Playlist (136)

Benedictus a écrit:

Avec des pauses (sous influence arnaudbellemontagneuse) pour:

• Respighi:

Seiji Ozawa / Boston Symphony Orchestra
Boston, X.1977
DG
Je n’avais réécouté ça depuis très, très longtemps. Pas des chefs-d’œuvre de profondeur ni de délicatesse, mais c’est plutôt mieux que dans mon souvenir (je suis quand même étonné qu’Arnaud en soit aussi fan.)

Je trouve ça très sympathique, ludique et pétillant et les talents d'orchestrateur et de coloriste de Respighi sont évidents, mais rien qui me bouleverse plus que ça. Finalement on a la même ressenti.

En parlant de choses bouleversantes et frémissantes :

Wagner : Lohengrin Acte 1 (Sawallisch)

Benedictus a écrit:

• Respighi:

Seiji Ozawa / Boston Symphony Orchestra
Boston, X.1977
DG
Je n’avais réécouté ça depuis très, très longtemps. Pas des chefs-d’œuvre de profondeur ni de délicatesse, mais c’est plutôt mieux que dans mon souvenir (je suis quand même étonné qu’Arnaud en soit aussi fan.)

En disque, c'est sympa. En concert, c'est vraiment très chouette.

3) Trionfi !

-festival florentin-

Catherine Bott, soprano
Christopher Robson, contreténor
Andrew King, ténor
Paul Agnew, ténor
Michael George, baryton
Simon Grant, basse
Philip Pickett, New London Consort

(L'Oiseau-lyre, mai 1992)

En cette Renaissance florentine, les Trionfi se déroulaient le Mardi gras du Carnaval, lors du Calendimaggio (01er mai)
et à la Saint-Jean (24 juin, en l'honneur du saint patron de la ville). Ces manifestations festives défilaient sur des chars dans les rues.
Pour le Carnaval, diverses confréries (bergers, oiseleurs, marchands de vins...) destinaient leurs chansons aux spectatrices et déviaient vers des allusions grivoises.
L'arrivée de Savonarole en 1494 proscrivit pendant quelques années les débauches.
Après cette parenthèse puritaine, le Carnaval se raviva sous une forme édulcorée, et tenant compte des bouleversements politiques de la cité,
en caricaturant par exemple les mercenaires français (Lanzi), et en contrefaisant leur accent italien.
.
La Saint-Jean était prétexte à des représentations sur des sujets mythologiques, notamment trois thèmes de prédilection : l'Olympe,
les Pastorales, les scènes infernales. Ces thèmes impliquaient un certain type de personnages et des associations musicales typiques : les dieux étaient illustrés par
des instruments nobles comme harpes et flûtes, les nymphes et bergers étaient accompagnés par des instruments plus rustiques comme cromorne et cornemuse.
Et les enfers méritaient logiquement les couleurs sombres des violes graves et saqueboutes, la gouaille des chalémies pour la voix des démons.
Ici sur le disque, les tambours rythment aussi le cortège du Carro della morte où les protagonistes défilaient grimés de masques mortuaires et guenilles de cadavres.
.
Pour s'approcher d'une reconstitution réaliste de ces Trionfi, l'enregistrement a spatialisé la perspective sur diverses estrades.
Cet effet s'entend peu à l'écoute, d'autant que les émérites équipes de Pickett (toujours idéales de finesse et de musicalité) manquent un peu d'épaisseur humaine
et de désinhibition. Cela reste très poli, comme le disque consacré à la Fête de l'âne par les mêmes interprètes.
Il nous faudrait ici la candeur et la verve d'une troupe comme Micrologus !
En tout cas, le New London Consort, à défaut de vraisemblance, expose ici une illustration très séduisante du bouillonnement musical sous l'ère des Médicis.

