Wagner - Ring Barenboïm/Kupfer DVD

DavidLeMarrec a écrit:

J'ai vu moins de mises en scène que toi, je ne visais rien en particulier. Il me semble que ça bouge plus chez Holten ou à Stuttgart, mais je me trompe peut-être.

Oui peut-être. Après je ne trouve pas que ce soit statique dans l'absolu, ça bouge quand même beaucoup.

DavidLeMarrec a écrit:

Ah ben oui, Secunde, surtout à cette date, c'est merveilleux. On a le meilleur de tous les mondes, le moelleux, l'incisivité, le sens du texte, l'impact…

(J'adore aussi plus tard, même lorsqu'elle est un vibrato à deux battements par seconde, mais c'est pas forcément beau dans ce cas.)

Je sais bien, moi je n'entends pas ça, j'entends quelque chose de douloureux dès le début de la deuxième octave, le vibrato est déjà très présent.

DavidLeMarrec a écrit:

Ah tiens, j'avais trouvé qu'au bout du compte, ça restait un peu statique par rapport à mes souhaits, en particulier dans Rheingold, tout le monde assez à l'avant de la scène et face au public. Mais j'admets totalement que le livret du Ring étant ce qu'il ait, on peut difficilement trouver de la matière pour être mobile et intéressant tout le temps. (Enfin, c'est possible, mais ce serait un travail colossal et assez génial de co-écriture, qu'on ne peut exiger de tout le monde, même de grands metteurs en scène du type Kupfer.)


Barenboim
C'est davantage l'effet de masse qui me dérange que les petites imperfections : c'est enregistré dans les conditions du direct, et Bayreuth commençait vraiment à reprendre un niveau digne de son histoire et de sa réputation.

Un peu statique ? Ce n'est pas l'impression que j'ai eu, mais c'est très relatif bien sûr    ...

Pour les imperfections, je les signalais, mais c'est vrai que c'est tout à fait tolérable dans les conditions du direct.

L'effet de masse, je suis assez d'accord. J'ai entendu des lectures plus subtiles de la partition...

Wagner: Die Walküre (Elming, Secunde, Hölle, Tomlinson, Evans, Finnie, Orchestre du Festival de Bayreuth, Barenboim) .

J’ai vraiment beaucoup aimé dans l’ensemble …

Mise en scène :  Je l’ai trouvée sobre et efficace, tout au service du texte. Le décor pour la maison de Hunding au premier acte est très réussi, …et même agréable à l’oeil, et la nudité de la scène pour les deux suivants permet de se concentrer sur l’essentiel. Les costumes des walkyries m’ont fait sourire …  Mais bon c’est une constante : quelles que soient les mises en scène, les filles de Wotan défoncent tous les canons de la mode féminine   . Pour ce qui concerne le jeu de scène, j’ai été moins dérangé ici par une mobilité excessive des personnages que dans L’or du rhin. Il faut dire que le mouvement y est naturellement plus à sa place…

Orchestre et Barenboim: Mes réserves du Prologue se confirment et s’aggravent hélas. L’orchestre est vraiment lourd, opaque, avec effectivement des effets de masse vraiment très bourrins: la direction de Barenboim n’est franchement pas des plus subtiles. C’est dommage …

Le chant: là, pour moi, c’est le paradis (... pardon le Walhalla). Je les trouve toutes et tous remarquables : le Wotan de Tomlinson (qu’a-t-il de si bizarre ?), le Siegmund d’Elming, la Sieglinde de Secunde, le Hunding de Hölle, la Fricka de Finnie et la Brünnhilde d’Evans. Je trouve que c’est sans point faible …

Je suis presque comblé (avec un bémol pour l’orchestre quand même). Je passe bientôt à Siegfried.

Pour moi c'est le meilleur volet de ce Ring (Siegfried), car c'est vraiment là que le cast est grand.

Wagner: Siegfried (Jerusalem, Evans, Clark, Tomlinson, von Kannen, Kang, Svendén, Leidland, Orchestre du Festival de Bayreuth, Barenboim) .

Dans la continuité des deux premières volets de cette Tétralogie remarquable, Siegfried m’a beaucoup plu, voire encore plus que les deux premiers … La mise en scène est toujours aussi efficace et bienvenue. J’ai beaucoup aimé le premier et le troisième acte, le premier pour son décor remarquable et le troisième pour son dépouillement. J’ai un peu moins aimé le second où j’ai été un peu gêné par l’espace complètement fermé et un sentiment de trop-plein visuel, mais c’est sans gravité. Contre toute attente, je n’ai plus été gêné par l’orchestre ni par la direction de Barenboim. Celui-ci mène la danse avec un dynamisme qui emporte tout sur son passage. Et que dire du chant, sinon répéter que tout est admirable ? En particulier, le duo final de Jerusalem et d’Evans m’a emporté au dixième ciel   …

Bientôt le Crépuscule …

Wagner: Götterdämmerung (Evans, Jerusalem, Meier, Kang,Brinkmann, von Kannen, Bundschuh, Chœur et Orchestre du Festival de Bayreuth, Barenboim) .

