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 Vaclav Neumann (1920 - 1995)

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Horatio
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Horatio
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MessageSujet: Vaclav Neumann (1920 - 1995)   Vaclav Neumann (1920 - 1995) EmptyDim 18 Déc 2011 - 21:35

Un petit topic sur un grand chef tchèque dont la reconnaissance se fait encore attendre !

Vaclav Neumann
(1920 - 1995)

Vaclav Neumann (1920 - 1995) Images?q=tbn:ANd9GcRIsbQ_cfMccxMwa-XFGQ0Jj8XM9DNgWLbbjifcvTgPKed9iQVgoQ

Vaclav Neumann occupe une place de choix dans la lignée des grands conducteurs tchèques, s'illustrant à côté des géants que sont Kubelik et Ancerl. Sa carrière n'a pas beaucoup bénéficié de son attachement à sa terre natale : Neumann est resté à l'Est, alors que d'autres, comme Kubelik, forgeaient leur réputation à l'Ouest - si bien que le nom et le talent de Vaclav Neumann ne disaient pas grand-chose de l'autre côté du mur.

Neumann a d'abord mené une carrière de chambriste, étudiant le violon et jouant de l'alto à la Philharmonie Tchèque - carrière qu'il mis de côté pour se consacrer à la direction, profitant du départ de Kubelik. Il a partagé la direction de la Philharmonie avec Karel Sejna jusqu'en 1950, lorsqu'Ancerl récupéra le poste de directeur.
Neumann partit acquérir de l'expérience à Karlovy Vary, puis à Brno, avant de retourner à Prague à la tête de l'orchestre symphonique de la ville (à ne pas confondre avec le Philharmonique, avec lequel il continuait d'entretenir des liens privilégiés). Sa carrière prit encore de l'envergure avec sa nomination à l'Opéra-Comique de Berlin (1955), puis à Leipzig (1964) où il marqua l'histoire du Gewandhaus.
En 1968, pour protester contre l'occupation russe de la Tchécoslovaquie, il quitta Leipzig - et repris le poste laissé vacant par Ancerl (parti au Canada) à la tête de la Philharmonie. La symbiose avec ce dernier dura jusqu'en 1990, lorsque Neumann prit sa retraite. Entre 1970 et 1973, le Staatsoper de Stuttgart lui confia également sa direction musicale. Notez que le Philharmonique le rappela même pour deux ans, en 1992, intervalle que Neumann mit à profit pour réenregistrer son répertoire favori (dont une quasi-intégrale de Mahler).

_______________________________________

Vous l'aurez compris, la carrière de Neumann est intimement liée au Philharmonique Tchèque, qui est à son apogée lorsque Ancerl cèdera la baguette à Neumann. Ce dernier, à défaut de transcender toutes les partitions qu'il touche, aura l'immense avantage de bénéficier d'un orchestre aux couleurs somptueuses et uniques - un des meilleurs orchestres de l'époque ! Sa direction se caractérise par son bon sens, son immédiateté, sa fraîcheur et son naturel mais aussi parfois par son manque d'effets ou de subtilité. Neumann noyait ses musiciens sous ses explications (/watch?v=NcwAsYn2FBc), mais n'a pas toujours la petite étincelle qui transformerait son travail efficace en véritable coup de maître.
Ajoutons enfin que sa Philharmonie va lentement décliner ; l'ouverture du pays à l'Ouest va provoquer une fuite des talents qui prétéritera grandement l'orchestre, qui ne retrouvera pas le niveau qu'il avait sous Ancerl et à l'aube de la direction de Neumann.

Quelques enregistrements de référence de Neumann :

  • Les Symphonies de Dvorak
    Ne dérogeant pas à la tradition, Neumann a enregistré l'intégrale des symphonies de Dvorak - et ce même deux fois ; une première fois en mono (enregistrements difficilement trouvables aujourd'hui) au début des années 70 - elle s'est vu décerner une distinction par la critique italienne -, puis en numérique dans les années 80 (cette seconde intégrale étant la plus courante). Les quelques remarques qui suivent concernent la seconde intégrale.

