Orphée dans la musique : vos préférences

Je souhaiterais connaître vos préférences dans les compositions faites sur le mythe d'Orphée. Les compositeurs sont nombreux et le choix des oeuvres qui en résultent est vaste.
Pas de limitation dans le nombre de préférences citées, vous pouvez vous lâcher.
Un grand merci d'avance pour vos réponses.

A la limite faut peut-être faire une liste pour piocher dedans et ne rien oublier?

Il y a quoi? Monteverdi, Glück, Liszt, Offenbach... et quoi d'autre?

Charpentier, Berlioz...

Steve Hackett & The Underworld Orchestra : Metamorpheus

Plaisanterie mise à part, c'est une oeuvre neo classique et romantique de ce grand guitariste accompagné d'un orchestre de chambre, et c'est vachement bien.

Stravinsky

RVW

Xavier a écrit:

A la limite faut peut-être faire une liste pour piocher dedans et ne rien oublier?

Il y a quoi? Monteverdi, Glück, Liszt, Offenbach... et quoi d'autre?

Tu as raison, Xavier. Voici donc une liste qui ne me semble pas exhaustive :

Euridice (1600), opéra de Jacopo Peri
Eurydice (1602), opéra de Giulio Caccini
L'Orfeo (1607), fable en musique de Claudio Monteverdi (réorchestration de Respighi en 1935, et de Hindemith en 1954)
Orfeo Dolente (1616), opéra de Domenico Belli
La morte d'Orfeo (1618), opéra de Stefano Landi
Orfeo (1647), opéra de Luigi Rossi
La Descente d'Orphée aux enfers (1687), opéra de Marc-Antoine Charpentier
L’Orfeo (1672), opéra de Antonio Sartorio
Poi che riseppe Orfeo (entre fin 1680 et début 1690), cantate de Alessandro Scarlatti
Orpheus (1709), opéra de Reinhard Keiser
Orphée (1710), cantate de Louis-Nicolas Clérambault
Orfeo ed Euridice (1715), opéra de Johann Joseph Fux
Orphée (1721), cantate de Jean-Philippe Rameau
L'Orfeo (1725), de Ferdinando Bertoni
Die wunderbare Beständigkeit der Liebe oder Orpheus (1726), opéra de Georg Philipp Telemann
When the fair Consor oder Orpheus and Euridice (1735), ode de William Hayes
Orfeo (1736), pasticcio de Nicola Porpora
Orfeo ed Euridice (1762), puis Orphée et Eurydice (1774), opéra de Christoph Willibald Gluck (avec une révision de Berlioz en 1859)
L'anima del filosofo, ossia Orfeo ed Euridice (1791), opéra de Joseph Haydn
Orfeo ed Euridice (1792), opéra de Yevstigney Fomin
La Mort d’Orphée (1827), cantate de Hector Berlioz
Orphée (1854), poème symphonique de Franz Liszt
Orphée aux Enfers (1858- révision en 1874), opéra-bouffe de Jacques Offenbach
Les Malheurs d'Orphée (1924), opéra de Darius Milhaud
Orpheus with his Lute - Song from Shakespeare, no. 3 (1925) Ralph Vaughan Williams
L'orféide (1930), opéra de Gian Francesco Malipiero
La Favola d'Orfeo (1932), opéra de Alfredo Casella
Orpheus (1947), ballet d'Igor Stravinski
The Orphée Suite pour piano (1993) de Philip Glass

Déjà on peut rajouter le Berlioz et le Vaughan-Williams qui ont été cités plus haut.

Pour ma part, j'en connais trop peu pour participer de façon intéressante... mais je peux dire que j'aime beaucoup le Monteverdi et le Liszt, très peu le Glück.

C'est fait pour Berlioz (sa cantate, l'opéra étant cité comme révision de celui de Gluck).
Par contre, je n'ai rien trouvé concernant Ralph Vaughan-Williams. Vous avez des précisions ?

