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| Simon Keenlyside | |
| | Auteur | Message |
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aurele Mélomane chevronné
Nombre de messages : 23541 Age : 33 Date d'inscription : 12/10/2008
| Sujet: Simon Keenlyside Mar 12 Avr 2011 - 23:34 | |
| Je dois reconnaître l'avoir peu entendu pour le moment. Voici les quatre rôles dans lesquels je l'ai entendu en intégralité : _Mercutio dans Roméo et Juliette de Gounod, version studio Plasson 1995 _Hamlet dans l'opéra d'Ambroise Thomas, live Liceu 2003 dirigé par Bertrand de Billy en DVD _Valentin dans Faust de Gounod, live Covent Garden 2004 dirigé par Antonio Pappano en DVD _Posa dans Don Carlo, lives Munich 2009 (captation privée) et live Met 2010 (retransmis dans les cinémas)
C'est un très bon baryton. Il a une très bonne prononciation du français. Son Posa est touchant lorsqu'on a l'image, plus qu'à la simple audition. Sa composition d'Hamlet est extraordinaire et vocalement, c'est remarquable. Le rôle de Mercutio est très secondaire. C'est un bon Valentin mais en rien extraordinaire. Dans quels autres rôles me conseillez vous de l'écouter/le voir en priorité? La saison prochaine à Munich, il interprètera 4 rôles : Eugène Onéguine (21, 24 et 28 mars 2012), Comte Almaviva (03, 06, 11 et 13 mai), Wozzeck (22 juillet) et Germont (27 et 30 juillet). Il interprètera deux rôles au Wiener Staatsoper : Renato dans Un Ballo in maschera (12, 16 et 20 janvier) et Posa dans la version italienne (16, 19, 22, 26 et 29 juin). Il a ajouté deux rôles verdiens à son répertoire récemment : Rigoletto et Macbeth. Il existe des captations. L'avez vous entendu dans l'un ou l'autre de ces rôles? Ce n'est pas un véritable baryton verdien mais sur le plan de l'exploration de la psychologie des personnages, il a des qualités certaines qui doivent être appréciables dans ces deux rôles. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Mer 13 Avr 2011 - 0:29 | |
| ce ne sont pas les videos qui manquent sur youtube pour se faire une idée. Tiens pour travailler l'anglais /watch?v=Xt1CVazN7cE une brève interview de Simon en Wozzeck
et toujours pour l'anglais sans l'accent français des vidéastes /watch?v=udT1K33gWT8 où il explique comment il a ressenti la nécessité d'apprendre l'allemand pour chanter les lieder
Keenlyside est un grand chanteur de mélodies, et effectivement sa diction en français est proche de la perfection: /watch?v=C_MG3RFlv3M Il y a beaucoup d'autres choses en marge à droite dans lesquelles fouiner.
Le voir? alors là ne pas rater 1984 de Lorin Maazel où il se révèle un acteur fascinant. /watch?v=5CbfBZzaWlY
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| | | aurele Mélomane chevronné
Nombre de messages : 23541 Age : 33 Date d'inscription : 12/10/2008
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Lun 18 Avr 2011 - 1:45 | |
| Je n'avais pas entendu son Wozzeck lors de la retransmission sur France Musique de 2008 de l'ONP. Néanmoins, voici deux interviews en français qui concernent ce rôle en particulier : http://www.forumopera.com/v1/actu/keenlyside.html http://www.altamusica.com/entretiens/document.php?action=MoreDocument&DocRef=3728&DossierRef=3344
J'aime beaucoup ces propos : "Nous luttons pour être heureux. Et c'est de cette lutte que naît l'art." |
| | | luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5871 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Mer 3 Jan 2018 - 22:50 | |
| Keenlyside est un immense verdien. Son Macbeth est passé plusieurs dizaines de fois sur MEZZO et MEZZO LIVE mais c'est un grand moment de chant.