Église St. Martin de Gabelbach (Allemagne -Souabe)


4) Hans Leo Hassler (1564-1612) :

Ricercar en mi mineur
Canzon en ut majeur
Ricercar del secondo tono

= Joseph Kelemen, orgue Günzer de l'église St. Martin de Gabelbach

(Oehms, octobre 2016)

Un instrument de 1609, le plus ancien d'Allemagne méridionale, restauré en 2008-2016,
qui compte une dizaine de jeux (dont la soubasse installée en 1708 par Anton Berger), accordés au tempérament mésotonique.
Hassler fut un des premiers compositeurs allemands pour clavier à se rendre en Italie pour compléter sa formation,
en l'occurrence à Venise auprès d'Andrea Gabrieli -une influence qui se ressent dans ces trois pièces volubiles.
Splendide Ricercar du deuxième ton, chargé de chromatismes et de brillantes envolées sur plus de dix minutes,
notamment à la mesure 141 (9'19 sur le disque) où l'interprète introduit les huit rangs de Mixtur et Zimbel,
pour un effet aveuglant, tel un carillon féérique –en sacd ça éblouit  

Dans la soirée, suite aux échanges avec Rav-phaël:

• Auric: Les Fâcheux. La Pastorale:

Christoph Poppen / Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern
Sarrebruck, III-IV.2009
Hänssler
Musique très «Groupe des Six» - pas mauvais, mais ça a vite tendance à m’impatienter. Voir ici.

Et cette nuit, trois recommandations de lulu:

• Enno Poppe: Speicher I (2010), Speicher II (2013) pour grand ensemble:

Enno Poppe / Klangforum Wien
Donaueschingen, X.2013
Neos
C’est assez bluffant!

• Jörg Widmann: Versuch über die Fuge (2005), 5ᵉ quatuor à cordes avec soprano:

Claron McFadden (soprano), Quatuor Minguet
Cologne, I & IV.2014
Wergo
Ce que j’ai le plus aimé de Widmann jusqu’ici - mais c’est vraiment très grand (et assez idéalement calibré pour me plaire.)

• Chaya Czernowin: Winter Songs III (2003-04) pour 10 instruments et électronique:

Titus Engel / ensemble courage, Ipke Starke (électronique)
Hellerau, V.2004
Wergo
Là, en revanche, je n’arrive absolument à percevoir comment ça fonctionne.

Voir ici pour ces trois-là.

Je m'envoie mon p'tit Ring annuel ...

Et j'ai choisi sur DVD une version que je dois visionner depuis longtemps :



Wagner: Das Rheingold (Tomlinson, Brinkmann, Schreibmayer, Clark, von Kannen, Pampuch, Hölle, Kang, Finnie, Johansson, Svendén, Orchestre du Festival de Bayreuth, Barenboim) . Voir là https://classik.forumactif.com/t6031p550-wagner-ring-barenboim-kupfer-dvd?highlight=kupfer

PLORER, GÉMIR, CRIER...
Hommage à la "voix d'or" de Johannes Ockeghem

Diabolus in Musica.

Voir ICI

BARTOK
Quatuor n° 3

Arcadia quartet

aurele a écrit:

Beethoven, symphonie 3, Günther Wand, NDR-sinfonieorchester, live

Issu du coffret de lives de Wand reçu hier mais récupéré aujourd'hui. Au casque, sur mon ordi.

J'aime énormément. Je ne possédais avant l'acquisition de ce coffret de lives de Wand dans la musique de divers compositeurs que l'intégrale Karajan des années 1960 pour ce compositeur, même si ce coffret de lives de Wand ne comporte que peu de symphonies de Beethoven. L'intégrale Karajan des années 1960 chez Deutsche Grammophon, je l'ai récupérée avec énormément de mes disques et DVDs à noël dans quatre cartons remontés à Valenciennes.

Il y a une intégrale Wand avec l'orchestre de la NDR qui coûte une bouchée de pain dans la collection Classic Masters - je crois qu'il s'agit d'enregistrements studios, très bonne intégrale à mes yeux.

