Concert d'improvisation

Je suis en train de mettre en ligne le Cabinet du docteur Caligari (génial film de Robert Wiene, 1920) que j'avais accompagné en 2004, je ne disposais que d'un piano droit mais c'est une séance dont j'étais assez content et qui a été enregistrée de façon plutôt correcte sur mini-disc.
Par la suite il fallu bien synchroniser cette bande-son avec l'image du DVD. (donc l'image est ici excellente)
J'ai dû couper le film en 9 parties, en essayant de ne jamais couper la musique.
Voici donc l'intégralité du film avec mon accompagnement: https://www.youtube.com/watch?v=xJZXHAXtAR0 (ça c'est la 1ère partie du film, si les autres parties n'apparaissent pas à droite vous pouvez les retrouver facilement, toutes mes vidéos sont ici )


Ca peut être amusant de comparer avec une bande-son à côté de la plaque, comme celle-ci, hollywoodienne dans le mauvais sens du terme, limite marrante: http://www.oldcinemovies.fr/das_kabinett_des_doktor_caligari___the_cabinet_of_dr._caligari____1919__348.htm (je ne sais pas de qui elle est, ce n'est pas Becce comme indiqué car Becce c'est ce qu'on a sur le DVD, et d'ailleurs ce n'est pas mieux)
Sinon il y a aussi ce genre-là: https://www.youtube.com/watch?v=uvAEqzeB96g

Xavier a écrit:

Je suis en train de mettre en ligne le Cabinet du docteur Caligari (génial film de Robert Wiene, 1920) que j'avais accompagné en 2004, je ne disposais que d'un piano droit mais c'est une séance dont j'étais assez content et qui a été enregistrée de façon plutôt correcte sur mini-disc.
Par la suite il fallu bien synchroniser cette bande-son avec l'image du DVD. (donc l'image est ici excellente)
J'ai dû couper le film en 9 parties, en essayant de ne jamais couper la musique.
Voici donc l'intégralité du film avec mon accompagnement: https://www.youtube.com/watch?v=xJZXHAXtAR0 (ça c'est la 1ère partie du film, si les autres parties n'apparaissent pas à droite vous pouvez les retrouver facilement, toutes mes vidéos sont ici )

Génial! Je vais enfin découvrir ce film que je ne connais que de réputation, et avec une bande-son à la hauteur en plus (non je n'ai aucun doute là-dessus!). Merci beaucoup, j'écoute/regarde ça prochainement!

Franchement, c'est dommage que ça ne soit pas disponible en DVD. C'est du grand art. Pas écouté beaucoup de musique de film muet qui soit à cette hauteur de vue.

Xavier a écrit:

Sinon il y a aussi ce genre-là: https://www.youtube.com/watch?v=uvAEqzeB96g

Ah oui ! Avec Xavier on n'a que le piano. Tu peux mieux faire alors. Tu ne connais pas une fille qui pourrait chanter aussi ?

Pour ceux qui voudraient le télécharger en entier, en un seul fichier, voici le lien: http://xavierscriabine.free.fr/CALIGARI_BUSATTO.avi (un peu moins de 700 Mo)
Il faut faire clic droit, enregistrer sous.

Super initiative, Xavier ! Je le télécharge et le regarderai dans la semaine.

Eh bien voilà, on y arrive !

De mon côté, je me suis régalé du Keaton, puisque je connaissais déjà le Caligari de Xavier. C'est vrai que le fait de pouvoir anticiper lui donne une latitude pour habiter l'action assez délectable, avec de belles caractérisations.

Xavier a écrit:

Pour ceux qui voudraient le télécharger en entier, en un seul fichier, voici le lien: http://xavierscriabine.free.fr/CALIGARI_BUSATTO.avi (un peu moins de 700 Mo)
Il faut faire clic droit, enregistrer sous.

Super! Moi qui me voyais ripper tous les fichiers sur Youtube les uns après les autres...

