Votre Ring préféré

Je trouve que c'est quand même pas très bien chanté... un peu ingrat.
Il y a évidemment pire... mais il y a mieux.

(A propos de Levine)

Xavier a écrit:

Pour moi c'est exactement comme pour son Ring studio, que pourtant là tu trouves justement trop sage, si j'ai bien compris.

Trop sage, je ne dirais pas, mais un peu simpliste, un peu trop péplum par rapport à l'abîme de richesse que le même Levine y met dix ans plus tard. Mais mon principal problème avec le Levine de studio est plutôt que j'ai envie d'étouffer Brünnhilde et quelques autres.

 

Avec ton matériel tu devrais pourtant réaliser que c'est la plus belle Brünnhilde de tous les temps.   

Xavier a écrit:

Je trouve que c'est quand même pas très bien chanté... un peu ingrat.
Il y a évidemment pire... mais il y a mieux.

Tu pourrais préciser ce que tu entends par "pas très bien chanté" dans ce cas-là, pour le bohémien que je suis? Tu trouves ça aussi dans son Parsifal 62 par exemple?

Quoique. Depuis que tu m'as fait entendre le vibrato omniprésent de Stemme que je n'entendais pas, ma qualité de vie a beaucoup diminué.

Xavier a écrit:

 

Avec ton matériel tu devrais pourtant réaliser que c'est la plus belle Brünnhilde de tous les temps.   

Avec ou sans mon matériel, je n'ai toujours entendu qu'un bêlement qui me scie les nerfs. C'est physiologique. Mais tu as raison, je réessaye tout de suite (j'ai reçu du nouveau matériel qui m'empêche de dormir et me donne envie de tout réécouter).

Ca fait un moment que je ne l'ai pas écouté, donc j'aurais du mal à être précis.
En dehors des considérations de timbres qui restent subjectives (et je trouve le timbre assez moche), il me semble que ce n'est vraiment pas très propre comme chant, pas du tout gracieux.
Bon il a fait pire, comme ses Gurrelieder avec Boulez, et effectivement je n'avais pas trouvé son Parsifal mauvais.

Ce matin tout en jardinant, j'écoutais L'Or du Rhin par Barenboïm, Bayreuth, 1992 (que je dois à la diligente bonté d'un des forumeurs, qui se reconnaitra et que remercie encore avec ferveur.)
L'orchestre y est riche et profond, roulant comme le fleuve, bruissant comme une forêt primaire, lumineux comme le ciel.
Restent les voix...
Je n'y connais pas grand chose, mais je ne les trouve pas assez caractérisées.
Par exemple, Günter von Kannen (que je ne connais pas) incarne un Alberich à mon goût pas assez avide, il lui manque des accents crapuleux que j'aime à retrouver dans l'interprétation de Zoltan Kelemen chez Karajan, Philarmonique de Berlin, 1968.

Oui, très juste....
Pour moi, ce qui fait le "prix" de ce ring, c'est la fabuleuse direction de Barenboim, aidé en cela par une prise de son vraiment superbe !!!!
Personnellement, je l'aime beaucoup (ce ring).

Pareil, pour moi il fait partie de ceux qui sont plus ou moins sans faute, comme celui de Levine.
En DVD avec la mise en scène de Kupfer c'est encore plus génial, mais en CD c'est déjà superbe.

Les chanteurs et la mise en scène me semblent quand même plus essentiels que la direction de Barenboim... Celle-ci est loin d'être quelconque, mais de ce point de vue je ne mettrais pas ce Ring au tout premier plan — d'autant que la prise de son n'est pas idéale pour une simple écoute...
J'ajoute que Nadine Secunde m'a posé pas mal de problèmes jusqu'à ce que je visionne le DVD, la voix étant assez indissociable de son jeu (assez fabuleux) d'actrice. En revanche les autres (Von Kannen, Tomlinson et Evans en tête), et naturellement la mise en scène...  (même si j'ai toujours une réticence avec l'acte II de Siegfried)

Côté disque, j'aurais bien choisi la lecture tout en finesse de Karajan mais son Crépuscule et si inintéressant qu'au final je me tourne vers la version tout terrain de Solti.C'est pas d'une folle imagination mais ça fonctionne très bien.

Côté DVD impossible de trancher entre Boulez, Barenboim et Schonwandt.    

Pour moi, la distribution suffit clairement à mettre Boulez en-dessous des deux autres.

Xavier a écrit:

Pour moi, la distribution suffit clairement à mettre Boulez en-dessous des deux autres.

Et la direction d'orchestre de Barenboim en-dessous de Schønwandt. Dilemme résolu.

Sauf que là ça ne me paraît pas si simple.   

