EUGENE ONEGUINE - Gardner - Decker - mai - juin 17 Bastille

J'y vais le 3 juin.
J'aime beaucoup cette mise en scène de Decker, très belle sur le plan de la scénographie, et très fidèle à l'oeuvre.
J'ai choisi cette date en espérant entendre Yoncheva, Netrebko n'étant AMHA plus convaincante dans ce role - la bulgare a déclaré forfait, c'e'st donc une australienne, inconnue de moi, Nicole Car, qui chantera Tatiana - je sais d'expérience qu'avec des inconnu(e)s on peut avoir de très bonnes surprises.
Si j'en juge par les commentaires le reste de la distribution se situe à un excellent niveau, notamment Mattei en Onéguine.

Montfort

Je ne suis pas particulièrement fan de Netrebko mais ce qu'elle a fait le soir de la première était honnêtement bluffant...

sergio a écrit:

Je ne suis pas particulièrement fan de Netrebko mais ce qu'elle a fait le soir de la première était honnêtement bluffant...

Tant mieux - je l'avais vue - retransmise au cinéma - dans son avant dernière Tatiana au Met, et je l'avais trouvée épaisse - en outre ce soir là la direction de Gergiev était sirupeuse, limite insupportable.
A N est devenue une très grande verdienne : Lady Macbeth, vue "live" au Met, ou encore Leonora du Trouvère, époustouflante...

Montfort

sergio a écrit:

ce qu'elle a fait le soir de la première était honnêtement bluffant...

Entierement d'accord.

J'ai été impressionné par Mattei aussi, que je n'avais pas entendu depuis 10 ans, voix splendide, parfaitement audible où j'étais (galerie 3 coté violons), pas percu de fatigue exagérée.

J'y étais dimanche après-midi (même Netrebko n'a pas suffit pour éviter la braderie quasi hebdomadaire de l'ONP pour les jeunes, tant mieux !), au 5e rang, c'était impressionnant vocalement : Netrebko et Mattei en premier lieu bien sûr, mais aussi Cernoch (son air avant de mourir était le plus émouvant du spectacle) et Schwarz en gouvernante. Le reste très bien aussi.
Il n'y a pas grand chose à voir sur scène, et j'avoue m'être un peu ennuyé durant la première partie, mais le 3e acte est mémorable.
Ah oui et superbe direction d'Edward Gardner, à part une polonaise que j'ai trouvée un peu terne, tout le reste est parfait.

Gros triomphe pour Netrebko et Mattei, quasiment à égalité à l'applaudimètre, et standing ovation à l'ensemble du parterre.
Rarement vu la salle aussi enthousiaste ! Mais je suis plutôt abonné aux distributions B.

Netrebko n'a pas assuré sa dernière représentation hier soir, et elle a été remplacée par une russe inconnue - de moi tout au moins.
Tonnerre de protestations lors de l'annonce - j'ai vécu la meme chose pour le Trouvère il y deux ans - et au final triomphe pour la remplaçante.

https://www.forumopera.com/breve/si-netrebko-annule-stikhina-est-la



Comme j'ai déjà du l'indiquer j'y vais samedi prochain et je découvrirai à cette occasion Nicole Car.

Montfort

J'y serai le 6 (ce sera sans Netrebko mais le reste de la distribution a l'air extrêmement luxueux)

Bon, Car, c'est très… australien, mais autrement, oui, tout est superbe dans cette distribution. Et puis en arrivant vers la fin de série, vu comme s'était insoutenablement ardent au début… !

Mais si Car annulait pour être remplacée par Stikhina, ce serait parfait – elle m'avait beaucoup impressionné l'année dernière à Operalia, dans du belcanto à format dramatique.

Je suis dans l'impossibilité de formuler un avis sur Nicole Car : la fête chez les Larine s'est transformée en nuit aux urgences à Saint Antoine.
Mon épouse a raté en arrivant une marche de l'escalier du 1er balcon : à cette occasion nous avons pu faire connaissance avec une catégorie de l'ONP que nous ne connaissions pas : les pompiers de l'ONP : très pro et adorables - comme il y avait une crainte de fracture évacuation aux urgences pour une radio, et là, attente interminable : je ne veux surtout pas incriminer les soignants de Saint Antoine qui font un travail formidable, mais le médecin régulateur hiérarchise les priorités en fonction de l'urgence sanitaire.. Retour à domicile à 4h30 avec un diagnostic rassurant : une simple entorse.
Pendant l'attente j'ai pu échanger des messages avec des amis qui assistaient à la représentation : jugement très positif...
Un avis :
https://www.forumopera.com/breve/lemouvante-tatiana-de-nicole-car-a-paris
Je vais contacter le théâtre à la fois pour exprimer mes remerciements aux pompiers, mais éventuellement pour voir si je peux faire valider mes places pour une des dernières de cette série.