Bonne idée vraiment les vidéos. comme ca les pôvres bordelais qui n'ont pas la chance d'être sur paris, peuvent aussi en profiter. J'ai assisté une fois à un film muet accompagné par des musiciens (c'était au festival du court métrage de clermont-ferrand) et j'avais adoré. Je trouve génial ce que l'on peut ajouter comme atmosphère, comment la musique peut être évocatrice et aider à entrer dans ses films.
donc encore une fois merci pour les vidéos (en plus ca permet de voir des oeuvres très chouettes)

Bravo Xavier, c'est du grand art ! Pardon de visiter ce fil avec tant de retard, mais crois bien que je vais en faire profiter mon entourage.

Merci!

N'hésite pas à en dire plus, ce que tu as regardé, ce que tu as aimé ou pas et pourquoi...

Je suis très bon public et me régale de ces films, que je fréquente trop peu depuis bien des années. Déjà, tu me donnes envie de les revoir.
Ensuite, une chose : je vais utiliser la séquence hilarante de l'escalier, dans le Cameraman, à des fins pédagogiques. En effet, c'est idéal pour expliquer aux enfants le paramètre de la hauteur : ce que tu fais au clavier à ce moment-là est assez irrésistible.

Et en même temps, on ne peut pas dire que je trouve là une idée inouïe, ça paraît même évident de faire ça, non?

Pour le docteur Caligari, ici il y a l'enregistrement et le film en entier, et c'est quand même autre chose; déjà c'est un genre de film qui m'inspire beaucoup plus que les burlesques, et puis je pense avoir trouvé une cohérence et une adéquation stylistique sur l'ensemble du film, mais ce n'est pas évident à entendre sur un ou deux extraits.

Ah mais tout à fait, je parlais du hors-d'oeuvre !
Oui, bien entendu, c'était téléphoné, mais tu le fais avec un élan que je trouve irrésistible (et un second degré, pour ainsi dire, sans que je sache l'expliciter).

tudel a écrit:

Bonne idée vraiment les vidéos. comme ca les pôvres bordelais qui n'ont pas la chance d'être sur paris, peuvent aussi en profiter. J'ai assisté une fois à un film muet accompagné par des musiciens (c'était au festival du court métrage de clermont-ferrand) et j'avais adoré. Je trouve génial ce que l'on peut ajouter comme atmosphère, comment la musique peut être évocatrice et aider à entrer dans ses films.
donc encore une fois merci pour les vidéos (en plus ca permet de voir des oeuvres très chouettes)

Il y a un festival de ciné-concerts tous les ans à Bordeaux.

Xavier a écrit:

Et en même temps, on ne peut pas dire que je trouve là une idée inouïe, ça paraît même évident de faire ça, non?

C'est précisemment ça que j'ai trouvé génial: à la fois, c'est l'évidence, mais à la fois tu en fait quelque chose de complètement jouissif!

Bon sang, quand j'y repense, c'était vraiment énorme.

Citation :

Il y a un festival de ciné-concerts tous les ans à Bordeaux.

chouette ca tome à quelle période à peu près?

tudel a écrit:

Citation :

Il y a un festival de ciné-concerts tous les ans à Bordeaux.

chouette ca tome à quelle période à peu près?

C'est pendant tout le printemps, tous les ans. Quelque chose comme sept manifestations, et des accompagnements qui vont de l'électro-pop à l'orchestral contemporain.

Wolfgang a écrit:

Xavier a écrit:

Et en même temps, on ne peut pas dire que je trouve là une idée inouïe, ça paraît même évident de faire ça, non?

C'est précisemment ça que j'ai trouvé génial: à la fois, c'est l'évidence, mais à la fois tu en fait quelque chose de complètement jouissif!

L'évidence c'est justement ce que j'essaie de trouver; là ce n'était pas spécialement difficile, mais en tout cas c'est une chose essentielle... Il faut que la musique fonctionne avec naturel avec le film, pas que ça paraisse trop artificiel ou trop "rajouté", ni que ça prenne trop de place... C'est ça qui est difficile.

ben merci beaucoup de l'info, donc en attendant ce printemps il y a maintenant tous les liens donnés par xavier. cool

Ca tombe bien, c'est ça que tu sais faire !
J'enrage de ne pas avoir pu venir...
Une prochaine fois, je viendrai avec Brünnhilde (c'est ma chienne).