    Vaclav Neumann (1920 - 1995) 51OJ6euoMcL._SL500_AA300_Vaclav Neumann (1920 - 1995) 41841SYPRRL._SL500_AA300_

    Neumann est - comme toujours - magnifiquement servi par les timbres de son orchestre, impérial ici : bois fruités, cordes vives et bucoliques, cuivres jamais trop agressifs ou lourds. Pour moi, il s'agit d'une intégrale de premier choix - dépassant Kertész par les timbres et la couleur, Kubelik à Berlin par sa vivacité et sa légèreté. Son Dvorak est très naturel, un vrai régal. Soulignons une excellente prise de son qui peut se payer le luxe de se passer de remastering...
    Jacky a écrit:
    Pour goûter aux saveurs des bois, Vaclav Neuman par exemple avec une excellente prise de son. Je ne connais que sa huitième et je n'ai jamais pu me faire à une autre version…

    On peut cependant lui reprocher un certain manque d'idées dans les passages plus répétitifs ou conventionnels...
    DavidLeMarrec a écrit:
    C'est un peu indolent, tout de même...
    ... et comme le soulignait Cello, cette intégrale a plutôt mauvaise presse chez nous.

    Mais elle a ses adeptes (je cite un convaincu  Mr. Green ) :
    Horatio a écrit:
    Personnellement, j`ai l'integrale par Neumann, et je dois dire qu`elle m`enchante. Si le successeur d`Ancerl manque parfois d`un peu d`imagination, chaque symphonie, notamment les dernieres, sont magnifiquement traitees.
    Neumann exalte le drame de la 7e, reussit a maintenir le final ; jamais la musique ne perd en profondeur. La 8e est pleine de couleurs et de joie de vivre, et la 9e se transforme vite en rouleau compresseur (bonnes dynamiques).

    Neumann, dont l'intégrale est un exemple de lisibilité, de simplicité et de justesse stylistique selon moi (avec les timbres amoureux de son orchestre).

    Enfin, j'avais tenté un commentaire de sa neuvième :
    Horatio a écrit:
    On continue avec les chefs tchèques ! C'est cette fois le successeur de Kubelik qui s'y colle, dans ce qui sans doute la meilleure intégrale disponible (souvent oubliée, malheureusement, comme ses Mahler). Là aussi, l'approche diffère : après le rustique Talich, le noble Ancerl, voici Neumann le sanguin. Son interprétation est immédiate, entraînante, directe, et peut vous prendre aux tripes comme aucune autre. Neumann donne le ton dès le I : il ne va pas chercher trop loin, il va jouer ce qui est écrit (encore heureux   ...), mais la musique avance, soutenu par un orchestre magnifique, rutilant que, cette fois, la prise de son comble. Les sentiments et les couleurs sont très terre-à-terre : ainsi, le thème du II évoque plus des souvenirs diffus, une sensation de bien-être que nous apporte la mémoire, que de la nostalgie pure. Neumann nous réconforte et nous berce dans un doux fond de cordes. Le second thème du II profite de la meilleure rendition que j'aie pu entendre : contrairement aux autres chefs, c'est ici que Neumann s'approche le plus de la nostalgie (sérieusement, ce solo de flûte est exceptionnel : courez l'entendre, c'est à pleurer   ) : ces sentiments sonnent vrais, c'est bouleversant. Le III est remarquable de simplicité - jouer Dvorak aura rarement semblé aussi évident : Neumann trouve le tempo parfait, les basses nous emportent avec elles. Le trio est très doux, joueur, presque rêveur. Et puis, le final : le bouillant Neumann avance tel un rouleau compresseur, implacable - il y déploie tout le tempérament de feu de son orchestre, sans lâcher la bride. Ils se font plaisir, et nous aussi. Magistral (bis). 9/10

  • Les symphonies de Mahler à Leipzig
    Neumann, à côté du répertoire tchèque et de Beethoven, s'est beaucoup illustrer dans Mahler. A Leipzig, il les grava les symphonies 5, 6, 7 et 9 - dans ce qui fut un véritable coup de maître ! Les Mahler de Leipzig devinrent vite des références pour leur cohésion, leur dynamisme, leurs contours bien définis et le "classicisme" de la direction de Neumann, qui ne se surpassera jamais dans ces œuvres.

