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 Max d'Ollone (1875-1959)

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Polyeucte
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MessageSujet: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyDim 10 Mar 2013 - 16:26

A l'occasion de la sortie d'un double disque autour des Prix de Rome consacré à Max d'Ollone, un petit sujet... bien modeste...


Pour moi, Max d'Ollone était le chef d'orchestre qui dirige la seule version de Maître Pierre de Charles Gounod...
Quelle ne fut pas ma découverte en écoutant ces cantates, choeurs et musiques symphoniques composées pour le Prix de Rome! Derrière cette image que je m'étais faite d'un chef qui avait organisé et mis au propre une oeuvre de Gounod se trouve en fait un musicien passionnant!

Passionné de musique dès sa plus tendre enfance à Besançon, il devient rapidement un prodige du piano et est donc rapidement orienté vers les études musicales. A Paris, il aura pour professeur Massenet, qui restera durant de longues années un ami et un conseiller très important. C'est lui qui le poussera à participer au Prix de Rome afin d'obtenir le Premier Prix au bout du troisième essai en 1897.
Il compose durant son séjour à Rome bien des pièces, qui ne répondent pas toujours aux exigences des responsables, comme son unique symphonie si on peut la qualifier ainsi "Les Villes Maudites".
Par la suite, il composera quelques opéras donc certains n'ont jamais été créé dans leur intégralité (comme son premier "Jean" qui est totalement inédit, ou encore "L'Etrangère" dont seul le premier tableau a été représenté). Par contre, "Le Retour" bénéficiera d'une création à Angers et d'une reprise sur le scène de l'Opéra de Paris avec Germaine Lubin dans le rôle principal.
Moment sombre de sa vie, il préside à la Section Musique du Groupe Collaboration durant l'occupation...

Durant sa jeunesse, il bénéficie des appuis de bon nombre des grands noms de son temps, comme Massenet bien sûr, mais aussi Gounod et Saint-Saëns. En effet, la musique de ce jeune homme n'est pas forcément novatrice à l’extrême, mais intègre les compositions existantes pour créer ainsi un langage propre dans la suite de ses maîtres.


Les cantates et autres pièces proposées dans la Collection des Prix de Rome (Editiones Singulares) montrent une claire filiation avec Massenet, mais aussi d'Indy ou Chausson par l'orchestration et la peinture des atmosphères.

Malheureusement, peut d'oeuvres ont été enregistrées de ce compositeur qui a l'air si intéressant...
Un disque des trio et quatuors, ainsi qu'un autre chez Claves contenant entre autres "Le Ménétrier" créé par Enesco en 1910...



Donc cette parution chez Ediciones Singulares double le nombre de disques de Max d'Ollone en temps que compositeur! Very Happy
Reste à espérer un jour l'éxumation de ses opéras dont le livret du double CD récemment sorti donne un aperçu fort intriguant et positif!
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyLun 11 Mar 2013 - 14:41

En écoutant en concert un extrait de sa cantate du Prix de Rome Frédégonde, j'avais eu une impression très positive :

    Ce duo d'amour apparaît profondément marqué par l'image du Tristan de Wagner, en particulier par l'acte II et O sink hernieder, Nacht der Liebe. En rentrant et en ouvrant la partition, on pouvait remarquer que le début de l'oeuvre est encore plus intensément tristanien, dans l'organisation de ses thèmes, dans ses chromatismes nombreux, dans sa poétique générale. Voilà qui donne très envie de jouer et d'entendre, mais les tessitures sont assez tendues et réclament des interprètes très aguerris.

    On remarque tout de même l'évolution impressionnante des goûts du jury [du Prix de Rome] entre la fadeur réclamée jusque dans les années 1880 et l'acceptation de tels wagnérismes en 1897 !