Xavier a écrit:

L'évidence c'est justement ce que j'essaie de trouver; là ce n'était pas spécialement difficile, mais en tout cas c'est une chose essentielle... Il faut que la musique fonctionne avec naturel avec le film, pas que ça paraisse trop artificiel ou trop "rajouté", ni que ça prenne trop de place... C'est ça qui est difficile.

Oui, pile au juste milieu, et tu le fais formidablement bien.

je suis curieuse de savoir comment ce fait ce genre d'improvisation, quand même très cadrée.
est-ce que tu essaies d'abord plusieurs choses et tu gardes des éléments où chaque nouvelle improvisation est complètement différente.
est-ce qu'il y a des moments clés du film qui sont moins improvisés et sur lesquels tu sais déjà la séquence que tu vas jouer, par exemple la fin d'une action d'une scène est-elle plus préparée que certains passages.
Y a-t-il des codes plus ou moins inconscient (bon ca je suppose oui avec les escaliers, les pièces de monnaie, les rencontres amoureuses), qui sont appliqués sur certains moments?

Il y a certaines choses que j'ai déjà dû aborder ici ou dans le lien qui y est donné: https://classik.forumactif.com/general-f1/l-improvisation-t1255.htm
J'ai essayé de dire certaines choses très maladroitement ici... https://www.youtube.com/watch?v=ZFTVkqZQxHg

Citation :

est-ce que tu essaies d'abord plusieurs choses et tu gardes des éléments où chaque nouvelle improvisation est complètement différente.

L'idéal c'est de se mettre au piano devant l'image et d'essayer plein de choses différentes.
Quand j'ai trouvé ce que je veux pour une scène, oui en principe j'essaie de garder l'idée, mais ce n'est pas du tout composé, c'est juste un élément, un brouillon musical, qui peut être transformé au moment de la séance en salles. Et même souvent je fais tout autre chose le moment venu...
En fait, le métier aidant, je prévois de moins en moins de choses, mais par contre j'essaie de très bien connaître le film, je le regarde un certain nombre de fois et j'essaie de retenir des éléments qu'il faut absolument bien synchroniser. (les fins de scènes, certains événements précis...)
En plus, maintenant, je n'ai plus de télé dans la même pièce que mon piano, donc pour le Caméraman j'ai peu travaillé au piano, en me souvenant des images seulement, ce qui est évidemment moins précis.
Mais ce travail est suffisant car j'imagine la musique dans ma tête en voyant le film, pas besoin du piano finalement pour le préparer!
Mais encore une fois, on beau préparer des choses, le moment venu l'instinct dicte parfois autre chose.
L'essentiel, je le répète, est de très bien connaître le film, son sens, son rythme, ses atmosphères. Et de s'adapter le mieux possible.
Avec les exemples du Keaton et de Caligari, vous voyez les styles très différents que je peux être amené à adopter selon le film.
J'ai aussi un enregistrement d'une séance de l'Homme qui rit (Paul Leni), il y a un court extrait sur Youtube, comme vous le verrez le son est très désagréable, mais ça donne une idée d'un style encore différent. (plus mélodramatique, pour schématiser)

Citation :

est-ce qu'il y a des moments clés du film qui sont moins improvisés et sur lesquels tu sais déjà la séquence que tu vas jouer, par exemple la fin d'une action d'une scène est-elle plus préparée que certains passages.

Oui il y a par exemple des thèmes que j'ai prévus: ici il y avait 3 thèmes, le thème principal (celui du caméraman), celui de Sally et de leur idylle, et celui du policier, personnage secondaire mais qui revient 3 ou 4 fois.
Ensuite pour la plupart des scènes j'ai une petite idée de ce que je vais faire mais rien de précis au niveau des notes, c'est surtout l'atmosphère, le style que je prévois. (j'avais prévu de faire un tango pour la scène de la cabine, j'avais prévu une valse pour la piscine, j'avais prévu bien sûr les descentes et montées dans les escaliers, sans prévoir précisément les notes et harmonies...)
Le seul truc très précis (et qui devait être bien synchronisé) c'était la sonnerie de portable quand le téléphone sonne chez lui.
C'était hyper rapide et il y a eu peu de réactions dans la salle, je pense que peu de gens ont entendu et compris la référence.

Citation :

Y a-t-il des codes plus ou moins inconscient (bon ca je suppose oui avec les escaliers, les pièces de monnaie, les rencontres amoureuses), qui sont appliqués sur certains moments?

