Radio France - Grieg Bruckner Vogt/Saraste + Philhar. 20/10

A l'auditorium de Radio France ce vendredi :

Edvard Grieg
Concerto pour piano et orchestre

Anton Bruckner
Symphonie n°9

Lars Vogt piano
Orchestre philharmonique de Radio France
Jukka-Pekka Saraste direction

-

J'y serai.
Je n'ai jamais entendu le concerto de Grieg en concert mais j'ai quelques versions studio dans l'oreille.
Pour la 9ème de Bruckner, je regrette un peu de ne pas avoir pu aller l'entendre à la philharmonie en début de saison avec Barenboïm.
En termes d'acoustique, je crains que Radio France ne se prête pas trop à cette œuvre... à moins que le chef sorte une interprétation intimiste...

Florian

Moi j'aurais dit l'inverse: pour vibrer à Radio France (qui a une jolie acoustique, mais tout de même bien froide), il faut un chef survolté.

Intéressant,
J'ai l'impression que si le chef et l'orchestre sont très engagés, ça risque de saturer au niveau acoustique dans l'auditorium. Je pense notamment au deuxième mouvement de la 9ème symphonie.
Pas de risque de ce côté là à la Philharmonie mais il y a d'autres soucis selon les répertoires.
Au demeurant, j'aime bien l'auditorium de Radio France, pour la proximité avec l'orchestre notamment.
Florian

Ce sera bien mieux que Barenboim (à en juger par ses disques et l'autre concert brucknérien où je l'ai entendu), surtout que Saraste réussit très bien le Bruckner allant et lumineux.

J'y serai aussi, je me réjouis d'entendre enfin Saraste, que j'admire considérablement (un de mes chefs vivants chouchous), en vrai – il vient en général dans des programmes qui m'intéressent moins que ses disques… Et la Neuvième de Bruckner paraît d'une assez bonne opportunité.

À tout à l'heure.

Magnifique orchestre, comme toujours dans ce répertoire. Cordes chaudes, cuivres glorieux, et une grande 9e, ardente et parfois même violente, qui avance tout le temps.
On est parfois à la limite de ce que la salle peut offrir (et nos oreilles supporter), même placé au 1er rang du 1er balcon de face (je ne relance pas le débat Radio France/Philharmonie ).
Saraste toujours aussi fascinant à regarder diriger, avec cette impression de contrôle total sur l'orchestre. Les musiciens l'ont d'ailleurs chaudement accueilli.
Cordes un chouïa paresseuses peut-être dans les attaques mais c'était immédiatement corrigé à chaque fois.

On oubliera donc très vite le piano brutal et à l'emporte pièce de Vogt, complètement à côté de la plaque, avec des fluctuations de tempo incessantes qui ne fonctionnent jamais (là où Lang Lang, malgré des défauts un peu similaires je trouve, possède aussi un réel sens de l'épate). L'adagio et Nocturne de Chopin en bis étaient assez réussi, mais ce pianiste et la carrière qu'il mène restent quand même une énigme.

Auditorium quasiment plein et public toujours aussi différent de celui de la Philharmonie : moins chaleureux mais aussi moins bruyant et plus attentif, peut-être aidé par la proximité avec la scène).

J'avais écouté Lars Vogt précédemment dans le 2ème de Brahms et j'en conservais le souvenir d'un pianiste quelconque. Cette fois, l'impression fut meilleure avec deux réserves qui m'ont gêné ; un rapport avec la barre de mesure insolite dans le troisième mouvement et une sonorité parfois étouffée au début du concert (peut-être en rapport avec ma position côté contrebasse). Son bis Chopin devait certainement faire écho avec Grieg même si j'avoue ne pas voir de rapport entre les deux compositeurs. Le cor solo David Guerrier qui m'avait déjà impressionné dans le concerto pour violoncelle de Chostakovitch est magnifique de finesse.

Le sommet du concert était la 9ème de Bruckner morceau de bravoure. J'avais apprécié déjà Saraste dans Brahms et j'ai admiré sa mise en place sans aucune saturation et qui dompte l'acoustique sèche de la Maison de la Radio. C'est un chef qui avance avec une ligne claire et précise, sans s'attarder. Le Philar maîtrise l'exercice et j'ai découvert de nouveaux musiciens qui s'acclimatent parfaitement ; je pense en particulier au timbalier. Les autres solistes de l'orchestre sont toujours au top bien sur.