Il a eu de sérieux problèmes de santé qui l'ont éloigné des scènes pendant au moins deux ans. Quelqu'un a-t-il des nouvelles du monsieur? |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Mer 3 Jan 2018 - 23:04 | |
| Je l'ai vu il y a six mois en récital de lied / mélodie / songs. Toujours un immense musicien, bien sûr, et suffisamment pour faire illusion auprès du public, mais il ne reste plus grand'chose de la voix : assez éteinte, elle ne projette plus beaucoup, et il ne parvient plus du tout à accéder aux aigus, lui qui tenait sans sourciller la tessiture invraisemblable de Winston Smith chez Maazel (tout en jouant au torturé allongé de biais, se roulant par terre) !
Peut-être, justement, la voix a-t-elle souffert de ses scrupules et de sa probité absolue pour donner le meilleur dans des rôles très exigeants. Peut-être est-ce la santé, il n'y a pas de justice là-dedans, certains forcent toute leur vie sans réellement décliner, d'autres s'effondrent sans raison apparente. Je l'avais entendu vers 2010-2011 en salle, la voix était tout à fait glorieuse, et vraiment sainement émise.
En tout cas, il est peu vraisemblable qu'on le revoie dans des rôles vocalement exposés, désormais. Peut-être plutôt dans des choses comme Golaud, qui réclament un grand sens artistique mais pas forcément une voix très sonore ni des extrêmes spectaculaires. |
| | | luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5871 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Jeu 4 Jan 2018 - 11:13 | |
| Quelle tristesse. Quand je pense à toutes les merveilles qu'il fit dans le répertoire verdien, entre autres . Comme tu le dis si justement il n'y a vraiment aucune justice |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33399 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Jeu 4 Jan 2018 - 11:24 | |
| C'est triste évidemment. D'un autre côté il y a fait déjà une très grande et brillante carrière ... et a quand même pas mal fait d'enregistrements.
Moi je crois que c'est un baryton léger, qui a donné sans compter, dans pas mal de rôles qui ne sont pas de tout repos ... et que forcément, en plus avec l'âge qui avance ... _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5871 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Jeu 4 Jan 2018 - 13:42 | |
| Ouais, enfin,bon; il n'a que 58 ans, c'est pas non plus un âge canonique. Domingo qui a 20 ans de plus que Keenlyside serait plus habilité que lui à prendre une retraite lyrique définitive. Non, je suis désolée mais je reste persuadée que Keenlyside avait encore beaucoup de choses à dire et que sans ces foutus problèmes de santé, il aurait pu faire de grandes choses ailleurs que dans Verdi ou Berg. |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Jeu 4 Jan 2018 - 13:47 | |
| Bon, je vais paraître insensible et affreux, mais pour moi, déjà en Don Giovanni il était pas en grande forme à Londres (DVD avec DiDonato, Poplavskaya, Vargas,...). _________________ Les Carnets d'Erik, le retour!
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| | | luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5871 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Jeu 4 Jan 2018 - 13:50 | |
| Ce Don Giovanni c'était pas la prod dans laquelle il a fait son "grand" retour? |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Jeu 4 Jan 2018 - 14:11 | |
| Non c'était avant ses soucis de santé... _________________ Les Carnets d'Erik, le retour!