C'est bon, j'ai trouvé pour Ralph Vaughan Williams : Orpheus with his Lute - Song from Shakespeare, no. 3 (1925)

Pour les oeuvres qui ont été révisées, n'hésitez pas à préciser la version que vous préférez

Correction :

Opus100 a écrit:

The Orphée Suite pour piano (1993) de Philip Glass

Il s'agit d'une réduction / adaptation par Paul Barnes, à partir de l'opéra de Glass qui s'intitule tout simplement Orphée, composé par Glass après la mort de son épouse. Le livret (en français) est fondé sur le scénario du film de Jean Cocteau, précédant La Belle et la Bête et Les Enfants terribles.

Cette précision apportée, je ne classerais pas, loin s'en faut, cette œuvre parmi mes représentations musicales préférées du mythe (beau sujet de topic, soit dit en passant ).

L'Orfeo de Monteverdi reste pour moi une référence insurpassée (dans ce que je connais). J'aurais du mal à décrire les sensations que me procure cet opéra depuis que je l'ai découvert ; il me transporte vraiment dans un autre monde.

Suivrait probablement dans le classement l'Orphée et Eurydice de Gluck, que je ne classerais pas forcément parmi mes opéras préférés mais que j'aime beaucoup néanmoins.

Il y a de très très beaux moments dans l'Orphée de Stravinsky, mêlés à beaucoup d'autres, disons, intéressants sans être tout à fait aussi enthousiasmants, et quelques uns franchement anecdotiques. L'ensemble reste de très bon niveau même si un peu frustrant, du coup.

Difficile de savoir où placer l'Orphée aux Enfers d'Offenbach dans la mesure où il s'agit de la seule version parodique à ma connaissance, la comparaison est donc difficile sur certains points... En tout cas, je suis assez client !

J'ai peu de souvenirs de La Descente d'Orphée aux Enfers de Charpentier, mais je crois que j'avais été assez déçu, d'autant que c'est un compositeur que j'apprécie beaucoup ordinairement.

L'Orphée de Liszt... bah euh... c'est pas trop mal... pour du List... Bon, vous l'aurez compris, pas vraiment ma tasse de thé.

Je ne connais pas (encore ) les autres titres cités, mais du coup ça excite ma curiosité...

Octavian a écrit:

Correction :

Opus100 a écrit:

The Orphée Suite pour piano (1993) de Philip Glass

Il s'agit d'une réduction / adaptation par Paul Barnes, à partir de l'opéra de Glass qui s'intitule tout simplement Orphée, composé par Glass après la mort de son épouse. Le livret (en français) est fondé sur le scénario du film de Jean Cocteau, précédant La Belle et la Bête et Les Enfants terribles.
Cette précision apportée, je ne classerais pas, loin s'en faut, cette œuvre parmi mes représentations musicales préférées du mythe (beau sujet de topic, soit dit en passant ).

Merci pour ces précisions , j'ai rectifié la liste plus haut

Par "rectifier", tu veux dire que tu as carrément supprimé l'Orphée de Glass ? Je critique pas le côté farce, mais pour le fair-play, y aurait quand même à redire.

Pour la liste :
Belli - Orfeo dolente
A Scarlatti - Poi che riseppe Orfeo
Porpora - Orfeo

Mise à jour de la liste grâce à vos informations : merci Alexandre, et oui Octavian, j'ai tranché dans le vif un peu trop vite
J'ai dérectifié

Euridice de Jacopo Peri.

Ah oui ! L'oeuvre considérée comme étant le premier opéra de l'histoire de la musique, non ?

En concurrence avec l'Orfeo de Monteverdi justement, ça se discute. Je ne pensais plus à cette Euridice (merci Antrav) qui est pourtant bien belle.

Rectification : le compositeur considéré comme étant le 1er à composer un opéra

1600 !