Oui mais il n'y a pas de codes imposés, pas de règles.
On peut suivre les conventions, ce que le public attend logiquement, mais on peut aussi les détourner.
On peut en rajouter pour faire de l'ironie ou garder une certaine distance... Donc le rôle de la musique est énorme.
Dans Roméo et Juliette dans la neige de Lubitsch j'avais pris un malin plaisir à accumuler les références, il y avait notamment des thèmes de Roméo et Juliette de Prokofiev et de Tchaïkovsky.
Quand j'ai joué de façon très excessive le thème mélo de Tchaïkovsky pour le coup de foudre entre Roméo et Juliette, c'était du second degré et les gens étaient morts de rire dans la salle. Voilà une façon de détourner les codes.
En tout cas on peut faire dire beaucoup de choses au film avec la musique.
Regardez les dernières secondes de Caligari. (enfin seulement si vous avez déjà vu le film en entier!)
Cette fin est très ambigüe quant à la folie du héros ou du docteur... Eh bien avec la musique sur les toutes dernières notes je donne ma réponse à moi en jouant une bribe de thème déjà entendue...

merci beaucoup pour cette réponse très détaillée. je commence à regarder le cabinet du docteur caligari. pour l'instant, ce n'est vraiment que le tout début, j'aime beaucoup l'ambiance créée lorsque la jeune fille apparait (c'est très "nymphatique )

Zeno a écrit:

Ca tombe bien, c'est ça que tu sais faire !
J'enrage de ne pas avoir pu venir...
Une prochaine fois, je viendrai avec Brünnhilde (c'est ma chienne).

Et après c'est moi le wagneropathe ??
Et ton fils c'est Gunther ?

J'ai regardé Caligari. Quelle ambiance ! Un film aussi torturé, tourné juste après la révolution spartakiste et la défaite incompréhensible de l'Empire, ce n'était pas évident à accompagner sans monotonie.

J'ai particulièrement apprécié ces retours de la marche glauque et ces silences qui disent tout. La scène de l'enlèvement est assez "terrifiante" (à 3h du matin seul chez soit) surtout qu'on se prend un coup de piano à un moment critique (mais je n'en dis pas plus). Enfin la cohabitation d'harmonies parfois impressionnistes et scriabiniennes avec des décors expressionnistes aux ombres peintes, est très réussie. Et les accords de la fin sont bien lourds de sens...

Ça me donne envie de me replonger dans les films muets. J'en avais vus un paquet pendant mes études mais il faut bien avouer que sans musique ou avec une musique inadapté c'est barbant.

Merci pour tes commentaires!

Ophanin a écrit:

J'ai particulièrement apprécié ces retours de la marche glauque et ces silences qui disent tout.

Oui j'ai utilisé pas mal de silence dans ce film, il doit y avoir en tout 2-3 minutes de silence, ce qui est assez énorme finalement pour un film muet de 1h14, car en salles c'est quelque chose qui passe assez difficilement.
Avec le recul je trouve que ça fonctionne bien, c'est une autre musique en quelque sorte, ça donne une autre atmosphère que le reste.
Mais en salles ça crée un malaise, les gens se demandent pourquoi le pianiste ne joue plus, ça détourne l'attention du film, les spectateurs se mettent à tousser, etc...

Pour ce qui est du style global, il y a un ou deux courts passages impressionnistes avec gamme par tons, à part ça c'est quand même bien atonal dans l'ensemble.
Je n'ai pas l'impression d'avoir mis beaucoup de Scriabine... (mais comme ça ressort souvent malgré moi!)
Je pensais faire un poil plus moderne et moins connoté que ça.
En tout cas la difficulté était d'avoir une atmosphère qui colle bien au style visuel délirant du film, à l'ambiance cauchemardesque, mais de pouvoir trouver des moments de contraste... (d'où ces quelques passages impressionnistes et ces silences)
Sinon c'est globalement athématique, mais il y a quand même un motif récurrent même s'il est souvent transformé, c'est effectivement cette espèce de marche qu'on entend dès le générique, ce motif tordu et atonal, avec une courbe toujours différente (main gauche), et ces secondes majeures inquiétantes (main droite) qui représentent plus ou moins le docteur givré.