Depuis, j'ai aussi lu sa Jeanne d'Arc, un oratorio assez statique (récitant et choeurs), mais aux belles harmonies. Un art du drame et surtout du climat, manifestement. J'attends le volume avec beaucoup de gourmandise. Very Happy
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Polyeucte
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyLun 11 Mar 2013 - 14:46

C'est vrai que Frédégonde est marquée par Wagner... par contre, les autres (antérieures... autres essais pour le Prix) sont beaucoup plus marquées par Massenet je trouve... on y sent vraiment l'admiration du jeune compositeur pour son maître!


Sinon, tu as déjà jeté un oeil à ses opéras? Parce que rien que les sujets de "Jean" ou "Le Retour" me semblent bigrement intéressants!
Alors si la musique est à la hauteur...
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyLun 11 Mar 2013 - 14:51

Polyeucte a écrit:
C'est vrai que Frédégonde est marquée par Wagner... par contre, les autres (antérieures... autres essais pour le Prix) sont beaucoup plus marquées par Massenet je trouve... on y sent vraiment l'admiration du jeune compositeur pour son maître!
Pas essayé les autres, mais ce n'est pas grave, si c'est du Massenet façon Ravel, j'achète ! Very Happy (de toute façon j'achète quand même... Mr. Green )


Citation :
Sinon, tu as déjà jeté un oeil à ses opéras? Parce que rien que les sujets de "Jean" ou "Le Retour" me semblent bigrement intéressants!
Non, mais j'accepte le défi ! Cool
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyLun 11 Mar 2013 - 14:56

DavidLeMarrec a écrit:
Pas essayé les autres, mais ce n'est pas grave, si c'est du Massenet façon Ravel, j'achète ! Very Happy (de toute façon j'achète quand même... Mr. Green )
Bien bien! Very Happy


Citation :
Non, mais j'accepte le défi ! Cool
hehe

C'est quand même étrange le peu d'enregistrements existant de son travail... alors qu'il a quand même eu un certain succès sur la scène de l'Opéra de Paris, que des grands noms ont été très élogieux (Gounod, Massenet, Saint-Saëns... mais aussi Millaud, Sauguet, Debussy ou Hahn!)
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyLun 11 Mar 2013 - 15:10

Je viens de regarder les premières pages du Retour (oui, tout en te répondant sur Wagner et en touillant mon thé de mon auriculaire gauche), ça a l'air superbe. Déclamation pelléassienne, mais beaucoup plus mélodique, et superbes harmonies, à la fois riches et très consonantes. Plus aéré que d'Indy, mais le même type de relecture de modèles antérieurs, avec un charme propre. J'ai hâte de me jouer ça !
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyLun 11 Mar 2013 - 15:15

DavidLeMarrec a écrit:
Je viens de regarder les premières pages du Retour (oui, tout en te répondant sur Wagner et en touillant mon thé de mon auriculaire gauche), ça a l'air superbe. Déclamation pelléassienne, mais beaucoup plus mélodique, et superbes harmonies, à la fois riches et très consonantes. Plus aéré que d'Indy, mais le même type de relecture de modèles antérieurs, avec un charme propre. J'ai hâte de me jouer ça !

En fait, tu as quatre bras et 5 yeux non? Mr.Red
Bon, alors dans un sens, c'est super... le soucis, c'est qu'on risque de ne jamais avoir droit à l'entendre... en dehors bien sûr de tes exhumations! hehe
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyLun 11 Mar 2013 - 15:23

Polyeucte a écrit:
En fait, tu as quatre bras et 5 yeux non? Mr.Red
Malheureusement, je l'ai qu'une glotte, une de plus serait un atout pour enregistrer les duos.