Oui, tout pile ! Merci pour toutes vos infos

Bon, sans être encore exhaustive, la liste s'est bien allongée. Du coup, je me lance dans mes préférés à ce jour :

L'orféo, de Monteverdi : sa musique, au-delà de (mais y-compris) cet opéra, me fascine, je lui trouve une personnalité complexe : un évident sens de la beauté mais avec des instruments à vent baroques qui me dérangent parfois un peu. Et puis je trouve sa musique dense, un peu comme le français de Ronsard, il me faut faire l'effort d'une écoute concentrée des plus attentives pour en tirer tout son sens.

Orfeo ed Euridice, de Gluck : c'est un choix très subjectif, je l'aime beaucoup. C'est le premier opéra que j'ai pu entendre, le disque m'avait été offert à ma communion... J'avais mis du temps à l'apprécier, tant le répertoire lyrique n'était alors pas ma tasse de chocolat. Mais un après l'autre, les airs m'ont plu, les Furies qui répondent en choeur à Orphée, suivi de leur Danse m'ayant tout d'abord tapé dans l'oreille. Et puis l'histoire est belle.

Orphée aux Enfers, de Jacques Offenbach : Quelle satire ! J'adore ! Le type même d'oeuvre "coup de coeur" qui m'a séduit au premier regard, ou plutôt à la première écoute. Que d'insolence dans cet opéra-bouffe ! Oser parodier l'un des grands thèmes de l'opéra, et avec quel résultat (très joli livret de Hector Crémieux et Ludovic Halévy, au passage). Et finalement, concernant le thème d'Orphée et Euridice, dont l'issu finale peut varier du tout au tout selon le compositeur, pourquoi ne pas changer le reste de l'histoire ?

C'est sans doute là le meilleur, en effet!!! et précisément dans cet ordre...
Pour ma part je rajouterais dans la liste des indispensables l'Orphée de Liszt qui est un de ses plus beaux poèmes symphoniques...et les 3 dernières minutes de la cantate de Berlioz sont quand même vraiment magiques!!!

Il manque, pour s'en tenir à ce qui a été publié au disque et que j'ai écouté (sinon ce serait une tâche incommensurable, c'est le sujet le plus mis en musique au XVIIe siècle...) l'Orphée de Clérambault, Orpheus de Telemann, Orfeo de Bertoni, La Favola d'Orfeo de Casella (et sans doute pas mal d'autres).

Le Clérambault est une cantate assez souvent enregistrée. Orpheus un opéra hambourgeois composite (airs italiens et allemands, choeurs français...). L'Orfeo de Bertoni est écrit dans le style classique, et Casella est ici dans sa veine néo-classique.

Sûr qu'on peut en trouver plein d'autres en ne cherchant pas bien loin.

benvenuto a écrit:

C'est sans doute là le meilleur, en effet!!! et précisément dans cet ordre...

Tu trouves vraiment la lecture de Gluck plus intéressante que celles de Peri, Monteverdi, Rossi ou Belli ? Que Bertoni, peut-être, mais sinon...

Vous en avez peu parlé, mais le Milhaud, sans être de la grande musique techniquement parlant, a un certain impact. Un peu la veine des Choéphores, sans en avoir non plus la dimension épique.

Pour Offenbach, je ne me prononce pas, je ne suis pas du tout réceptif à son humour, qui me paraît ostensiblement lourd, pour ne pas dire pénible. Le synopsis est très sympa, l'humour poussif, et la mise en mots aux confins du misérable. Et puis la musique, ça reste de la musiquette d'ambiance, et c'est un admirateur d'Adolphe Adam qui parle.

PFFFFFFFFFFFFFFFFFF

La version Gluck est très belle.

