Schoenberg - Piano

Schönberg - Webern - Berg
Complete piano music
Elisabeth Klein
Scandinavian classics TIM 2002



Ce double CD a le mérite de rassembler les trois intégrales pour quelques euros. Il inclut beaucoup de pièces de jeunesse, c'est très intéressant d'entendre ce que composaient les trois furieux pendant leurs années d'étude. Les Berg et Schönberg sont très scolaires, il y a de quoi sourire. Les deux pièces de Webern (1906) sont beaucoup plus riches à mon sens, plus post-romantiques.
Malheureusement le récital est truffé de pains... il faut dire que Madame Klein, ancienne élève de Bartok himself, a 91 ans au moment de l'enregistrement. C'est touchant d'imaginer une musicienne de cet âge toujours en pleine activité, mais les moyens techniques sont très amoindris, ça gêne assez souvent l'écoute. On entend d'innombrables notes parasites, en particulier dans les oeuvres de jeunesse de Schönberg, ce qui les rend encore plus navrantes.
C'est donc un CD documentaire plus qu'une vraie intégrale solide pour ce répertoire.

Les pièces pour piano de l'op. 11 (si on peut les caser en musique de chambre).

j'écoute trois versions.

Maurizio Pollini qui reste la plus passionnante je trouve. Progression dramatique, dynamisme d'un jeu pourtant legato, beaucoup d'intelligence dans les nuances. Il sait amener les ruptures avec un beau suspense. Ça tient en haleine et fait passer ces pièces pour un triptyque qui me rappelle Gaspard de la nuit d'une certaine façon.

Mitsuko Uchida. Elle me déçoit pas mal ici. C'est assez dur, compact, peu nuancé, haché. L'impression qu'elle ne sait pas très bien dans quelle histoire elle nous promène.

Edward Steuerman, version historique par un élève de Schoenberg. Il jouait à la création du Pierrot lunaire et fut le dédicataire des variations op. 27 de Webern.
Fragilité et rêverie. C'est plus triste, intériorisé que désespéré, là où Pollini est inquiétant, mystérieux. A connaître je pense. J'aime beaucoup.

Petite question:

Y a t-il une version à privilégier pour l'oeuvre pour piano solo ?

Ce n'est pas ce que je connais le mieux chez Schoenberg, donc je ne pourrai pas te conseiller une référence en particulier, mais je crois que ceux qui se lancent là-dedans savent ce qu'ils font, je n'ai pas tellement entendu parler d'une mauvaise version...

Xavier a écrit:

Ce n'est pas ce que je connais le mieux chez Schoenberg, donc je ne pourrai pas te conseiller une référence en particulier, mais je crois que ceux qui se lancent là-dedans savent ce qu'ils font, je n'ai pas tellement entendu parler d'une mauvaise version...

Merci Xavier

À l'écoute de l'oeuvre pour piano seul, (interprétation de Hardy Rittner) et essentiellement pour l'opus 19, il y a quelque chose qui me tracasse!
Ce sont ces longs silences entre les mouvements. Par exemple dans l'opus 19, il y a en moyenne 20s entre chaque mvt, et 20s c'est long!
Alors je me pose cette question: ces silences sont-ils voulus par le compositeur, font-ils partie intégrante de la partition, ou bien sont-ils dûs à la production de l'enregistrement?
Si quelqu'un a un élément de réponse....

Rubato a écrit:

font-ils partie intégrante de la partition,

pas exactement mais il y a écrit cette indication : "nach jedem Stück ausgiebige Pause ; die Stücke dürfen nicht ineinander übergehen."
ausgiebige signifie "étendue" mais 20 secondes ça me semble beaucoup quand même, vu que les pièces sont vraiment très courtes (la plus courte doit faire 30 secondes, la plus longue deux minutes et demie).

808 a écrit:

Rubato a écrit:

font-ils partie intégrante de la partition,

pas exactement mais il y a écrit cette indication : "nach jedem Stück ausgiebige Pause ; die Stücke dürfen nicht ineinander übergehen."
ausgiebige signifie "étendue" mais 20 secondes ça me semble beaucoup quand même, vu que les pièces sont vraiment très courtes (la plus courte doit faire 30 secondes, la plus longue deux minutes et demie).

Oui, c'est très étonnant, et même dérangeant. Il faudrait que je compare avec un autre enregistrement!
Exemple: le 1er mvt de l'op19: un silence de 1.16 à 1.44 !!! ce qui fait 28s.

Rubato a écrit:

808 a écrit:

Rubato a écrit:

font-ils partie intégrante de la partition,

pas exactement mais il y a écrit cette indication : "nach jedem Stück ausgiebige Pause ; die Stücke dürfen nicht ineinander übergehen."
ausgiebige signifie "étendue" mais 20 secondes ça me semble beaucoup quand même, vu que les pièces sont vraiment très courtes (la plus courte doit faire 30 secondes, la plus longue deux minutes et demie).

Oui, c'est très étonnant, et même dérangeant. Il faudrait que je compare avec un autre enregistrement!

je connais les versions de gould, pollini et uchida, et je n'ai pas le souvenir de pauses exagérément longues.

