Bastille - Massenet - Werther - 2014

J'étais à la première hier.

Je découvrais l'oeuvre, que j'ai trouvé pas mal du tout, avec des choses qui m'ont parfois fait penser à Puccini.
Bien sûr, il y a un côté suranné, sans grandes arêtes, qui peut parfois ennuyer... mais j'ai trouvé que c'était assez bien pensé dramatiquement, avec les actes III et IV qui étaient plus riches en moments forts et en tension musicale.
J'ai davantage aimé que Manon, et à peu près autant que Thaïs.
Je ne me suis presque jamais ennuyé, d'un autre côté je ne peux pas dire que ce soit foudroyant de génie non plus.

Alagna était annoncé souffrant... son 1er acte était irrégulier, quelques passages un peu bas, quelques fin de phrases difficiles, mais ensuite j'ai trouvé ça tout de même assez impressionnant. C'est le seul chanteur de la distribution pour lequel on n'a réellement pas besoin de lire le surtitrage. Si seulement c'était toujours comme ça... La projection est facile, la voix homogène sur les différents registres, avec des aigüs assez impressionnants.
Je me suis accomodé de ses attaques par en-dessous, même si ça m'embête toujours un peu à cause du côté systématique.
Tous les autres chanteurs étaient satisfaisants, hormis ce bémol sur la diction... à part Lafont qu'on pouvait assez bien comprendre tout de même.

Très belle direction de Plasson... par contre je suis vraiment agacé par les interruptions de la musique qui n'ont pas cessé au 3è acte, pour pouvoir applaudir les chanteurs lors des supposés "airs", qui n'en sont pas vraiment. J'ai vérifié sur la partition, il n'y a pas d'interruption lors de tous ces moments, c'est de la musique continue presque comme chez Wagner, donc si on s'arrête 20 secondes pour faire applaudir et qu'on reprend ensuite sur l'accord sur lequel on s'est arrêté, ça n'est plus la partition. Quand Werther termine "pourquoi me réveiller" et que ça s'enchaîne avec le thème principal qui continue, l'effet est complètement cassé par cet arrêt de la musique.
Vraiment dommage.
A la limite je préférerais qu'on continue la musique et que quelques spectateurs applaudissent par-dessus, avec la musique qui continue ils s'arrêteraient plus vite...
Plasson avait fait pareil pour Turandot dernièrement, pour faire applaudir Alagna, et la musique avait repris plus d'une minute plus tard de façon complètement artificielle...

La mise en scène est très réussie je trouve, elle me paraît vraiment en adéquation avec l'oeuvre.
A l'entracte, une spectratrice déplorait le bruit de la petite fontaine au I, c'est vrai que ça s'entendait beaucoup dans les pp, mais d'un autre côté j'ai trouvé que le son se mariait bien avec le caractère de la musique, du coup ça n'était pas gênant, comme faisant partie de la partition.

Si on imagine que l'ensemble s'améliore au fil des représentations, ça augure de belles soirées pour ceux qui iront dans les prochains jours.

J' y vais le 2 février.
Je ne l'avais pas prévu à l'origine lorsque j'ai composé ma saison. J'ai pris des places assez tardivement pour organiser une sortie opéra pour des anciens élèves de mon école - j'ai été assez surpris de pouvoir obtenir 30 places facilement, et encore plus surpris - agréablement - de voir que sur ces 30 places en 5ème catégorie les 2/3 sont situées au parterre.
Curieusement je ne connais à la scène que dans la version pour Baryton : j'ai vu la production de l'ONP importée de Munich, signée Jurgen Rose, avec, si je me souviens bien Le Texier - pas mal, mais pas inoubliable - pour moi le grand souvenir c'était la version de concert au Châtelet dirigée par Plasson avec Susan Graham et Thomas Hampson - ça a été capté en DVD.
Autrement je suis assez d'accord avec Xavier : c'est un bel opéra, mais il y a quelques tunnels.

  Montfort

Montfort a écrit:

Curieusement je ne connais à la scène que dans la version pour Baryton : j'ai vu la production de l'ONP importée de Munich, signée Jurgen Rose, avec, si je me souviens bien Le Texier - pas mal, mais pas inoubliable - pour moi le grand souvenir c'était la version de concert au Châtelet dirigée par Plasson avec Susan Graham et Thomas Hampson - ça a été capté en DVD.
Autrement je suis assez d'accord avec Xavier : c'est un bel opéra, mais il y a quelques tunnels.

  Montfort

Tézier/Graham, ça m'avait fait pleurer tellement c'était beau et grandiose

Sinon, oui, disons que la première scène avec les enfants est un peu longuette... mais sinon, ça devient de plus en plus dense au fur et à mesure!

Xavier a écrit:

J'étais à la première hier.

