Pleyel - avril 2014- 2 et 9 de Mahler par Myung-whun Chung

Je reviens tout juste du concert.

Totalement suffoqué par l'intensité proprement physique de cette musique.
Du mal à rassembler mes idées.Le son des cordes était un peu lointain (j'étais au 5ème balcon), pour le reste ça a été pour moi 80 minutes d'émeute affectuelle.   

Ma plus grande émotion en concert et de loin.
(bon faut dire que j'en ai pas fait beaucoup, juste deux concerts Bruckner[la 6 et la 8])

Dieu que j'adore cette symphonie!!!!

Je vais écouter la 9è par les mêmes dans 15 jours.   

 

N'oublie pas de rire pendant le rondo-burlesque   

L'attention du public m'a parut très épars. L'ovation finale semble montrer que la soirée a été appréciée, mais combien de personnes semblaient extérieures, regardant le livret d'un oeil distrait, se grattant l'oreille ou d'autres choses, alors que d'autres semblaient totalement absorbés.

Mais oui, c'est une musique qui prend aux tripes. Il faut dire qu'il y avait les moyens, les 16 violoncelles (j'ai compté), deux timbalistes, deux gongs, un téléphone portable, trois cloches, 147 violons (c'est au jugé, je n'ai pas compté ), 12 cors je crois, 8 trompettes, une horde de tuberculeux, 4 trombones, l'orgue, et un très beau choeur.

J'ai un souvenir en particulier des cuivres qui avaient une très belle sonorité. Qu'en as-tu pensé Arnaud ? Le dernier mouvement était vraiment terrible. J'ai trouvé Lemieux assez sobre, avec une belle voix, et Landshamer également très belle devant ce choeur.

Pipus a écrit:

L'attention du public m'a parut très épars. L'ovation finale semble montrer que la soirée a été appréciée, mais combien de personnes semblaient extérieures, regardant le livret d'un oeil distrait, se grattant l'oreille ou d'autres choses, alors que d'autres semblaient totalement absorbés.

Mais oui, c'est une musique qui prend aux tripes. Il faut dire qu'il y avait les moyens, les 16 violoncelles (j'ai compté), deux timbalistes, deux gongs, un téléphone portable, trois cloches, 147 violons (c'est au jugé, je n'ai pas compté ), 12 cors je crois, 8 trompettes, une horde de tuberculeux, 4 trombones, l'orgue, et un très beau choeur.

J'ai un souvenir en particulier des cuivres qui avaient une très belle sonorité. Qu'en as-tu pensé Arnaud ? Le dernier mouvement était vraiment terrible. J'ai trouvé Lemieux assez sobre, avec une belle voix, et Landshamer également très belle devant ce choeur.

J'aimerais avoir d'autres avis - ils avaient donné il n'y a pas si longtemps une intégrale Mahler : j'avais vu la III et il est clair que Chung - chef que j'apprécie beaucoup - était clairement dépassé par la complexité du 1er mouvement, très long - 57 minutes - et dans lequel il est facile de s'égarer. Donc question similaire pour le vaste dernier mouvement de la II.

   Montfort

Avant tout, beaucoup d'émotions ressentis lors du concert. De la poésie et du lyrisme. J'ai trouvé les équilibres orchestraux parfaits. Et les sonorités de tous les pupitres magnifiques.

Marie Nicole Lemieux exceptionnelle et tout le monde à niveau.

Quelques idiots pour perturber le concert certes mais c'est secondaire.

Je redoutais des moments d'ennuis ; je me suis dit en entendant les derniers accords  : déjà. Par contraste je trouve la musique de Richard Strauss une pâle imitation roborative de celle de Gustav Mahler (en référence à un autre compositeur à l'affiche du Philar cette année)

Xavier a écrit:

Je vais écouter la 9è par les mêmes dans 15 jours.   

Pareil.  

kv a écrit:

Avant tout, beaucoup d'émotions ressentis lors du concert. De la poésie et du lyrisme. J'ai trouvé les équilibres orchestraux parfaits. Et les sonorités de tous les pupitres magnifiques.

Marie Nicole Lemieux exceptionnelle et tout le monde à niveau.

Quelques idiots pour perturber le concert certes mais c'est secondaire.

Je redoutais des moments d'ennuis ; je me suis dit en entendant les derniers accords  : déjà. Par contraste je trouve la musique de Richard Strauss une pâle imitation roborative de celle de Gustav Mahler (en référence à un autre compositeur à l'affiche du Philar cette année)

 La musique - symphonique je présume -  de Richard Strauss n'a rien à voir avec celle de Mahler. Certains poèmes symphoniques de R St sont des chefs d’œuvres, même si il est légitime de penser que Mahler ouvrait des pistes vers l'avenir que Strauss, socialement et esthétiquement conservateur n'envisageait pas.
On peut aussi faire la parallèle avec Bruckner, qui a composé ses dernières symphonies lorsque Mahler composait ses premières œuvres : Bruckner, c'est dans une certaine mesure l'apothéose de la forme symphonique telle qu'elle a été pratiquée pendant tout le XIXème siècle - donc peu d'innovation sur le plan formel, malgré cela ses dernières symphonies : VII, VIII et IX sont géniales.