Montfort

L'ONP a accepté de valider mes places du 3 juin pour le 14 : je vais donc pouvoir voir ce spectacle.

Montfort

Eugène Onéguine
Livret : Piort Tchaikowski & Constantin Chilovski d’après Alexandre Pouchkine
Musique : Piort Tchaikowski

Opéra Bastille
Représentation dimanche 11 juin 2017 (a)

Orchestre et chœurs de l’O.N.P.
Direction : Edward Gardner

Tatiana : Nicole Car
Madame Larina : Elena Zaremba
Olga : Varduhi Abrahamyan
Filipievna : Hanna Schwartz
Eugène Onéguine : Peter Mattei
Lenski : Pavel Cernoch
Le prince Grémine : Alexander Tsymbalyuk
Monsieur Triquet : Raul Gimenez
Zaretski : Vadim  Artamonov
Le lieutenent : Olivier Ayault
Solo ténor : Grzegorz Staskiewicz


Le livret de P.T.& C.C ne fait pas E.O.
Mélodrame dans la campagne russe (en 1820) avec un E.O., S.D.F. sans doute fortuné et sans trop d’illusion qui promène son ennui, et affiche son dédain des rustiques convenances -pas de baise-main, buveur, franc-maçon dans la version de l’opéra de Lyon,…- ce qui conduit à un duel inutile, dû en partie à la susceptibilité rurale de Lenksy.

La musique de P. Tchaikowski crée les scènes lyriques d’Eugène Onéguine.
Quel orchestre ! ces cordes –quasiment jamais dans l’aigu- qui roulent et se déroulent ;
Les vents qui soulignent juste ce qu’il faut ; et ce rythme ! (le plus significatif dans l’air du prince).

Et puis, je préfère de plus en plus les voix autres que soprano et ténor, donc
P. Mattei : valeureux, honnête dans son expression au IIIème acte.
H. Schwartz : le type de voix que j’aime, un peu sombre.    
A.Tsymbaylu : expressif.

(a) ce n'était que la 63 ème représentation à l'O.N.P., mais la 41ème dans la M.e.S

Représentation du 14 juin - dernière de la série.

L'ONP ayant accepté de valider à nouveau mes places du 3 juin - dans une meilleure catégorie - j'ai pu revoir cette mise en scène déjà vue en 2003 avec Olga Guryakova en Tatiana.
Avec le temps mon jugement n'a pas changé : elle est sans doute un peu superficielle, mais elle est plastiquement réussie, fluide et très fidèle, et offre un cadre idéal pour une bonne distribution, ce qui est bien le cas ici...
Je distinguerai l'émouvante Filipievna d'Hanna Schwarz et le Triquet impayable de Raul Gimenez et le noble et émouvant Grémine de Tsymbalyuk.
L'Onéguine de Peter Mattei est parfait de condescendance et d'hypocrisie : la scène durant laquelle il administre une leçon de morale à Tatiana voulant manifester de l'empathie alors que sa gestuelle le trahit est parfaite.
C'est aussi un triomphe mérité pour la très jeune Nicole Car, vocalement parfaite, et restituant bien l'évolution du personnage.

L'orchestre, protagoniste de l'action, sous la baguette de Gardner offre un écrin raffiné aux chanteurs.
Compliment au passage à Lissner : il ne reconnait pas à l'aveugle "Casta diva", mais il sait choisir une distribution !

Montfort

Je me permets de remonter ce fil, étant allée voir cette représentation en mai dernier. 

L'Onéguine de Mattei était juste un monstre ; j'avais déjà vu Mattei dans ce rôle dans d'autres productions, et il y est toujours excellent. Il représentait parfaitement le personnage, et sa "déchéance" au fur et à mesure de l'opéra, avec le paroxysme de la scène finale. Sans compter son dédain pour Tatiana au début, qu'il jouait vraiment bien, on le ressentait à travers sa performance. Bon, je ne suis pas objective : je suis une fan inconditionnelle de Mattei.