Ton coffret te réserve certainement beaucoup de plaisirs à venir.

Stanchinsky: Prélude en mode lydien, 4 Esquisses opus 1/Feltsman

+

Feinberg: Berceuse/Feltsman

KRENEK
Quatuor n°1

Sonare Quartet

Obouhow: 4 pièces/Feltsman

Beethoven: Sonates n° 19 et 20 op. 49 ; Sonate n° 21 op. 53 (Wilhelm Backhaus) .

Bach: Fugues BWV 131a, 575, 577 ; Prélude et fugue BWV 549 et 551 ; Toccata BWV 566 ; Partita BWV 766 ; 10 chorals (André Isoir à l'orgue de l'Abbatiale de Saint-Cyprien en Périgord) .

Wagner : Lohengrin Acte II (Sawallisch)

ce soir : Cilea, Adriana Lecouvreur, MET Opera 2018 live HD, Noseda, Met Orchestra & Chorus, Netrebko, Beczala, Rachvelishvili, Maestri, Muraro, Bosi

Pour l'anecdote, nous n'étions que 9 dans la salle au Gaumont de Valenciennes, ce qui ne m'a pas surpris vu la ville.

J'en parlerai dans le topic dédié à cet opéra en discographie ou dans le topic dédié à la soprano russe voire dans les deux.

J'ai passé une très bonne soirée en tout cas. Et les critiques négatives envers Netrebko dans ce rôle sont je trouve globalement totalement infondées.

aurele a écrit:

ce soir : Cilea, Adriana Lecouvreur, MET Opera 2018 live HD, Noseda, Met Orchestra & Chorus, Netrebko, Beczala, Rachvelishvili, Maestri, Muraro, Bosi

Pour l'anecdote, nous n'étions que 9 dans la salle au Gaumont de Valenciennes, ce qui ne m'a pas surpris vu la ville.

J'en parlerai dans le topic dédié à cet opéra en discographie ou dans le topic dédié à la soprano russe voire dans les deux.

J'ai passé une très bonne soirée en tout cas. Et les critiques négatives envers Netrebko dans ce rôle sont je trouve globalement totalement infondées.

A l'époque où j'ai un peu fréquenté Valenciennes (entre 2012 et 2015), le Gaumont ne diffusait aucun film en VO

Mais bon, le Phénix a une assez bonne programmation, tout de même

Un peu en retard sur tout le monde:

• Beethoven: Sonate pour piano nº29 en si bémol majeur, op. 106 «Hammerklavier»:

Murray Perahia (piano)
Berlin, XI.2016
DG
Très beau (l’Adagio sostenuto!) mais beaucoup plus déconcertant que ce à quoi je m’attendais. Voir ici.

Et puis quelque chose que je n’avais peut-être pas réécouté depuis longtemps:

• Saint-Saëns: Symphonie en fa majeur «Urbs Roma»:

Jean Martinon / Orchestre National de l’O.R.T.F.
Paris, IX.1974
EMI
Malgré quelques réserves, un grand plaisir d’écoute (quelle veine mélodique!) Voir ici.

Mossolov: 2 nocturnes opus 15/Feltsman



Protopopov: Sonate n°2/Feltsman

Berg: 7 frühe lieder/Röschmann, Uchida

+

BARTOK
Quatuor n° 5

Arcadia quartet

DUPARC
Mélodies
Sarah Walker - Thomas Allen - Roger Vignoles

Anaxagore a écrit:

Bach: Prélude et fugue BWV 531 ; Fantaisie et fugue BWV 561 ; Prélude BWV 568 ; Fugue BWV 576 ; Fugue BWV Anh. 90 et 15 chorals (André Isoir à l'orgue de l'Abbatiale de Saint-Cyprien en Périgord) .