Je découvrais l'oeuvre, que j'ai trouvé pas mal du tout, avec des choses qui m'ont parfois fait penser à Puccini.
Bien sûr, il y a un côté suranné, sans grandes arêtes, qui peut parfois ennuyer... mais j'ai trouvé que c'était assez bien pensé dramatiquement, avec les actes III et IV qui étaient plus riches en moments forts et en tension musicale.
J'ai davantage aimé que Manon, et à peu près autant que Thaïs.
Je ne me suis presque jamais ennuyé, d'un autre côté je ne peux pas dire que ce soit foudroyant de génie non plus.

Oui, les actes III et IV sont clairement au dessus pour moi...
Concernant ton "classement", c'est assez logique en fait. Manon est beaucoup plus dans un style galant que Werther et Thaïs...
Et pour le génie foudroyant, peut-être pas musicalement, mais après théâtralement c'est quand même magnifiquement fait!

Citation :

Alagna était annoncé souffrant... son 1er acte était irrégulier, quelques passages un peu bas, quelques fin de phrases difficiles, mais ensuite j'ai trouvé ça tout de même assez impressionnant. C'est le seul chanteur de la distribution pour lequel on n'a réellement pas besoin de lire le surtitrage. Si seulement c'était toujours comme ça... La projection est facile, la voix homogène sur les différents registres, avec des aigüs assez impressionnants.
Je me suis accomodé de ses attaques par en-dessous, même si ça m'embête toujours un peu à cause du côté systématique.

Bon, ben voilà... ta dernière phrase ne me donne pas envie.
C'est en grande partie ce qui m'énerve dans la façon qu'à Alagna de chanter : ces aigus pris par en dessous qui donnent un côté pleurnichard à ses personnages... dans ce répertoire, à mon sens les attaques doivent être nettes... on est pas dans du vérisme italien où ça peut aller.

Citation :

Très belle direction de Plasson... par contre je suis vraiment agacé par les interruptions de la musique qui n'ont pas cessé au 3è acte, pour pouvoir applaudir les chanteurs lors des supposés "airs", qui n'en sont pas vraiment. J'ai vérifié sur la partition, il n'y a pas d'interruption lors de tous ces moments, c'est de la musique continue presque comme chez Wagner, donc si on s'arrête 20 secondes pour faire applaudir et qu'on reprend ensuite sur l'accord sur lequel on s'est arrêté, ça n'est plus la partition. Quand Werther termine "pourquoi me réveiller" et que ça s'enchaîne avec le thème principal qui continue, l'effet est complètement cassé par cet arrêt de la musique.
Vraiment dommage.
A la limite je préférerais qu'on continue la musique et que quelques spectateurs applaudissent par-dessus, avec la musique qui continue ils s'arrêteraient plus vite...
Plasson avait fait pareil pour Turandot dernièrement, pour faire applaudir Alagna, et la musique avait repris plus d'une minute plus tard de façon complètement artificielle...

Ah oui, c'est embêtant... mais déjà ils n'applaudissaient pas au milieu d'un air! (dans Lakmé, en plein milieu des clochettes, alors qu'il reste une strophe mais qu'elle vient de réussir son contre-bidule, le public s'est mis à applaudir... et à priori presque tous les soirs )
Après, je pense que pour Werther, vu qu'il y a quand même pas mal de "tubes", comme le Lied d'Ossian justement, difficile de contenter le public qui veut applaudir et la partition

Citation :

La mise en scène est très réussie je trouve, elle me paraît vraiment en adéquation avec l'oeuvre.
A l'entracte, une spectratrice déplorait le bruit de la petite fontaine au I, c'est vrai que ça s'entendait beaucoup dans les pp, mais d'un autre côté j'ai trouvé que le son se mariait bien avec le caractère de la musique, du coup ça n'était pas gênant, comme faisant partie de la partition.

Ah elle est toujours là? Pareil lors de la série précédente

Polyeucte a écrit:

Montfort a écrit:

Curieusement je ne connais à la scène que dans la version pour Baryton : j'ai vu la production de l'ONP importée de Munich, signée Jurgen Rose, avec, si je me souviens bien Le Texier - pas mal, mais pas inoubliable - pour moi le grand souvenir c'était la version de concert au Châtelet dirigée par Plasson avec Susan Graham et Thomas Hampson - ça a été capté en DVD.
Autrement je suis assez d'accord avec Xavier : c'est un bel opéra, mais il y a quelques tunnels.

  Montfort

Tézier/Graham, ça m'avait fait pleurer tellement c'était beau et grandiose

Sinon, oui, disons que la première scène avec les enfants est un peu longuette... mais sinon, ça devient de plus en plus dense au fur et à mesure!

Mon "pas mal" visait en fait la m e s, un peu pale.