  Montfort

arnaud bellemontagne a écrit:

Totalement suffoqué par l'intensité proprement physique de cette musique.

Oui, je crois même que c'est l'œuvre la plus physique que j'aie entendue. C'est la seule symphonie que je vais voir très régulièrement en concert, et c'est même l'œuvre que j'ai le plus vu en vrai après le Winterreise et le Hollandais.

Toutes les symphonies de Mahler ont cette qualité, cela dit. Le final de la Troisième, s'il est réussi, c'est ineffable aussi.

Montfort a écrit:

kv a écrit:

Avant tout, beaucoup d'émotions ressentis lors du concert. De la poésie et du lyrisme. J'ai trouvé les équilibres orchestraux parfaits. Et les sonorités de tous les pupitres magnifiques.

Marie Nicole Lemieux exceptionnelle et tout le monde à niveau.

Quelques idiots pour perturber le concert certes mais c'est secondaire.

Je redoutais des moments d'ennuis ; je me suis dit en entendant les derniers accords  : déjà. Par contraste je trouve la musique de Richard Strauss une pâle imitation roborative de celle de Gustav Mahler (en référence à un autre compositeur à l'affiche du Philar cette année)

 La musique - symphonique je présume -  de Richard Strauss n'a rien à voir avec celle de Mahler. Certains poèmes symphoniques de R St sont des chefs d’œuvres, même si il est légitime de penser que Mahler ouvrait des pistes vers l'avenir que Strauss, socialement et esthétiquement conservateur n'envisageait pas.
On peut aussi faire la parallèle avec Bruckner, qui a composé ses dernières symphonies lorsque Mahler composait ses premières œuvres : Bruckner, c'est dans une certaine mesure l'apothéose de la forme symphonique telle qu'elle a été pratiquée pendant tout le XIXème siècle - donc peu d'innovation sur le plan formel, malgré cela ses dernières symphonies : VII, VIII et IX sont géniales.

  Montfort

Bruckner et Mahler sont des chercheurs comme Bach ou Beethoven. C'est une autre dimension.

Strauss manque de sincérité, est dans "l'épate bourgeois" et faussement moderne ou faussement réactionnaire. Je suis de parti-pris, totalement injuste. Disons que Strauss a des affinités avec Mozart ou prolonge la dimension musicien de Cour (cours/court)  .

Pipus a écrit:

L'attention du public m'a parut très épars. L'ovation finale semble montrer que la soirée a été appréciée, mais combien de personnes semblaient extérieures, regardant le livret d'un oeil distrait, se grattant l'oreille ou d'autres choses, alors que d'autres semblaient totalement absorbés.

Mais oui, c'est une musique qui prend aux tripes. Il faut dire qu'il y avait les moyens, les 16 violoncelles (j'ai compté), deux timbalistes, deux gongs, un téléphone portable, trois cloches, 147 violons (c'est au jugé, je n'ai pas compté ), 12 cors je crois, 8 trompettes, une horde de tuberculeux, 4 trombones, l'orgue, et un très beau choeur.

J'ai un souvenir en particulier des cuivres qui avaient une très belle sonorité. Qu'en as-tu pensé Arnaud ? Le dernier mouvement était vraiment terrible. J'ai trouvé Lemieux assez sobre, avec une belle voix, et Landshamer également très belle devant ce choeur.

Oui il y a eu ici et la quelques spécialistes juvéniles de la messe basse qui ont semblé confondre Mahler et la cour de récré. Mais rien de rédibitoire.

Ah si, excellent la sonnerie du téléphone portable pendant l'andante, suivi de cette réplique cinglante d'un spectateur outré:"la prochaine fois dans le ton le téléphone!!!"   

J'ai trouvé les cuivres superbes à contrario des cordes vraiment trop en retrait à mon sens.Le reste était pas loin d'être idéal.   

DavidLeMarrec a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Totalement suffoqué par l'intensité proprement physique de cette musique.

Oui, je crois même que c'est l'œuvre la plus physique que j'aie entendue. C'est la seule symphonie que je vais voir très régulièrement en concert, et c'est même l'œuvre que j'ai le plus vu en vrai après le Winterreise et le Hollandais.

Toutes les symphonies de Mahler ont cette qualité, cela dit. Le final de la Troisième, s'il est réussi, c'est ineffable aussi.

Ca me donne furieusement envie de voir d'autres symphonies de Mahler(1,3,5,6 par ex) ça c'est sûr!!!   

arnaud bellemontagne a écrit:

Ah si, excellent la sonnerie du téléphone portable pendant l'andante, suivi de cette réplique cinglante d'un spectateur outré:"la prochaine fois dans le ton le téléphone!!!"