Citation :
Bon, alors dans un sens, c'est super... le soucis, c'est qu'on risque de ne jamais avoir droit à l'entendre... en dehors bien sûr de tes exhumations! hehe
Je ne suis toujours pas persuadé qu'elles vaillent mieux que rien. hehe Mais il est probable que vous en ayez un morceau : ce n'est pas bien dur à jouer au piano, ni à chanter, et les harmonies sont superbes (beaucoup de très jolis accords de quatre sons). Very Happy
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyLun 11 Mar 2013 - 15:39

DavidLeMarrec a écrit:
Malheureusement, je l'ai qu'une glotte, une de plus serait un atout pour enregistrer les duos.
hehe Faut essayer de recruter des glottes... qui arrivent à déchiffrer facilement une partition! Embarassed

Citation :
Je ne suis toujours pas persuadé qu'elles vaillent mieux que rien. hehe Mais il est probable que vous en ayez un morceau : ce n'est pas bien dur à jouer au piano, ni à chanter, et les harmonies sont superbes (beaucoup de très jolis accords de quatre sons). Very Happy
ça permet quand même aux personnes qui n'arrivent à imaginer dans leur tête de se faire une idée! Very Happy
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyLun 11 Mar 2013 - 15:58

Polyeucte a écrit:
hehe Faut essayer de recruter des glottes... qui arrivent à déchiffrer facilement une partition! Embarassed
Processus en cours...

Citation :
ça permet quand même aux personnes qui n'arrivent à imaginer dans leur tête de se faire une idée! Very Happy
Je viens de faire une première lecture de la première scène. Je l'ai enregistrée, c'est assez pauvre sans les voix, mais ça permet d'entendre un peu les harmonies et le climat (très belles et très beau !). Ca évoque un peu L'Etranger, comme atmosphère.
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyLun 18 Mar 2013 - 17:53

DavidLeMarrec a écrit:
Polyeucte a écrit:
hehe Faut essayer de recruter des glottes... qui arrivent à déchiffrer facilement une partition! Embarassed
Processus en cours...

coucou Bon évidemment, ça n'est pas les sopranos qui manquent, mais bon, si vous cherchez des glottes, la mienne est à votre disposition !
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyMer 3 Juil 2013 - 14:27

Ecoute de ce disque :
Max d'Ollone (1875-1959) 614FtPKMbaL._SX300_

Belle découverte pour le trio, qui sonne quand même assez proche (ou plutôt dans la lignée) des concerts/quatuors de Chausson avec son dialogue entre les instruments.
Pour le reste du programme pianistique, j'ai trouvé ça au final très romantique tardif, beau avec quelques pointes un peu modernes par moments.

Difficile d'en dire plus... Mais si vous êtes curieux... Wink
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptySam 13 Juil 2013 - 10:39

Amusant, la veille du jour où tu as écouté ça, j'écoutais le disque Maguelonne consacré à la musique de chambre de Max d'Ollone. Smile

Sur ce disque, des pièces moins ambitieuses, de jolies atmosphères de salon. Très loin de Frédégonde ou du Retour. Surprised
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyMar 19 Nov 2019 - 1:52

Histoire d'alimenter ce fil au régime (copié de Playlist)

D'Ollone - Trios et Quartets

Trio pour piano
Le trio pour cordes annoncé sur la pochette ne correspond à cette appellation que si l'on accepte que le piano est un instrument à cordes (ce qui n'est pas complètement faux, mais peut-être un abus de langage). hehe
Très clairement ce que j'ai préféré de l'album, le trio pour piano démarre sur un Allegro ma non troppo au thème décidé, quasi-martial, avec une forte inspiration fauréenne (quatuor pour piano et cordes no2) et des échos qui m'évoquent... Durosoir (l'ouverture du quintette, notamment) ! L'élégie aux cordes avec le piano éthéré en accompagnement relève clairement de l'obédience romantique française, avant une récapitulation qui retrouve énergie et allant, mais aussi ces intervalles (?) qui sonnent à mon oreille comme Lucien.
L'Adagio est délicieusement tendre et amer à la fois (les appels élégiaques du violoncelle...). Pas de trouvaille extraordinaire, mais une atmosphère qui me happe, et un développement (cyclique, il faut aimer) fort réussi, avec de beaux échanges de phrases entre instruments et variations de textures.
Y succède un Scherzo vif-argent plein d'allant, qui s'alanguit un court instant pour mieux reprendre sa course, avant de revenir dans le Presto final, absolument échevelé et aux limites de la tonalité, aux thèmes et couleurs qui m'évoquent tellement l'ancien poilu. Le sombre galop s'éclaircit sans réduire son allure, mais on sent bien que la machine s'emballe et le retour des thèmes de l'adagio ne marque nulle garantie de retrouver le repos, chaque nouvelle tentative est un hoquet toujours un peu plus déréglé, plus proche des frontières de la tonalité : cela n'est pas sans m'évoquer les détraquements du Ravel de La Valse, à une échelle réduite et sans le cataclysme final. Lorsqu'enfin le trio s'interrompt, on est heureux de pouvoir reprendre son souffle !