Quand à Offenbach ... oeuvre tout à fait géniale, il faut plus que l'esprit d'un portier pour l'apprécier ... j'en ai peur

Opus 100 avait cité Monteverdi en première position avant Glück, et c'est à ce classement (peut-être fortuit) que j'ai souscrit...je ne connais pas les oeuvres de Peri, Rossi et Belli.
Pour ce qui est de Glück, je reste séduit par l'austère économie de moyens et la noble épure par lesquelles il traduit l'aspect intemporel et classique du mythe...et il y a tout de même de grands moments sur le plan dramatique: tout l'acte infernal, le grand duo entre Orphée et Eurydice...et la musique, dans son dénuement un peu froid mais plein de grandeur, possède une force de conviction immédiate qui remporte à chaque fois mon adhésion!

Je mets à jour la liste, merci David

Cololi a écrit:

La version Gluck est très belle.

Oh oui, incontestablement.

Citation :

Quand à Offenbach ... oeuvre tout à fait géniale, il faut plus que l'esprit d'un portier pour l'apprécier ... j'en ai peur

Je le crains aussi. Je trouve ça terriblement ennuyeux, en fait. En pièce de théâtre, ça irait, mais en opéra, je ne vois vraiment pas l'intérêt d'avoir une action lente pour un propos qui se limite à l'humour, mais avec tant de parimonie...

Mais je fais aussi partie de ceux que la Grande Duchesse ne fait absolument pas rire. La Belle Hélène m'amuse déjà davantage, ou les saillies des Contes (et quelques oeuvres courtes, comme Un mari à la porte qui est sympathique).

D'une façon générale, le comique troupier, les moines ne sont pas formés pour. Les chastes Col, en revanche, c'est beaucoup plus à leur portée...

benvenuto a écrit:

Opus 100 avait cité Monteverdi en première position avant Glück, et c'est à ce classement (peut-être fortuit) que j'ai souscrit...

Ah oui, si c'est juste pour dire que Monteverdi vaut mieux que Gluck, c'est tellement évident que...

Citation :

je ne connais pas les oeuvres de Peri, Rossi et Belli.

Ecoute au moins Peri, pour ta culture, un maillon passionnant de déclamation sèche... On est très loin du génie de Monteverdi, mais l'oeuvre a son charme, du moins si on l'écoute dans une version vivante (sinon c'est impossible).

Citation :

Pour ce qui est de Glück, je reste séduit par l'austère économie de moyens et la noble épure par lesquelles il traduit l'aspect intemporel et classique du mythe...et il y a tout de même de grands moments sur le plan dramatique: tout l'acte infernal, le grand duo entre Orphée et Eurydice...et la musique, dans son dénuement un peu froid mais plein de grandeur, possède une force de conviction immédiate qui remporte à chaque fois mon adhésion!

Tu le dis très bien, et je suis tout à fait en accord avec ces vertus. Mais cette musique, classique au carré, a quelque chose de tellement hiératique et in-incarné que je n'y adhère pas autant qu'aux deux Iphigénie. Et tant qu'à faire dans le marmoréen, Alceste a quelque chose de plus dramatique, de plus "vrai", alors qu'ici, on est dans la pure représentation d'allégories. D'ailleurs ici la mise en scène de Wilson fonctionne du tonnerre, exactement conçu pour son système !

Rossi c'est vraiment très bien, il y a des passages comiques et d'autres tragiques, c'est une oeuvre complète et très plaisante avec très peu de longueurs au vu de sa durée.

Ok, je me farcirai les épigones cameratabardistes...
Pour Glück, et pour répondre à David, je préfère moi aussi les deux Iphigénies finalement, même si j'ai reçu le premier choc willibaldien avec Orphée. Je connais pas encore Alceste mais je compte m'y mettre sous peu!

La liste s'allonge avec Rameau, Orff, Keiser, Fux, Hayes...

Pfffff Orphée c'est le plus réussi des Offenbach, après les Contes et la Belle Hélène.

Opus100 a écrit:

La liste s'allonge avec Rameau, Orff, Keiser, Fux, Hayes...

Oh, mais si tu veux absolument allonger la liste, on peut ajouter L'Euridice de Caccini, La Morte d'Orfeo de Landi, L'Orfeo de Satorio, Orfey i Evridika de Fomin, L'Orfeide de Malipiero... et là encore, on en reste au disque !