Anaxagore a écrit:

Bach: Fugues BWV 131a, 575, 577 ; Prélude et fugue BWV 549 et 551 ; Toccata BWV 566 ; Partita BWV 766 ; 10 chorals (André Isoir à l'orgue de l'Abbatiale de Saint-Cyprien en Périgord) .

Je crois que je ne vais pas tarder à t'emboîter le pas

Spoiler:

Scriabine: Symphonie n°1/V.Petrenko

+

xoph a écrit:

Anaxagore a écrit:

Bach: Prélude et fugue BWV 531 ; Fantaisie et fugue BWV 561 ; Prélude BWV 568 ; Fugue BWV 576 ; Fugue BWV Anh. 90 et 15 chorals (André Isoir à l'orgue de l'Abbatiale de Saint-Cyprien en Périgord) .

Anaxagore a écrit:

Bach: Fugues BWV 131a, 575, 577 ; Prélude et fugue BWV 549 et 551 ; Toccata BWV 566 ; Partita BWV 766 ; 10 chorals (André Isoir à l'orgue de l'Abbatiale de Saint-Cyprien en Périgord) .

Je crois que je ne vais pas tarder à t'emboîter le pas

Spoiler:

ça fait en effet beaucoup de câbles orphelins  ...

Anaxagore a écrit:

ça fait en effet beaucoup de câbles orphelins  ...

mais quelle enceinte ! ça va je me plains pas et j'ai toujours un casque ... pour écouter de la musique de chambre (des trucs réjouissants pour parer à ce mauvais pas)
--------------------
Franz Liszt (1811-1886)
Première Élégie
Romance Oubliée
La Lugubre Gondole (Troisième Élégie)
Die Zelle In Nonnenwerth
Seconde Élégie

Charles-Valentin Alkan (1813-1888)
Sonate De Concert, Op. 47

Emmanuelle Bertrand, violoncelle et
Pascal Amoyel, piano

Scriabine: Prométhée/V.Petrenko

Scriabine: Le Poème de l'extase, Prométhée/Segerstam

Ernest Bloch (1880-1959)
Schelomo, rhapsodie hébraïque pour violoncelle et orchestre
Edward Elgar (1857-1934)  
Concerto pour violoncelle en mi mineur

Gary Hoffman, violoncelle
Orchestre Philharmonique Royal de Liège / Christian Arming

Les dévotions du dimanche...





Au programme ce soir :    J.S. Bach – J. Ockeghem – O. Messiaen – F. Zachow

CD1 de
12 hommages à Paul Sacher

Spoiler:

Wagner : Lohengrin Acte III (Sawallisch)

1) Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

Magnificat en mi bémol majeur, BWV 243a

= Thomas Hengelbrock, Chœur et Ensemble Balthasar Neumann

(DHM, novembre 2000)

Scriabine: Sonate n°10/Wang

+

Duparc: Extase, Phidylé/Herbillon

Hier.

Destouches, Sémiramis
Par Les Ombres. Décalque de Callirhoé, et presque aussi bien.

Catel, Sémiramis

Massenet, Esclarmonde
Bonynge.
Très chouette dans le genre épique, mais sans les saveurs beaucoup plus sophistiquées d'Amadis… Pour la première fois j'ai quand même réussi à me plonger plus sérieusement dedans.

--

Aujourd'hui.

Atterberg, Aladdin
Version allemande au Théâtre de Braunschweig, Jonas Alber.
Entre postromantisme et décadence selon les moments. Vraiment superbe de bout en bout.

Respighi, Quatuor en ré
Respighi, Il Tramonto
Respighi, Quartetto dorico
Brodsky SQ, von Otter.

Korngold, Quatuor n°2 en mi bémol
Kreisler, Quatuor en la mineur
Brodsky SQ.
Cette formation m'impressionne tellement… quelle que soit la note, ils jouent avec la pureté de cordes à vide…

Scriabine, Symphonie n°1
DSOB, Ashkenazy.
Vraiment magnifique ce truc.