    Vaclav Neumann (1920 - 1995) 51ceTh3cjVL._SL500_AA300_ Vaclav Neumann (1920 - 1995) 51PSk5Ql0oL._SL500_AA300_Vaclav Neumann (1920 - 1995) 51DVJKCxXCL._SL500_AA300_Vaclav Neumann (1920 - 1995) 51k8oZlpJJL._SL500_AA280_

    A propos de la 5e :
    Gilles78 a écrit:
    Neumann avec Leipzig réalise une version foudroyante, avec des tempos alertes, tranchant nettement supérieur à la version avec le Philharmonic Tchéque. Une version survolté qui emporte tout sur son passage.
    Discobole a écrit:
    Mais bien sûr, il y a aussi la version de Vaclav Neumann à Leipzig, formidable d'intensité et de vigueur.
    Horatio a écrit:
    I) Tempo allant, sans aucune lourdeur. Le son est vif, précis, sans sentimentalité ; le drame avance sans obstacle ni regards en arrière. Neumann imprime une intensité rare à sa musique.
    II) Le contraste avec le I est réalisé par des cuivres très incisifs, des attaques orchestrales parfois agressives, des sonorités tranchées. Neumann n'en oublie pas l'équilibre pour autant, maintient un tempo allant, sans sentimentalité. L'orchestre est totalement décomplexé.
    III) La lecture emporte tout : tour à tour aérienne, cosmique, dynamique, entraînante et variée, elle se démarque par sa profonde conviction : Neumann est convaincu et passionné.
    IV) Tout en douceur, amoureusement.
    V) Le bon-sens terrien de Neumann convient à merveille ici, pour un mouvement spontané, dynamique et joyeux.

    Bilan : version de référence. Neumann se situe aux antipodes de Bernstein : il ne cherche pas l'effet psychologique, émotionnelle, mais bien l'efficacité et la spontanéité. L'orchestre, précis et juste, emporte tout sur son passage dans une lecture incisive - quelle conviction !. Le meilleur dans le genre Mahler sanguin.

    A propos de la 6e :
    Utnapistim a écrit:
    Alors pour moi au top il y a : Vaclav Neumann et le Gewandhaus de Leipzig.
    Neumann (Leipzig) : une version qui vous prend à gorge et ne vous lache plus, tout y est et ça avance naturellement ; ce chef a tout compris ; ce n'est pas ma version préférée pour rien. Pour moi le top du top, encore mieux que Mitropoulos.
    Adriaticoboy a écrit:
    J'ai pour ainsi dire écouté en boucle la 6ème ces derniers mois, avec plein de versions différentes, et je suis arrivé à la même conclusion que toi. Neumann dans cette gravure à Leipzig a un truc en plus. Même s'il n'a pas la réputation d'être un chef très engagé, je trouve qu'ici, en terme d'intensité, seuls Bernstein et Barbirolli rivalisent avec lui. Mais le chef tchèque se distingue par un allant, un sens de l'équilibre et une transparence qui me paraissent sans égal dans la discographie. Et puis la sonorité du Gewandhaus et la prise de son Eterna (1966!) sont à tomber par terre ! Vive la RDA!

    Au passage, cette version de la 6e est vraiment devenue introuvable, alors que les trois autres symphonies se dénichent encore  Sad ...
    Adriaticoboy a écrit:
    Qu'attend Berlin Classics pour rééditer ce bijou ?

    A propos de la 7e :
    Strad78 a écrit:
    Neumann avec le Gewandhaus Leipzig (1970), pour sa poésie.

    (On attend quelqu'un pour nous parler concrètement de la 9e  Mr.Red ...)
  • Les symphonies de Mahler avec la Philharmonie

    Vaclav Neumann (1920 - 1995) 41E593lNB2L._SL500_AA300_

    Après avoir quitté Leipzig et pris la tête du Philharmonique, Neumann va s'attacher à réenregistrer une véritable intégrale de Mahler avec son nouvel orchestre. Par rapport à Leipzig, il dirige un orchestre bien plus beau et mittel Europa (mais attend-on vraiment besoin de rappeler les fantastiques couleurs de la Philharmonie d'alors  I love you  ?) ; les pupitres des vents notamment se couvrent de gloire. Malheureusement (et de l'avis général), Neumann n'atteint pas la même perfection qu'auparavant (dans les symphonies 5-7 et 9 s'entend). Reste son bon sens et sa direction sanguine - et la dévotion de son orchestre ;

    Siegmund a écrit:
    Une intégrale sans fausse note, et même quelques versions majeures. Sans doute la meilleure des intégrales à bas prix. Et la plus fiable derrière Michael Gielen.
    Mention spéciale pour le Philharmonique Tchéque, qui nous offre une autre tradition orchestrale.

