Pleyel - Messiaen, Scriabine, Gergiev, LSO - Avril 2014

Avec un concerto romantique dans chacun des deux concerts:

samedi 05/04 2014 20:00

London Symphony Orchestra
Valery Gergiev : direction
Daniil Trifonov : piano

Olivier Messiaen
Les Offrandes oubliées

Frédéric Chopin
Concerto pour piano n°2

Alexandre Scriabine
Symphonie n°3 "Le Divin Poème"

dimanche 06/04 2014 16:00

London Symphony Orchestra
Valery Gergiev : direction
Denis Matsuev : piano

Olivier Messiaen
L'Ascension

Franz Liszt
Concerto pour piano n°2

Alexandre Scriabine
Symphonie n°2

Très intéressé par les Messiaen et Scriabine que Gergiev peut faire avec le LSO: si c'est du niveau de ses Szymanowski, ça sera intéressant.   
Et puis la 2è symphonie de Scriabine est plutôt rare au concert!

Je vais aux deux.   

Qui d'autre?

Beau concert, sans être complètement enthousiasmé par les lectures de Gergiev.

Ce qui a été le plus réussi était peut-être ce qui n'était pas au programme, à savoir deux magnifiques Debussy donnés en bis par le jeune Trifonov, Reflets dans l'eau et Mouvement, remarquables de liquidité et de nuances.

Le Messiaen était quand même plus que pas mal, mais j'ai regretté le tempo assez sage de la folle partie centrale.

Le Chopin, pour moi, c'était le moment de la sieste.   
Non sérieusement, le mouvement lent est très beau, mais le reste...   

J'ai pu me replacer sans problème dans les premiers rangs du 1er balcon après l'entracte, alors que c'était très plein en première partie, étonnant, comme si le nom de Scriabine pouvait encore faire peur.
Du coup j'ai bien profité de cette 3è symphonie, sans que l'interprétation de Gergiev et du LSO me paraisse impérissable pour autant.

Chris3 a écrit:

6 avril à Pleyel : concert dirigé par Valery Gergiev (LSO). Autant vous le dire, et désolé pour les amateurs  je n'y allais pas pour Messiaen (L'Ascension) ni pour Scriabine (Symphonie n°2) ; je ne dis pas que je n'ai pas apprécié ces oeuvres, mais elles sont un peu éloignées de mon univers musical de prédilection. En revanche, j'attendais avec impatience le concerto pour piano n° 2 de Lizst interprété par Denis Matsuev, que je n'avais jamais vu jouer (il a un gabarit à la Richter !). J'ai été transporté par cette oeuvre, moins connue que le n°1, mais pour moi toute aussi enthousiasmante. Petite anecdote : lorsqu'on a apporté le piano sur scène (un Yamaha pour ne pas le nommer), Gergiev a été obligé de se pousser, et il a dirigé de derrière le piano, ce qui fait qu'avec le couvercle ouvert on avait du mal à le voir, son estrade n'étant guère élevée.
A noter que la salle était à moitié pleine, une partie du public ayant boycotté ces amis de Poutine... Je trouve dommage qu'une fois de plus on confonde musique et politique, et je le dis d'autant plus volontiers que ma critique s'adresse aux partisans des deux camps, puisqu'on nous a distribué un tract à l'entrée "justifiant" la position russe  

Moi j'ai entendu un massacre dans ce 2è concerto de Liszt: comme les autres interprètes que j'ai pu y entendre récemment, mais peut-être en pire encore, Matsuev a fait du "plus vite et plus fort que tout le monde", du coup peu de contrastes, pas de respiration, pas de chant, pas de mystère, tout s'enchaînait à toute vitesse, les modulations étonnantes n'étaient pas goûtées, etc...
Evidemment ce n'était pas Gergiev qui dirigeait ici, mais Matsuev, et Gergiev l'a laissé faire.
Peut-être que j'ai trop la version Berman-Giulini en tête...
Idem dans l'Appassionata de Liszt donnée en bis, dès le début c'était trop rapide, avec beaucoup de pédale pour tout masquer, chant heurté...

Sinon j'ai particulièrement apprécié le 3è mouvement de la 2è symphonie de Scriabine, pour moi le plus beau moment de ces deux concerts, vraiment magique.

Dans l'Ascension, j'ai trouvé le 3è mouvement un peu mou, et Gergiev n'a pas osé la lenteur demandée par Messiaen (et respectée par le seul Chung jusqu'ici me semble-t-il) dans le dernier mouvement.

Comme quoi, les goûts et les couleurs...

Certes, Matsuev ne fait pas dans la dentelle, je l'avoue. Mais dans ce concerto de Liszt, ça ne me dérange pas plus que ça (je ne parle pas de ses oeuvres les plus intimistes). Je trouve que son jeu est puissant, plein d'éclat, mais qu'il garde une belle sonorité. C'est vrai qu'on a l'impression qu'il livre un perpétuel combat avec l'orchestre, l'éclipsant même parfois, mais là encore c'est un peu l'idée que je peux me faire du Liszt virtuose.

Je n'ai pas assez de compétence sur Messiaen et Scriabine pour donner un avis éclairé. Je dirais juste que j'ai apprécié la beauté recueillie de la première oeuvre, même si je ne suis pas sûr qu'un chef comme Gergiev soit le plus à même d'en rendre le côté méditatif et spirituel. Le Scriabine m'a un peu déconcerté, il y a des passages que j'ai bien aimé, où l'orchestre a développé de belles et flamboyantes harmonies, mais je préfère décidément Le poème de l'extase

Chris3 a écrit:

Certes, Matsuev ne fait pas dans la dentelle, je l'avoue. Mais dans ce concerto de Liszt, ça ne me dérange pas plus que ça (je ne parle pas de ses oeuvres les plus intimistes). Je trouve que son jeu est puissant, plein d'éclat, mais qu'il garde une belle sonorité. C'est vrai qu'on a l'impression qu'il livre un perpétuel combat avec l'orchestre, l'éclipsant même parfois, mais là encore c'est un peu l'idée que je peux me faire du Liszt virtuose.

Justement, le côté tapageur et virtuose n'est qu'une facette (et pas la plus intéressante) de ce concerto; pour moi c'est en permanence une alternance entre cet aspect-là et des passages lents, méditatifs, poétiques, très chantés... ces passages-là étaient complètement bâclés. Donc pour moi ça ne rend pas du tout justice à l'oeuvre, qui ne se réduit pas à du Liszt fracassant et pompier comme on en a eu l'impression lors de ce concert. (et lors des autres interprétations que j'ai entendues à Pleyel dernièrement, malheureusement...)