Radio France - Liszt, Strauss - ONF Krivine - 16-19 nov.2017

JEUDI 16 NOVEMBRE 2017 20H
AUDITORIUM DE RADIO FRANCE

Franz Liszt / Heinz Holliger
Nuages gris - Unstern, transcriptions pour orchestre

Franz Liszt
Concerto pour piano et orchestre n°2

Richard Strauss
Ainsi parlait Zarathoustra

Jean-Yves Thibaudet piano
Orchestre national de France
Emmanuel Krivine direction

DIMANCHE 19 NOVEMBRE 2017 16H

Même programme sans le concerto.

J'y vais le dimanche, mais je remarque quelque chose d'étonnant.
Le jeudi c'est 65 euros en 1ère catégorie, le dimanche c'est 25 euros, avec un programme d'une heure au lieu d'une heure et demi, sans le concerto.
Eh bien le jeudi est complet et le dimanche semble au contraire vide pour l'instant, il reste des places par dizaines dans toutes les catégories et tous les emplacements de la salle.
Etrange, non?
Sachant que Thibaudet n'est pas une star absolue comme Argerich ou Pollini...
Et puis je suis étonné que le format court et le prix attractif du concert du dimanche n'attirent pas plus.

Pour le grand public, le piano est vraiment un repère, particulièrement sous forme concerto.

Mais le public de la Maison de la Radio est particulier, peu de néophytes, ils peuvent tout à fait choisir le programme le plus copieux ou apprécier Thibaubet.

Le dimanche à 16h, les gens n'ont pas que ça à faire d'aller à la maison de la radio visiblement, cf le week-end piano russe ! Moi j'y vais avec des amis dimanche afin de leur faire découvrir le lieu. En plus, Saskia De Ville va présenter le concert, c'est la productrice de la matinale, ça risque d'être sympa. Zarathoustra ça ne se manque pas en plus, et le concerto n°2 de Liszt, je l'ai déjà entendu en concert donc c'est tout benef pour moi.

Et surtout ce 2è de Liszt par Thibaudet, la dernière fois que je l'ai entendu à Pleyel, c'était vraiment pas bon. (tout vite et fort)

Ah, moi Thibaudet est le pianiste (chez les concertistes) qui m'a le plus impressionné… les moirures du timbre, l'adéquation au style, c'est vraiment remarquable (Saint-Saëns 5 à Radio-France et Grieg, pourtant depuis l'arrière-scène, à la Philharmonie).

Je pense plutôt du bien de Thibaudet moi aussi d'habitude. Mais dans le 2è de Liszt...

Dimanche 19 novembre 2017 avait lieu un concert avec un programme assez court à la maison de la radio. Près d'une heure pas plus avec tout d'abord les Nuages gris de Franz Liszt  ( transposé pour orchestre par Heinz Holliger) et  Ainsi parlait Zarathoustra de  Richard Strauss. Pour l'occasion, l'Orechestre national de France était dirigé par son directeur musical, Emmanuel Krivine.

Concert destiné au jeune public en ce dimanche après midi d'automne, ils étaient nombreux les enfants dans l'auditorium, ainsi, Saskia de Ville a présenté le programme avant le concert, initiative très positive et c'était une occasion de la voir en chair et en os après près d'une année à l'écouter dans la matinale de France Musique.

Programme assez ambitieux bien que court et qui sollicite toutes les ressources de l'orchestre. En effet, pour jouer ces partions, il faut être capable de jouer toutes sortes de nuances, d'avoir une grande cohésion, un phrasé précis et bien des qualités que possède l'ONF.

Les dissonances des Nuages gris dans des nuances pianos étaient inquiétantes, troublantes avant que le fracas des cuivres ne vienne mettre tout cela en pièce. Œuvre courte mais impressionnante mais visiblement pas assez pour le chef qui fait reprendre un passage à son orchestre, le voulant parfait pour la diffusion ultérieure à la radio !

La suite est connue, enfin une partie de la suite. Ce Zarathoustra qui inspire les compositeurs de Mozart dans la flûte enchantée à Mahler dans la 3ème symphonie. Et bien bien entendu, comment ne pas citer 2001 de Kubrick qui utilise cette musique !

En concert, c'est très impressionnant et tellement intense. Le chef levait même la jambe à certains moments afin d'accentuer les crescendos. Les nuances une fois de plus étaient sollicitées avec des tuttis fortissimos absolument fabuleux bien que le son sature un peu dans cette salle. Des cuivres et des percussions vraiment phénoménales, des cordes au diapason et des solistes tous très en forme. Mais mention spéciale à l'orgue qui s'invite de temps à autre tout en se fondant parfaitement à l'ensemble. La qualité des attaques, la netteté et l’intelligibilité du phrasé de l'orchestre ont permis de faire parler Zarathoustra de manière très éloquente. Un beau concert !

andika a écrit:

Ce Zarathoustra qui inspire les compositeurs de Mozart dans la flûte enchantée à Mahler dans la 3ème symphonie.

Euh... Disons que c'est plutôt ce que les philosophes occidentaux ont projeté sur le personnage de Zarathoustra, souvent pour en faire leur double cryptique dans leurs polémiques contre le judéo-christianisme. De fait, c'est la philosophie des Lumières qui inspire Mozart (et Rameau), Nietzsche qui inspire Mahler et Strauss - et pas franchement les 17 ghâtâs de l'Avesta ancien.

J'ai bien aimé les deux pièces d'Holliger d'après Liszt. (parce que pour moi c'était au-delà d'une orchestration, on reconnaissait les pièces de Liszt, mais avec beaucoup d'ajouts et finalement une grosse part de "re-création")
C'était du Liszt presque ligetisé, scelsisé, ou quelque chose comme ça, en tout cas ça donnait quelque chose d'assez original et intriguant, à l'image des pièces originales de Liszt d'ailleurs.

Au final, même pas 50 minutes de musique, et une présentation de 5 minutes qui n'apportait vraiment pas grand chose au programme, mais la qualité a remplacé la quantité, avec deux pièces rares et originales, et un Zarathoustra très emballant.

Première fois au 1er rang du 1er balcon de face pour moi dans cette salle, eh bien c'est très bon, avec une réverbération inexistante (alors que quand on est sur les côtés du 2è balcon, elle est légère mais bien réelle) et quelque chose de moins ample qu'à la Philharmonie, mais un son équilibré et précis.

Salle quand même remplie aux 2/3, voire 3/4.

Xavier a écrit:

J'ai bien aimé les deux pièces d'Holliger d'après Liszt, parce que pour moi c'était au-delà d'une orchestration, on reconnaissait les pièces de Liszt, mais avec beaucoup d'ajouts et finalement une grosse part de "re-création".
C'était du Liszt presque ligetisé, ou quelque chose comme ça, en tout cas ça donnait quelque chose d'assez original et intriguant, à l'image des pièces originales de Liszt d'ailleurs.

Ah, oui, Holliger est très bon dans ce genre d'exercice! (Ses transcriptions de Machaut son passionnantes aussi.)

Une critique sur Res Musica: http://www.resmusica.com/2017/11/22/jean-yves-thibaudet-avec-le-national-demmanuel-krivine/