Je n'avais pas entendu la remarque, mais je me suis fait la même quand il a sonné   

kv a écrit:

Bruckner et Mahler sont des chercheurs comme Bach ou Beethoven. C'est une autre dimension.

Strauss manque de sincérité, est dans "l'épate bourgeois" et faussement moderne ou faussement réactionnaire. Je suis de parti-pris, totalement injuste. Disons que Strauss a des affinités avec Mozart ou prolonge la dimension musicien de Cour (cours/court)  .

Tiens c'est curieux, c'est la première fois que je lis un avis sur Strauss se rapprochant autant du mien (auquel j'ai tout de même mis un petit bémol depuis que je me suis forcé à écouter Elektra, et surtout Arabella  )...

arnaud bellemontagne a écrit:

Ah si, excellent la sonnerie du téléphone portable pendant l'andante, suivi de cette réplique cinglante d'un spectateur outré:"la prochaine fois dans le ton le téléphone!!!"   

J'y étais également. J'ai beaucoup aimé également.
Sauf cette sonnerie de portable qui n'en finissait plus de gâcher le beau pianissimo des pizzicati... Quelle horreur !

La 9è ce soir.

Salle pas tout à fait pleine, replacement facile, je me suis retrouvé au milieu du parterre.

Du coup au bout de 3-4 minutes j'ai craqué d'émotion.   

3è mouvement hyper urgent (mais alors vraiment pas burlesque à mon sens pour le coup!), direction très intense pendant 1h20, je n'ai rien à redire, j'ai reçu ça physiquement de là où j'étais, je préfère l'équilibre et le fondu du balcon, mais il faut bien reconnaître que les émotions sont parfois décuplées quand on est plus près...
Un des grands concerts de l'année pour moi, bravo Chung, et quel bel orchestre de philharmonique de Radio France...  

Je ne peux qu'abonder : je n'ai même pas envie de commenter...
Pas un moment de répit, et à la fin du 3e mouvement mon cœur s'est carrément emballé... Un tel bonheur physique en concert, c'est vraiment rare (et pour ma part j'étais au 1er balcon).

C'est dans ces moments-là que j'ai l'impression que la musique de Mahler "contient l'Univers entier", comme il l'aurait voulu.

Mon problème avec le 2è mouvement s'est confirmé même dans ces conditions: à ce moment-là, j'ai décroché. (c'est le Mahler que je trouve bavard dans certains mouvements intermédiaires)

Pour le reste, du bonheur pur.

J'étais pas de très bonne humeur aujourd'hui... et je suis ressorti avec la banane.   

Ah si, moi j'ai adoré le 2e... Plus que jamais à vrai dire (mais si c'est joué comme ça, je suis inconditionnel).

C'est indéniablement bavard  , mais on pourrait presque dire la même chose de tout Mahler... Le 1er mouvement de cette symphonie par exemple, et le 3e, quels déluges chacun dans son genre...

Oui mais je veux dire bavard dans le sens bavard inutile; je ne vois pas où ça va ni ce qu'il veut exprimer.

Je comprends un peu ce que tu veux dire... Cela dit, j'aurais du mal à traduire ce que j'y entends (le côté superficiel de l'existence, le divertissement, le bonheur simple, etc., tout ça tournant en rond en se mordant la queue, sous différentes facettes et éclairages mais toujours sous l'œil goguenard de la Mort tapie dans un coin, évidemment  ), mais je le trouve (presque) aussi génial que les autres, et - ce qui est rare - un peu plus à chaque écoute.

D'ailleurs il n'y a pas un scherzo de Mahler que je n'adore pas, excepté peut-être celui de la Première.

Ah le IIe mouvement il me donne envie de picoler!
J'ai trouvé les III et IV un peu trop rapides à mon gout (surtout le IV), mais ce se tenait très bien à ce tempo donc j'ai vraiment pris du bon temps.
J'ai été parcouru de frissons tout le premier mouvement.

J'étais tout devant sur la bergerie du premier balcon, probablement pas le meilleur son, mais la vue plongeante sur l'orchestre. Et dans Mahler, il y a tellement de morceaux de bravoure qu'on se sent vraiment en empathie avec les solistes. Coup de cœur pour le trompettiste!

J'avais jamais remarqué mais les passages du I où l'orchestre se cherche un peu, exprime une sorte de néant avant de retrouver le thème, me font beaucoup penser au début de la Musique pour cordes, percussions et celesta de Bartok.

Quelle oeuvre prodigieuse, cette 9ème de Mahler et quel concert, salle Pleyel vendredi soir! Chung au sommet. Il est fait pour diriger Mahler.
Je suis passé par toutes les émotions (malgré encore un portable qui a sonné derrière moi pendant le premier mouvement; une plaie de plus en plus fréquente: il faudrait équiper les salles de concerts d'un système anti réseau).
La 2ème avait aussi été un grand moment, au début du mois (malgré un autre portable!).
Quel bonheur, ces deux concerts!
Merci Mr Chung. Et merci au philharmonique de Radio France de nous avoir fait partager ces moments intenses.