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| | | luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5871 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Jeu 4 Jan 2018 - 14:25 | |
| Ah d'accord. Je ne connais pas ce DG, je ne saurais donc en dire quoi que ce soit. Cela dit, je ne l'imagine pas vraiment dans Mozart tant il fut exceptionnel dans Verdi |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Jeu 4 Jan 2018 - 14:48 | |
| Autant j'avais été séduit par son Wozzeck... Autant son Don Giovanni, voilà ce que j'en avais dit à l'époque : "D'un point de vue musical par contre, on est beaucoup mieux servit, même s'il y a un gros point noir : le Don Giovanni de Simon Keenlyside. Etait-il malade durant ces représentations? Est-ce un choix délibéré? Toujours est-il que son chant fait régulièrement tiquer, par des faussetés, des attaques aléatoires et une ligne heurtée. Il n'y a aucune séduction dans cette voix, même dans la sérénade! C'est violent, sec et sans charme. Il y a des nuances, mais elles ne font pas tout et les intentions ne sont pas suivies par la voix. Alors bien sûr, le personnage de Don Giovanni n'est pas un grand seigneur, mais il en a tout de même l'éducation et le charme. Ici nous n'en trouvons rien. On peut louer la force d'interprétation tout de même, les talents scéniques. Mais vocalement, cela reste assez difficile, surtout face au plateau qui est réunit autour du rôle titre!"L'intégralité de ce que j'avais écrit : - Spoiler:
Un Don Giovanni londonien "La partition de Don Juan a exercé sur toute ma vie l'influence d'une révélation : elle a été, elle est restée pour moi une sorte d'incarnation de l'impeccabilité dramatique et musicale" (Le Don Juan de Mozart, Charles Gounod). C'est ainsi que Charles Gounod préface son étude sur le Don Giovanni de Mozart. Créé à Prague le 29 octobre 1787, cette partition va marquer les esprits à un tel point que cet opéra est considéré de nos jours par certains comme l'Opéra des Opéras…
Déjà, cette partition se frotte à un mythe, à un personnage qui a fait l'objet de nombreuses adaptations théâtrales ou musicales. Mais en plus de ce sujet, la musique qui l'habille est d'une justesse et d'une simplicité qui frappe. Chaque personnage est décrit, construit… chacun possédant sa façon de chanter et d'exprimer ses sentiments. Bien évidemment, une telle œuvre ne pouvait qu'attirer des distributions glorieuses, avides de se frotter à ce mythe musical qu'est devenue Don Giovanni : que ce soit parmi les plus anciens (Maria Malibran, les frères Reszke, Marcel Journet, Adelina Patti…), et plus proches de nous toute une génération de chanteurs mythiques tels que Géraldine Farrard, Ezio Pinza, Elisabeth Grümmer, Elisabeth Schwarzkopf, Cesare Siepi, Titto Gobbi et j'en passe bien sûr, qui firent resplendir cette partition sous la direction de chefs non moins glorieux comme Dimitri Mitropoulos, Wilhelm Furtwängler ou encore Bruno Walter. Chaque génération a vu s'épanouir des voix dignes d'affronter l'un des personnages de cette œuvre. Le défit est de réussir à rassembler toute une distribution au même niveau d'exception. De nos jours, deux écoles se disputent cette partition : l'école romantique, héritière des grandes figures du début du siècle, ainsi que l'école baroque voulant redonner une vision peut-être plus conforme à la création. La production ici enregistrée se frotte donc à tout cet héritage, offrant des voix actuelles à ces rôles mythiques, donnant un témoignage de la façon dont est interprétée l'œuvre de Mozart.
Côté mise en scène, disons le tout de suite c'est assez inégale. Si on est intéressé par le début, présentant un élément de décors tournant qui semble pouvoir donner vie à la scène, on se rend rapidement compte que rien de bien nouveau n'arrive après quelques temps. L'élément de décors bouge, tourne, change de texture… mais cela reste sombre et triste. Il y a bien quelques bonnes idées, ou des moments qui veulent en jeter plein la vue du spectateur, mais cela fait plus démonstration que réelle mise en scène tellement cela est isolé. Côté direction d'acteurs, c'est de manière générale assez bon. Il faut dire que la majorité des chanteurs ici réunis sont des acteurs très convaincants. Du point de vue du traitement des personnages, on reste dans la tradition mis à part pour Don Giovanni, traité ici comme un rustre, un homme sans aucun savoir-vivre. Même pas le vernit minimum qu'ont souvent les Don Giovanni : c'est une bête. Le personnage le plus problématique est sans doute Donna Elvira. En effet, on ne comprend pas le bouleversement de cette femme! Elle fait son entrée telle une chasseresse lors d'un safari, sur une chaise à porteur, le fusil à l'épaule… et brusquement, on trouve la Donna Elvira éplorée et humaine : elle passe de la furie ridicule à l'amante dramatique sans vraiment de transition… Au final, mis à part quelques images fortes, des acrobaties de Don Giovanni et des effets faciles, on ne gardera pas grand chose de cette mise en scène. Les costumes sont globalement beaux, même s'ils ne mettent pas forcément en valeur les chanteurs (quelle idée d'affubler Joyce DiDonato de cette perruque et de ces robes qui lui vont si mal?). On notera quelques incohérences comme l'air "Il mio tesoro" de Don Ottavio chanté à Donna Elvira est à Zerline (Donna Anna se trouvant alors sur un autre niveau du décor et bien trop loin de son chevalier servant), ou la non-apparition du commandeur dans le cimetière. Par contre, les relations entre les trios femmes sont très justes. L'amitié que l'on sent naître et se développer n'est pas qu'une recherche de vengeance commune, on sent un lien plus profond entre ces trois personnages.
