TCE - Kozena/Uchida - 29/05

Demain au TCE:


Magdalena Kožená mezzo-soprano
Mitsuko Uchida piano

Schumann Gedichte der Königin Maria Stuart op. 135
Debussy Chansons de Bilitis
Mahler Rückert Lieder
Debussy Ariettes oubliées
Messiaen Poèmes pour Mi (Livre II)

http://www.theatrechampselysees.fr/recital-et-musique-de-chambre/recital-de-chant-les-grandes-voix/magdalena-kozena-mitsuko-uchida

A signaler, pour tous les morveux de moins de 26 ans - dont je fais partie - les catégories 1 et 2 sont à 20€. Je serai pour ma part à l'orchestre (où je n'ai encore jamais été).

A demain pour ceux qui s'y montreront.

Programme sublime, dégoûté de ne pas pouvoir y aller.

Très beau concert.

Ca on s'en doute! Pas un mot de plus??

Bah, je ne suis pas glottophile. Je suis certaine que d'autres se chargeront mieux que moi du compte-rendu de la soirée.

C'était la première fois que j'écoutais M. Kožena en concert. Moi qui aime beaucoup ses CD, je n'ai pas été déçue. Tout semblait chanté sans efforts, et avec une très grande justesse de ton. Une très bonne comédienne, en phase avec la musique. Seul bémol peut-être: la prononciation du français ...

Ushida a fait du bon boulot aussi (j'ai eu des réserves sur une pièce seulement).

Le programme était super !

Je me suis offert cette place à la dernière minute comme cadeau d'anniversaire !! Je ne le regrette pas.

Oriane a écrit:

Bah, je ne suis pas glottophile.

Mais pas besoin de l'être pour avoir une opinion sur la prestation de deux artistes, qu'ils soient chanteur(se) ou pianiste! (sans compter qu'on peut aussi parler des oeuvres qui sont jouées, notamment si on les découvre)
Merci pour tes impressions.

Citation :

Seul bémol peut-être: la prononciation du français ...

Peut-être surtout dans les Poèmes pour mi, non?
J'ai remarqué que c'est une oeuvre redoutable pour les non-francophones, ce qui est un peu contradictoire car ce sont essentiellement des non-francophones qui les chantent et les enregistrent... mais il y a souvent un débit très rapide (notamment Epouvante ou Les deux guerriers) qui ne pardonne pas si on ne maîtrise pas tout à fait le français.

Oriane a écrit:

Bah, je ne suis pas glottophile.

David le dit aussi de lui

C'était remarquable évidemment. Ensuite, dans le détail :

¶ toujours exceptionnellement frémissant, avec une belle déclamation, un vibratello subtil, et une soirée tout en douceur ;

¶ frappé par l'équilibre assez slave oriental de la voix (appuis plus pharyngés qu'autrefois, ça tire sur Netrebko par moment) et par la nature évidente de soprano (je ne me suis rendu compte qu'assez tard dans le concert qu'en effet elle se présente comme mezzo) ;

¶ les Mahler manquaient peut-être un brin d'ampleur (et de longueur de souffle, surtout) et j'ai entendu mieux pour les Ariettes (par de jeunes sopranos du CNSM, souvent, beaucoup plus détaillées – l'œuvre, toutes catégories mêlées, que j'ai dû entendre le plus abondamment en concert, avec Dichterliebe), mais Spleen était superbes, et dans l'ensemble tout était très beau ;

¶ le grand événement provenait des Messiaen et à juste titre : j'aime assez les Poèmes pour mi d'habitude, mais ce peut vite être un peu violent au piano, et je ne les ai jamais entendus réellement bien chantés. Là, dans une explosion de couleurs à la voix, et avec le jeu très doux d'Uchida, on entendait à la perfection la logique harmonique (finalement très traditionnelle, j'ai eu l'impression d'entendre plein de V-I…) d'accords pourtant très enrichis. Le Messiaen parfait : de la mélodie, de la couleur, de la débauche de richesse qui reste parfaitement lisible et intuitive… et même du déhanchement.

En plus, trois bis (un Smetana, Dvořák ou Novák que je n'ai pas identifié, Nußbaum de Schumann et Nimmersatte Liebe de Wolf).

Public extrêmement attentif et respectueux, dans un théâtre peu rempli (le lied et la mélodie, sorti des trois cycles de Schubert, ça ne remplit pas).

Je ne suis vraiment pas glottophile. David est faussement modeste. Rien à voir.

