Philharmonie - Mahler 6 LSO Rattle - 20/01/17

Un des concerts que j'attends le plus cette saison, n'ayant jamais entendu la 6è (ma préférée) en live.

Vendredi soir à 20h30 donc:

Gustav Mahler
Symphonie n° 6 "Tragique"
London Symphony Orchestra
Sir Simon Rattle, direction

Le programme est disponible, l'Andante sera joué avant le Scherzo: http://philharmoniedeparis.fr/sites/default/files/documents/npgs_lsorattle_20-01_20h30_16663.pdf

Idem, j'attends beaucoup de ce concert.

En revanche, j'aurai préféré le scherzo avant l'andante.

Moi aussi, surtout par habitude d'ailleurs, sinon je n'ai pas d'avis très tranché sur la question.

Pour l'avoir entendue plusieurs fois en live (mais il y a longtemps) dans les deux configurations, je confirme: en concert, l'andante avant le scherzo, ça fonctionne vraiment assez mal: non seulement certains échos thématiques sont moins efficaces dans le temps réel du concert, mais surtout, en termes d'économie globale de l'écoute, l'andante tombe un peu à plat juste après le mouvement initial, tandis que la succession scherzo-finale est assez lourde.

Je me souviens en particulier d'avoir vraiment regretté ce choix lorsque j'avais entendu cette 6ᵉ par Harding et l'Orchestre de la Radio Suédoise en 2000 ou 2001 à Pleyel, parce que c'était par ailleurs, mouvement par mouvement, la lecture la plus formidable qu'il m'ait été donné d'entendre - très précise, très détaillée et en même temps d'une tension qui ne retombait jamais (y compris dans l'andante).

Benedictus a écrit:

Pour l'avoir entendue plusieurs fois en live (mais il y a longtemps) dans les deux configurations, je confirme: en concert, l'andante avant le scherzo, ça fonctionne vraiment assez mal: non seulement certains échos thématiques sont moins efficaces dans le temps réel du concert, mais surtout, en termes d'économie globale de l'écoute, l'andante tombe un peu à plat juste après le mouvement initial, tandis que la succession scherzo-finale est assez lourde.

Je me souviens en particulier d'avoir vraiment regretté ce choix lorsque j'avais entendu cette 6ᵉ par Harding et l'Orchestre de la Radio Suédoise en 2000 ou 2001 à Pleyel, parce que c'était par ailleurs, mouvement par mouvement, la lecture la plus formidable qu'il m'ait été donné d'entendre - très précise, très détaillée et en même temps d'une tension qui ne retombait jamais (y compris dans l'andante).

Harding a sorti récemment un très bel enregistrement de la 6e (dans cet ordre) avec l'Orchestre de la Radio Bavaroise:

https://www.amazon.fr/Mahler-Symphonie-No-6-Gustav/dp/B011TQQXX6/ref=sr_1_1?s=music&ie=UTF8&qid=1484824005&sr=1-1&keywords=harding+mahler

J'y serai aussi. Ma deuxième 6e, après Chung/Philhar l'an dernier (très réussie).

Accessoirement, je revends une place : http://www.zepass.com/747958a-place-concert-london-symphony-orchestra-mahler-symphonie-n-6-philharmonie-de-paris.html

«  (pour ma part je vais aussi à la 6è par Rattle et le LSO dans 15 jours mais ça c'est évidemment complet!) »
Xavier, tu avais écris cette phrase sur un autre sujet, et grâce à elle tu m’as informé de l’existence de ce concert.

Alors comme à mon habitude, muni de mon petit écriteau (sur lequel est inscrit « J’ai besoin d’une place » , je me suis pointé ce soir à 20h00 sur le Parvis de la Philharmonie, et j’ai trouvé une place en 5 minutes. (40 euros, très, très bien placé, (Premier rang du premier balcon sur la gauche).)

Et j’ai passé une soirée mémorable, inoubliable, ineffable, extraordinaire. Pour une première 6ème en Concert, je peux vous assurer que le dépucellage a été violent.

J’ai le coeur en miette, et je vais devoir passer tout le week end à recoller les morceaux. Ça fait suite à un certain percussionniste qui l’a frappé en plein coeur (oui, oui en plein coeur de mon coeur), à grands coups de marteau, à deux reprises.