D'un point de vue musical par contre, on est beaucoup mieux servit, même s'il y a un gros point noir : le Don Giovanni de Simon Keenlyside. Etait-il malade durant ces représentations? Est-ce un choix délibéré? Toujours est-il que son chant fait régulièrement tiquer, par des faussetés, des attaques aléatoires et une ligne heurtée. Il n'y a aucune séduction dans cette voix, même dans la sérénade! C'est violent, sec et sans charme. Il y a des nuances, mais elles ne font pas tout et les intentions ne sont pas suivies par la voix. Alors bien sûr, le personnage de Don Giovanni n'est pas un grand seigneur, mais il en a tout de même l'éducation et le charme. Ici nous n'en trouvons rien. On peut louer la force d'interprétation tout de même, les talents scéniques. Mais vocalement, cela reste assez difficile, surtout face au plateau qui est réunit autour du rôle titre!
Commençons par Eric Halfvarson, Commandeur un petit peu vieillissant, mais toujours d'une autorité souveraine! Son apparition lors du final est tout bonnement terrifiante : la voix est profonde, noire et puissante. Et il ne faut pas oublier le physique et la présence du chanteur. C'est une véritable main de Dieu qui est là, une main froide et vengeresse.
Le couple de Zerline et Masetto nous propose deux jeunes chanteurs, tous deux très bons. Les voix sont saines et belles, et les acteurs très bons. Un petit plus tout de même pour la Zerline de Miah Persson qui irradie de sa jeunesse vocale, nous donnant un portrait très frais mais non niais de la jeune paysanne.
Pour Don Ottavio, Ramon Vargas nous offre sa voix sur un plateau. Mais le problème est que mis à part cette voix magnifique et bien conduite, il n'y a pas grand chose! L'acteur reste assez neutre surtout face aux autres acteurs très bons. En plus, alors que tous on un physique particulier, apportant de la consistance à leur personnage, Ramon Vargas n'est pas très crédible. C'est en fait l'inverse de ce que fait Keenlyside : le chant est très beau, mais le chanteur et l'acteur sont peu concernés. Kyle Ketelsen est un Leporello qui n'a pas une voix immense, mais qui a un don pour jouer et interpréter! Son Leporello n'est pas très sonore, mais que de nuances et de jeu vocal! On ne peut rester insensible devant ses facéties et ses pitreries. Il est d'une crédibilité déconcertante. Et ce sans en faire trop dans le côté de la bouffonnerie. Franchement très bien.
Mais les deux triomphatrices de cette captation sont les deux dames. Marina Poplavskaya fait de Donna Anna un personnage dur et vengeur… Sa voix large rend parfaitement ce personnage, criant vengeance. Les aigus extrêmement exigeants de ce rôle sont lancés sans difficultés, et ce sans cri ni surdose de décibels. On peut noter un petit malaise dans les notes piquées de son deuxième air, mais vu la largeur de la voie et l'engagement, on ne lui en tiendra pas rigueur. Ce qu'elle fait est beau, sans étalage et avec des piani d'une grande beauté. Cette Donna Anna sait ce qu'elle veut et la voix est en adéquation avec à la fois le personnage et la partition.