Scriabine, Prométhée
DSOB, Ashkenazy.
Bon, il a mangé du Daphnis voire du Concerto en sol dans l'intervalle, c'est plus bavard et moins fun. Mais c'est joli.

DavidLeMarrec a écrit:

Scriabine, Prométhée
DSOB, Ashkenazy.
Bon, il a mangé du Daphnis voire du Concerto en sol dans l'intervalle, c'est plus bavard et moins fun. Mais c'est joli.

Daphnis et le Concerto en sol qui ont été écrits après.

Szymanowski: Chants d'amour de Hafiz/Johnson, Gardner

Vu du parc, le New College d'Oxford (Angleterre)


2) Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

Sei gegrüsset, Jesu gütig, choralpartita BWV 768

= Peter Hurford, orgue Grant, Degens & Bradbeer de la Chapelle du New St Mary College d'Oxford

(Decca, avril 1978)

Tiré de l'intégrale Bach qu'enregistra l'organiste britannique entre 1974 et 1986.
Un instrument dont je ne vous ai encore jamais parlé depuis mon arrivée sur le Forum.
La présence d'un orgue dans la chapelle de ce prestigieux établissement est attestée quasiment depuis son origine en 1379.
Celui que construisit Robert Dallam en 1663 servit pendant près de deux siècles, et fut remplacé par le facteur Bishop en 1840 (esthétique romantique,
44 jeux sur quatre claviers et pédalier).
Après diverses modifications au fil des décennies, Grant, Degens & Bradbeer installèrent en 1969 un nouvel instrument,
propice au répertoire baroque (y compris espagnol, avec chamade comme la Trompete Real 8').
Une large palette offerte par les 45 jeux sur trois claviers (dont Récit en boîte expressive) à traction mécanique de haute précision.
L'intégration dans l'espace acoustique, particulièrement étudiée par les facteurs, permet une sonorité à la fois savoureuse, ample et douce sous la voûte boisée.
Hurford profite ici de ces vastes ressources de couleurs pour une lecture dense et stratifiée, dont les phrasés serrés et les registrations épicées par les anches
(la console dispose de deux régales en 16', une en laiton l'autre en bois !) scrutent la polyphonie et dégagent une alchimie volontiers ésotérique.
Édifiante conclusion étayée sur les grondements souterrains du Fagot 32'.

Xavier a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Scriabine, Prométhée
DSOB, Ashkenazy.
Bon, il a mangé du Daphnis voire du Concerto en sol dans l'intervalle, c'est plus bavard et moins fun. Mais c'est joli.

Daphnis et le Concerto en sol qui ont été écrits après.

Tu as très bien compris ce que je voulais dire : on a un bon sectateur de Tchaïkovski qui se met à faire du mauvais Ravel, forcément j'aime moins.

DavidLeMarrec a écrit:

Xavier a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Scriabine, Prométhée
DSOB, Ashkenazy.
Bon, il a mangé du Daphnis voire du Concerto en sol dans l'intervalle, c'est plus bavard et moins fun. Mais c'est joli.

Daphnis et le Concerto en sol qui ont été écrits après.

Tu as très bien compris ce que je voulais dire : on a un bon sectateur de Tchaïkovski qui se met à faire du mauvais Ravel, forcément j'aime moins.

Personnellement, je ne vois pas trop le rapport avec Ravel, m'enfin... Debussy peut-être, et encore... Là, c'est du Scriabine pur.

Alifie a écrit:

www.deezer.com/fr/album/9361832

Oh oui !

3) Johannes Ockeghem (c1410-1497) :

Missa pro defunctis

= Bruno Turner, Pro Cantione Antiqua

(Archiv, février 1973)

Très belle prestation, chaleureuse et expressive, comme toutes les réalisations de Bruno Turner et son équipe,
ici soutenue par le souffle discret de quelques instruments à vent du Cercle Hambourgeois pour la Musique Anciennne.
Seul bémol, une acoustique un peu anonyme, certes garante de précision, mais pour un tel sujet on aurait aimé davantage de réverbération.
Couplage avec la sublime Nymphe des Bois de Josquin Desprez, déploration en hommage à Ockeghem.