Comme les trois premiers volets, j’ai beaucoup aimé ce Crépuscule. Je commencerai par le meilleur : le chant. Le non spécialiste de l’art vocal que je suis est comblé ; je ne relève aucun vrai point faible. Je mentionnerai d’abord la Brünnhilde d’Evans qui est une des plus belles que j’ai entendues : sans doute pas la plus puissante, mais l’une des plus belles voix qui aient incarné le personnage. Il me faut ensuite saluer l’extraordinaire Waltraute de Waltraud. J’ai trouvé son duo avec Brünnhilde fabuleux, l’un des plus beaux moments de ce Crépuscule, et de cette Tétralogie : il m’a vraiment ému … Mais tous les autres rôles sont très bien tenus : du Siegfried de Siegfried aux trois filles du Rhin que j’ai trouvées délicieuses.

La mise en scène ensuite. J’ai adoré …. sauf la fin, et sauf — petit détail — le playmobil très kitsch qui représente Grane. Les décors sont excellents ; la marche funèbre, avec réapparition de Wotan, est originale ; et pour une fois, c’est même plaisant pour l’oeil. Malheureusement, il fallait bien que quelque chose vienne gâcher le plaisir : j’ai détesté la fin. Pour une fois qu’une mise en scène était totalement au service du texte, sans « relecture idéologiquo-rasoire », il a fallu que Kupfer craque à la fin. J’ai trouvé ce grand remue-ménage final, avec téléviseurs et procession tire-larmes de petits gosses, non seulement visuellement très moche mais tout à fait hors propos au moment où la musique devient sublime et où on a envie de se laisser aller à l’émerveillement : ça détourne l’esprit de l’essentiel …

L’orchestre et la direction enfin. Là, je suis plus partagé. Il y a des moments que j’ai beaucoup aimés, comme la marche funèbre, d’autres que j’ai, une nouvelle fois, trouvés assez bourrins : les cuivres s’en donnent vraiment à coeur joie, et pas vraiment avec subtilité. Cela dit, je me demande s’il y a vraiment une tétralogie de Bayreuth que j’aie vraiment appréciée de ce point de vue. Quand j’y réfléchis, toutes les belles prestations orchestrales auxquelles je pense ont été réalisées en studio avec d’autres orchestres (Karajan, Janowski I à Dresde, Haitink …).

Le bilan final de cette tétralogie est en tout cas pour moi positif : j’y reviendrai sans aucun doute   .

Oui, les cuivres qui bourrinent à Bayreuth (ou du moins c'est ce qu'on entend en enregistrement, apparemment pas dans la salle), ça n'est pas le fait de Barenboïm, ça c'est sûr et certain.
A part ça l'orchestre est très beau dans cette version. Je me rappelle avoir été gêné par une grande réverbération dans certains volets, notamment Siegfried.

Anaxagore a écrit:

J’ai trouvé ce grand remue-ménage final, avec téléviseurs et procession tire-larmes de petits gosses, non seulement visuellement très moche mais tout à fait hors propos au moment où la musique devient sublime et où on a envie de se laisser aller à l’émerveillement : ça détourne l’esprit de l’essentiel …

J'ai trouvé que ça fonctionnait vraiment bien… mais je n'ai pas aimé non plus, parce que comme tu le dis, c'est un moment où il se passe tellement de choses, et puissantes à la musique, qu'il ne faut pas parasiter l'écoute…

Xavier a écrit:

Oui, les cuivres qui bourrinent à Bayreuth (ou du moins c'est ce qu'on entend en enregistrement, apparemment pas dans la salle), ça n'est pas le fait de Barenboïm, ça c'est sûr et certain.
A part ça l'orchestre est très beau dans cette version. Je me rappelle avoir été gêné par une grande réverbération dans certains volets, notamment Siegfried.

Je n'incrimine pas du tout Barenboim, parce qu'en effet les cuivres font la même chose dans pas mal d'autres enregistrements réalisés à Bayreuth (Böhm par exemple). Pour ce qui est de la salle, je ne fais pas partie des élus qui ont eu la chance d'y goûter, mais il paraît en effet que ça sonne miraculeusement bien .

DavidLeMarrec a écrit:

J'ai trouvé que ça fonctionnait vraiment bien… mais je n'ai pas aimé non plus, parce que comme tu le dis, c'est un moment où il se passe tellement de choses, et puissantes à la musique, qu'il ne faut pas parasiter l'écoute…

J'avoue que j'ai été tellement énervé au moment même que je ne suis pas certain d'avoir compris le message , mais je te crois ... Il faudra que je revoie ça ...