Cité de la musique - Wagner, Scriabine/Tabachnik 25/09/10

Je me permets de répondre et j'en profite pour me présenter sur ce forum (après plusieurs mois de lecture attentive des nombreux sujets passionnants qu'on trouve ici !).

Juste pour signaler que pour le concert Wagner/Scriabine de demain (samedi 25) à la Cité de la musique, le ténor Torsten Kerl est annoncé "souffrant" et sera remplacé par Richard Decker, programme inchangé, selon un mail reçu aujourd'hui de la Cité de la musique.

Je suis un peu déçu, j'attendais de découvrir Torsten Kerl sachant qu'il est annoncé - sauf erreur de ma part ? - comme le Siegfried du printemps 2011 à l'Opéra Bastille. Je n'ai jamais entendu parler de Decker, j'espère qu'on n'y perdra pas trop...

Je connais Decker de nom seulement, on verra si c'est bien.
Pas grave pour Kerl, on l'entendra effectivement à Bastille prochainement.

De toute façon, l'essentiel c'est le Poème de l'extase par Tabachnik!

Et au passage, bienvenue à toi.


Un entretien avec Tabachnik ici: http://www.altamusica.com/entretiens/document.php?action=MoreDocument&DocRef=4450&DossierRef=4039

Ce "Tabachnik" n'était-il pas le gourou de la secte du temple du soleil dont les membres avaient procédé à un suicide collectif ?

Il était dans la secte.
Il a été jugé et blanchi et n'était apparemment pas du tout le gourou justement. (il en parle un peu dans l'interview)

Et c'est le plus grand chef scriabinien actuel.

nostalgique a écrit:

Ce "Tabachnik" n'était-il pas le gourou de la secte du temple du soleil dont les membres avaient procédé à un suicide collectif ?

Si. Et il compte recommencer demain soir à la cité de la musique.

Montalte Trout a écrit:

nostalgique a écrit:

Ce "Tabachnik" n'était-il pas le gourou de la secte du temple du soleil dont les membres avaient procédé à un suicide collectif ?

Si. Et il compte recommencer demain soir à la cité de la musique.

Je me disais aussi qu'avec ce lourd passé, diriger le "Poème de l'extase" ne pouvait pas être un hasard. Je n'y serai donc pas.

nostalgique a écrit:

Je me disais aussi qu'avec ce lourd passé, diriger le "Poème de l'extase" ne pouvait pas être un hasard. Je n'y serai donc pas.

Et surtout, son Acte préalable, à Pleyel il y a 3 ans était absolument mémorable!

C'est un chef qui excelle dans toutes les musiques transcendentales et rituelles comme Scriabine ou le Sacre.

Il serait intéressant de savoir si la musique a pu l'aider à prendre l'ascendant dans cette secte, ou si ce sont ses méthodes de gourou qui lui permettent de s'illustrer dans ce répertoire à la spiritualité si particulière, au bord de la "transe".

Est-ce que tu lis les messages de tes interlocuteurs parfois?

nostalgique a écrit:

Je me disais aussi qu'avec ce lourd passé, diriger le "Poème de l'extase" ne pouvait pas être un hasard. Je n'y serai donc pas.

Va falloir supporter ça longtemps ?

Cololi a écrit:

nostalgique a écrit:

Je me disais aussi qu'avec ce lourd passé, diriger le "Poème de l'extase" ne pouvait pas être un hasard. Je n'y serai donc pas.

Va falloir supporter ça longtemps ?

Ca ne me dérange pas que Nostalgique ne se rende pas à ce concert.

Je vais pouvoir balancer mes regards agressifs de banlieusard bien tranquillement.

Xavier a écrit:

Est-ce que tu lis les messages de tes interlocuteurs parfois?

Tout à fait mais j'ai du mal à croire qu'il soit si irréprochable, il y a quand même eu 76 morts.

Cololi a écrit:

nostalgique a écrit:

Je me disais aussi qu'avec ce lourd passé, diriger le "Poème de l'extase" ne pouvait pas être un hasard. Je n'y serai donc pas.

Va falloir supporter ça longtemps ?

Pour une fois que je m'essayais à un trait d'humour, cela a visiblement du mal à passer.

nostalgique a écrit:

Xavier a écrit:

Est-ce que tu lis les messages de tes interlocuteurs parfois?

Tout à fait mais j'ai du mal à croire qu'il soit si irréprochable, il y a quand même eu 76 morts.

Et comment sais-tu que c'est lui qui est responsable?
Tu es plus au courant des détails de l'affaire que les juges et jurés qui l'ont intégralement blanchi?

Quand on porte des accusations aussi graves envers quelqu'un qui a pourtant été jugé et lavé de tout soupçon, il faut avoir de solides arguments tout de même, sinon c'est de la diffamation pure et simple.