Aujourd’hui, en faisant du rangement, j’ai remis la main sur les premiers CD que je suis acheté avec mon argent de poche, et je les ai réécoutés. Apparemment, à 13 ou 14 ans, je partageais les goûts du jeune Mélomaniac pour les disques Deutsche Grammophon à pochettes bigarrées - et j’étais déjà méchamment orienté symphonies postromantiques-décadentes.

• Scriabine: Symphonie nº3 «Le Divin Poème». Le Poème de l’Extase:

Giuseppe Sinopoli / New York Philharmonic
New York, I.1988
DG
Magnifiques lectures, à la fois amples et galbées, avec une façon assez singulière de creuser le spectre sonore. Peut-être rétrospectivement ma version préférée des deux œuvres.

• Zemlinsky: Lyrische Symphonie, op. 18:

Julia Varady (soprano), Dietrich Fischer-Dieskau (baryton), Lorin Maazel / Berliner Philharmoniker
Berlin, III.1981
DG
L’œuvre n’est pas ce que je préfère dans le genre (mais à l’époque, c’était une sacrée redécouverte), mais les couleurs de Berlin et l’élan de Maazel sont somptueux, et le contraste entre les deux styles vocaux (DFD très verbal, Julia Varady très instrumentale) fonctionne bien (un peu comme Patzak et Kathleen Ferrier dans Das Lied von der Erde.)

• Mahler: Symphonie nº9:

Leonard Bernstein / Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam
En public, Amsterdam, V-VI.1985
DG
Là aussi, rétrospectivement c’est resté une de mes versions préférées: l’expressivité exacerbée de Bernstein est ici idéalement méchante (rarement le Ländler et le Burleske auront grincé de manière aussi cinglante; et les deux mouvements extrêmes ont une sorte d’amertume prostrée impressionnante), avec un Concertgebouw aux couleurs toujours aussi somptueuses mais comme noircies.

Catégorie orchestrale -rang 235°/250





Karl Anton Rickenbacher (1940-2014)


4) Olivier Messiaen (1908-1992) :

Et exspecto resurrectionem mortuorum

= Karl Anton Rickenbacher, Orchestre symphonique de la Radio de Berlin

(Koch, janvier 1993)