Concernant les autres chanteurs, j'avais pas mal apprécié le Grémine de Tsymbalyuk. Et bien évidemment Netrebko, qui s'est fait acclamer pendant au moins 5 minutes après la scène de la lettres ... Mais j'avais, bizarrement, préféré sa performance au live du met en avril 2017. Bref, une bonne distribution !

Mise en scène très épurée, mais qui je trouve, collait bien à l'ambiance de l'opéra (et du livre, que j'ai dû lire une dizaine de fois ...).  

Bref, un très bon souvenir d'opéra.

Antonio_Salieri a écrit:

Bon, je ne suis pas objective : je suis une fan inconditionnelle de Mattei.

Mais, être fan inconditionnel de Mattei, n'est-ce pas justement être objectif ?

Citation :

Mise en scène très épurée, mais qui je trouve, collait bien à l'ambiance de l'opéra (et du livre, que j'ai dû lire une dizaine de fois ...).  

Bon, pour le livre, ça manque quand même sacrément d'humour dans l'opéra, mais c'est la faute de Modeste, pas de Pouchkinou.

Conseil pour la relecture : varier les traductions, il y en a plusieurs de très bonnes (et quelques-unes de mauvaises), ça rehausse le plaisir du détail.

Je pense plutôt que mon obsession pour Mattei biaise tous mes avis le concernant  

Sinon, j'ai la traduction par J.-L. Backès. Je ne la trouve pas mauvaise, mais après je n'ai pas lu d'autres éditions, donc je ne peux pas juger. Mais concernant le manque d'humour dans l'opéra : je ne trouve pas que ce soit gênant, étant donné le ton "dramatique" que prend l'action à partir de la mort de Lenski.

A ton âge, j'étais totalement subjective par rapport à Van Dam. Cela dit, j'ai vu Onéguine à la TV et en retransmission ciné en direct de Londres; il ne manque plus à mon "palmarès" qu'un passage en salle et la boucle sera bouclée

Antonio_Salieri a écrit:

Je pense plutôt que mon obsession pour Mattei biaise tous mes avis le concernant  

Sinon, j'ai la traduction par J.-L. Backès. Je ne la trouve pas mauvaise, mais après je n'ai pas lu d'autres éditions, donc je ne peux pas juger. Mais concernant le manque d'humour dans l'opéra : je ne trouve pas que ce soit gênant, étant donné le ton "dramatique" que prend l'action à partir de la mort de Lenski.

Hé bien je puis donc t'annoncer que tu as la mauvaise version francophone d'Onéguine, dans une langue pâteuse qui en écarte toute la malice, en effet.

Justement, même la mort de Lenski est tournée en dérision dans le texte original. Legras (mais j'ai acheté le dernier) ou Markowicz (couramment disponible), voire Weinstein (moins génial mais tout à fait respectueux) permettent de bien mieux mesurer ce qui se passe dans le texte russe.

Évite aussi Tourguéniev / Louis Viardot, si tu peux (et Béesau qui est bien mais pas en vers, dommage). Ou bien essaye-les toutes, une à chaque relecture, la matière est assez riche pour se le permettre.

Oui Luisa, va voir Onéguine 

Oh, je ne pensais que mon texte était si mauvais ! J'irai voir ceci de ce pas   Même si j'ai du mal à concevoir une tournure en dérision de la mort de Lenski !

On verra ça quand ça sera programmé à Paris ou en province

Pas besoin d'attendre : c'est donné à Metz en février, à Reims en Mars et à Strasbourg en juin (dans une bien belle distribution). Allez, hop, on réserve son train maintenant, tu as promis.

Antonio_Salieri a écrit:

Oh, je ne pensais que mon texte était si mauvais ! J'irai voir ceci de ce pas   Même si j'ai du mal à concevoir une tournure en dérision de la mort de Lenski !

Ah si, ça c'est littéral, Backès ne le souligne pas avec malice, mais c'est marqué dans le texte de Pouchkine : le poème « Kuda, kuda ? » est un amalgame un peu brumeux.

Voici ce que ça donne chez Legras :

Sa plume était floue et obscure,
« Romantique » – ainsi nous disons.
Romantique, cette écriture ?
Bien peu !… (Mais ne nous en mêlons !)
Enfin, la nuit presque passée,
Inclinant sa tête lassée,
Sur : « idéal » – un mot « bien mis »,
Lienski doucement s'endormit…

Merci pour cet extrait qui va me replonger dans ma folie Onéguinienne ! J'essaierai de trouver une autre version. Merci !