Le gros point fort de Barenboim (outre la distribution – j'aime encore davantage celle de Schønwandt, mais c'est totalement extraordinaire quand même !) reste surtout la cohérence entre les grands aplats de climats par le chef et la grande unité visuelle par le metteur en scène. Deux visions pas forcément fines dans le détail, mais puissantes en matière de texture et de continuité.

En cela, ça donne un résultat fort, car tout le monde travaille dans le même sens.

En disque (à l'origine en réponse à Arnaud, puis ça a grossi  )

Pas Solti pour moi : mes dernières comparaisons m'ont montré que je n'aimais décidément pas sa direction, et n'avoir que Nilsson en Brünnhilde, ça je ne peux pas.  
Karajan non plus, en fait, à cause de la fin ratée de Walküre (plus ratée que le Crépuscule à mon sens), à un moindre degré de Thomas, et de Crespin que j'aime de moins en moins en Brünnhilde (je préfère Dernesch) alors que je la vénère en Sieglinde...

Il y aurait l'option Haitink, moins exaltante mais plus équilibrée, s'il n'y avait Marton, et l'acte I de Walküre qui déconne (y en a toujours un de traviole  ).
Levine peut-être, mais le couple Norman / Lakes (surtout ce dernier) ne m'enchante guère (euphémisme) ; il faudrait toutefois que je réécoute ce studio un de ces jours car je ne me souviens bien que de la Walkyrie...

Bizarrement, ces défauts m'ennuient plus que ceux (pourtant objectivement plus envahissants) des lives, qu'il s'agisse des vieux ou des plus récents (Sawallisch par ex., ou Neuhold dont je continue à me demander pourquoi il ne figure pas dans la liste d'Hippolyte (d'ailleurs il n'y a pas Kempe 60 non plus, j'en connais un qui ne snobe pas ce fil pour des prunes, ah non d'ailleurs finalement il est venu)) : les défauts de ces derniers sont indissociables de leur totalité et du charme qu'elle dégage, tandis que ceux des studios font "tache" dans une réalisation d'ensemble recherchée, peu spontanée et ayant pour horizon une forme de perfection...
Aussi, plus ça va plus je me sens davantage exalté (pour l'opéra seulement) par l'unité organique, la fièvre des enregistrements publics : d'ailleurs je n'écoute plus mes Rings studio que par fragments (et il y a toujours beaucoup de choses que j'adore dans Karajan en particulier).

À cet égard Barenboim sans Kupfer pourrait être une espèce de compromis entre le naturel du live et la "perfection" du studio; hélas je n'aime pas beaucoup sa direction (pas très fine - comme dans Tristan au demeurant -, manque de couleurs, de magie...) ni de la prise de son ultra-réverbérée et vraiment trop spéciale - mais en revanche idéale avec l'image.


Du coup, ma version préférée est un live... Et les plus exaltants parmi les lives - y compris pour la direction (je ne dis pas l'orchestre  ) - sont pour moi ceux des années 1950, je sais c'est pas original...

Une fois posé cet axiome, les Furt ont trop de (gros) défauts (orchestre + demi-live figé pour 53, chanteurs pour 50), Kna ne saurait me satisfaire vraiment (tempi, partis pris ultra-particuliers, même si j'adore 58), la direction de Keilberth m'ennuie un peu (même si j'adore 52 et qu'en 53 il y a Mödl)... Kempe 60 (ou 61) est souvent passionnant et rarement frustrant, mais dans la globalité je lui préfère tout de même Krauss — avec son orchestre pourri, ses trous et son feu d'artifice de viandages mémorables — car au bilan c'est chez lui que je trouve le plus de moments d'enchantement pur, d'ambiances à couper le souffle (monologue et fin de Walküre, le II de Siegfried...), les performances de chanteurs les plus époustouflantes (Neidlinger, Hotter, Kuen, scène finale de Siegried)...

Si je devais prendre une version par journée, j'en choisirais certainement d'autres pour l'Or et le Crépuscule ; acte par acte il y en aurait encore plus, mais globalement la proportion de "Neues Bayreuth" en mono resterait de toute façon importante...

En DVD, Barenboim sans hésiter (j'aime de plus en plus Schønwandt dans l'ensemble, mais il y a des choses qui ne passent vraiment pas - encore moins que le II de Siegfried chez Kupfer ; Boulez, il faudrait que je le revoie en entier, mais franchement je ne crois pas — malgré Jones et McIntyre...).

Golisande a écrit:

Neuhold dont je continue à me demander pourquoi il ne figure pas dans la liste d'Hippolyte (d'ailleurs il n'y a pas Kempe 60 non plus, j'en connais un qui ne snobe pas ce fil pour des prunes, ah non d'ailleurs finalement il est venu))

Parce que je ne peux pas modifier la liste afin d'y ajouter les oublis. Bis repetita. Cf. supra.

