J'y étais aussi!
La Traviata : 20/06/2016
Opéra Bastille, Paris
Violetta Valery : Irina Lungu
Flora Bervoix : Antoinette Dennefeld
Annina : Cornelia Oncioiu
Alfredo Germont : Francesco Demuro
Giorgio Germont : Placido Domingo
Gastone : Julien Dran
Il Barone Douphol : Favio Previati
Il marchese d’Obigny : Boris Grappe
Dottore Grenvil : Luc Bertin-Hugault
Giuseppe : Vincent Morell
Domestico : Marc Chapron
Commissionario : Andrea Nelli
Chœurs et Orchestre de l’Opéra National de Paris
Direction : Michele Mariotti
Direction des chœurs : José Luis Basso
Mise en scène : Benoît Jacquot
Décors : Sylvain Chauvelot
Costumes : Christian Gasc
Lumières : André Diot
Chorégraphie : Philippe Giraudeau
Déjà vue il y a quelques saisons pour la première reprise, cette Traviata ne casse pas trois pates à un canard… c’est esthétique globalement, mais assez vide et terne, tournant rapidement à vide avec même des choses assez moyennes comme les danses chez Flora. Difficile de juger de la direction d’acteurs car vu que Lungu remplaçait Agresta, que Domingo chantait sa deuxième et dernière représentation… et que Demuro a débuté il y a peu (même si il était de la création…). En bref, ça passe sans poser soucis, mais vraiment sans fasciner non plus.
Il faut dire aussi que en 2014, la scène était vampée par Ermonela Jaho totalement bluffante et par un Hvorostovsky glaçant et touchant à la fois. Ici les interprètes n’ont pas à rougir… mais sont-ils au niveau des prédécesseurs ? Bonne question.
Les petits rôles sont bien tenus avec notamment la toujours parfaite Cornelia Oncioiu qu’on aimerait vraiment entendre dans des rôles plus importants !
Francesco Demuro propose un bel Alfredo très italien de style et de timbre (certains accents m’ont fait penser au jeune Pavarotti, c’est dire !). Après l’aigu est très tendu et petit… et la voix manque un peu de projection. Mais ce n’est pas un gros souci pour le rôle.
Placido Domingo faisait son retour à Paris… et il a bien sûr été ovationné ! Il faut dire que le monstre sacré impressionne toujours… mais il n’a pas réussi à me convaincre théâtralement et vocalement. Le personnage de Germont semble ici flottant, manquant d’ancrage et de précision. Domingo semble se déplacer sur scène plus pour s’occuper que pour signifier quelque chose. Et vocalement, le timbre est toujours reconnaissable dans le haut de la tessiture, mais le bas ne sonne pas et le pousse à faire des choses pas très belles. Le souffle est plutôt court et le soutien manque souvent en fin de phrase. Après, ça reste impressionnant, surtout qu’il ne recule pas devant la cabalette plutôt bien réalisée d’ailleurs !
Enfin Irina Lungu… Remplaçant Agresta malheureusement malade… j’ai été un peu déçu pour tout dire. La voix est belle, sonore et impressionnante… mais déjà le premier acte la montre assez perdue, avec des choses étranges et un grand air difficile. L’aigu est hyper tendu et un peu strident même si elle se lance dans le suraigu. Par la suite, le personnage se construit assez bien et trouve dans le deuxième acte une belle épaisseur, la voix trouvant beaucoup plus d’assurance. Le troisième par contre manque de finesse et d’émotion. C’est très bien chanté mais peut-être que le fantôme de Jaho rôde toujours car il m’a manqué cette émotion à fleur de peau, ces fils de voix symptôme de la faiblesse extrême de Violetta… Comment croire en cette mourante qui chante bien campée sur ses jambes avec une grande force ? Malgré tout une belle prestation… mais pas aussi émouvante qu’il y a presque deux ans.
Le chef tire de très belles choses de la partition, menant avec entrain et finesse l’ouvrage de Verdi.
Bon, j’ai vu Domingo… mais un Domingo diminué tout de même…