    Au sommet, selon moi, les 1, 4 et, un cheveu en-dessous, les 2, 3 et 7 (qui dépasse toutes les autres pour ses couleurs). Bon travail également dans la 8e.
    Siegmund a écrit:
    La première comme vous ne l'avez jamais entendu ; le son Tchèque dans toute sa splendeur. Avec direction solide et soigné ; pour un résultat sans failles aucune. Mais sans ce petit plus lui permettant d'atteindre la première marche.
    Siegmund, à propos de la 7e a écrit:
    Engagé et vivant. Une performance orchestrale qui respire, ne connait pas de défaillances. Simplement une magnifique version qui saura vous réconcilier avec cette oeuvre. Profitons aussi du superbe son Tchéque, qui à lui seul sait donner une personalité peu commune à cette intégrale.
    Horatio, à propos de la 5e a écrit:
    I) Tempo allant, spontané ; les passages "féminins" avancent sans complaisance. La lecture est résignée, mais pas désespérée. Magnifiques couleurs orchestrales (les vents !). Seul reproche, on trouve plus habité.
    II) Manque quelque peu de dynamisme, surtout d'attaques plus incisives. Le contraste avec le I est pourtant réussi - et il faut encore une fois louer le chant du Phiharmonique tchèque et ses appels de vents.
    III) Peaceful, presque trop lent. L'atmosphère est détendue, sans aucune agressivité, pleine de douceur. On se laisse emporter par les nuances, l'équilibre et les couleurs (encore une fois !). Le mouvement est presque pastoral.
    IV) Douceur et beauté de l'orchestre.
    V) Joie tranquille, promenade au soleil. Il semble que Neumann utilise une édition inhabituelle de la partition (partie des timbales notamment).

    Bilan : Lecture immédiate et spontanée, encore une fois. La progression entre drame et joie est mise de côté, elle ne constitue pas le centre de la vision de l'oeuvre. Il manque cependant à Neumann ce grain de folie et plus d'engagement rythmique. Cependant, cette version se démarque par l'orchestre le plus somptueux qui soit.
    Horatio, à propos de la 2e a écrit:
    I. Le ton de l'ouverture nous met d'emblée dans le sujet : ce sera une lecture droite, plutôt rapide, sans compassion. Le solo des basses est presque sec, les passages plus agités sont enlevés sans fioritures. La musique avance, et ce son "sec" donne encore une fois cette impression de dynamisme et de distance. Les thèmes plus doux sont joués sans aucune sentimentalité "fleur bleue", et les passages qui correspondent à des "catastrophes" (avant la réexposition) ne sont jamais lourds. Au final, une impression d'efficacité. Neumann ne s'émeut pas, le drame est inexorable.
    II. Neumann prend ici un tempo assez allant, et ne verse pas non plus dans la sentimentalité : c'est comme une accalmie après le drame du I, troublée par quelques nuages sombres. Le thème principal est tendre, les passages forte n'alourdissent pas le discours. Mention spéciale aux vents, qui rendent parfaitement cette atmosphère de souvenirs, rendant par moment la musique nostalgique (magnifiques passages aux pizzicatos). Au final, conformément aux paroles de Mahler qui voyait dans ce mouvement les souvenirs d'un âge heureux, Neumann produit un interlude charmant, reposant, une bouffée d'air frais, sans chercher à faire avancer le drame.
    III. Le thème principal est rendu de manière très dansante : tendrement, dans les mêmes couleurs que le II - avec ces bois moqueurs en plus. Tout le mouvement est imprégné de cette atmosphère dansante - là encore, mention spéciale aux vents, magnifiques -, qui servira de liant jusqu'à la fin ; la musique progresse au gré des interventions des vents, les cordes ont des couleurs très boisées. Apparaît soudain le thème de la Résurrection, vision fugitive - il n'a effectivement plus rien de dansant -, puis le mouvement continu reprend. Neumann ne différencie pas énormément le III du II, l'atmosphère ne varie pas beaucoup - c'est peut-être le mouvement le moins réussi. Mais la musique ne tombe jamais, on est constamment porté.
    IV. Magnifique soliste, magnifique couleurs. L'accompagnement est très doux, et la soliste rend cette atmosphère poignante à merveille : petit îlot de contemplation. Divin   .
    V. Le thème d'ouverture nous indique tout de suite que l'on aura un long voyage à faire. Neumann trouve les bons tempos pour lier les différentes parties du final, n'a pas peur des silences. Admirable travail des cuivres, véritables appels lointains, ce qui nous vaut de magnifiques dialogues avec les bois. Les cordes ne sont pas en reste, ce qui nous vaut un magnifique passage vers 9`00 (la marche aux cordes, la meilleure rendition que j'ai pu entendre) : elles participent au dynamisme du tout, ne s'appesantissent pas. Neumann réussit à varier les ambiances, entre joie, espoir et catastrophe, drame, pour que la musique avance et n'ait pas trop l'air de se répéter ou de stagner (ce qui est quand même le principal défi de ce final : combien de "solutions" qui se révèlent être de simples passages à une autre transition) - en bref, il parvient à garder la cohésion du final. Le choeur est bon, et les solistes font du très bon boulot. Seule petite déception anecdotique, la clarinette qui couine comme un canard vers le début.