D'une manière générale c'est vrai que les silences passent mieux chez soit qu'en concert.

J'ai entendu pourtant pas mal d'ambiance à la Scriabine ; mais il faut dire qu'au bout d'un moment j'étais surtout pris par le film et je ne faisais plus tellement attention à la musique pour elle-même.

C’est époustouflant. Beaucoup de silences, oui, le plus beau étant celui qui accompagne le serment d'amitié entre Franz et Alan, ou Jane au début de je ne sais plus quel acte. J'ai aussi aimé les musiques des assassinats, elles sont impressionnantes. On lâcherait presque le fer à repasser au moment de la tentative de meurtre sur Jane. Et il est impossible de résister à l'émotion de la scène dans l'asile, celle qui précède la bataille.
Il faut dire que la musique originale (enfin celle que je connais) avec ses créations vaguement psychédéliques, ses bruits d'animaux de jungle et son jazz à côté de la plaque est ridicule.
En revanche, j'aime bien la bande originale de l'Aurore, que Xavier n'aime pas du tout!

Merci beaucoup pour tes commentaires Senga!
On en a aussi parlé dans le sujet sur l'improvisation dans la rubrique générale, si tu veux lire d'autres avis.

senga a écrit:

Et il est impossible de résister à l'émotion de la scène dans l'asile, celle qui précède la bataille.

Tu parles de quelles scène dans l'asile précisément? (comme il y en a plusieurs, je ne vois pas bien)

Citation :

Il faut dire que la musique originale (enfin celle que je connais) avec ses créations vaguement psychédéliques, ses bruits d'animaux de jungle et son jazz à côté de la plaque est ridicule.

Je ne connais pas cette bande-son, celle qui est soi-disant originale est de Becce, on la trouve sur le DVD Films sans frontières, et ça n'est pas du tout dans ce style. (mais il n'y a pas de vraie bande originale à mon avis)

Citation :

En revanche, j'aime bien la bande originale de l'Aurore, que Xavier n'aime pas du tout!

Là aussi, on ne peut pas appeler ça une bande originale!
Le fait même qu'il s'agisse de reprises d'oeuvres classiques préexistantes empêche qu'on parle de bande originale à mon avis.

Oups ! J’ai eu des difficultés pour poster hier soir et il manque un bout de mon message. Je ne me serais tout de même contentée de louer les silences.
Bon, là, pas trop de temps, mais je m’y remettrai, et dans l'autre fil.
A +

Je fais une improvisation ce soir au Théâtre de Chelles (dans le 77), et comme je sais qu'il y a des fans de Marie-Louise Duthoit par ici...

http://www.marne-chantereine.fr/spip.php?article253

Xavier, le roi de la promo.

Tu aurais dû l'annoncer plus tard ! Même en courant vite, j'ai peu de chances d'y être.

Tu nous raconteras, au moins ?

Comment veux-tu trouver ton public, en faisant comme ça, vilain garnement !

Tu as raison, mais en même temps, j'ai joué 5 minutes, je ne pensais même pas l'annoncer au départ...

Xavier a écrit:

Tu as raison, mais en même temps, j'ai joué 5 minutes, je ne pensais même pas l'annoncer au départ...

Ok.

Cela dit, quitte à l'annoncer, autant qu'il soit possible de venir. Je fais partie de ceux à qui le RER ne fait pas peur, mais j'ai lu ton message à 20h ou 20h15...

J'ai aussi lu ça trop tard

mon petit compte-rendu du concert d'improvisation de Xavier que Bezout a enregistré dans une église :

Noel :

alternance entre les clochettes et les guirlandes.
Puis petite musique du genre entrée dans un village américain décoré pour Noel dans un film holywoodien 00:39
00:55 : dissonnance !
1:10 : avalanche de neige ou de cadeaux
Puis retour du petit thème avec les clochettes
2:00 petit papa noel, avec clochettes et dièses disséminés
à 2:40 petit papa noel devient plutôt inquiétant avec ses clochettes et son air malsain )


Tango :

plutôt contenus au début, les mouvements deviennent assez vite amples et majestueux.
Puis ça redevient un petit tango intimiste de province... tout en reprenant un peu de vitesse !
à 1:40 ça devient plus langoureux.
à 2:00 ça redevient plus traditionnel
à 2:40 j'ai l'impression que Chopin s'y met !
à 3:00 et au-delà, ça devient plutôt sec et moderne, comme tango !