Cololi a écrit:

Pfffff Orphée c'est le plus réussi des Offenbach, après les Contes et la Belle Hélène.

Et après Die Rheinnixen, La Vie Parisienne, Un Mari à la porte, La Périchole... Au moins.

DavidLeMarrec a écrit:

Opus100 a écrit:

La liste s'allonge avec Rameau, Orff, Keiser, Fux, Hayes...

Oh, mais si tu veux absolument allonger la liste, on peut ajouter L'Euridice de Caccini, La Morte d'Orfeo de Landi, L'Orfeo de Satorio, Orfey i Evridika de Fomin, L'Orfeide de Malipiero... et là encore, on en reste au disque !

Je suis preneur
Par contre, j'en suis presque surpris que Vivaldi ou Haendel n'aient pas consacré d'opéra à Orphée.

Orphée est un sujet militant, une réflexion presque philosophique sur le pouvoir de la musique et sa position prépondérante dans l'Ordre universel:c'est pourquoi il a intéressé en majeure partie les révolutionnaires, les théoriciens de l'art musical: Monteverdi, Glück, Liszt, et ceux qui s'inscrivaient en faux vis-à-vis de la tradition comme Offenbach. Haendel et Vivaldi, malgré leur immense génie, étaient des productifs qui exploitaient au maximum un schéma préétabli sans le questionner: ils étaient peu susceptibles d'être intéressés par ce sujet.

Sans oublier le message enrichissant que le mythe d'Orphée apporte : la victoire la plus importante se remporte sur soi-même.

Exact, je n'avais jamais envisagé le mythe sous cet aspect "psychologisant", mais c'est très bien vu!!!

Opus100 a écrit:

Par contre, j'en suis presque surpris que Vivaldi ou Haendel n'aient pas consacré d'opéra à Orphée.

C'est un sujet très à la mode en Italie dans la première moitié du XVIIe et en France dans la première moitié du XVIIIe. En Italie dans la première moitié du XVIIIe, beaucoup moins. Le goût y était plus "épique" que "mythique", pour faire simple. Nul doute cela dit qu'on doit en trouver en quantité comme à toutes les époques.

benvenuto a écrit:

Haendel et Vivaldi, malgré leur immense génie, étaient des productifs qui exploitaient au maximum un schéma préétabli sans le questionner:

Ce n'est pas vrai pour Haendel - du moins, pas vrai en dehors de l'opéra seria. Les oratorios anglais et même la musique instrumentale font preuve d'un vrai recul sur son art.

benvenuto a écrit:

Exact, je n'avais jamais envisagé le mythe sous cet aspect "psychologisant", mais c'est très bien vu!!!

Sans vouloir le moins du monde dévaloriser le propos d'Opus 100, c'est une citation littérale du choeur des Esprits de l'Orfeo.

DavidLeMarrec a écrit:

benvenuto a écrit:

Haendel et Vivaldi, malgré leur immense génie, étaient des productifs qui exploitaient au maximum un schéma préétabli sans le questionner:

Ce n'est pas vrai pour Haendel - du moins, pas vrai en dehors de l'opéra seria. Les oratorios anglais et même la musique instrumentale font preuve d'un vrai recul sur son art.

benvenuto a écrit:

Exact, je n'avais jamais envisagé le mythe sous cet aspect "psychologisant", mais c'est très bien vu!!!

Sans vouloir le moins du monde dévaloriser le propos d'Opus 100, c'est une citation littérale du choeur des Esprits de l'Orfeo.

alors là me voilà ridicule!!! sincèrement je m'en souviens pas du tout...
Sinon pour Haendel, je parlais uniquement des opéras seria, c'est indubitable que les oratorios vont beaucoup plus loin au niveau recherche et expérimentation; mais comme mon propos n'était pas précisément exprimé, tu as eu raison de réagir...