    En conclusion, cette 2e de Neumann est plus qu'honnête, elle frôle les versions de références : il manque parfois l'étincelle de génie, le petit détail de direction qui change tout, mais l'ensemble est très homogène, très beau, l'orchestre n'est jamais retissant.
    Une magnifique version à connaître absolument si l'on s'intéresse de près à cette symphonie (et vu que la version isolée est introuvable, c'est une bonne occasion pour se procurer l'intégrale entière !   ).

    Si l'on peut reprocher quelque chose à Neumann ici, c'est souvent un manque de dynamisme et un tempo qui fléchit trop souvent : on sent que l'orchestre aurait les moyens d'aller plus vite, d'être plus énergique et dense, mais Neumann est sous anesthésiants à quelques endroits (notamment une 6e un peu apathique).
  • Neumann dans Martinu

    Ici encore un de ses compositeurs de prédilection. Il a gravé une intégrale des symphonies qui fera date :

    Vaclav Neumann (1920 - 1995) Z

    Bon, évidemment, les intégrales martinu ne courent pas les rues  Laughing , mais celle-ci s'est imposée comme la référence. Ses 3e et 4e symphonies ont par exemple reçu un grand prix du disque en 1979.
    Christophe21 a écrit:
    le rayon de soleil de l'interprétation de Neumann...
    On peut cependant lui préférer Ancerl dans les opus enregistrés par ce dernier  bounce .

    Vous m'excuserez de ne pas développer autant qu'au-dessus, mais je n'ai écouté que deux symphonies  Embarassed  et on n'en parle pas énormément par ici  siffle ...
    Sinon, en-dehors des symphonies, Neumann a également enregistré les concertos (en voici quelques uns) :

    Vaclav Neumann (1920 - 1995) 41jmwC6HNGL._SL500_AA300_ Vaclav Neumann (1920 - 1995) 51%2BV7vAAmkL._SL500_AA300_Vaclav Neumann (1920 - 1995) 41BLGlsV6zL._SL500_AA300_

    Sa plus-value principale est bien sûr sa justesses stylistique.
  • Neumann dans Dvorak, en-dehors des symphonies

    Encore le compositeur tchèque, magistralement servi par Neumann. Dans les désordre :

    Vaclav Neumann (1920 - 1995) 41zgXFtgXJL._SL500_AA300_

    Des Danses slaves campagnardes et champêtres, dansantes ( Rolling Eyes) à souhait. Contrairement à Kubelik, Neumann n'accentue pas les effets de masse.
    Horatio a écrit:
    Version très dansante, rustique, dans la veine danses populaires. N'y cherchons pas de dramatisme, d'héroïsme ou de grande profondeur - Neumann choisit l'option populaire, rafraîchissante, authentique - et vu que le ton reste sensiblement le même du début à la fin, je ne vous conseille pas d'écouter les 16 danses à la suite, c'est malheureusement vite lassant. La meilleure façon de les apprécier est d'en picorer une ou deux à la fois. Magnifique orchestre (comme d'habitude).

    Le Concerto pour violoncelle, avec Milos Sadlo ;

    Vaclav Neumann (1920 - 1995) Images?q=tbn:ANd9GcR2z1V7cAc6ZE7K-4bqZFUNOse4awMFOR1Y744OuIS4o4nmZg5l

    Très belle version ; un violoncelliste un tout petit peu fébrile par moment. Premier enregistrement de l'édition critique du premier concerto également. L'accompagnement de Neumann est très énergique - c'est d'ailleurs presque dommage de jouer autant la carte du nationalisme.
    Horatio a écrit:
    Une version purement tchèque : le successeur d'Ancerl, Neumann, accompagne le violoncelliste Sadlo (dont le professeur avait étudié avec Casals). Le jeu de Sadlo est très expressif, inventif, vivant, chaleureux - mais il n'atteint pas la maîtrise des plus grand interprètes.
    En fait, le disque vaut surtout pour deux choses : l'accompagnement orchestral, le meilleur que j'aie entendu (quel précision dans l'introduction du 3e mouvement !), et la redécouverte en disque du Premier Concerto pour violoncelle de Dvorak, orchestré par Jarmil Burghauser. Il date de 1865, lorsque Dvorak jouait encore au Théâtre Provisoire de Prague (de l'alto me semble-t-il) ; il le dédicaça à Ludvik Peer, un collègue violoncelliste, qui emporta le manuscrit à l'étranger alors que l'accompagnement de l'orchestre n'est pas réalisé (Dvorak avait seulement écrit une "réduction" pour piano). La première eut lieu en 1930, à Prague (dirigée par Szell d'ailleurs !). A part ça, je dois dire que cette oeuvre de jeunesse ne m'a pas laissé un souvenir impérissable  . 7.5/10
    Notons que Neumann enregistra aussi le concerto avec J. L. Webber.