La version de l'Athenaeum-Enesco est bien plus haletante que celle du Trio Anima Mundi (de 30 secondes à une minute de plus sur chaque movement pour ces derniers, la différence est vraiment notable et cruelle dans le presto) et elle bénéficie d'une prise de son qui m'est plus agréable (moins claustrophobique).

Quatuor en mi mineur pour piano et cordes
Là où le trio datait de 1920 et sentait le passage de la guerre, ce quatuor ultra-romantique de 1949 (!!!) semble avoir oublié toute notion de temps et regarde pratiquement un siècle en arrière (on dirait du Brahms) !
De coupe fort similaire au trio (4 mouvements, avec andante, scherzo et finale rapide), le développement n'en est toutefois pas cyclique et le ton est quant à lui très different : andante rêveur, scherzo musclé, allegro lumineux (avec de jolis tourbillons au clavier). De bien belles choses qui se sont révélées à la réécoute, sans toutefois détrôner le coup de tonnerre du trio.

Quatuor à cordes en ré majeur
Œuvre de jeunesse (1898), dont le caractère épigonal n'est pas dénué de touches personnelles ou de belles trouvailles (délicieux scherzo, adagio suspendu, allegro souriant et énergique).
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Mefistofele
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyMar 19 Nov 2019 - 2:59

Pièces pour orchestre

Fantaisie pour piano et orchestre
Mini-concerto de 13 minutes à peine, cette pièce peine à (me) convaincre qu'il s'agisse d'autre chose qu'un assemblage des poncifs du genre. Louons du moins sa concision qui pallie son manque d'originalité.

Lamento pour orchestre
Pièce funèbre aux sombres accords initiaux, et dont les cordes frémissantes puis houleuses jusqu'à l'apothéose centrale, finissent par retomber dans un mystérieux silence. Très sibélien (?), je pense aux Océanides, en plus apaisé. La seconde partie, étale, s'étire un peu (même si ce n'est que pour 4 minutes), calme à peine interrompu par un dernier râle bientôt dissout.

Le Ménétrier
Pièce orchestrale en trois mouvements et à programme : un violonneux de village s'enamoure de musique gitane, et abandonne les siens pour rejoindre les musiciens itinérants. Il revient chez les siens car son foyer lui manque, mais sa musique est "corrompue" par les rythmes qui l'ont ensorcelé. Il abandonne son métier de musicien pour se consacrer à la terre, mais il reste hanté par les sortilèges gitans.
Très clairement la pièce la plus convaincante du lot, même si très loin du chef d'œuvre. Le premier mouvement, frais et pastoral, me rappelle certains poèmes symphoniques britanniques (ce n'est pas une critique malgré les apparences !). Le deuxième fait appel aux classiques des espagnolades (rythmes entraînants et castagnettes), sans conjurer toutefois les envoûtements de Falla ou les frénésies de Ravel : on reste dans quelque chose de très mesuré même si entraînant. Le troisième et dernier mouvement (le plus long) reprend les thèmes du premier et les manipule, avec pompe (et / ou bonheur, selon les goûts), jusqu'au silence du rejet. Le malheureux violon se taît un court instant (ainsi que l'orchestre, cela surprend, on dirait qu'il faut le temps de tourner la page). Une plainte sourde gronde dans l'orchestre, et le violon enfin retrouve sa voix, doux gémissement qui retrouve quelques accents tziganes (douloureux) de ses jours passionnés, avant de s'éteindre complètement.
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyDim 24 Nov 2019 - 17:48

