Boulez - Sonates pour Piano

Pouvant désormais comparer deux intégrales, celle de Claude Helffer vétérante de ma discographique, et la nouvelle venue de Jumppanen.

De façon générale, Helffer pose un ton plus froid et grave ; le rythme m'a lui aussi paru plus modéré et le discours froidement et inéluctablement construit sans être cassant.
Cela lui réussi particulièrement dans la troisième sonate, de caractère plus orageux ; en revanche, la première souffre de ce ton trop sérieux. La deuxième est superbe dans cette approche.

Paavali Jumppanen est bien plus coloré (incroyable) et entrainant. Sa première est un délice, très canaille et sonorités dingues. Mais la troisième, quoique très complétement développée (il me semble étendre le plus de partition possible), perd un peu de ce qui faisait son charme chez Helffer qui y choisi me semble-t-il des voies plus sombres et brèves.
Sous ces qualités, nous avons ainsi une forte belle deuxième qui réussie à mon sens à un bel équilibre interprétatif. Contrairement à Helffer, Jumppanen donne l'impression de jouer des grappes de notes serrées de façon assez percutive, ce qui renforce la progression et la vitalité ; mais peut-être via une banalisation du message poétique.

Toutefois, face à de telles qualités techniques et un si bel équilibre, je crois que Jumppanen - qui donne plus que le poète Helffer l'impression de se balader dans ces œuvres - apparemment choisi par le compositeur pour cet enregistrement studio, signe ce que l'on peut considérer comme une référence.

Dans la deuxième sonate, il me faudrait réécouter Pollini dont j'ai un souvenir un peu lointain, et qui y a bonne presse.

Siegmund a écrit:

alexandre. a écrit:

Siegmund a écrit:

Abnegor a écrit:

Boulez, sonate n°2 - Pollini
Je découvre, ça passe plutôt bien.

Interprétation un peu austère et cassante, mais d'une conduite tout à fait maitrisé et complète, ce pianiste sait ce qu'il fait et le fait très bien.

Tous les poncifs sur Pollini quoi.

Au contraire, cette interprétation est une des plus lyriques, extrêmement souple, et en plus c'est une des rares où la forme semble dominée par l'interprète.

C'est sans doute l'une des deux meilleure version, oui oui ; et Pollini est l'un de mes pianistes favoris

J'ai donc réécouté Pollini dans la deuxième, ma précédente écoute datait de trois ou quatre mois. C'est vrai que j’exagère en disant "austère", le vrai austère la dedans c'est Helfer (sans vouloir être négatif).
Sur le "un peu cassant", là si je maintiens ; mais d'une part je dis "un peu", et d'autre part j'ai jamais dis que ce n'était pas bien d'être ainsi ! C'est différent de Juppanen, qui lui est moins froid, moins grave justement.

Enfin, je confire toutefois, excellent Pollini ! J'ai réceptionné récemment Biret chez Naxos, j'écouterai prochainement.

J'ai trouvé du Yvonne Loriod jouant la deuxième sonate.

Dis donc il a de l'allure bouboule sur ce cliché.

Collector!

Il m'aura fallu une demi-douzaine d'années sur ce forum pour découvrir qu'il existait bel et bien, comme le disent les contes de bonne femme, des gens capables d'acheter un disque de sonates de Boulez pour avoir sa photo.

En même temps, ça paraît déjà plus raisonnable qu'écouter le disque...

Plus sérieusement, j'en suis donc à 5 disques des sonates, intégrales ou partiel ; bien que j'en ait désormais deux en attente de mise sur les oreilles.

Ps : J'ai fait exprès de mettre le Front et pas le Back, pour être sûr d'avoir des réactions ; je me sens seul ici

C'était effectivement un petit troll-relance de ma part.

Plus sérieusement, tu entends vraiment des différences (hors toucher et prise de son) susceptibles de faire une différence profonde entre deux versions de la Première Sonate ? Une musique aussi précisément écrite, j'avoue que la collection des versions me laisse interrogatif.

DavidLeMarrec a écrit:

C'était effectivement un petit troll-relance de ma part.

Plus sérieusement, tu entends vraiment des différences (hors toucher et prise de son) susceptibles de faire une différence profonde entre deux versions de la Première Sonate ? Une musique aussi précisément écrite, j'avoue que la collection des versions me laisse interrogatif.

La premiére est justement la plus facile à différencier, la plus taquine.
Plus globalement : Différence de couleurs, une aisance à jouer du naturel dans la rigidité sous-jacente justement (Juppanen) ou plutôt sur une face bien plus austère mais envoutante(Helfer), ou justement du grand déroulement de l'architecture (Pollini).