Commandée par André Malraux en 1964 en hommage aux morts des deux Guerres, voici une œuvre inspirée par les vastes architectures (pyramides à escaliers du Mexique,
temples et statues de l'ancienne Égypte, églises romanes et gothiques) et destinée aux grands espaces (églises, cathédrales, et même le plein air et la haute montagne).
Sa nomenclature se rattache à un orchestre d'harmonie : vents, cuivres et percussions métalliques, en trois groupes :
2 flûtes piccolo, 3 flûtes, 3 hautbois, 1 cor anglais, 1 petite clarinette [en mib], 3 clarinettes, 1 clarinette basse, 4 bassons, 1 contrebasson
6 cors, 1 trompette piccolo [en ré], 3 trompettes, 3 trombones, 1 trombone basse, 1 tuba, 1 saxhorn basse
6 percussionnistes (trois jeux de cencerros, cloches-tubes, 6 gongs, 3 tam-tams)
.
On ne rencontre pas ici la complexité rythmique d'autres créations de Messiaen. L'imagerie en est « forte et simple » mais trapue, assertorique,
comme ces Hautes-Alpes d'où composait Messiaen et dont les massifs se transposèrent en paysages sonores puissants et solennels.
Comme son nom l'indique, la Résurrection en est le sujet, et chacune des cinq parties porte en exergue une citation biblique.
Messiaen est certainement le compositeur contemporain (il vivait encore dans ma jeunesse) que j'ai le plus écouté, son langage et son inspiration religieuse,
son mysticisme singulier trouvent en moi un écho particulier.
Et exspecto, accessible au néophyte par sa relative transparence de motivations et de facture, son cheminement linéaire, son hiératisme, demeure un de ses opus que je préfère.
.
La discographie compte plusieurs versions d'une grande qualité.
Celle de Serge Baudo (Emi, 1968), qui avait présenté l'œuvre en concert en 1965 (à la Sainte Chapelle le 7 mai, en la Cathédrale de Chartres le 20 juin,
filmé en présence du Général de Gaulle).
Mentionnons trois enregistrements par Pierre Boulez (Erato, CBS, DG), un par le jeune Haitink à Amsterdam (Philips), un par Ingo Metzmacher à Bamberg (Emi),
un dans le cadre de l'intégrale de Sylvain Cambreling (Hänssler)...
J'ai sélectionné celui d'un chef un peu oublié, féru de musique contemporaine, ami de Messiaen dont il avait déjà gravé un remarquable album en 1986 (L'Ascension ; Chronochromie).
Élève de Karajan, Boulez et Klemperer.
Il confère ici relief, lisibilité, et beaucoup de saveur aux jeux de timbres, en évitant l'épure intellectualisée.
Pour un langage si tributaire du matériau sonore, la salle du Funkhaus permet une spatialisation très précise, mais aérée, chaude et confortable.
Le choix programmatique de ce CD avait été validé par le compositeur qui, dans une lettre du 20 juillet 1990 souhaitait que le disque sauvegarde l'interprétation
de ces quatre opus (La Ville d'en Haut ; Un Sourire ; Un Vitrail et des Oiseaux ; Et Exspecto) dans « l'admirable direction » du maestro bâlois.
Même si je les apprécie, je n'évoquerai pas ici les pièces avec piano dans la mesure où cette série de Mélomaniac d'Or se dédie à la forme strictement orchestrale.

Et exspecto a suscité bon nombre d'exégèses, de travaux universitaires, dont plusieurs thèses, que je n'ai pas consultées.
Mes commentaires ci-dessous se réfèrent à des textes piochés dans les livrets de CD, reprenant les analyses par le compositeur lui-même,
que j'ai prolongées par quelques compléments personnels.
Entre crochets figurent les indications de minutage, utiles à suivre mon propos dans la mesure où ce CD enferme hélas l'œuvre en une seule plage d'une demi-heure.