Autant vous dire qu’un torrent de larmes a coulé.

Un immense BRAVO c’était intense, merci Xavier pour l’info.

(Seul petit bémol, j’étais assis entre un tousseur, un renifleur et devant un mec qui laisse le bip de sa montre.)

Je n'ai qu'un seul mot: Extraordinaire.

Je n'ai pas trop de mots non plus...
Cette musique est d'une telle intensité, qu'en concert, avec un tel orchestre (et dans cette salle), ça devient quasi-insoutenable.
On dirait que le finale est un cauchemar sans fin, le yoyo émotionnel en permanence.

C'est la symphonie de Mahler que je connais le mieux (et ma préférée) mais c'était mon baptême du feu au concert; un grand moment.

Content pour toi Ambrosi, tu as bien fait de tenter le coup! (1er rang de 1er balcon à 40 euros, c'était une place qui valait plus j'imagine?)

A noter, moins de tousseurs et de bruits parasites de la part du public que d'habitude, la grande majorité a été happée du début à la fin, avec même un beau silence à la fin.

C’était une place à 60 euros, un monsieur est venu me voir sur le parvis de la Philharmonie pour me dire, « une heure dix c’est beaucoup trop pour moi pour ce soir, je ne tiendrai pas, c’est bien trop puissant... ».

Le concert lui faisait peur, et l’on comprend pourquoi.

Mon dieu je m’en remet toujours pas, c’est bien la première fois que je me laisse atteindre aussi profondément par un orchestre.

Bonjour à tous
Je suis tout nouveau sur ce forum que je connais pourtant depuis des années. En particulier, j'adore lire vos commentaires toujours judicieux des concerts parisiens auxquels j'ai pu assister. Concernant celui des londoniens et Rattle, tout à été dit ... C'était fabuleux ! Décidément une semaine après le choc immense provoqué par le concert Chicago-Muti, nous sommes bigrement gâtés à la Philharmonie. Alors pour les personnes qui n'ont pu assister au concert, Rattle et ses londoniens ont joué la Mahler 6 la veille chez eux au Barbican. L'oeuvre était couplée avec une pièce de Turnage et le concert a été enregistré par la BBC 3. Je ne peux malheureusement vous en donner le lien en tant que nouveau membre cela m'est interdit, alors tapez sur Google : "BBC 3 in concert LSO Rattle Mahler 6" et vous trouverez. 
Certes il y avait des micros dans la salle hier soir, mais je me suis renseigné auprès des personnes posant les micros qui m'ont dit que l'enregistrement était réservé pour la Philharmonie. Donc le lien de la BBC sera l'unique témoignage. Au passage pour Muti on peut reconstituer le concert de vendredi dernier sur leur site (tapez : "Chicago sympony  orchestra watch and listen") en regroupant plusieurs concerts de la saison précédente et de celle en cours :
Musicalement votre.

Je suis moins enthousiaste que vous quant à la Direction de Rattle. C'est bien sur une interprétation de très haut niveau cependant je trouve que Rattle fluctuait le tempo (assez rapide, apprentissage de la salle ?) dans le premier mouvement. Je ne sais pas si c'est dans la partition...L'épisode pastorale du premier mouvement était assez prosaïque.

En revanche, l'andante était vraiment poétique et très bien réalisé. Le scherzo pas assez grinçant, trop joli et je me suis surpris à trouver un peu long le final.

J'étais sorti plus satisfait de la 6ème avec Chung et le Philar ; l'interprétation était plus agressive et mordante.

J'ai vu Rattle et le Berlin ; cette fois on sent l'orchestre qui fait corps avec son chef et qui le suit en tout point. Le LSO est un très bel orchestre mais c'est le niveau en dessous par rapport au Chicago qu'on a entendu la semaine dernière.

J'ai complètement adhéré pendant les superbes 3 premiers mouvements et la moitié du 4ème, puis la suite de climax déchainés c'est devenu "too much", il a trop lâché ses troupes et trop tot, ce que font la plupart des chefs dans Mahler en live du moins, n'ayant pas la patience et la discipline d'un Boulez ou d'un Jansons. C'était quand meme du tres haut niveau, mais je pense qu'il fera mieux dans 10 ans

Comprenez bien, ce sont mes tout premiers concerts Symphoniques. Alors dans mes balbutiements j’ai trouvé ça remarquable sans distinction.

