Je suis allé à la première des trois représentations avec un ami du forum, le 17 janvier. Nous n'avons pas du tout eu la même perception concernant la mise en scène.
J'y allais d'abord pour entendre cet opéra splendide en salle. Sur le plan orchestral, j'ai trouvé la direction orchestrale de Ari Rasilainen de belle tenue.
Je ne connaissais absolument pas la metteure en scène, Marie-Ève Signeyrole. Elle a visiblement été l'assistante de Marthaler et Warlikowski. N'ayant vu aucune mise en scène de ces deux là, je ne peux pas dire grand chose mais en me basant sur tout ce que j'ai vu comme photos et lu, on retrouve un univers proche. La transposition dans une Kommunalka à l'époque de la démission d'Eltsine ne m'a pas convaincu. Seul le travail sur les lumières m'a plu. Trop de figurants, action difficilement lisible. L'esthétique moderne ne m'a absolument pas séduit. On retrouve d'ailleurs une baignoire (objet cher à Warlikowski), ce qui ne dérange pas au premier acte. Au IIIe, elle sert de bar à champagne pour les invités de Grémine. La manière de faire mourir Lenski : roulette russe est contradictoire avec le livret et les sentiments ressentis par Onéguine après la mort. Olga est mise en valeur par la metteur en scène même si c'est ambigu de le dire de cette manière. Sa tenue ressort par rapport aux autres, une robe rouge et surtout, elle couche avec Onéguine, ce qui nous est montré pendant l'air de Tatiana, ce qui ne m'a pas plus même si cela justifie dans cette mise en scène la crise de Lenski au II. Le côté plus dépouillé au IIIe acte m'a davantage convaincu, en dehors de la "danse" au début qui n'avait aucun lien avec le reste. Quelques huées aux saluts d'ailleurs pour la metteur en scène. Pas de mon fait. Je n'ai vu que la sublime production de Carsen, on en était bien loin.
Lucas Meachem a un timbre séduisant mais manque clairement de projection. Aucun charisme. Rien à redire vocalement mais ne s'impose pas dans ce rôle qui n'est pas évident à incarner car le personnage n'est pas sympathique J'ai entendu plusieurs Onéguine : Hvorostovsky (le plus convaincant, le plus charismatique), Hampson (entendu seulement mais m'avait fait une excellente impression), Thomas Allen (bien mais pas marquant) et Tézier (peu de souvenirs, manque de charisme).
D'où j'étais (tout en haut de l'Opéra Berlioz en galerie 6), je ne voyais pas le jeu d'actrice de Dina Kuznetsova et de l'ensemble des interprètes. Les critiques lues sur le net ont mis l'accent sur des aigus difficiles et pas très beaux, ce que je n'ai pas entendu personnellement. On aurait pu attendre plus d'épanchement dans la scène de la lettre mais c'est une Tatiana simple comme le personnage l'est et très bien chantante. Certes, je lui préfère d'autres Tatiana entendues, en premier lieu Karita Mattila et Mirella Freni.
Magnifique Lenski de Dovlet Nurgeliyev. Une voix splendide, un chanteur investi dramatiquement. Un air à tomber !!! Le meilleur élement de la distribution pour moi.
Mischa Cheliomanski dans son air a eu quelques difficultés car trop grave pour lui visiblement mais le timbre est séduisant.
Anna Destraël dont la voix ne passait absolument pas la rampe semble d'où j'étais être une bonne actrice, dommage que vocalement, on entendait mal.
Olga Tichina et Svetlana Lifar en Filipievna et Larina étaient très convaincantes.
Un Monsieur Triquet très bon de Loic Félix avec une remarquable diction française.
Au final, j'ai tout de même passé une agréable soirée.