Vous non plus ne comprenez donc pas l'ironie

Tu es un incompris depuis le jour de ton arrivée...

On va essayer de faire des efforts, promis.

C'est un ouf ce Tabachnik!



Encore une fois, Tabachnik m'a tuer.

Le prélude de Parsifal m'a fait craquer dès le début du concert, j'ai eu des frissons. Magnifique.
Des tempi modérés, un fondu orchestral superbe, l'impression d'être en élévation...
La suite de la 1ère partie a été moins heureuse, la faute à un Richard Decker remplaçant Torsten Kerl au pied levé, Decker c'est un chanteur très honnête, qui assure tout à fait, mais le timbre n'est pas beau, et l'ensemble est un peu plat, qu'il s'agisse d'extraits de la Walkyrie, de Lohengrin ou de Parsifal.
Tabachnik a un peu trop lâché les chiens par moments, couvrant un peu son ténor du coup à certains passages où on n'en a pas forcément l'habitude.

Ensuite, le Poème de l'extase... là on ne pouvait pas être déçu.
Dans Scriabine, comme dans Stravinsky, Tabachnik est toujours remarquable.
Comme lors des précédents concerts que j'ai pu entendre, on peut regretter un manque de finesse par endroits, un manque de certains détails (au tout dernier redémarrage par exemple, j'aime bien quand c'est pris pas trop vite, qu'on puisse goûter l'harmonie et les harpes, là c'était pas trop le cas), mais on est emporté du début à la fin par une énergie folle, une énergie qu'il communique aussi bien à ses musiciens qu'au public.
Les passages les plus doux et poétiques étaient curieusement tendus, on ne se sentait pas bercé par l'harmonie voluptueuse comme souvent dans d'autres versions, on sentait au contraire une tension permanente, presque une fébrilité annonçant le retour de l'allegro à venir.
Le seul problème, c'est que cette salle n'est pas adaptée à une telle oeuvre, surtout dirigée par un Tabachnik survolté. Lors de l'avant-dernier crescendo (la fausse fin de l'oeuvre en quelque sorte), l'acoustique saturait complètement, à tel point que j'ai eu peur pour mes oreilles. J'imagine ce qu'ont enduré les spectateurs des premiers rangs de l'orchestre, (ou les musiciens de l'orchestre!) alors que j'étais au balcon. (mais superbement placé, il y avait pas mal de places disponibles!)
En tout cas cette exécution du poème de l'extase transmettait un sentiment de plénitude et de bonheur vraiment jouissive et grisante.
Pas autant que le concert de l'acte préalable à Pleyel cependant qui restera dans ma mémoire comme un grand moment...

Xavier a écrit:

Ensuite, le Poème de l'extase... là on ne pouvait pas être déçu.

Hum, désolé .
J'ai trouvé ca pas mal, sans plus : trop bourrin à mes oreilles, toute la finesse de la partition évacuée. A part jouer vite et fort, je n'ai pas vraiment compris ce qu'il voulait faire de la partition, et ca m'est passé un peu au-dessus de la tête.
Les Wagner étaient pas trop mal.

C'est moi qui suis désolé pour toi, parce que j'ai pour ma part passé une superbe soirée.

Et si on peut prendre un critère plus ou moins objectif pour discuter de ce qu'on a entendu, à propos de "vite et fort", je crois que ses tempi étaient dans la moyenne de ce qu'on entend habituellement, plutôt dans la moyenne rapide, mais sans plus. Evidemment il ne faut pas comparer avec Boulez.
Mais par rapport à Maazel ou Ashkenazy je crois que c'était très comparable à ce niveau-là.

Sinon, j'ai quand même l'impression que tu es un brin difficile.

Pour les parties rapides c'était à peu près dans la moyenne, mais pas pour les parties lentes. Le début était nettement plus rapide que la moyenne, par exemple.

Peut-être un peu c'est vrai, ça ne m'a pas spécialement frappé en fait.

Vous ne donnez pas le nom de l'orchestre : Brussels Philharmonic (connais pas) que j'ai du rechercher sur le programme de la Cité !

En tout cas vous m'avez donné envie de l'écouter. J'espère qu'il sera disponible en VOD ce concert.

Je confirme ton commentaire : j'étais vers le cinquième rang de la salle et, sur la fin du Poème de Scriabine, l'impression de vacarme assourdissant était plus que perceptible... Cela dit, quelle jouissance lorsque le son se "vide" et emplit physiquement la salle juste après le tutti ! Il n'y a que dans les concerts Bruckner que j'avais ressenti ça à un point comparable. Cette oeuvre, que je ne connaissais pas, m'a paru bien séduisante ; il me semble qu'il lui manque une mélodie plus "chantante" dans les parties lentes (sentiment peut-être accentué par l'interprétation assez tendue que tu évoques).