Montfort

Polyeucte a écrit:

Citation :

Alagna était annoncé souffrant... son 1er acte était irrégulier, quelques passages un peu bas, quelques fin de phrases difficiles, mais ensuite j'ai trouvé ça tout de même assez impressionnant. C'est le seul chanteur de la distribution pour lequel on n'a réellement pas besoin de lire le surtitrage. Si seulement c'était toujours comme ça... La projection est facile, la voix homogène sur les différents registres, avec des aigüs assez impressionnants.
Je me suis accomodé de ses attaques par en-dessous, même si ça m'embête toujours un peu à cause du côté systématique.

Bon, ben voilà... ta dernière phrase ne me donne pas envie.
C'est en grande partie ce qui m'énerve dans la façon qu'à Alagna de chanter : ces aigus pris par en dessous qui donnent un côté pleurnichard à ses personnages... dans ce répertoire, à mon sens les attaques doivent être nettes... on est pas dans du vérisme italien où ça peut aller.

Mais dans l'ensemble c'était quand même plutôt sobre en dehors de ces attaques par en-dessous.
Enfin j'imagine, par rapport à ce qui peut sans doute se faire chez d'autres dans ce rôle...

Xavier a écrit:

Mais dans l'ensemble c'était quand même plutôt sobre en dehors de ces attaques par en-dessous.
Enfin j'imagine, par rapport à ce qui peut sans doute se faire chez d'autres dans ce rôle...

C'est sûr que si tu prends Corelli dans le genre...

Non, c'est souvent assez sobre et retenu je trouve... Enfin dans les versions que j'écoute (Kraus, Alagna dans son studio, Kozlovsky, Tagliavini, Hampson ou Grassi...)

(attention, je ne me suis pas planté hein... Hampson en Werther, c'est splendide!!! :D)



Mais je crains en fait de devenir "allergique" à Alagna... pourtant, j'essaye, mais je crains que malgré moi son image ne déteigne sur son chant... j'y entend de plus en plus de poses, d'effets et un manque de tenue/retenue...
Du coup, dans des rôles de fort-ténor ça va, mais dans les rôles plus légers... Aïe!

ONP Bastille-Samedi 25 janvier 2014

Découpage astucieux de l'oeuvre
Une première partie (45 mn) de présentation du sujet, soit l'acte I
Une deuxième partie (35 mn) de transition, soit l'acte II
Une troisième partie (60 mn) de dénouement, soit les acte III et IV, qui concentre la majeure partie de l'intérêt dramatique et musical de l'oeuvre. Des moments orchestraux fort beaux.

Les situations et les personnages sont clairement caractérisés. La vie paisible de Charlotte est troublée par Werther, qui s'enflamme bien rapidement, et trouve une solution radicale: le suicide.
La sobre mise en scène appuie bien le livret. Des décors un plus généreux auraient été appréciés.

Bel orchestre, très bien dirigé par Michel Plasson (80 ans l'année dernière!).
Werther--->>Roberto Alagna: remarquable diction! un vrai plaisir de l'entendre! Le timbre clair est volontaire, et convient bien au personnage de Werther. Un grand succès auprès des auditeurs (notamment la spectatrice qui s'est replacée en bout de rang!).
Que Polyeucte soit rassuré. Je n'ai pas entendu un manque de retenue vocale, et je n'ai vu aucun effet de pose.
Charlotte--->>Karine Deshayes: une jolie Charlotte.
Sophie--->>Hélène Guilmette: J'ai découvert. une très belle voix pure. Très appréciée par le public.

Une soirée qui laisse un excellent souvenir de J.Massenet, de sa musique et de ses interprètes
et l'orchestre a joué happy birthday pour K.Deshayes.
Rien ne vaut le Spectacle et la scène.

Polyeucte a écrit:

Xavier a écrit:

Mais dans l'ensemble c'était quand même plutôt sobre en dehors de ces attaques par en-dessous.
Enfin j'imagine, par rapport à ce qui peut sans doute se faire chez d'autres dans ce rôle...

C'est sûr que si tu prends Corelli dans le genre...

Non, c'est souvent assez sobre et retenu je trouve... Enfin dans les versions que j'écoute (Kraus, Alagna dans son studio, Kozlovsky, Tagliavini, Hampson ou Grassi...)

(attention, je ne me suis pas planté hein... Hampson en Werther, c'est splendide!!! :D)



Mais je crains en fait de devenir "allergique" à Alagna... pourtant, j'essaye, mais je crains que malgré moi son image ne déteigne sur son chant... j'y entend de plus en plus de poses, d'effets et un manque de tenue/retenue...
Du coup, dans des rôles de fort-ténor ça va, mais dans les rôles plus légers... Aïe!

Merci pour ce compte rendu, Charles.