Humour britannique en hiver :

C'est triste et grave, on voit le côté hiver que le côté humour !
à 00:51 Xavier se met à entonner l'hymne anglais, en lui donnant un air grave (l'hiver dure).
Finalement, l'humour, on le trouve plutôt vers les 2:00, quand Xavier tourne cet hymne en ridicule en augmentant le tempo et en nous faisant imaginer Benny Hill qui danse dessus.


Prokofiev :

tu aurais pu être russe pour sortir ça aussi spontanément !


Chopin :

on reconnait bien le style de Chopin mais tu ne retombes jamais sur tes pieds comme lui : tu fais semblant de faire la fioriture qui va retomber sur la tonalité mais tu repars sans cesse sur une nouvelle tonalité sans jamais conclure sur la tonalité de départ, ce qui te rend beaucoup plus aventurier que lui !
En fait, ça ressemble beaucoup plus à du Scriabine, surtout à partir de 2:18 (et ne parlons pas de ce qui se passe à 2:50)
Alors, à partir des 3:00, tu te rappelles que c'était Chopin que tu devais parodier... mais tu recommences à vouloir changer sans cesse de tonalité sans retomber sur tes pieds comme il le fait... Vilain Xavier !


Tea for two :

pour là aussi tu optes pour donner un air grave et russe à une chanson plutôt légère à la base...
à 00:56, on retrouve un peu de légèreté mais ça ne demande qu'à retourner en Russie, on le sent bien dans ta fébrilité. Du coup tu y repars de plus belle à 1:30, là ça redevient du Scriabine. Puis à 1:57, ça devient un peu mystérieux façon musique de film avec les dièses qui vont bien. Puis à 2:36 tu repars dans un crescendo typique des russes. A 3:00 on se dit que tu cherches un peu vers où tu vas aller, et ça devient vraiment sympa à partir de 3:28, quand on retrouve le thème mêlé à des montées d'accords. A 3:55 ça devient vraiment rythmé, j'aime beaucoup mais je n'identifie pas un style en particulier... A 4:30, ça devient plus mélodramatique. A 4:50 on se retrouve dans un film d'horreur. Et une fin à la russe !

Satie :

c'est vraiment une parodie des gymnopédies avec la basse, l'accord et le petit thème aigu simpliste et nostalgique.

Lumière Jazz :

fin de soirée, piano bar, un verre de scotch sur le piano. Vers les 1:00 on se dit que tu n'es pas un jazzman mais tu essaies quand même de nous enfumer par la suite. A 1:40 on entend encore que tu n'es plus vraiment dans le jazz mais tu continues à faire des petites cascades de notes l'air de rien. Et tu conclues par une belle montée d'accord façon jazz.


Pink Mozart :

c'était pas évident pour le coup ! Du coup tu ne joues pas toujours la panthère rose mais tu l'enrobes bien comme il faut avec des petits thèmes qui sont bien de Mozart !

Marche funèbre

c'est celle là qui est dans le style de Messiaen ?

Fugue :

c'est la sonate de Dutilleux façon fugue ? Je ne sais pas vraiment ce qu'est une fugue mais je reconnais la sonate de Dutilleux. Par contre, elle sonne un peu comme du Beethoven jouée comme ça !


Bref j'ai beaucoup aimé, surtout quand tu imites les compositeurs ! Je trouve que c'est la meilleure façon d'expliquer ce qui fait leur style et leur époque, et je trouve ça génial de pouvoir comprendre la musique de cette façon !
Pour ce qui est du prélude de Debussy, de celui de Messiaen et de celui de Fauré, j'ai trouvé ça vraiment bien mais je ne sais pas trop comment en parler... Peut-être que j'ai trouvé que tu martelais un peu trop sur Messiaen et que Debussy, c'était vraiment ton truc, comme Fauré d'ailleurs !

Merci pour tes commentaires Olivier!
Pour tout te dire vu tes minutages détaillés ça me donne envie de réécouter ce concert en lisant tes commentaires.

