Les Poètes au piano – Victor Hugo : 14/01/2014
Opéra Comique, Paris
Gabriel Fauré :
Dans les ruines d'une abbaye (1)
Puisque j'ai mis ma lèvre (1)
Le Papillon et la fleur (2)
Puisqu'ici bas toute âme (2, 3)
Benjamin Britten :
Nuits de Juin (3)
L'Enfance (3)
Reynaldo Hahn :
Puisque j'ai mis ma lèvre (3)
Georges Bizet :
La Coccinelle (2)
Les Adieux de l'hôtesse arabe (2)
Jules Massenet :
La Nuit (1)
Vincent d'Indy :
Clair de lune (1)
Richard Wagner :
L'attente (2)
Franz Liszt :
Enfant, si j'étais roi (2)
Camille Saint-Saëns :
Si vous n'avez rien à me dire (3)
Franz Liszt :
La Tombe dit à la rose (3)
Oh ! Quand je dors (1)
Chanteurs de l'Académie de l'Opéra Comique
Mark van Arsdale, ténor (1)
Judith Fa, soprano (2)
Yete Queiroz, messo-soprano (3)
Piano : Emmanuel Christien
L'Opéra-Comique nous propose cette saison 5 concerts de mélodies françaises articulés autour de cinq poètes marquants : Jean de la Fontaine (c'était le 12 janvier...), Victor Hugo, Charles Baudelaire (samedi 18 janvier), Paul Verlaine (mercredi 14 mai) et enfin Théophile Gautier (vendredi 16 mai).
Le programme consacré à Victor Hugo va chercher dans les différentes esthétiques de la mélodie française, n'hésitant pas à aller piocher dans des parisiens de passages comme Wagner, Liszt et Britten... pour notre plus grand plaisir. Car tout au long de ce récital, les styles se répondent, on voit comment un même poète est mis en musique, et même on peut entendre un même poème par deux compositeurs très différents.
Quelques superbes découvertes dans ce programme donc, comme les deux Britten, vraiment stupéfiants de simplicité vocale et d'émotions, mais aussi la beauté simple de Fauré... mais ce qui restera marqué dans ma tête, c'est la magnifique mélodie de Vincent d'Indy, où le poème est déjà superbe, mais en plus prend une dimension toute autre avec la musique dont l'habille D'Indy. Grandiose !
Donc que du plaisir pour le choix des mélodies ici présentées... et pour les interprètes aussi !
Tout au long du concert, quelques textes sont lus... des descriptions de Hugo par ses contemporains, dont les musiciens joués par exemple.
Au piano d'abord, Emmanuel Christien est aussi à l'aise avec du Britten qu'avec Massenet, et impressionnant dans les Liszt ou d'Indy qui sont pianistiquement un peu ardu à priori. Beaucoup de délicatesse, de simplicité et une belle complicité avec les chanteurs.
Et les chanteurs sont vraiment d'une très belle tenue !
Judith Fa impressionne par une diction superbe, un petit grelot dans la voix, une petite vibration qui n'est pas sans rappeler Gillet, mais avec aussi un peu de cette saturation dans les aigus qui me font pensé à Doria ou Boué... Alors bien sûr, il lui manque peut-être encore un peu de métier, mais les miniatures sont présentées avec beaucoup de piquant et de vie.
Yete Queiroz possède un assez joli timbre, mais pas une grande personnalité vocale je dirais... mais elle compense par une musicalité certaine et beaucoup d'émotions. Là où Judith Fa restait dans le registre plutôt léger sans vraiment nous faire ressentir des grandes émotions, Yete Queiroz nous emmène avec elle dans la tristesse et l'émotion. Superbe musicienne, mais la diction est légèrement moins claire, du fait d'une voix moins haut placée.
Enfin Mark van Arsdlale. Sa première mélodie montre une belle voix, très haut placée, avec une voix mixte superbe, un style tout anglais... mais une diction bien peu précise... Et puis après, la diction se fait plus franche, le style plus libre et tout devient beau... Bien sûr, il n'y a pas la spontanéité de Fa, ou la gentillesse de Queiroz... mais on y trouve une prestance de compteur. Et quelle technique ! Il ne serait à mon avis pas mal dans des rôles de haute-contre si il peut maintenir cette technique assez longtemps ! Beau timbre en tout cas...
Un superbe moment donc offert par l'Opéra-Comique, dans le foyer magnifique du théâtre...
Je dois dire que les prochains concerts me tentent grandement... à voir mais peut-être que le 18, je ferais un tour du côté de Favart !
Attention, c'était très plein étrangement pour un concert aussi peu "commercial" un mardi à 13h !