C'est à la fin de la scène des Enfers, les trois esprits disent en substance : "Seul en est digne celui qui remporte la victoire sur lui-même."

benvenuto a écrit:

Sinon pour Haendel, je parlais uniquement des opéras seria,

Cela dit, comme la période qui le précède directement est excessivement mal documentée (il faut remonter trente ans plus tôt et entendre les récentes parutions de Falvetti et Legrenzi, mais ce n'est pas pareil, et entre les deux générations ?), on n'est pas sûr non plus, mais il n'a pas manifesté un goût de la subversion énorme, c'est sûr, même s'il existe une certaine variété dans l'usage de la forme (voir par exemple le récitatif accompagné dans Serse ou l'usage ironique des airs dans Agrippina).

DavidLeMarrec a écrit:

Sans vouloir le moins du monde dévaloriser le propos d'Opus 100, c'est une citation littérale du choeur des Esprits de l'Orfeo.

Je confirme, en effet

Extrait du fil "Vous et le contemporain" :

DavidLeMarrec a écrit:

deb76 a écrit:

Bon, en même temps, ces fougueux jeunes gens (Stockhausen et Boulez) ce sont frittés sérieusement avec Pierre Schaeffer qu'ils accusaient d'amateurisme, notamment lors de la création - mal préparée et sans jeu de mots - d'Orphée à Donaueschingen en 1953 (ceci expliquerait-il cela ?). Mais au moins, ça bougeait, il y avait confrontation.

Ca n'en demeure pas moins la partition la plus intéressante de musique concrète que j'aie entendue à ce jour.

deb76 a écrit:

Elle était pour le moins ambitieuse, surtout par rapport à Symphonie pour un homme seul qui a beaucoup vieilli mais qui scellait en quelque sorte la rencontre avec Pierre Schaeffer.
Mais déjà, quelle version évoques-tu ?
Pour ma part, je n'ai que la version retravaillée par Pierre Henry à partir de ses propres sons et où il n'y a pas le livret écrit par Pierre Schaeffer. Livret qui fut en quelque sorte la base du scandale de Donaueschingen. Pour ce premier opéra et premier dispositif de musique mixte (la version d'Orphée 53 de Donaueschningen a une durée d'1h26, avec une musique pour bande 1/4 de pouce 76cm/s et selon le répertoire Acousmatique de l'Ina GRM 1948-1980, il y avait en direct Jeannine Collard dans le rôle d'Orphée, Andrée Lescot (Eurydice), Heinz Fischer Carvin (voix de l'amour) Philippe Arthuys au clavecin et Jeanine Grutter-Rauch au violon. En fait, il semble que Pierre Schaeffer a été trop ambitieux par rapport au public de Donaueschingen en proposant une mixité entre des séquences concrètes à des parties d'Opéra traditionnelles surtout face à un public connaissant bien le répertoire, une meute de 44 journalistes à l'affut du moindre faux pas. Mais c'est surtout le manque de moyens allié à très peu de répétitions qui ont pénalisé Orphée 53. Philippe Arthuys raconte son effroi dans l'excellent livre d'Evelyne Gayou GRM 50 ans d'histoire que montant sur scène accoutré dans une culotte bouffante, boucles de chaussures style XVIe aux pieds, il découvrit qu'à la place du clavecin de concert sur lequel il avait répété, on avait placé une épinettte
. Schaeffer a qualifié lui-même cet épisode de Warterloo de la musique concrète en soulignant C'est ainsi que nous perdîmes la bataille de Donaueschingen et que nous fûmes plongés des années durant dans la réprobation internationale (La musique concrète. PUF).

Je n'ai jamais entendu parler de cette œuvre mais ce que vous en dites tous les deux m'intéresse beaucoup. Ça se trouve, ça se peut s'écouter quelque part ?

Ca a dû exister au disque. Entendu et capté sur France Mu il y a une dizaine d'années. Je n'ai plus la bande...