Schwanengesang – Goerne, Andsnes – TCE 2017

Bertram a écrit:: J'y étais aussi le 10, pour le Chant du cygne, et de très belles Pièces op. 146 auparavant.

Malheureusement les mêmes constats que David dans Carnets sur sol sur un déclin (ou alors une véritable méforme) de Goerne : l'aigu et le grave sont diminués (difficiles phrases finales de l'"Atlas" et d'"Aufenthalt"), et l'aigu n'est plus enveloppant, presque un peu miaulant, un fait souligné encore par l'acoustique. Mais quel fabuleux artiste encore ! Le "Double" était un grand moment.

Je n'ai pas toutefois remarqué de défaut d'entente avec un Ansdnes très précis et chantant. Le chanteur, il est vrai, se tournait à tout moment vers lui, encore plus ours dodelinant que d'habitude.

À noter enfin : les artistes ne donnent pas la "Taubenpost" (qu'ils nous restituent magiquement en guise de bis, ouf), mais intègrent le superbe "Herbst" au groupe des poèmes de Rellstab, ce qui me semble nouveau par rapport au canon.

Stolzing a écrit:: J'y étais également le 10. J'ai toujours un problème avec Andsnes. C'est propre, les nuances sont respectées, les phrasés aussi, il n'y a pas de faute de goût, mais que c'est plat, lisse et ennuyeux. Ces pièces D 946 sont vraiment du très grand Schubert, mais il faut un minimum d'interprétation. Je ne suis pas pour qu'on triture la partition, mais une telle littéralité sans nerf, sans vie, sans rien, quel ennui. Ayant déjà subi il y a plusieurs années un récital de la même eau, avec une D 960 à s'endormir, je dois dire que la carrière d'Andsnes est pour moi un profond mystère.

Les Lieder étaient nettement mieux, heureusement. J'ai toujours du mal avec l'émission ultra engorgée de Goerne et un timbre qui devient gris. Mais il y a un art d'interprète indéniable. Sans faire un sort à chaque mot, il est attentif au texte. Les limites de la voix sont parfois un peu difficiles, mais c'est finalement très émouvant. Je suis sorti du Doppelgänger comme essoré. Un peu curieux musicalement, l'impression d'étrangeté étant renforcée par les mouvements constants de Goerne, mais au final très beau.

Oui, l'artiste est toujours immense. La seconde moitié de la Meunière levait toutes les réserves – au départ, on le compare négativement à lui-même, il ne peut plus tonner et remplir la salle comme autrefois, c'est une expérience moins glottique et physique. Et puis on rend les armes face à la subtilité, même si la diction est de plus en plus floue.

J'ai été le seul à ne pas aimer Andsnes, j'ai l'impression (alors que je l'aime plutôt bien d'ordinaire). Mais même dans le meilleur des cas, qu'est-ce que c'est fade pour accompagner un artiste de la trempe de Goerne ! Au moins Eschenbach, avec son piano moche, fait une proposition forte !

Citation :: À noter enfin : les artistes ne donnent pas la "Taubenpost" (qu'ils nous restituent magiquement en guise de bis, ouf), mais intègrent le superbe "Herbst" au groupe des poèmes de Rellstab, ce qui me semble nouveau par rapport au canon.

Goerne le faisait déjà quand je l'ai vu donner le Schwanengesang il y a plus de dix ans, et certains le font (c'est assez logique) au disque. J'ai même une partition qui met Herbst au début du recueil. Beau lied, on n'est pas trop violenté.

Taubenpost en bis, il le fait toujours, et c'est une bonne façon de régler son appartenance problématique.

Et pourtant, avec Thomas Bauer en concert il y a deux semaines, j'ai trouvé pour la première fois (après un Doppergänger à couper le souffle) l'enchaînement totalement probant. Une façon différente de gérer la tension, une fin moins facilement dramatique.

Stolzing a écrit:: mais une telle littéralité sans nerf, sans vie, sans rien, quel ennui.

C'est l'effet que j'ai eu pour la Meunière (en plus de la gêne des transpositions très graves et du manque de concertation dans les phrasés) : l'impression que tout est indifférent. Au disque, Andsnes est toujours (un peu trop) lisse, mais pas impavide comme ça, bizarre.

Mélomane averti Nombre de messages : 275 Date d'inscription : 30/04/2015

Immense Andsnes les trois soirs : accompagnement d'une clarté rythmique et d'un équilibre harmonique quasiment jamais atteint par les accompagnateurs habituels. Le jour où Eschenbach maintiendra la tension dans Döppelgänger ou Des Baches Wiegenlied comme Andsnes l'a fait on en reparlera.

Mélomane averti Nombre de messages : 275 Date d'inscription : 30/04/2015

Je ne suis pas tout seul à avoir entendu ça, ça me rassure :
http://www.forumopera.com/schubert-le-chant-du-cygne-goerneandsnes-paris-tce-un-chant-du-cygne-pre-wagnerien
http://www.concertonet.com/scripts/review.php?ID_review=12115
https://bachtrack.com/fr_FR/critique-matthias-goerne-leif-ove-andsnes-theatre-champs-elysees-paris-fevrier-2017

Citation :

Citation :: À noter enfin : les artistes ne donnent pas la "Taubenpost" (qu'ils nous restituent magiquement en guise de bis, ouf), mais intègrent le superbe "Herbst" au groupe des poèmes de Rellstab, ce qui me semble nouveau par rapport au canon.

Goerne le faisait déjà quand je l'ai vu donner le Schwanengesang il y a plus de dix ans, et certains le font (c'est assez logique) au disque. J'ai même une partition qui met Herbst au début du recueil. Beau lied, on n'est pas trop violenté.

Taubenpost en bis, il le fait toujours, et c'est une bonne façon de régler son appartenance problématique.

Et pourtant, avec Thomas Bauer en concert il y a deux semaines, j'ai trouvé pour la première fois (après un Doppergänger à couper le souffle) l'enchaînement totalement probant. Une façon différente de gérer la tension, une fin moins facilement dramatique.

Bon, ça m'apprendra à en être resté pour ce cycle à Hotter et Fischer-Dieskau (qui d'ailleurs donne "Herbst" dans un disque avec Brendel).

Pas deux très grandes versions, en plus. Tu pourras en profiter pour renouveler ton fonds (Goerne-Brendel est formidable, d'ailleurs – oui, même Brendel).

il y a plusieurs messages sur ce récital dans le fil TCE 2016 - 2017 : merci à la modération de les déplacer.

Montfort

Merci à toi de nous éviter du travail inutile en créant un nouveau sujet quand tu fais des comptes-rendus plutôt que de poster dans le sujet destiné à parler de la programmation. Smile

Mélomane averti Nombre de messages : 275 Date d'inscription : 30/04/2015

Et deux nouvelles critiques (c'est le même site mais pas la même personne) qui louent le jeu d'Andsnes :
http://wanderersite.com/2017/02/dialogue-voyageur-double/
http://wanderersite.com/2017/02/sommet-schubertien/

» [TCE] Lied de Mahler & Chostakovitch (Goerne / Andsnes)
» PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22
» [PhP] Goerne dans Wagner + Brahms 2
» PP– Rachmaninoff Tchaïkovski – Andsnes, Mäkelä OP –6-7/12/23
» RF - Mozart Chostakovitch - Grigorian Goerne Franck 13/06/21