    N'oublions pas non plus une magnifique Rusalka de 83 :

    Vaclav Neumann (1920 - 1995) 61YIV2CfdiL._SL500_AA300_

    hugo75 a écrit:
    Séjour à Prague, l'an dernier, et discussion chez un petit disquaire (il en reste encore là bas !) au lendemain d'une représentation de Russalka que j'avais vu la veille au Théâtre national. Et naturellement, la discussion dévie sur "quelle est la meilleure version de l'œuvre ?". Bon, je pensais ne pas me ridiculiser en citant Mackerras mais mauvaise pioche : tous les client trouvaient cela trop wagnérien. Je joue mon joker avec Chalabala : c'était déjà beaucoup mieux mais la prise de son date un peu me fait-on remarquer. Et je leur rétorque : "mais qui choisir ?". Réponse en chœur du disquaire et de tous ses clients tchèques : Neumann ! Et joignant le geste à la parole, ils mettent le CD dans la boutique pour écouter religieusement Benackova (qu'ils vénèrent là bas) et Ochman dans la scène finale. Timbre de miel chez elle, couleurs cuivrées chez lui et nuances infinitésimales chez les deux : anthologique !  Et naturellement, bouleversé, j'ai acheté cette 3ème version de Russalka sans le regretter : jamais entendu mieux avec en cadeau bonus le splendide Vodnik de Novak, la direction frémissante de Neumann et une philharmonie tchèque chantant dans son arbre généalogique et idéalement captée.

    Neumann accompagna également l'immense violoniste Josef Suk :

    Vaclav Neumann (1920 - 1995) 61Px8OiXv6L._SL500_AA300_

    Ca commence à faire beaucoup de pochettes  Mr. Green . Citons encore une version du Requiem en DVD, un Te Deum et quelques poèmes symphoniques. Dans l'ensemble, le Dvorak de Neumann est admirable, magnifiquement vécu - mais il pâlit un peu de la comparaison avec les interprétations de Talich et d'Ancerl. Mais avec de tels concurrents...
  • Le reste du répertoire tchèque et quelques divers

    Quelques Janacek et Smetana :
    Vaclav Neumann (1920 - 1995) 61M34VTKeML._SL500_AA300_Vaclav Neumann (1920 - 1995) 51aPQ2y9%2BbL._SL500_AA300_Vaclav Neumann (1920 - 1995) 51gCsrRa-oL._SL500_AA300_Vaclav Neumann (1920 - 1995) 41B6kJOKKXL._SL500_AA300_Vaclav Neumann (1920 - 1995) 31P65FHVYKL._SL500_AA300_

    Ajoutons les ouvertures de Beethoven, que Neumann affectionna toute sa vie (seul Coriolan n'es pas interprété pas lui dans ce disque) :
    Vaclav Neumann (1920 - 1995) 41DPX1MLuFL._SL500_AA300_

    ... et un documentaire vidéo (diapason d'or) :
    Vaclav Neumann (1920 - 1995) 41hQLfKG1zL._SL500_AA300_



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Dernière édition par Horatio le Lun 3 Mar 2014 - 19:07, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Vaclav Neumann (1920 - 1995)   Vaclav Neumann (1920 - 1995) EmptyLun 19 Déc 2011 - 13:18

Et bien, quel travail Horatio ! Félicitations et merci ! mains

Parmi ses grands enregistrements il faut rajouter ceux du compositeur tchèque Josef Suk (le grand-père du violoniste)
Un coffret regroupant plusieurs disques autrefois parus individuellement est disponible chez Supraphon.
Neumann y dirige la Symphonie Asraël op.27, Maturation op.34 (The Ripening) et Epilogue op.37.

Vaclav Neumann (1920 - 1995) 51MCiibWcqL.

