Dudamel Mahler Chamber Orchestra Philharmonie 9 septembre

Indubitablement Dudamel a son fan club et ce concert a eu un accueil triomphal.
 
Trés bonne soliste dans la 4 de Mahler avec Golda Shultz. En ce qui concerne Dudamel, des détails exquis dans la 3 de Schubert et la 4 de Mahler mais peut être un excés d'énergie. L'orchestre donne l'impression d'un orchestre de solistes, tous excellents, mais les vents dominent les cordes et l'équilibre général laisse à désirer avec parfois certains  solistes qui se mettent un peu trop en avant. Mention tout de même pour la parfaite hautboïste solo. Et carton rouge pour le timbalier qui a massacré le climax de l'adagio de la 4.

Probablement un défaut de répétitions pour adapter les décibels à la salle de la Philharmonie ...

sergio a écrit:

mais les vents dominent les cordes et l'équilibre général laisse à désirer

Ça, ça peut vraiment dépendre de l'emplacement dans la salle… J'ai entendu une Mahler 3 entière où je n'entendais pas les violons et les altos, presque pas du tout. Ce n'était évidemment pas parce que Cleveland a embauché des mimes… Et comme tu le dis, selon le temps qu'ils ont eu dans cette salle un peu particulière, pas évident de s'adapter sans doute.

(Ou alors c'était vraiment déséquilibré, ça arrive aussi, volontairement ou non.)

Citation :

Et carton rouge pour le timbalier qui a  massacré le climax de l'adagio de la 4.

C'est-à-dire ? (je n'y étais pas)

Dans la partie fortissimo de l'Adagio , le timbalier frappait pour les sourds ou bien pour une salle sans acoustique, à moins que Dudamel lui ait demandé de taper le plus fort possible ?

Premier balcon de face 4° rang .

J'ai détesté ce concert, de façon presque épidermique. J'ai trouvé cela lourd, vulgaire, criard, mais c'est sans doute très personnel.

Sergio a écrit:

Indubitablement Dudamel a son fan club et ce concert a eu un accueil triomphal.

J'ai l'impression qu'il fait tout pour avoir un fan club: direction énergique, gros son (le Schubert était bien bien lourd, voire épais), effets assez criards dans la symphonie de Mahler. J'étais au premier balcon de face et j'avais l'impression que les vents étaient en sur-régime, notamment la 1ere flute solo, et en même temps ils étaient parfois noyés par les cordes (donc une impression un peu inverse de Sergio à certains moments).

Sergio a écrit:

L'orchestre donne l'impression d'un orchestre de solistes, tous excellents, mais les vents dominent les cordes et l'équilibre général laisse à désirer avec parfois certains solistes qui se mettent un peu trop en avant.

Pour les problèmes d'équilibres, c'était très marquant pour moi, et par conséquent j'ai eu une impression de quelque chose de brouillon à de nombreux moments.
Bref, Dudamel est allé aux delà des préjugés que j'avais à son propos, et au final j'ai été très étonnée, car je pensais qu'en l'écoutant en salle, ce qu'il ferait modérerait ma vision négative de sa direction d'orchestre. En tout cas, j'ai compris pourquoi il avait son fan club, tout est fait pour. Mais bon si les spectateurs et les critiques sont contents, qui suis-je pour critiquer ?

Pas très gentil pour l'idole des jeunes et la mascotte des media, mais ce n'est pas complètement faux.  Le Schubert aurait pu être plus aérien.  Par ailleurs, cette modestie apparente, comme la baguette suspendue en l'air pendant trois plombes  pour obtenir un silence religieux à la fin du Mahler ne sont pas d'une sincérité éblouissante    !

Je n'y étais pas (et ai lu les appréciations les plus opposées dessus), mais pour ce qui est de Dudamel en général, malgré son côté « à la mode », j'ai toujours trouvé que c'était quelqu'un de très respectueux des styles, produisant des interprétations animées et sans effets de manche.

Il ne figurerait au demeurant pas dans mon top 10 ou 20 des grands chefs d'aujourd'hui, donc sa notoriété ne me paraît pas forcément indexée sur son génie, mais les critiques radicales qui en font un chef superficiel me laissent perplexe, ce que j'ai entendu était toujours au contraire assez peu éclatant, vraiment soucieux de respecter la musique.

Sergio a écrit:

cette modestie apparente, comme la baguette suspendue en l'air pendant trois plombes pour obtenir un silence religieux à la fin du Mahler ne sont pas d'une sincérité éblouissante Laughing Laughing

C'est toujours compliqué de juger de la sincérité d'un artiste, mais sur le coup cela m'a également paru assez superficiel.

David Le Marrec a écrit:

Il ne figurerait au demeurant pas dans mon top 10 ou 20 des grands chefs d'aujourd'hui, donc sa notoriété ne me paraît pas forcément indexée sur son génie, mais les critiques radicales qui en font un chef superficiel me laissent perplexe, ce que j'ai entendu était toujours au contraire assez peu éclatant, vraiment soucieux de respecter la musique.

Peut-être est-il soucieux de respecter la musique, mais le résultat final m'a paru très médiocre, sans intérêt particulier, énergique mais tournant à vide, sans que je sente une interprétation vraiment murie. Mais certains ont vraiment adoré et trouvé que cela ressemblait à de la dentelle...

http://www.concertonet.com/scripts/review.php?ID_review=13334

Je suis assez en phase avec ce commentaire...

