Denis Matsuev, en ouverture de saison au Théâtre des Champs-Élysées, le 17 septembre 2018, à 20h.
Programme :
Beethoven - Sonate n° 3 op. 2 n° 3
Rachmaninov - Variations sur un thème de Corelli op. 42
Tchaïkovski - Grande sonate op. 37.
Disons le tout de suite : je suis un fan inconditionnel de Denis Matsuev. Et, j'en ai bien conscience, ce pianiste ne fait pas l'unanimité.
Salle plutôt bien remplie hier soir, comparativement à d'autres récitals pour piano dans ce même lieu. Plusieurs fans aussi, à en croire par les cris et les hourras entendus. Pour une fois, la salle ne me semble pas remplie par la communauté russe de Paris, comme ça a pu être le cas par le passé.
Un programme assez difficile ce soir. Dans l'article qui lui est consacré dans le dernier Cadences, il témoignait de sa démarche : promouvoir des œuvres moins connues du grand public (Tchaïkovski), se lancer un défi d'interprétation (Beethoven) ou comprendre des œuvres qui lui ont résisté jusqu'à présent (Rachmaninov).
Beethoven : son interprétation m'a convaincu ce soir, mais peut-être pas la partition. Quelques légers accros et manque d'inspiration par moment, mais le tout reste très solide et bien cadré. J'ai eu du mal à entrer dedans, le concert ayant débuté à 20h01, beaucoup de gens n'étaient pas encore assis... Autre élément de distraction : lorsque l'on est au balcon, c'est effarant le nombre d'écrans de portables allumés que l'on peut voir au parterre. D'ailleurs, un spectateur s'en est ému à la fin de l'entracte "Fermez vos portables", ce qui a bien amusé Matsuev...
Rachmaninov : on le sentait déjà beaucoup plus dans son univers. Succession de variations et de petites vignettes, belles couleurs, mais un manque de liaison entre les passages et un manque de vue d'ensemble pour cette partition. L'avant-dernière variation déchaînée laisse place à une ultime variation un peu frustrante. Sûrement néanmoins le plus beau morceau de ce concert, et une première me concernant pour cette œuvre de Rachmaninov.
Tchaïkovski : je ne comprends pas cette partition. Le premier mouvement est étouffant à force de fortissimo, il ne laisse aucun répit et il assomme un peu. Le deuxième mouvement est lent, voire ennuyeux, et même si c'est le plus tchaïkovskien des quatre (quoi que...), Tchaïkovski ne m'ennuie pas habituellement. Un troisième mouvement très bref, avec des détours à la Scriabine, intéressant. Le quatrième mouvement est vraiment convainquant (enfin) avec un thème clair et identifiable, et des galops pianistiques impressionnants. Mais, quel déploiement de forces pour un résultat presque décevant ! Matsuev en a vraiment tiré tout ce qu'on pouvait en tirer me semble-t-il. J'ai également beaucoup écouté l'interprétation de Moog sur Youtube, dans un style tout à fait différent, plus lisible, plus didactique peut-être... Malgré tout, cette partition ne me paraît pas mériter les efforts techniques impressionnants que les pianistes doivent engager pour la jouer. Elle réclame beaucoup pour pas grand chose.
5 rappels : 1. une scène d'enfants de Schumann (à confirmer), 2. non identifié, 3. Sibelius, pièce pour piano op. 76 n°2 (pièce qu'il joue souvent en rappel, découverte grâce à lui et que j'adore et joue depuis), 4. je ne m'en souviens plus, et 5. Prokofiev, dernier mouvement de la sonate n°7 (de la dynamite !!!). Public très enthousiaste et partiellement debout !