Xavier : Exactement, c'est pour Les poèmes en mi que la prononciation m'a posé problème, même si l'interprétation était superbe par ailleurs. Mais cette impression a sûrement été d'autant plus forte que je ne connaissais pas les poèmes du cycle.

Oriane a écrit:

Je ne suis vraiment pas glottophile. David est faussement modeste. Rien à voir.

dire qu’on n’est pas glottophile n’est pas tout à fait de la (fausse ou non) modestie.

Oriane, cette pièce, c'était Um Mitternacht, je suppose ? (la troisième des Rückert)

Effectivement, bien que ce soit étrangement écrit sur la partition (plein de notes supplémentaires pas commodes à caser et pas très réalistes), j'ai trouvé ça lourd et étrange, comme si elle faisait des pains (mais non, c'était seulement l'articulation très précipitée qui faisait ça). Ça m'a assez gâché la fin de la pièce, moi aussi.

Sinon, jeu délicat, qu'on peut trouver un peu uniforme, mais il fallait une pianiste soliste pour assumer les Messiaen comme ça ! (quelle fin audacieuse de concert, quand même !)

Xavier a écrit:

Peut-être surtout dans les Poèmes pour mi, non?

J'ai trouvé la diction française très bonne, peut-être pas au niveau de ses meilleurs jours, mais quand même totalement intelligible de bout en bout.

Au passage, elle fait quelque chose d'étrange qui a une incidence sur les voyelles : de l'aperto-coperto inversé. Normalement, les chanteurs lyriques attaquent les notes difficiles en accommodant la voyelle, pour protéger leurs cordes, puis repartent sur la voyelle juste (d'où les ô-â ou les eu-é qu'on entend parfois pour [a] et [é], par exemple). Pour elle, c'est étrangement l'inverse : elle attaque par la vraie voyelle, puis l'accommode pour éviter les tensions.

Mince, on a posté en même temps.

Le premier bis était de Janáček ("Lavecka")

(Au passage, on m'a annoncé hier que le mot glottophile, par ricochet, était apparu dans un travail universitaire. Mon passage sur terre n'aura pas été vain. )

on doit te féliciter ?

Hélas, il semble que même si j'en suis la source en l'occurrence, aucune note de bas de page ne m'ait été consacrée. Mais, bientôt, quelqu'un admettra à quel point j'ai été utile à l'Univers en moquant mon prochain.

tu as pensé aux droits d’auteur, j’espère ?

Oriane a écrit:

Mince, on a posté en même temps.

Le premier bis était de Janáček ("Lavecka")

Merci. Flûte, je l'ai pourtant écoutée, celle-là… C'est du Janáček épuré, même à l'aune de ses mélodies.

lucien a écrit:

tu as pensé aux droits d’auteur, j’espère ?

Non, non, quand un concept est puissant, il faut accepter de le laisser vivre sa vie. Renoncer à la gloire, c'est aussi garantir la victoire de ses Idées.

Oui, c'est bien dans Um Mitternacht que j'ai eu l'impression d'un jeu précipité, brouillon, et plein d'erreurs. Le reste m'a semblé très respectable, sans faute de goût, et au service de la chanteuse (même si de beaux moments impressionnistes, notamment dans Debussy, ont agréablement capté mon attention).

DavidLeMarrec a écrit:

Non, non, quand un concept est puissant, il faut accepter de le laisser vivre sa vie. Renoncer à la gloire, c'est aussi garantir la victoire de ses Idées.

c’est beau.
je savais que tu ne me décevrais pas.

DavidLeMarrec a écrit:

¶ le grand événement provenait des Messiaen et à juste titre : j'aime assez les Poèmes pour mi d'habitude, mais ce peut vite être un peu violent au piano, et je ne les ai jamais entendus réellement bien chantés. Là, dans une explosion de couleurs à la voix, et avec le jeu très doux d'Uchida, on entendait à la perfection la logique harmonique (finalement très traditionnelle, j'ai eu l'impression d'entendre plein de V-I…) d'accords pourtant très enrichis.

Précisément, dans Ta voix par exemple, Messiaen mets ses modes sur des fonctions V-I à plusieurs reprises!
Il fait ça aussi dans le Baiser de l'Enfant Jésus.

C'était particulièrement sensible dans cette lecture-là : j'avais l'impression d'entendre du Mendelssohn avec des accords de quatre ou cinq sons.

Il y avait des micros, faute de mieux, ce sera sans doute retransmis.

Ah, ça c'est une bonne nouvelle!