Obtenir le silence à la fin d'une oeuvre est une excellente chose. Mais un chef doit avoir le sens du timing et ne pas faire trop durer  les silences. Or, à la fin de ce concert, Dudamel a tenu la baguette en l'air une éternité au point que j'ai cru qu'il allait en perdre l'équilibre. Ce silence en perdait sa  sincérité et sa signification musicale. Seulement le chiqué d'un chef qui semble vouloir mesurer son génie à la longueur du silence du public...

Just a personal feeling en tout cas, j'avais largement préféré Dudamel dans la 3° symphonie avec Los Angeles.

Je suis globalement d'accord avec cette critique. Ce qu'il décrit ressemble à ce que j'ai entendu, même si je n'en tire pas toujours les mêmes conclusions ("faisant sonner l’orchestre comme celui des compositeurs radicaux du début du siècle suivant", bof, pour moi c'était plus tape à l'oeil que radical).

https://bachtrack.com/fr_FR/critique-dudamel-schultz-mahler-philharmonie-paris-septembre-2018

Une critique plus en phase avec ce que j'ai ressenti ! Je suis étonné de lire des commentaires aussi sévères sur ce concert : j'en suis ressorti émerveillé par la qualité de l'orchestre (la clarinette !!) et par la direction de Dudamel. C'est vrai que c'était un Schubert musclé mais avec beaucoup de mordant et d'allant. Au contraire, Mahler 4 était tout en grâce et en finesse.

Et à la fin de cette symphonie, qui peut sérieusement se plaindre que le public (pour une fois) reste silencieux ??
Quant aux accusations de fausse modestie de Dudamel, on pourrait quand même reconnaître qu'il refuse systématiquement d'aller saluer sur son podium, il reste toujours au milieu de ses musiciens pour discuter et les mettre en valeur. C'est peut-être de la communication mais je pense qu'il ne mérite pas qu'on le mette en cause là-dessus (et si on devait apprécier les chefs en fonction de leur modestie, je pense qu'on écouterait plutôt de la musique de chambre )

Je ne remet pas en cause la qualité de l’orchestre, qui est effectivement excellent. C’est vrai que nous sommes sévères avec Sergio, probablement parce que nous n’avons pas apprécié l’interprétation de Dudamel.
Pour moi il fait beaucoup de cinéma. Se mettre au milieu de l’orchestre, c’est bien gentil. Il aligne aussi son salaire et ses rémunérations par concert sur ceux des musiciens? J’en doute fort...
Ce qui est le plus intéressant c’est qu’une même interprétation donne des avis aussi divergents, surtout dans la 4e symphonie. :

Mais pourquoi juger Dudamel d'après ce seul concert ? (Je n'y étais - malheureusement - pas.)
On peut critiquer ses façons - mais vraiment je n'avais jamais remarqué tout ce que vous dites, car il m'est toujours apparu fort modeste - mais ne pas reconnaître qu'il s'agit d'un grand musicien, ça relève sans doute un peu de la mauvaise foi et/ou de l'anti-panurgisme intégral (mais je ne vous jetterai pas la première pierre, car je dis trop souvent que Netrebko est une supercherie complète, alors que si j'avais un peu de bonne foi, je reconnaîtrais que ce n'est pas une chanteuse indigne - sans doute juste indigne du rang qu'elle occupe dans le star system).
Je dois personnellement à Dudamel deux de mes plus intenses émotions musicales, dont sans doute LA plus grande, sa Troisième de Mahler avec Los Angeles et sa Bohème de décembre dernier à l'ONP, merveilleuse.
Je suis gaga de Dudamel, voilà, je défends mon chouchou.

Je ne suis pas "gaga" de Dudamel, ce n'est pas mon chouchou… mais je n'ai assisté qu'à d'excellents concerts de sa part. (déjà 3 ou 4 au moins je crois, ainsi que la Bohème de l'an dernier)

Frédérique R a écrit:

Ce qui est le plus intéressant c’est qu’une même interprétation donne des avis aussi divergents, surtout dans la 4e symphonie. :

Exactement ! Alors que j'étais persuadé que le concert ferait l'unanimité.
Idem pour la 5e de Bruckner par Harding mercredi : avis très contrastés entendus à la sortie, du très bon (moi) au nullissime (des malentendants que je ne nommerai pas) !

La majorité semble plutôt beaucoup avoir apprécié ce concert de Dudamel. Nous ne sommes que peu au final à faire la mou.
Pour Harding, j'ai un sentiment partagé, mais il faut que je l'explique sur le bon fil...

Incontestablement la Bohème à Bastille était une grande réussite et la 3 de Mahler avec LA m'a laissé un bon souvenir ainsi que je crois la 9 avec Berlin.

La frustration vient probablement de l'orchestre qui est composé de musiciens excellents mais n'a pas l'homogénéité des grands ensembles.

Pour le reste , même si on n'est pas vraiment dupe, difficile de lui reprocher d'avoir une com efficace !

Ce serait nier que le marketing est roi aujourd'hui dans la musique classique et c'est bien grâce son positionnement original que Dudamel est arrivé aussi vite là où il est ...

C'est un peu plus subtil que de la comm', c'est plutôt son profil qui a été favorisé. Ce n'était pas une campagne de communication qu'il a lui-même orchestrée, mais le fait que son histoire atypique attirait la sympathie (ainsi qu'une maturité assez remarquable pour un chef d'orchestre).

Ensuite, oui, mais comme pour tous les musiciens en réalité, on peut se demander pourquoi, musicalement, c'est lui la vedette et pas tel ou tel autre. Il n'y a pas de la place pour tous les grands musiciens, c'est ainsi (et encore moins en tête des magazines, évidemment : le grand public ne peut pas digérer trop de noms, et les grandes maisons ne peuvent pas multiplier les titulaires).