Ambrosi a écrit:

Comprenez bien, ce sont mes tout premiers concerts Symphoniques. Alors dans mes balbutiements j’ai trouvé ça remarquable sans distinction.

C'était absolument remarquable, je suis bien d'accord! Je pinaille sur le réglage du dernier mvt, et c'est ma perception subjective, parfaitement contestable....

C'était la première fois que j'entendais en concert la 6eme également...

Au delà de l'oeuvre, monumentale en soit, et de la claque que ça représente en concert, je suis resté quelquefois un peu sur ma faim sur les choix interprétatifs de Rattle....Densité, concentration du son assez incroyables (et qui a fait merveile sur le dernier accord), mais j'ai regretté un certain manque de "motricité", d'allant qui est un peu ce qui caractérise la version d'Abbado.

Pareil, j'ai trouvé qu'à certains moments, on passait à côté de choses importantes comme l'introduction du dernier mouvement.
J'ai vu que quelqu'un ci dessous avait trouvé que l'inversion de l'andante et du scherzo ne fonctionnait pas très bien, et je suis d'accord avec ça. Je trouve que ça casse l'unité de la symphonie.

Bref, j'avais une question sur la partition : on parle des 3 coups du destin, mais en fait, il n'y a bien que deux de ces fameux coups de marteau ? Le 3eme coup du destin, c'est un climax porté par les percussions, c'est bien ça ?

J'ai réécouté ma version préféré : Boulez Wiener Philarmoniker. Je pense à la réflexion et à la lecture des autres posts qu'effectivement Rattle avait une difficulté à relancer la dynamique et qu'en dépit (ou à cause) du tempo rapide, ca n'avançait pas assez.

Je pense aussi qu'il est préférable d'enchaîner allegro et scherzo puis andante.

kv a écrit:

Je pense aussi qu'il est préférable d'enchaîner allegro et scherzo puis andante.

Là-dessus je reste également sur cette position.

Pour le reste, les remarques que je lis ici sur l'interprétation de Rattle sont peut-être justes, pour ma part je suis incapable de telles critiques quand j'assiste à un tel concert, avec une telle oeuvre et un tel orchestre dans cette salle; je suis happé du début à la fin et je suis renversé.

Pareil, j'ai été pris de la première à la dernière note. Ca a aboli tout recul analytique chez moi.

Peut être le concert le plus intense auquel j'ai assisté...

Xavier a écrit:

Pour le reste, les remarques que je lis ici sur l'interprétation de Rattle sont peut-être justes, pour ma part je suis incapable de telles critiques quand j'assiste à un tel concert, avec une telle oeuvre et un tel orchestre dans cette salle; je suis happé du début à la fin et je suis renversé.

Oui, je comprends et je n'ai peut être pas asse pris les précautions d'usage.
Mais j'ai réecouté aujourd'hui Haitink avec les Berliner et Abbado avec les mêmes, et très franchement, j'y entends quelque chose que j'ai eu peine à retrouver vendredi.

arnaud bellemontagne a écrit:

Pareil, j'ai été pris de la première à la dernière note. Ca a aboli tout recul analytique chez moi.

Peut être le concert le plus intense auquel j'ai assisté...

En ce qui me concerne, ça restera sans doute la 9eme du même Mahler avec Abbado à Pleyel.
POur en rester à Rattle, j'avais de loin préféré sa 2eme l'année dernière (?) avec les Berliner.
Peut être que j'étais aussi à côté de la plaque vendredi hein....

Richard a écrit:

Xavier a écrit:

Pour le reste, les remarques que je lis ici sur l'interprétation de Rattle sont peut-être justes, pour ma part je suis incapable de telles critiques quand j'assiste à un tel concert, avec une telle oeuvre et un tel orchestre dans cette salle; je suis happé du début à la fin et je suis renversé.

Oui, je comprends et je n'ai peut être pas asse pris les précautions d'usage.