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MessageSujet: Re: Vaclav Neumann (1920 - 1995)   Vaclav Neumann (1920 - 1995) EmptyLun 19 Déc 2011 - 14:22

Superbe boulot Very Happy
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MessageSujet: Re: Vaclav Neumann (1920 - 1995)   Vaclav Neumann (1920 - 1995) EmptyMar 20 Déc 2011 - 19:57

Petit ajout à la discographie Mahler de Neumann : après son départ à la retraite officiel en 1990, il reviendra encore au pupitre de la Philharmonie, comme antidote au sinistre Albrecht. En l'espace de quelques années (92-95), il aura quand même le temps de repartir en tournée, de réenregistrer son répertoire favori, dont Mahler ; au final, une dernière quasi-intégrale (manquent les 7e, 8e et 9e) publiée au Japon (par Canyon Classics si je ne me trompe).

Adriaticoboy a écrit:
Ce qui prouve une nouvelle fois, si besoin est, que les mélomanes et les éditeurs nippons sont quand même de fins connaisseurs (quand le marché européen est, lui, saturé des innombrables versions des sempiternels Haitink et Abbado).
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MessageSujet: Re: Vaclav Neumann (1920 - 1995)   Vaclav Neumann (1920 - 1995) EmptyMer 28 Déc 2011 - 9:49

Merci pour cette description et discographie de Neumann, je rajouterais un autre disque, son 3eme concerto Beethoven avec Moravec, une interprétation aérienne et d'une fluidité rare, un sommet de la discographie de ce concerto.

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MessageSujet: Re: Vaclav Neumann (1920 - 1995)   Vaclav Neumann (1920 - 1995) EmptySam 11 Fév 2012 - 0:20

Je me permets de reporter le résultat de l'écoute comparée de la 7e de Mahler qui concerne la version Neumann/Prague :

Siegmund a écrit:
7ème place : Václav Neumann ( Ceska Filharmonie ) enr.1978 - Studio
Vaclav Neumann (1920 - 1995) Cover12

Nous retrouvons ici l'orchestre créateur de l’œuvre. Programme Tchèque donc pour l'orchestre de Prague dirigé par une de ses grande figure. Et l'on peut au moins dire que nous trouvons ici personnalité sonore détonante.
Vous n'y avez pas tous adhéré, pointant des insuffisance orchestrale et de prise de son. L'interprétation a été jugé trop sage et dans la norme au point d'être 6 fois troisième de vos classement sur 8 participants ! Une belle victoire cependant, et une deuxième place ; sa fiabilité ne l'aura pas placé loin de la qualification.

Belle version cependant, et orchestre à connaitre.

[Ecoute de la 7e de Mahler]
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Horatio
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MessageSujet: Re: Vaclav Neumann (1920 - 1995)   Vaclav Neumann (1920 - 1995) EmptyMer 18 Avr 2012 - 17:15

Horatio a écrit:
Ne dérogeant pas à la tradition, Neumann a enregistré l'intégrale des symphonies de Dvorak - et ce même deux fois ; une première fois en mono (enregistrements difficilement trouvables aujourd'hui) (...).

Première bonne nouvelle : Supraphon réédite cette "quasi-légendaire" (on en parle, mais on ne la connaît pas) intégrale, avec en bonus les Variations symphoniques (contemporaine des symphonies de la période slave de Dvorak, donc des 5e et 6e) mais surtout les Ouvertures de concert (Othello, Dans la Nature, Carnaval) et, pour couronner le tout, ses Poèmes symphoniques - le tout parfaitement enregistré.
Deuxième bonne nouvelle : cette intégrale dépasse sa seconde Mr. Green .

Vaclav Neumann (1920 - 1995) 414lo-MwbZL._SL500_AA300_

Je n'oserais pas dire que c'est définitif, mais on s'en approche. Chaque symphonie trouve ici une interprétation de référence, et même les symphonies de jeunesse sont abordées avec un enthousiasme et une vigueur détonnantes (alors qu'elles ne sont souvent là que pour faire justice à l'indication "intégrale"). L'approche n'est pas très différente de ce qu'on a pu entendre dans la seconde intégrale de Neumann, à la différence qu'il bénéficie d'un orchestre au sommet de ses moyens - des bois divins (il n'y a pas d'autre terme) et de cordes très "vertes" - et qu'il privilégie plus la dynamique et l'effusion des couleurs, rythmes et thèmes. C'est vraiment payant dans les 6 premières symphonies, où les répétitions qui peuvent lasser et plomber le discours se révèlent bien plus variées. Ce sont des interprétions fulgurantes, exacerbant la composante dansante typique de Dvorak et misant beaucoup sur des timbres subtils et évocateurs ( I love you ). Plus tard, Neumann se détournera un peu de ce côté "paysan" et folklorique à la faveur d'un lyrisme, d'une douceur et d'une dignité plus raisonnés.