L'autre grande Dame de la soirée est Joyce DiDonato, qui malgré un traitement du personnage par le metteur en scène assez moyen et des costumes inappropriés, réussit à faire de cette Donna Elvira l'égale de Donna Anna dans le drame, si ce n'est le personnage central. La voix est bien sûr comme toujours magnifique, et la partition lui laisse la possibilité d'orner les airs de manière assez discrète, mais avec un goût et une réalisation parfaite. Si le premier air se rapproche d'un air de furie, le deuxième air nous la montre d'une extrême sensibilité, à la limite de la faille tellement on la sent bafouée. Mais vocalement, il n'y a pas cette faille, cela reste magnifiquement contrôlé, dosant justement la voix pour donner les sentiments voulus. Un petit aigu est escamoté, mais sinon, sa Donna Elvira est royale!
A la tête de l'orchestre du Covent Garden, Charles Mackerras nous offre une belle lecture de la partition, à mi-chemin entre une version baroqueuse et une version dite "traditionnelle". L'orchestre est assez léger et vif sans pour autant perdre de son poids lorsqu'il le faut. Le dosage est là aussi fort bien réussi. D'un point de vue sonorité, l'orchestre du Covent Garden est magnifique.
Pour conclure, ce DVD est dominé par le trio des femmes. Pour elles, il vaut le détour, mais ne restera sûrement pas dans les mémoires. En effet, la faille du Don Giovanni est trop importante pour être rattrapée par les autres personnages. Ajoutons en plus la mise en scène assez quelconque, et on trouve un témoignage intéressant, mais sans commune mesure avec bien d'autres versions conservées en vidéo.
_________________ Les Carnets d'Erik, le retour!
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| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Jeu 4 Jan 2018 - 21:37 | |
| - Cololi a écrit:
- Moi je crois que c'est un baryton léger, qui a donné sans compter, dans pas mal de rôles qui ne sont pas de tout repos ... et que forcément, en plus avec l'âge qui avance ...
Léger, c'est un peu exagéré (il a un vrai médium dense), mais lyrique léger, oui, et comme tu dis, il se donnait à fond, dans des rôles qui excédaient un peu sa nature… (Les médiums sont certes généreux, mais l'aigu n'avait pas la noirceur attendue dans un Verdi standard, ça a dû lui coûter.) Et puis effectivement, en Winston Smith, en Wozzeck, il se donnait tellement ! Si on ajoute le temps qui passe et une fragilité physiologique, oui, ça peut finir comme ça. Mais c'est étonnant, parce que c'est quand même un très, très grand technicien. |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33399 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Jeu 4 Jan 2018 - 21:52 | |
| En plus il a aussi bien chanté des rôles qui réclament presque un ténor, comme Pelléas que Wozzeck où il faut être baryton-basse. Je songe aussi à Valentin dans Faust, où c'est pour baryton léger (il faisait merveille). Et à côté de cela ... pour du Verdi, c'est sûr que pour "faire verdien", ça devait lui coûter ... Dans le même temps, quand on l'écoute en Posa, je n'ai pas l'impression qu'il essaye de faire verdien ... mais qu'il respecte sa voix, qui est définitivement claire.
J'aimais beaucoup son Don Giovanni avec Abbado, car ce côté clair, plutôt léger, apportait un côté plus jeune, plus vif à Don Giovanni. En plus avec Terfel ça contrastait bien du coup.
Après ... faut-il rappeler que la plupart des chanteurs font des carrières beaucoup moins longues que lui ? Si on va par là ... c'est une exception (je veux dire, il fait partie des grands). _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Jeu 4 Jan 2018 - 22:15 | |
| - Cololi a écrit:
- En plus il a aussi bien chanté des rôles qui réclament presque un ténor, comme Pelléas que Wozzeck où il faut être baryton-basse. Je songe aussi à Valentin dans Faust, où c'est pour baryton léger (il faisait merveille).