Olivier a écrit:

Marche funèbre

c'est celle là qui est dans le style de Messiaen ?

Oui tout à fait.

Olivier a écrit:

Noel :

alternance entre les clochettes et les guirlandes.
Puis petite musique du genre entrée dans un village américain décoré pour Noel dans un film holywoodien 00:39
00:55 : dissonnance !
1:10 : avalanche de neige ou de cadeaux
Puis retour du petit thème avec les clochettes
2:00 petit papa noel, avec clochettes et dièses disséminés
à 2:40 petit papa noel devient plutôt inquiétant avec ses clochettes et son air malsain )

Ce n'était pas du tout fait pour être malsain, mais après tout pourquoi pas!

Citation :

Tango :

à 2:40 j'ai l'impression que Chopin s'y met !

Oui là c'est clair, je voulais m'amuser, pas faire un vrai tango de 5 minutes.

Citation :

Humour britannique en hiver :

C'est triste et grave, on voit le côté hiver que le côté humour !
à 00:51 Xavier se met à entonner l'hymne anglais, en lui donnant un air grave (l'hiver dure).
Finalement, l'humour, on le trouve plutôt vers les 2:00, quand Xavier tourne cet hymne en ridicule en augmentant le tempo et en nous faisant imaginer Benny Hill qui danse dessus.

Je n'avais pas pensé à Benny Hill.

Citation :

Chopin :

on reconnait bien le style de Chopin mais tu ne retombes jamais sur tes pieds comme lui : tu fais semblant de faire la fioriture qui va retomber sur la tonalité mais tu repars sans cesse sur une nouvelle tonalité sans jamais conclure sur la tonalité de départ, ce qui te rend beaucoup plus aventurier que lui !

Oui ça module pas mal, mais le morceau finit dans la tonalité de départ quand même.

Citation :

En fait, ça ressemble beaucoup plus à du Scriabine, surtout à partir de 2:18 (et ne parlons pas de ce qui se passe à 2:50)

Tu penses au jeune Scriabine?
Pour moi ce passage est très lisztien surtout.

Citation :

Alors, à partir des 3:00, tu te rappelles que c'était Chopin que tu devais parodier...

Parodie, non, si vraiment je faisais des parodies je serais bien plus méchant.

Citation :

Tea for two :

pour là aussi tu optes pour donner un air grave et russe à une chanson plutôt légère à la base...
à 00:56, on retrouve un peu de légèreté mais ça ne demande qu'à retourner en Russie, on le sent bien dans ta fébrilité. Du coup tu y repars de plus belle à 1:30, là ça redevient du Scriabine. Puis à 1:57, ça devient un peu mystérieux façon musique de film avec les dièses qui vont bien. Puis à 2:36 tu repars dans un crescendo typique des russes.

Tu as zappé le passage debussyste à 2'50.

Citation :

A 3:00 on se dit que tu cherches un peu vers où tu vas aller, et ça devient vraiment sympa à partir de 3:28, quand on retrouve le thème mêlé à des montées d'accords.

Tu ne sens pas les modes de Messiaen là?

Citation :

A 3:55 ça devient vraiment rythmé, j'aime beaucoup mais je n'identifie pas un style en particulier...

Messiaen toujours.

Citation :

Lumière Jazz :

fin de soirée, piano bar, un verre de scotch sur le piano. Vers les 1:00 on se dit que tu n'es pas un jazzman mais tu essaies quand même de nous enfumer par la suite.

Exact.

Citation :

A 1:40 on entend encore que tu n'es plus vraiment dans le jazz mais tu continues à faire des petites cascades de notes l'air de rien. Et tu conclues par une belle montée d'accord façon jazz.

Il y a quand même le thème de Taxi Driver (Herrmann) à 1'15.

Citation :

Pink Mozart :

c'était pas évident pour le coup ! Du coup tu ne joues pas toujours la panthère rose mais tu l'enrobes bien comme il faut avec des petits thèmes qui sont bien de Mozart !

Je me suis servi du thème de la panthère rose (en majeur) comme 1er thème d'une forme sonate. (et qui se retrouve en mineur dans le développement)

Citation :

Marche funèbre

c'est celle là qui est dans le style de Messiaen ?