"Des profondeurs de l'abîme, je crie vers toi, Seigneur : Seigneur, écoute ma voix !"
Lourds paquets de noirceur pour ce De profundis clamavi, où Rickenbacher opte pour un tempo (moins de trois minutes) qui évite l'enlisement,
surlignant l'opposition entre l'obscurité sépulcrale des cuivres et les interjections aiguës des vents.
.
En revanche, pour "Le Christ, ressuscité des morts, ne meurt plus ; la mort n'a plus sur lui d'empire" [3'07-8'54], l'exécution s'avère un peu plus lente que la moyenne,
offrant du champ à ces césures typiques de la « mélodie par manque » (où les cessations de sons dessinent le contour ; le compositeur précisa que dans cette pièce
les silences sont aussi importants que la musique).
La procession du deçî-tâla (5'21) se montre fort bien galbée par les percussionnistes allemands. Rappelons que ce rythme Simhavikrama est dédié à la déesse Shiva,
qui selon l'auteur représente « la mort de la mort », et qu'il symbolise donc ce triomphe de la résurrection évoqué par L'Épitre aux Romains de Saint-Paul.
.
"L'heure vient où les morts entendront la voix du Fils de Dieu..." [9'05-] s'annonce de coupe ternaire, présentée deux fois.
D'abord des vocalises contrastées imitent le chant de l'uirapuru, un oiseau amazonien dont les cris disjoints s'entendent, selon la légende de là-bas, au moment du trépas.
Seconde section, [9'30-10'11], les cloches égrènent un lent carillon, -Messiaen n'en a pas explicité la signification.
Puis troisième symbole : un choral de cuivres s'insère en un formidable crescendo frotté sur le disque de bronze des tam-tams, qui sature la perspective.
Entre 11'17-13'30, les trois sections sont répétées selon le même schéma.
.
"Ils ressusciteront, glorieux, avec un nom nouveau -dans le concert joyeux des étoiles et les acclamations des fils du ciel."
La plus longue des cinq parties exploite la même symbolique que le cycle pour orgue des Corps glorieux (1939).
Amorcée par quelques résonances indiscernables [13'40], qui reparaitront périodiquement dans ce morceau et incarnant pour l'auteur « l'appel de la Trinité,
le moment solennel de la Résurrection, et la mélodie lointaine des étoiles ».
Une sorte de gamelan s'invite [14'19] comme une proclamation liturgique de l'Introït de Pâques, festonné par une joyeuse fanfare des vents et trompettes
en guise d'Alléluia, véhiculant le « don de clarté » que le christianisme associe au corps ressuscité.
Soudain surgit le babillage d'une alouette calandre [15'07], choisie pour l'allégresse et l'agilité de son chant, encore deux qualités propres aux Corps glorieux.
Trois halos métalliques (dessinant une plongée vers le grave) viennent par trois fois [15'40-16'03, 16'37-17'00, puis 17'46-18'19] rappeler la présence trinitaire.
Dans l'arithmologie chrétienne, ce chiffre 9 manifeste la perfection, l'accomplissement de la volonté divine. On comprend alors combien cette ponctuation
des idiophones répond à une logique structurelle, mais aussi théologique.
Entre ces portiques, on réentend le gamelan pascal [16'04] et l'alouette [17'00].
Le cœur [18'19-19'36] de cette cinquième partie correspond à un climax de densité où Messiaen, virtuose des rythmes complexes, ose la superposition
du gamelan pascal, des trompettes alléluïatiques, de la métrique Simhavikrama et du liminaire choral des abysses.
L'orchestre berlinois restitue ce passage par une stratification idéalement intelligible, tant par sa netteté d'élocution que par la complémentarité
des grappes de couleur, des plus crues au plus souterraines.
A peine audible, le turbide remous des halos métalliques [19'40-20'32] semble inviter à la communion mystique.
Pétrifiante conclusion [20'33-21'32], dilatée en à-plats : crescendo d'accords en grand étagement, hurlé par les cuivres, éclaboussé par les chocs de métal.
.
"Et j'entendis la voix d'une foule immense..."
Même si Messiaen n'a pas détaillé ses intentions, le fonctionnement semble évident, usant d'un seul procédé [21'45-28'05] érigé en dogme rituel.
Inexorablement scandée par les gongs, une cohorte se mobilise, empilant des accords selon diverses configurations instrumentales, renouvelant sans cesse la couleur.
Et les souffleurs de Rickenbacher déploient ici une scénographie aux teintes vives, éblouissantes, parfois aigres, jusqu'à l'aveuglement.
Même si la didascalie prévoit une déambulation « très lente », le chef suisse choisit (comme dans la première partie) de ne pas laisser traîner et trace
un parcours parmi les plus mobiles de la discographie, conférant à cette conclusion une vocation hymnique, volontiers exaltée,
ce qui est une habile façon de combler en gloire cette attente de la Résurrection.

Debussy: Images oubliées/Vitaud

Benedictus a écrit:

Apparemment, à 13 ou 14 ans, je partageais les goûts du jeune Mélomaniac pour les disques Deutsche Grammophon à pochettes bigarrées - et j’étais déjà méchamment orienté symphonies postromantiques-décadentes.

Annaëlle, sors de ce corps!

Debussy: Ariettes oubliées/Droy, Vitaud

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