Je citais la Première parce c'est la seule que j'aie lue et "jouée", et qu'elle ne contient pas d'aléatoire, mais tu as possiblement raison.

Je suis content de voir que je ne suis pas le seul à la trouver assez ludique.

Désolé, ça ne t'aide pas beaucoup pour la discussion discographique...

J'ai découvert il y a une vingtaine d'années ces sonates jouées par Claude Helffer; curieusement, cette interprétation ne m'a pas semblé si austère que cela, malgré son grand sérieux, de par son caractère extrêmement vivant, percussif, et en même temps empreint d'une poésie dont je m'étais déjà délecté dans les œuvres de Debussy.

Je ne connais pas encore la version de Paavali Jumppanen.

En revanche, celle d'Idil Biret m'a séduit, je ne saurais définir précisément pourquoi : le son Steinway très propre (à vérifier, mais je crois que c'est ça), presque trop nickel; ou bien le fait que ce soit une femme au piano (ne riez pas, cela fait parfois toute la différence, un je-ne-sais-quoi par rapport au jeu masculin, en particulier dans ce genre de répertoire) ?


EDIT : yes ! Premier message de l'année 2012 posté sur le forum. Et en plus, à propos de l'ami Bouboule !

Quand je dis austère pour Helfer, ce n'est pas péjoratif. Grande poésie, c'est certain ; sans doute version le plus secrète. Mais ce coté angles doux, couleurs nocturne, c'est finalement assez partiel. Juppanen est je trouve d'une certaine évidence, l'inverse d’austère pour le coup, mais vraiment un jeu qui s'amuse loin de tout sérieux excessif ; et des couleurs fantastiquement chaudes.

DavidLeMarrec a écrit:

Il m'aura fallu une demi-douzaine d'années sur ce forum pour découvrir qu'il existait bel et bien, comme le disent les contes de bonne femme, des gens capables d'acheter un disque de sonates de Boulez pour avoir sa photo.

En même temps, ça paraît déjà plus raisonnable qu'écouter le disque...

Je vois que Siegmund est bien seul face à l'obscurantisme de David qui écoute Boulez comme d'autres avaleraient une huître avariée
Tout ça pour dire que j'aime bien l'interprétation des Sonates de Paavali Jumppanen (DG), que je n'ai d'ailleurs trouvée récemment qu'en occasion. J'ai entendu d'autres versions - je crois me souvenir notamment de celle d'Yvonne Loriod -mais c'est celle de Jumppanen qui m'a le plus convaincu. En particuler, par sa prise de son irréprochable.
Ceci étant, seule la Première Sonate me plaît vraiment.

Cocotier a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Il m'aura fallu une demi-douzaine d'années sur ce forum pour découvrir qu'il existait bel et bien, comme le disent les contes de bonne femme, des gens capables d'acheter un disque de sonates de Boulez pour avoir sa photo.

En même temps, ça paraît déjà plus raisonnable qu'écouter le disque...

Je vois que Siegmund est bien seul face à l'obscurantisme de David qui écoute Boulez comme d'autres avaleraient une huître avariée
Tout ça pour dire que j'aime bien l'interprétation des Sonates de Paavali Jumppanen (DG), que je n'ai d'ailleurs trouvée récemment qu'en occasion. J'ai entendu d'autres versions - je crois me souvenir notamment de celle d'Yvonne Loriod -mais c'est celle de Jumppanen qui m'a le plus convaincu. En particuler, par sa prise de son irréprochable.
Ceci étant, seule la Première Sonate me plaît vraiment.

Non, non, il y a quelques semaines, je me suis mis à découvrir quelques trucs de Boulez, et la seule chose que j'ai pour le moment trouvée agréable est bizarrement la seconde sonate (je n'ai pas écouté les deux autres). Peut-être une porte d'entrée pour 2012.

Les deux enregistrements sont d’ailleurs assez différents, le plus ancien (DG) étant plus lent et plus analytique, là où la version Astrée insiste davantage sur les gestes que sur les relations entre chaque note.

D’ailleurs Helffer n’est pas le seul interprète par qui on peut trouver deux deuxième sonate dans la discographie, puisqu’İdil Biret l’a aussi enregistrée deux fois : chez Finnadar (le label d’İlhan Mimaroğlu distribué par Atlantic) en 1972 ou 73 et à Radio France pour Naxos en 1995.