Ces symphonies envient donc des volées de bois vert, salvatrices pour les symphonies de jeunesse. Je retiens surtout la Première, débarrassée de ses tendances pompières, prise à un train d'enfer : le discours se ramasse, elle en devient franchement plus intéressante. La Troisième aussi est allégée, et retrouve ce ton à la fois pastoral (l'éclaircie du second mouvement, avec le thème de la clarinette ! - repris dans les Légendes, si je ne m'abuse) et onirique, influencé par Wagner.
La Quatrième est la seconde perle de cette intégrale, après la Première ; Neumann rend à merveille l'héroïsme du premier mouvement (ces basses qui grognent !), à un tempo modéré cette fois. Cet épisode passionné est tempéré par les méditations du second mouvement, avant que n'explose le Scherzo, magnifié par l'euphorie qui traverse l'orchestre : impossible d'y résister ! Un cocktail génial d'ironie, d'humour populaire et de mouvements dansants et farceurs. Le Finale illustre la différence avec la seconde intégrale : la première mouture est plus volontaire, tranchante et enlevée alors que la suivante émousse les arrêtes pour aller chercher plus de lyrisme et de subtilité.
La Cinquième, la symphonie pastorale de Dvorak et troisième référence "absolue" de cette intégrale, est ici baignée d'un douce lumière (l'ouverture, le II) et d'une franche atmosphère de réjouissance : quel enthousiasme encore une fois ! Neumann n'est passif nulle part, tout le discours est relevé. Mention spéciale au Final, avec son entrée en matière irrésistible.
La Sixième bénéficie des mêmes qualités (ah, ce Furiant, les éclats des bois...), tandis que la Septième bénéficie d'un héroïsme, d'une ampleur (la couleur des cuivres est parfaite, les cordes ne sont pas trop appuyées) encore plus prononcés que dans la version ultérieure. Neumann continue de ciseler les phrasés, de fluidifier les phrasés et de soigner les attaques, très prononcées, des vents : la quatrième pépite de cette somme. C'est moins brahmsien qu'ailleurs, mais quelque part plus vivant.
Inutile de dire qu'avec les qualités déjà citées, la Huitième ne peut être qu'une réussite. Description amoureuse de la nature du pays natal, empreinte de fraîcheur et de joie sincère, cette version se hisse sans peine à la hauteur de l'interprétation de la seconde intégrale. Je suis plus dubitatif pour la Neuvième, qui perd un peu de poids dramatique à force d'être décantée ; la version ultérieure, un peu plus "lourde, aura cependant plus de force (malgré les décharges envoyées par les cuivres dans cette version).

Bref, une réussite totale qui illustre l'art dvorakien de Neumann, qui soutient parfaitement la comparaison avec Talich et surtout Ancerl. S'il n'y avait qu'une seule intégrale à connaître, ce serait sûrement celle-ci (talonnée de près par la seconde !).
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MessageSujet: Re: Vaclav Neumann (1920 - 1995)   Vaclav Neumann (1920 - 1995) EmptyVen 25 Juil 2014 - 3:42

Very Happy Parution d'un coffret de six CD consacré aux premiers enregistrements de Neumann chez Supraphon :


http://www.amazon.fr/gp/product/B00KLPXOAC

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MessageSujet: Re: Vaclav Neumann (1920 - 1995)   Vaclav Neumann (1920 - 1995) EmptyVen 25 Juil 2014 - 4:16

Le disque des symphonies de Schubert (3 en particulier) est très spécial. Compositeur + chef + orchestre  drunken = un tiercé gagnant
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Horatio
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MessageSujet: Re: Vaclav Neumann (1920 - 1995)   Vaclav Neumann (1920 - 1995) EmptyVen 25 Juil 2014 - 14:43

Il n'était pas encore disponible à Prague  Mad ...

Je me suis (enfin) offert ses symphonies de Martinu, sa symphonie en ut de Stravinsky : impatient d'écouter tout ça - et ça me donnera l'occasion d'écrire ici tout le bien que je pense des Poèmes symphoniques de Dvorak qu'il nous a laissés  bounce ...
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