Je n’avais jamais écouté, mais comme Mefistofele a eu la bonne idée de faire remonter ce fil, j’ai tenté:

Max d'Ollone (1875-1959) D_ollo10
Frédégonde, Cantate¹. Les Villes maudites
Jennifer Borghi (Frédégonde), Julien Dran (Chilpéric), Chantal Santon (Galeswinthe)¹; Hervé Niquet / Orchestre Philharmonique de Bruxelles
Bruxelles, III.2012¹, VI.2012
Singulares / Bru Zane


J’ai trouvé Frédégonde (la cantate qui a valu à Max d’Ollone le Prix de Rome en 1897) très réussie: ça sonne comme du Massenet très, très wagnérisé (de Massenet, on a la veine mélodique effusive; de Wagner, les harmonies chromatiques, la circulation des thèmes dans une grande poussée continue) - l’orchestration est travaillée, l’écriture vocale très vaillante. Interprétation pleine d’élan et de contrastes, très engagée (même si j’ai toujours un peu de mal avec la voix de Jennifer Borghi.)

Les Villes maudites, «symphonie» aux légers accents orientalisants en deux mouvements envoyée de Rome en 1899, s’inscrit d’ailleurs aussi dans cette esthétique. Là aussi, on retrouve le meilleur (la richesse coloriste de l’orchestre, avec ses côtés pré-debussystes) et le moins bon (le mélodisme un peu sucré, l’expansivité un peu dégoulinante) de Massenet, ainsi que de riches chromatismes, une habile circulation des thèmes et une belle poussée.

On voudrait vraiment pouvoir disposer d’œuvres symphoniques et lyriques de la maturité - ne serait-ce que pour savoir si le beau talent qu’illustrent ces œuvres de jeunesse a tenu   ses promesses. Au total, de très belles découvertes, à défaut de chefs-d’œuvres indépassables, d’Ollone.
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyLun 25 Nov 2019 - 20:18

Voilà qui fait fort envie...
Pour le coup, je connais très mal Massenet (en dehors d'une paire d'opéras et de mélodies), Wagner et Chausson. Ahem. Sont-ils des pré-requis ou ces disques fonctionnent-ils peut-être mieux sans référence? Dans le premier cas, y aurait-il des oeuvres à aborder en priorité?
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyMar 26 Nov 2019 - 10:09

Benedictus a écrit:
Je n’avais jamais écouté, mais comme Mefistofele a eu la bonne idée de faire remonter ce fil, j’ai tenté:

Max d'Ollone (1875-1959) D_ollo10
Frédégonde, Cantate¹. Les Villes maudites
Jennifer Borghi (Frédégonde), Julien Dran (Chilpéric), Chantal Santon (Galeswinthe)¹; Hervé Niquet / Orchestre Philharmonique de Bruxelles
Bruxelles, III.2012¹, VI.2012
Singulares / Bru Zane


J’ai trouvé Frédégonde (la cantate qui a valu à Max d’Ollone le Prix de Rome en 1897) très réussie: ça sonne comme du Massenet très, très wagnérisé (de Massenet, on a la veine mélodique effusive; de Wagner, les harmonies chromatiques, la circulation des thèmes dans une grande poussée continue) - l’orchestration est travaillée, l’écriture vocale très vaillante. Interprétation pleine d’élan et de contrastes, très engagée (même si j’ai toujours un peu de mal avec la voix de Jennifer Borghi.)