Je me suis fait effectivement la réflexion lors du concert que le Philar était bien un orchestre français qui n'impacte pas à l'attaque la phrase mais la soutient afin d'être homogène en son milieu. C'est un orchestre qui parle français plutôt qu'allemand.

tomseche89 a écrit:

Magnifique orchestre, comme toujours dans ce répertoire. Cordes chaudes, cuivres glorieux, et une grande 9e, ardente et parfois même violente, qui avance tout le temps.
On est parfois à la limite de ce que la salle peut offrir (et nos oreilles supporter), même placé au 1er rang du 1er balcon de face (je ne relance pas le débat Radio France/Philharmonie ).
Saraste toujours aussi fascinant à regarder diriger, avec cette impression de contrôle total sur l'orchestre. Les musiciens l'ont d'ailleurs chaudement accueilli.
Cordes un chouïa paresseuses peut-être dans les attaques mais c'était immédiatement corrigé à chaque fois.

On oubliera donc très vite le piano brutal et à l'emporte pièce de Vogt, complètement à côté de la plaque, avec des fluctuations de tempo incessantes qui ne fonctionnent jamais (là où Lang Lang, malgré des défauts un peu similaires je trouve, possède aussi un réel sens de l'épate). L'adagio et Nocturne de Chopin en bis étaient assez réussi, mais ce pianiste et la carrière qu'il mène restent quand même une énigme.

J'aurais pu écrire la même chose.

Vogt, que je n'ai jamais adoré ni honni, était assez problématique : tous les forti étaient durs, les traits étaient assez troubles, pas très égaux non plus… À cela, il ajoute un rubato plutôt outré, et qui ne m'a pas paru exalter la musique, bien au contraire. Parmi les milliers de pianistes qui peuvent jouer ce concerto, pourquoi les salles et les maisons de disque l'invitent-elles lui au lieu d'un autre, ça reste très énigmatique, ce n'est même pas une personnalité atypique comme Grimaud ou Say…
C'est son nocturne posthume en ut dièse mineur (pourquoi tous les pianistes ne jouent-ils que celui-là en bis ?) qui montre ce qu'il peut faire, avec un véritable talent de maîtrise des strates et étages (accompagnement d'une douceur incroyable, totalement fondu).

Le Bruckner était splendide – bien sûr, Saraste avait moins de temps de préparation que pour son disque avec la WDR de Cologne, encore plus lumineux, mais on y retrouve ses caractéristiques : c'est vif, très aéré (ce qui n'est pas si fréquent avec le Philharmonique), c'est intense, les articulations très claires… un Bruckner qui reste traditionnel, mais va droit au but, sans façon, et fonce sans même s'interroger au milieu des difficultés et des climats. C'était déjà une de mes versions de chevet (à part Luisi-Dresde, je n'ai pas aussi radieux en stock, mais je n'ai pas encore essayé Inbal-TokyoMet), et le Philhar' rend complètement justice à cette vision : le son reste toujours aussi dense et superbe, mais le spectre général s'aère, et les tutti claquent avec beaucoup de franchise. Vraiment magnifique.

D'ailleurs, retrouvé le syndrome récurrent de l'orchestre éteint pendant le concerto (attaques légères mais trait épais, et surtout on n'entendait pas grand'chose, alors qu'il y a à faire dans le Grieg !), on en avait déjà causé avec Arnaud à l'occasion du Premier de Brahms (Lugansky-ONF-Slobodeniuk), ça m'avait aussi impressionné, cette fois à la Philharmonie, avec Brahms 2 (Vogt-OP-Järvi).

On sent les temps de répétition déficients, c'est impressionnant… il n'y a plus qu'un son bouché et terne, rien à voir avec la symphonie qui suit (respectivement Sibelius 2, Sibelius 5 et hier soir Bruckner 9).

Oui, c'est peut être une explication.

DavidLeMarrec a écrit:

D'ailleurs, retrouvé le syndrome récurrent de l'orchestre éteint pendant le concerto (attaques légères mais trait épais, et surtout on n'entendait pas grand'chose, alors qu'il y a à faire dans le Grieg !), on en avait déjà causé avec Arnaud à l'occasion du Premier de Brahms (Lugansky-ONF-Slobodeniuk), ça m'avait aussi impressionné, cette fois à la Philharmonie, avec Brahms 2 (Vogt-OP-Järvi).

On sent les temps de répétition déficients, c'est impressionnant… il n'y a plus qu'un son bouché et terne, rien à voir avec la symphonie qui suit (respectivement Sibelius 2, Sibelius 5 et hier soir Bruckner 9).