J'ai édité le sondage et rajouté Neuhold et Kempe 60.

Et j'ai voté Barenboïm.   

Hippolyte a écrit:

Golisande a écrit:

Neuhold dont je continue à me demander pourquoi il ne figure pas dans la liste d'Hippolyte (d'ailleurs il n'y a pas Kempe 60 non plus, j'en connais un qui ne snobe pas ce fil pour des prunes, ah non d'ailleurs finalement il est venu))

Parce que je ne peux pas modifier la liste afin d'y ajouter les oublis. Bis repetita. Cf. supra.

Ah ok, je n'avais pas vu. Autant pour moi.  

DavidLeMarrec a écrit:

Xavier a écrit:

Pour moi, la distribution suffit clairement à mettre Boulez en-dessous des deux autres.

Et la direction d'orchestre de Barenboim en-dessous de Schønwandt. Dilemme résolu.  

Mais c'est Chéreau qui met cette version au-dessus des autres. D'ailleurs, c'est comme ça qu'on l'appelle -- le Ring de Chéreau. Personne ne dit le ring de Gwyneth Jones...

Déjà je ne trouve pas que cette mise en scène soit au-dessus des autres.
Et ensuite on écoute quand même la musique qui est derrière, non?...

Xavier a écrit:

Déjà je ne trouve pas que cette mise en scène soit au-dessus des autres.
Et ensuite on écoute quand même la musique qui est derrière, non?...

Je n'en disconviens pas (quoique je garde mon baril de Chéreau même contre trois barils de Kupfer). J'aurais dû écrire: C'est la mise en scène qui met cette version à part et qui fait sa valeur.

Mais c'est vrai que sa valeur est en partie historique: il faut se rappeler ce qu'était la mise en scène wagnérienne d'alors. Maintenant, on n'est plus sidéré que quelqu'un puisse prendre le texte au sérieux.

A l'usage, ceci dit, ayant revu Holten et Chéreau récemment, je garderais plus volontiers le second, qui m'a semblé plus riche de sens et de mystères, alors que je continue de penser que Holten va trop loin dans l'élucidation et émacie l'oeuvre, du moins dans une perspective de revisionnage régulier.

C'est d'ailleurs pour cette même raison qu'en DVD, je préfère Mehta/Fura del Baus.

Pour ma part, j'ai voté pour la version de Krauss, mais cela n'étonnera personne   
Il n'y a pas de coupure dans le monologue de Wotan dans les versions des années 50 enregistrées à Bayreuth !!! Par contre, elles sont assez importantes dans celles du Met des années 40...

J'aime beaucoup celui de Karajan. Des beautés sonores partout à couper le souffle et un volume sonore raisonnable. Et puis des chanteurs aux timbres superbes qui rajoutent encore des couleurs magnifiques. Crespin, Janowitz, Dieskau, Talvela, Kelemen, Dernesch, Ridderbusch. Toujours un bonheur à entendre. Plus que Solti ou Levine que je trouve bruyants.
Pas fan non plus des enregistrements historiques où on perd beaucoup de la richesse de la partition. Krauss et Furtwängler c'est sûrement bien dirigé mais le confort d'écoute est vraiment pénible. Sans compter que Bayreuth ou la Scala à l'époque c'est ni Vienne ni Berlin. Difficile de rester concentré en l'état.

Levine bruyant? C'est la première fois que j'entends ça... à la limite qu'on le trouve trop sage ou trop léché, je peux comprendre, mais bruyant...

Dans la liste des nominés, je n'ai pas vu Toscanini (1953). Ca fait un bail que je n'ai pas écouté cette version, mais je me souviens avoir pas mal apprécié à l'époque. A priori, je dois être le seul...  

Chris3 a écrit:

Dans la liste des nominés, je n'ai pas vu Toscanini (1953). Ca fait un bail que je n'ai pas écouté cette version, mais je me souviens avoir pas mal apprécié à l'époque. A priori, je dois être le seul...  

À être dans la salle, oui, probablement. Car il n'y a pas d'enregistrement de Toscanini du Ring. Tu veux dire Krauss ou Furtwängler RAI, je présume ?

julot a écrit:

Qu'est-ce qu'il a, Jess Thomas? Moi j'aime qu'il chante tout le temps, que ça sifflote presque. Et puis il a un timbre triste, presque pleurnichard, qui me paraît très adapté pour un adolescent boutonneux tourmenté.

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Le Siegfried de Thomas est extraodinaire!