Sinon, j'ai trouvé l'orchestre - et son chef - un peu bourrins dans Wagner, manquant par exemple de solennité dans "Amfortas ! Die Wunde !", et paraissant le plus souvent un peu trop pressés.

Je n'ai pas repéré de suicide collectif à la fin du concert, mais je ne me suis pas attardé.

Utnapishtim a écrit:

Vous ne donnez pas le nom de l'orchestre : Brussels Philharmonic (connais pas) que j'ai du rechercher sur le programme de la Cité !

Le Brussels Philharmonic – à ne surtout pas confondre avec le Brussels Philharmonic Orchestra, un orchestre amateur, très nul – est l'ex-Vlaams Radio Orkest (plus anciennement encore Philharmonisch Orkest van de BRT, issu du défunt orchestre de l'INR), en d'autres termes – après cette digression historique – l'orchestre de la Radio flamande.

Nabla a écrit:

Utnapishtim a écrit:

Vous ne donnez pas le nom de l'orchestre : Brussels Philharmonic (connais pas) que j'ai du rechercher sur le programme de la Cité !

Le Brussels Philharmonic – à ne surtout pas confondre avec le Brussels Philharmonic Orchestra, un orchestre amateur, très nul – est l'ex-Vlaams Radio Orkest (plus anciennement encore Philharmonisch Orkest van de BRT, issu du défunt orchestre de l'INR), en d'autres termes – après cette digression historique – l'orchestre de la Radio flamande.

Merci pour cette info ! C'est compliqué la Belgique !

Xavier a écrit:

C'est un ouf ce Tabachnik!

Encore une fois, Tabachnik m'a tuer.

Le prélude de Parsifal m'a fait craquer dès le début du concert, j'ai eu des frissons. Magnifique.
Des tempi modérés, un fondu orchestral superbe, l'impression d'être en élévation...
La suite de la 1ère partie a été moins heureuse, la faute à un Richard Decker remplaçant Torsten Kerl au pied levé, Decker c'est un chanteur très honnête, qui assure tout à fait, mais le timbre n'est pas beau, et l'ensemble est un peu plat, qu'il s'agisse d'extraits de la Walkyrie, de Lohengrin ou de Parsifal.
Tabachnik a un peu trop lâché les chiens par moments, couvrant un peu son ténor du coup à certains passages où on n'en a pas forcément l'habitude.

Ensuite, le Poème de l'extase... là on ne pouvait pas être déçu.
Dans Scriabine, comme dans Stravinsky, Tabachnik est toujours remarquable.
Comme lors des précédents concerts que j'ai pu entendre, on peut regretter un manque de finesse par endroits, un manque de certains détails (au tout dernier redémarrage par exemple, j'aime bien quand c'est pris pas trop vite, qu'on puisse goûter l'harmonie et les harpes, là c'était pas trop le cas), mais on est emporté du début à la fin par une énergie folle, une énergie qu'il communique aussi bien à ses musiciens qu'au public.
Les passages les plus doux et poétiques étaient curieusement tendus, on ne se sentait pas bercé par l'harmonie voluptueuse comme souvent dans d'autres versions, on sentait au contraire une tension permanente, presque une fébrilité annonçant le retour de l'allegro à venir.
Le seul problème, c'est que cette salle n'est pas adaptée à une telle oeuvre, surtout dirigée par un Tabachnik survolté. Lors de l'avant-dernier crescendo (la fausse fin de l'oeuvre en quelque sorte), l'acoustique saturait complètement, à tel point que j'ai eu peur pour mes oreilles. J'imagine ce qu'ont enduré les spectateurs des premiers rangs de l'orchestre, (ou les musiciens de l'orchestre!) alors que j'étais au balcon. (mais superbement placé, il y avait pas mal de places disponibles!)
En tout cas cette exécution du poème de l'extase transmettait un sentiment de plénitude et de bonheur vraiment jouissive et grisante.
Pas autant que le concert de l'acte préalable à Pleyel cependant qui restera dans ma mémoire comme un grand moment...

J'aime bien ton enthousiasme
Je trouvais le premier morceau (prelude a l'acte 1 de Parsi) tres bien fait. Dans la magnifique salle de la Cite Mu, on pouvait tres bien discerner le cote subtil de cette musique. Malheureusement c'est la ou mon plaisir cote Wagner s'est arrete. Le reste etait fortissimo et tres rapide. Puis ce pauvre Decker qui a une voix etonnament saine pour un helden-tenor apres ~20 ans de carriere, mais d'un timbre vraiment laid. Quelle ennuie !

En revanche le Poeme d'extase de Scriabine etait une belle decouverte pour moi. Une oeuvre philosophique, quand on commence a l'etudier... [Ah si j'avais plus de temps ! ]