Je précise que ce n'est pas du tout mon propos: je dis bien que c'est moi, quand je suis pris dans un concert enthousiasmant, dans cette salle dont l'acoustique me donne souvent des frissons, qui perds parfois tout sens critique dans ce contexte.
Rattle dans Mahler, ce n'est pas forcément le top du top, on peut en préférer d'autres, ça ne me scandalise pas du tout.
Simplement, pour une première 6è en concert (pour moi), avec le LSO, dans cette salle, pour ma part je suis happé et je ne vais pas beaucoup plus loin dans la critique! (et j'en suis heureux je dois dire)
Si je réécoutais une bande du concert, ça serait surement différent.

Richard a écrit:

C'était la première fois que j'entendais en concert la 6eme également...

Au delà de l'oeuvre, monumentale en soit, et de la claque que ça représente en concert, je suis resté quelquefois un peu sur ma faim sur les choix interprétatifs de Rattle....Densité, concentration du son assez incroyables (et qui a fait merveile sur le dernier accord), mais j'ai regretté un certain manque de "motricité", d'allant qui est un peu ce qui caractérise la version d'Abbado.

Pareil, j'ai trouvé qu'à certains moments, on passait à côté de choses importantes comme l'introduction du dernier mouvement.
J'ai vu que quelqu'un ci dessous avait trouvé que l'inversion de l'andante et du scherzo ne fonctionnait pas très bien, et je suis d'accord avec ça. Je trouve que ça casse l'unité de la symphonie.

Bref, j'avais une question sur la partition : on parle des 3 coups du destin, mais en fait, il n'y a bien que deux de ces fameux coups de marteau ? Le 3eme coup du destin, c'est un climax porté par les percussions, c'est bien ça ?

Il n'y a pas consensus sur le sujet, Mahler ayant changé d'avis sur l'ordre des mouvements II et III après la première à Essen. Originalement c'était scherzo suivi de l'andante, puis après le concert d'Essen, ce fut andante et scherzo. C'est ainsi que la partition fut publiée. S'il avait vécu plus longtemps (il est mort 4 ans après et n'a dirigé l'oeuvre que 2 fois par la suite) il aurait probablement donné un avis définitif.

De même, les fameux "coups du destin" dans le finale: 3 dans le manuscrit, réduits à 2 par la suite. Le plus souvent, l'ordre suivi est scherzo/andante et il y a 2 coups de marteau. C'est ce qu'Alma Mahler donna comme réponse dans une lettre à Mengelberg en 1919. Mais cela est souvent le sujet d'âpres débats. L'article Wiki en anglais donne un bon aperçu de la controverse (origine, arguments pour ou contre). Personnellement je préfère scherzo/andante et 2 coups de marteau, mais je n'en fais pas un article de foi.

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Concernant l'effet produit par l'écoute de la sixième en concert: généralement un "live" me transporte et l'emporte facilement sur les écoutes sur disque. Par contre pour la 6ème, je l'ai découverte sur disque il y a plus de 40 ans et je l'ai entendue une bonne centaine de fois avant mon premier concert (je l'ai entendue 2 fois): je dois dire que mon sens critique a pris le dessus sur l'émotion du moment, de sorte que j'ai été moins impressionné. J'examinais et analysais au lieu de me laisser submerger. C'est dommage, mais avec le recul, c'était un peu prévisible. Ça reste une expérience formidable, surtout sous Nagano (qui n'est pas le chef le plus "émotif").

André a écrit:

Il n'y a pas consensus sur le sujet, Mahler ayant changé d'avis sur l'ordre des mouvements II et III après la première à Essen. Originalement c'était scherzo suivi de l'andante, puis après le concert d'Essen, ce fut andante et scherzo. C'est ainsi que la partition fut publiée. S'il avait vécu plus longtemps (il est mort 4 ans après et n'a dirigé l'oeuvre que 2 fois par la suite) il aurait probablement donné un avis définitif.

Tu oublies de dire qu'il a changé d'avis une deuxième fois et a finalement remis le scherzo avant l'andante; je crois que c'est ce qui est fait les 3/4 du temps au moins.

Mais ce qui compte le plus, c'est que c'est bien l'ordre qui semble le mieux fonctionner et être le plus efficace d'un point de vue expressif.