Les Villes maudites, «symphonie» aux légers accents orientalisants en deux mouvements envoyée de Rome en 1899, s’inscrit d’ailleurs aussi dans cette esthétique. Là aussi, on retrouve le meilleur (la richesse coloriste de l’orchestre, avec ses côtés pré-debussystes) et le moins bon (le mélodisme un peu sucré, l’expansivité un peu dégoulinante) de Massenet, ainsi que de riches chromatismes, une habile circulation des thèmes et une belle poussée.

On voudrait vraiment pouvoir disposer d’œuvres symphoniques et lyriques de la maturité - ne serait-ce que pour savoir si le beau talent qu’illustrent ces œuvres de jeunesse a tenu   ses promesses. Au total, de très belles découvertes, à défaut de chefs-d’œuvres indépassables, d’Ollone.

Oui, ces oeuvres sont vraiment chouettes... c'est un des très beaux disques de cette collection sur le Prix de Rome.
Après, je crois qu'il n'y a pas beaucoup beaucoup de choses d'autres qui trainent au disque...

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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyMar 26 Nov 2019 - 13:55

Tout à fait d'accord avec Benedictus sur la description du style d'Ollone. J'ai lu il y a quelque temps son oratorio sur Jeanne d'Arc au piano, pas mal mais pas saisissant non plus ; en revanche Le Retour que Polyeucte et moi rêvons de voir remonté est très réussi, un flux assez ouvert, un peu comme Le Pays (sans les côtés tristaniens exacerbés).
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyVen 29 Nov 2019 - 14:37

Mefistofele a écrit:
Voilà qui fait fort envie...
Pour le coup, je connais très mal Massenet (en dehors d'une paire d'opéras et de mélodies), Wagner et Chausson. Ahem. Sont-ils des pré-requis ou ces disques fonctionnent-ils peut-être mieux sans référence? Dans le premier cas, y aurait-il des oeuvres à aborder en priorité?

C'est beau en soi !

Après, pour ce que je connais d'Ollone, on est quand même un cran en-dessous des meilleurs Massenet, et d'une manière générale de Chausson et Wagner (qui constituent des secousses assez considérables dans l'initiation esthétique d'un mélomane). D'Ollone creuse son sillon, sans forcément imprimer une marque inédite, mais ça reste de la très belle musique en soi, pas besoin d'y chercher des références en effet !
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyDim 1 Déc 2019 - 9:47

Merci bien, je le note et vais tâcher de continuer (voire finir, vu ce qui est publié) mon tour d'Ollone, avant d'explorer plus avant Chausson et Wagner. Le premier ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable il y a quelques années, quant au second, je n'ai jamais réussi à y rentrer. Peut-être qu'aujourd'hui, enfin...

Pour revenir à Max, j'ai réécouté son trio (encore !) et en suis devenu décidément très friand. Heureuse découverte...
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MessageSujet: Re: Max d'Ollone (1875-1959)   Max d'Ollone (1875-1959) EmptyLun 2 Déc 2019 - 10:01

Mefistofele a écrit:
Merci bien, je le note et vais tâcher de continuer (voire finir, vu ce qui est publié) mon tour d'Ollone, avant d'explorer plus avant Chausson et Wagner. Le premier ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable il y a quelques années, quant au second, je n'ai jamais réussi à y rentrer. Peut-être qu'aujourd'hui, enfin...

Chausson est très divers… Les chefs-d'œuvre sont tout de même très très hauts (le Roi Arthus, la Symphonies, la Tempête, la Chanson perpétuelle…). Il y en a d'autres que je trouve moins marquants (le Quatuor est difficile d'accès, je n'aime pas trop le Poème de l'Amour et de la Mer) ou un peu sinistres (beaucoup de mélodies), il ne faut pas hésiter à insister.

Wagner, c'est un monde. Il faut en accepter les codes et les enjeux, mais il est difficile de ne pas être fasciné par la puissance de l'imagination et cette façon de repenser radicalement la logique musicale, une fois qu'on s'y met.


Citation :
Pour revenir à Max, j'ai réécouté son trio (encore !) et en suis devenu décidément très friand. Heureuse découverte...

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