Oui, ça me semble être une extravagance du pianiste, il n'y a rien de tel habituellement. Et je n'ai pas vu ça non plus sur la partition.

Xavier a écrit:

Oui, ça me semble être une extravagance du pianiste, il n'y a rien de tel habituellement. Et je n'ai pas vu ça non plus sur la partition.

extravagance pas vraiment, disons qu'il prend en compte l'indication de la partition "pauses étendues entre les mouvements" avec beaucoup de zèle.

808 a écrit:

Xavier a écrit:

Oui, ça me semble être une extravagance du pianiste, il n'y a rien de tel habituellement. Et je n'ai pas vu ça non plus sur la partition.

extravagance pas vraiment, disons qu'il prend en compte l'indication de la partition "pauses étendues entre les mouvements" avec beaucoup de zèle.

Oui, et franchement ça me gêne . Je vais peut-être tenter une autre version.

Un extrait de commentaire à propos de cet enregistrement (Hardy Rittner) que je viens de lire sur "ArkivMusic":

The ‘ Six Little Pieces’ Op. 19 for piano are appropriately aphoristic. Rather annoyingly in this recording the engineers have made far too long a gap between these delicate and often very quiet gestures.
Un début d'explication!
Dans ce cas, c'est du sabotage!

Comme j'ai vraiment du mal avec la version Rittner (des blancs d'environ 30s entre 2 mouvements!!) je vais peut-être commander celle-ci:

J'ai fait part de mon agacement concernant l'enregistrement de Hardy Rittner, ces silences disproportionnés entre les pièces d'un recueil, surtout l'op.19 (si bien que j'avais fini par laisser le disque de côté).  
Je me suis donc procuré celui de Florent Boffard. Tout rentre dans l'ordre cette fois, avec en plus un piano superbe, très bien enregistré.
Un vrai plaisir !

Plus je les écoute, et plus je les apprécie, ces pièces pour piano!
Et puis il y a ces "trois pièces pour piano de 1894" (les 3 pièces de l'opus 11 seront composées 15 ans plus tard), oeuvres de jeunesse visitées par les fantômes de Schumann et de Brahms.
Je me suis surpris à fredonner la pièce n°1, andantino: "Mais..cet air que j'ai dans la tête...c'est Schoenberg!"  
Que du plaisir!

En plus, le piano de Florent Boffard est superbe!

Je n'ai pas tout lu, mais la version des oeuvres pour piano de Paul Jacobs est superbe, dommage que le 33 tours d'Otto M.Zykan chez Amadéo ne soit pas reprise en Cd, elle est très lyrique (das gesamte klavierwerk).

Schoenberg arrangé par Busoni? on croit rêver mais c'est vrai , sur un Cd de la marque ANTES, je viens de découvrir que Schoenberg envoya son opus11 à Busoni " qui se sentit obligé d'arranger la deuxième pièce pour son exècution en concert et provoqua ainsi un délicat échange épistolaire "Ceux qui écrivent pour le piano ne devraient jamais oublier que même le meilleur des pianistes ne possède, lui aussi,que deux mains.Et cela ne va qu'en écrivant avec le plus de transparence possible:donc avec le minimum de notes"écrit Schoenberg en 1923.Une conviction que Busoni n'eut apparemment pas l'intention de partager.Pour donner à la musique le caractère décidé d'une pièce pour piano,Busoni l'enrichit dans l'original avec quelques autres ingrédients et avec une curieuse indécision" Je ne peux pourtant pas faire éditer ma pièce à côté d'un arrangement qui montre comment j'aurais pu mieux faire" écrivit Schoenberg indigné à Busoni.

D'après ce que j'ai lu, et toujours au sujet de cet op.11, Busoni lui aurait seulement proposé "d'améliorer" l'écriture de la 2ème pièce de cet opus afin de lui donner plus "d'ampleur".
Schoenberg, certainement vexé aurait réagi violemment:
"Certes je ne suis pas pianiste. Néanmoins, je m'imaginais qu'avec ces pièces et certains de mes lieder, j'avais posé les fondements d'un style pianistique moderne (...) Je crois que mon écriture pianistique n'est pas l'expression d'une incapacité, mais l'expression d'une volonté ferme, de désirs déterminés, de sentiments clairs et tangibles. Ce qu'elle ne fait pas n'est pas ce qu'elle ne peut pas , mais ce qu'elle ne veut pas."  

Je n'ai pas lu que Busoni aurait effectivement arrangé cette pièce.

Ah la rectitude d'airain d'Arnie.  

arnaud bellemontagne a écrit:

Ah la rectitude d'airain d'Arnie.  

Tu peux le dire!  

Magnifique disque d'Edouard Steuermann bien qu'enregistré en 1957, rend très bien la musique pour piano de Schoenberg, une priorité avant d'écouter les autres versions!Réfléchi et délicat, comme beaucoup de disques de cette époque on prend son temps avec la musique pas d'urgence, j'aime bien ce climat!