Pelléas => La plupart du rôle est très centrale, voire grave. Il y a seulement quelques portions au balcon ou à la fin du IV où c'est haut perché, et il le chantait comme un vrai baryton lyrique (pas du tout façon Jansen / Benoît / Herbillon / Peintre…). Wozzeck est un rôle très central, de pur baryton, pas du tout de baryton-basse. D'ailleurs quand tu vois les titulaires, Wächter, DFD, Skovhus, Gerhaher… il y a peu de barytons graves, même si des barytons dramatiques (comme Grundheber) ou simplement sombres (Goerne) y sont très bienvenus. - Citation :
- Et à côté de cela ... pour du Verdi, c'est sûr que pour "faire verdien", ça devait lui coûter ... Dans le même temps, quand on l'écoute en Posa, je n'ai pas l'impression qu'il essaye de faire verdien ... mais qu'il respecte sa voix, qui est définitivement claire.
Oui, en Posa, ça passait très bien. En Macbeth, il était excellent, mais ça lui coûtait davantage. Et Rigoletto, ça paraît assez peu pour lui. - Citation :
- J'aimais beaucoup son Don Giovanni avec Abbado, car ce côté clair, plutôt léger, apportait un côté plus jeune, plus vif à Don Giovanni. En plus avec Terfel ça contrastait bien du coup.
Je le trouve un peu impavide dans cet enregistrement. Dans les Mozart, je l'ai davantage aimé dans le Così de Toffolutti-Tate, ou dans son Comte avec Jacobs – ou à la même époque avec Muti à Vienne. - Citation :
- Après ... faut-il rappeler que la plupart des chanteurs font des carrières beaucoup moins longues que lui ? Si on va par là ... c'est une exception (je veux dire, il fait partie des grands).
La plupart des chanteurs… si tu veux dire de premier plan dans Verdi, peut-être. Sinon, les choristes, les rôles secondaires, les baroqueux font des carrières très longue. Mais oui, tu as raison, de toute façon ça fait déjà une bien belle carrière derrière lui ! J'ai quand même l'impression qu'il y a eu quelque chose de brutal, parce qu'il y a dix ans, la voix n'avait pas du tout bougé, et là, en l'espace de cinq ans, presque à bout. |
| | | luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5871 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Sam 6 Jan 2018 - 11:38 | |
| - Citation :
- J'ai quand même l'impression qu'il y a eu quelque chose de brutal
Ses graves problèmes de santé peuvent-ils être à l'origine de ce "quelque chose de brutal"? |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Sam 6 Jan 2018 - 12:30 | |
| Je n'ai aucune information pour en décider, mais en tout cas, ce n'est pas un chanteur dont on s'est dit il y a dix ans « il fait n'importe quoi avec sa voix, à ce train-là il ne va bientôt plus rien rester » (par ailleurs on a dit ça de tellement de monde pour qui ça ne s'est pas passé comme ça, d'Alagna à Netrebko…).
Donc oui, il semble qu'il y ait eu un facteur extérieur assez rapide qui a agi : même en forçant avec trop de dates et des rôles inadaptés, ayant une solide technique, il n'aurait pas dû dévisser comme ça en cinq ans (à ne plus pouvoir rien faire au-dessus du ré sauf en fausset, je n'en revenais pas). |
| | | luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5871 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| Sujet: Re: Simon Keenlyside Sam 6 Jan 2018 - 13:03 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Je n'ai aucune information pour en décider, mais en tout cas, ce n'est pas un chanteur dont on s'est dit il y a dix ans « il fait n'importe quoi avec sa voix, à ce train-là il ne va bientôt plus rien rester » (par ailleurs on a dit ça de tellement de monde pour qui ça ne s'est pas passé comme ça, d'Alagna à Netrebko…).
Donc oui, il semble qu'il y ait eu un facteur extérieur assez rapide qui a agi : même en forçant avec trop de dates et des rôles inadaptés, ayant une solide technique, il n'aurait pas dû dévisser comme ça en cinq ans (à ne plus pouvoir rien faire au-dessus du ré sauf en fausset, je n'en revenais pas). Nul ne peut décider quoi que ce soit en effet. Je me posais juste une question d'autant que, comme tu le soulignes si justement, Keenlyside était l'un de ces artistes plutôt prudent. Et à seulement 58 ans il aurait encore bien des choses à dire à l'opéra |
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| | | | Simon Keenlyside | |
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