il s’agit d’un de mes compositeurs (italiens, derrière Verdi et Puccini ) préférés. |
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| Sujet: Re: Luigi Nono (1924-1990) | |
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| | | | Luigi Nono (1924-1990) | |
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