J'ai l'impression que ça dure depuis toujours: pour moi ce sont les pianistes qui "dirigent" les concertos, trop souvent, et les chefs ne font qu'accompagner.
Je constate ça 3 fois sur 4 aussi pour ma part.

Bien sûr.

D'ailleurs, dans les (con)cours de direction, le concerto est un exercice particulier, de réactivité plus que de créativité. Le chef fait l'interface entre le soliste est l'orchestre.

Ce que je soulignais tient plutôt au son d'orchestre : quelquefois, ils ne jouent pas seulement plus doucement, le spectre sonore général lui-même semble s'effondrer (sans doute parce qu'ils n'ont pas autant le temps de répéter, mais enfin, les équilibres dans Grieg, quand on a l'habitude de jouer Mendelssohn, Brahms et Tchaïkovski, ça ne devrait pas trop changer).

Dans les faits : j'entends mal le détail d'une musique pourtant plus simple.
Ça, en revanche, ce n'est pas trois fois sur quatre, c'est plus rare.

tomseche89 a écrit:

On oubliera donc très vite le piano brutal et à l'emporte pièce de Vogt, complètement à côté de la plaque, avec des fluctuations de tempo incessantes qui ne fonctionnent jamais (là où Lang Lang, malgré des défauts un peu similaires je trouve, possède aussi un réel sens de l'épate). L'adagio et Nocturne de Chopin en bis étaient assez réussi, mais ce pianiste et la carrière qu'il mène restent quand même une énigme.

Je l'avais entendu au studio 104 dans un trio de beethoven il y a peut être 2 ans, c'était pas mal, et une prestation de lui dirigé par blomstedt avec l'orchestre de paris dans beethoven no1, il avait fait n'importe quoi dans la cadence à la fin du premier mouvement.

j'ai téléchargé le mp3 de ce concert (auquel je n'ai pas assisté), je verrai bien ce que cela done dans grieg

En musique de chambre, oui, c'est tout à fait honnête, il frappe moins durement (sans être non plus le Phénix des hoſtes de ces bois).

Au passage, on n'a pas parlé des œuvres, et il est vrai que les richesses inattendues du Concerto de Grieg ne se percevaient pas très bien hier, mais pour la Neuvième de Bruckner, tout de même, j'ai été frappé par l'exploitation beaucoup plus riche qu'à l'accoutumée d'un matériau de base assez sommaire. Bruckner opère beaucoup plus de transitions et de mutations, dans une vision plus progressive, moins ressassante, qui ne se limite aux changements de « registration » des reprises (qui sont au demeurant particulièrement adroits dans cette symphonie-ci). Miam.

Très beau concert en effet.
La salle était bien pleine, ça fait plaisir. Du coup, replacement un peu acrobatique au centre du premier balcon.
Magnifique 9ème de Bruckner avec un chef qui dirige sans partition.
Avec un peu plus de densité dans le quatuor, ça aurait été vraiment parfait.
Belle tenue, tant dans les détails que dans le mouvement d'ensemble.
Florian

Un des avantages de cette salle est qu'il y a beaucoup de très bonnes places, surtout les moins prisées d'ailleurs.

en même temps que je tape ce message, je termine mon écoute du concerto de grieg par Vogt, bon c'est sur que parfois c'est pas super propre mais ça reste quand même audible et je n'ai noté aucun pain majeur. Certes ça manque de finesse...

Tout à fait audible, et pas de pains. En revanche, c'était vraiment très dur comme son, une caricature de sa propre réputation, je me suis demandé comment il pouvait se satisfaire de ça. (Et en plus, les traits n'étaient pas très nets, sans être fautifs bien sûr.)

Sur Resmusica, Patrick Imbaud encense le philar et éreinte Saraste.
Pour avoir entendu un paquet de Bruckner à Radio France ces dernières années, je crois qu'il faut rendre hommage au chef, ne serait-ce que pour avoir tiré une "magnifique démonstration orchestrale" d'un der orchestres maison tant ils me semblent à la peine dans ce répertoire en général.

"Malgré un « Philhar » resplendissant, Jukka-Pekka Saraste ne parvient à convaincre ni dans le Concerto pour piano de Grieg, avec Lars Vogt en soliste, où chef et soliste s’enferment dans une lecture par trop théâtrale, ni dans la Symphonie n° 9 de Bruckner entachée d’une pompeuse grandiloquence."

"Une interprétation qui se réduit finalement à une magnifique démonstration orchestrale, là où l’on espérait une fervente prière… Dommage de la part du successeur de Günter Wand!"

Que ce soit sur le forum ou dans la critique pro, Vogt fait l'unanimité contre lui presque.

Florian