Les premières critiques, mais surtout les commentaires des spectateurs sont dans l'ensemble très favorables...
Donc pas de regret  d'avoir échangé Werther contre la reprise d'Alcina.
Je ferai un C R après la représentation du 2 - peut-etre finirais-je par apprécier cette oeuvre !

Montfort

Alagna en congé paternité.
J'espère que les spectateurs partageront sa joie à défaut de profiter de sa voix...

http://www.forumopera.com/index.php?mact=News%2Ccntnt01%2Cdetail%2C0&cntnt01articleid=6087&cntnt01origid=57&cntnt01detailtemplate=gabarit_detail_breves&cntnt01lang=fr_FR&cntnt01returnid=36

Très contente pour Lombardo qui méritait mieux qu'un rôle secondaire fusse à l'Opéra de Paris. J'espère qu'il y aura des directeurs de théâtres dans la salle.   

Après si Alagna est déjà en "congés paternité" c'est que l'arrivée de bébé est imminente, non?

Fiordiligi a écrit:

Alagna en congé paternité.
J'espère que les spectateurs partageront sa joie à défaut de profiter de sa voix...

http://www.forumopera.com/index.php?mact=News%2Ccntnt01%2Cdetail%2C0&cntnt01articleid=6087&cntnt01origid=57&cntnt01detailtemplate=gabarit_detail_breves&cntnt01lang=fr_FR&cntnt01returnid=36

 Evidemment c'est un très heureux événement pour lui et sa compagne - et il serait sans doute de mauvais gout de rappeler que Juan - Diego Florez avait chanté le Comte Ory au Met le jour même de la naissance de son fils...
Question égoïste : chantera-t-il dimanche ? Je serais évidemment déçu de ne pas l'entendre, mais il est évident que son bonheur familial doit primer sur ses engagements artistiques.

  Montfort

J'ai - enfin je pense - la réponse à ma question : le site de l'ONP indique qu'Alagna chantera bien dimanche.

 Bien entendu, j'aurais parfaitement compris qu'il puisse etre absent - mais dans la mesure où je fais venir de province pour cette représentation un groupe d'une trentaine de personnes, je suis soulagé de savoir qu'ils pourront bien entendre Alagna.

 Montfort

Représentation du 2 février à 14h30.

Je suis réconcilié avec cet opéra : dés que Plasson a levé la baguette, j'ai été captivé, et ce jusqu'à la dernière note.
C'est le type de spectacle où tout se combine harmonieusement, à un haut niveau.
La mise en scène de Jacquot est un modèle de beauté sobre - magnifique. Puisse-t-il faire aussi bien pour La Traviata !
Vocalement c'était superbe : Alagna était rayonnant, un modèle d'élégance, avec une maîtrise quasi parfaite de ses moyens - je dis quasi parce que une ou deux notes aiguës étaient légèrement pincées - Karine Deshayes se situe à un niveau comparable - je l'ai entendue à pas mal de reprises et je trouve qu'elle a bien progressé : la voix est belle sur tout l'ambitus, elle est très bien menée,  et elle a donné des moments bouleversants - la scène de la lettre, malheureusement troublée par quelques applaudissements intempestifs - très bons seconds rôles : Sophie, Hélène Guilmette, et Albert, Jean-François Lapointe.
Plasson a tiré de l'orchestre le meilleur - aux saluts les musiciens sont restés pour applaudir les chanteurs et le chef.

Je ne sais pas si c'est parce que c'était une matinée, mais la salle était loin d’être remplie : il y a encore des représentations les 5, 9 et 12 février.

 Montfort

 Critique de Concertonet : http://www.concertonet.com/scripts/review.php?ID_review=9597

 Altamusica : http://www.altamusica.com/concerts/document.php?action=MoreDocument&DocRef=5376&DossierRef=4933

Vu cet après-midi à Bastille : effectivement Alagna très en voix et stylé ; La toute fin de l'ouvrage, en voix mixte, était très remarquable. Je ne l'avais plus vu aussi bon depuis son premier Carmen d'Orange.

J'avais entendu Kaufmann ici même et il est difficile de les comparer tant leur timbre, leur chant et leur interprétation différent : Lui désespéré, grave et sombre dès sa première apparition, comme si Charlotte n’était que le prétexte attendu; Le second plus sincèrement aimant, lumineux au début puis glissant, avec des remissions, vers une fatale résignation. (Bref on retrouve les attributs prêtés à leur nationalité respective)

Karine Deshayes lyrique, éprise, et donc moins résignée à son sacrifice que dans la plupart des interprétations.

Sa diction, sans être mauvaise, souffre de la comparaison avec celle de son partenaire.

J'ai trouvé Plasson plus rapide qu'à l'accoutumée et finalement que... sa lenteur proverbiale avait du bon.

Bref très satisfait et je vais donc en rester là pour cet ouvrage pendant une petite quinzaine d'années.