Oui et je ne sais pas si c'est évident, le soprano des accords du début donne le Dies Irae grégorien, de même à 1'39.

Citation :

Fugue :

c'est la sonate de Dutilleux façon fugue ? Je ne sais pas vraiment ce qu'est une fugue mais je reconnais la sonate de Dutilleux. Par contre, elle sonne un peu comme du Beethoven jouée comme ça !

Cette dernière improvisation est probablement la moins réussie du concert, je ne sais plus trop ce que j'ai voulu faire mais ça ne sonne pas de façon très cohérente il faut bien le dire, au départ c'est plutôt fugue de Chostakovitch, mais ensuite...

Citation :

Bref j'ai beaucoup aimé, surtout quand tu imites les compositeurs ! Je trouve que c'est la meilleure façon d'expliquer ce qui fait leur style et leur époque, et je trouve ça génial de pouvoir comprendre la musique de cette façon !

Ce n'est pas a priori un concert pédagogique, c'est surtout un concert qui se veut non-traditionnel et si possible un peu amusant avec tous ces thèmes farfelus proposés par le public.
Mais si ça a aussi une fonction pédagogique, pourquoi pas!

Citation :

Pour ce qui est du prélude de Debussy, de celui de Messiaen et de celui de Fauré, j'ai trouvé ça vraiment bien mais je ne sais pas trop comment en parler... Peut-être que j'ai trouvé que tu martelais un peu trop sur Messiaen

Tu parles d'un passage particulier?
Parce que ces accords-là c'est quand même du ffff si je me souviens bien.

Citation :

et que Debussy, c'était vraiment ton truc, comme Fauré d'ailleurs !

Merci!

Olivier a écrit:

mon petit compte-rendu du concert d'improvisation de Xavier que Bezout a enregistré dans une église :

D'autres doivent se poser la question : ça se trouve quelque part ?

Suffit de demander, je t'envoie un MP.

C'est bien sûr très bien. Ça donne envie de devenir meilleur.

Au moins une petite remarque : il est drôlement glauque le papa noël. Comment tu fais concrètement ? On dirait un peu du Greif sur la fin. (son trio)

Ah si et : le Satie est drôle. C'est tout à fait ce qu'a dit Olivier.

Le Mozart est pédagogique, on voit bien où se trouve l'exposition, le développement, la réexposition.

Ophanin a écrit:

C'est bien sûr très bien. Ça donne envie de devenir meilleur.

Au moins une petite remarque : il est drôlement glauque le papa noël. Comment tu fais concrètement ? On dirait un peu du Greif sur la fin. (son trio)

Y a beaucoup de polytonalité, pour contrebalancer le côté éventuellement cucul des cloches de Noël et du thème de petit papa Noël.
Et des accords avec des quintes superposées dans le grave, à la Koechlin.

oui, effectivement, j'aurais dû reconnaitre le style de Messiaen !
Pour ce qui est du prélude de Messiaen que tu joues au début, je ne suis pas vraiment fan : je crois même que je ne suis pas vraiment fan de Messiaen au piano tout court (alors que j'aime beaucoup sa musique pour orchestre). Par contre, j'aime effectivement bien quand tu introduis un peu de ses accords typiques dans tes impros !

Xavier a écrit:

Ophanin a écrit:

C'est bien sûr très bien. Ça donne envie de devenir meilleur.

Au moins une petite remarque : il est drôlement glauque le papa noël. Comment tu fais concrètement ? On dirait un peu du Greif sur la fin. (son trio)

Y a beaucoup de polytonalité, pour contrebalancer le côté éventuellement cucul des cloches de Noël et du thème de petit papa Noël.
Et des accords avec des quintes superposées dans le grave, à la Koechlin.

Merci pour ta réponse. Je me disais bien qu'il devait y avoir des frottements de ce style mais pas moyen de comprendre quoi.

http://www.fmil.org/

Je viens de tomber sur ce site, ça a l'air très intéressant, j'imagine que tu connais Xavier ?

Jamais entendu parler.

Ok, merci.

Le seul truc que ça m'inspire en premier lieu, c'est que c'est un anagramme de MILF... Ça craint, faut que je m'arrache de cet écran et que je sorte de chez moi...