Mahler 3

Bamberg et Hrusa vendredi soir pour la 3° symphonie, c'était exceptionnel !

Je plussoie pour hier soir et Bamberg sur la Troisième. Etait-ce l’humeur du soir, la position parfaite pour ressentir chaque vibration de chaque instrument? Quoiqu’il en soit, une version exaltée et exaltante du chef tchèque!! L’orchestre, même si moins volupteux que Boston vu cette saison dans les mêmes pages, est composé de solistes fabuleux (le violon solo à la sonorité d’un autre monde, le cor de postillon joué en coulisses comme il se devait - beau à pleurer et ovationné après le concert, le hautbois, le cor solo, les timbaliers, la flute solo, et j’en passe). Un 1er mouvement démarré tambour battant, où un défilé protéiforme d'épisodes successifs envahit totalement le cerveau, ruptures, annonces grandioses, défilés de bêtes ou d’humains en tous genres; un 2e mouvement « massig » sans être lourd, prolongeant la beauté et la fascination du précédent, un Comodo où tous les animaux de la forêt, pour reprendre le programme initialement prévu par Mahler, apparaissaient littéralement sous nos yeux, joyeux, combatifs, inquiétants et au fond vivants; un « O Mensch » qui a le don de me mettre dans une transe totale mieux qu’une expo entière de Vasarely - ode magnifique à la nature humaine, un 5ème contrasté que j’ai enfin réussi à apprécier, ping pong magnifique entre les coeurs (enfants, femmes) et la chanteuse, sous les yeux bienveillants et souriants de l’orchestre, qui nous donnait un aperçu du paradis, et un 6ème mouvement parfait, tout en beauté des cordes et en intensité - et quelles timbales dans le final!! Un de mes 5 concerts préférés de tous les temps, sans hésitation! Et un triomphe fait par le public.

J'ai divisé, merci de créer un nouveau sujet quand vous parlez d'un autre concert.

Sergio, tu peux renommer le sujet à ta guise, je ne sais pas de quel concert tu parles, où et quand...

Manifestement tout le monde ne partage pas cet enthousiasme....

https://www.resmusica.com/2019/02/16/jakub-hrusa-et-les-bamberger-philharmoniker-decevants-dans-mahler-a-la-philharmonie-de-paris/

Ceci dit je n'y étais pas.

Belcore

Je me range derrière la critique : une lecture pas totalement flasque mais découpée, désossée et assez molle. Dans le troisième mouvement : pas de superpositions des lignes et les solos menés note à note. Le quatrième était juste statique. On n'est pas dans le Mahler vulgaire ni pompier, l'interprétation respire, d'accord, mais ça n'avance pas.

Je n'ai assisté qu'à deux autres 3e (Cleveland, et Gergiev avec le LSO). Pour Gergiev, c'etait une autre époque j'étais dans l'excitation de la découverte mais cela me paraît quand même plus réussi.

Trop de parcours avec cette musique depuis pour être vraiment satisfait de toute façon ! Pas évident de réussir tous les mouvements non plus.. à part Abbado et quelques autres.

Mes camarades croisés vendredi (après mon Galuppi) étaient unanimement extatiques. (Et ils sont pourtant exigeants.)

Mais c'est le cas après chaque Mahler de toute façon, personne n'est jamais d'accord, avec un spectre qui s'étend toujours de génial-historique à nul-honteux.

Oui effectivement ce concert divise - c'est la beauté de la subjectivité de l'appréciation en musique Mr Hutz cite par exemple Abbado, que je ne supporte pas cinq minutes dans Mahler

D'accord avec l'article sur le découpage en multiples épisodes solistes mais je trouve que sur le 1er mouvement cela fonctionnait très bien. Cela amplifiait l'effet voulu par le compositeur. Et j'aime mon dernier mouvement lent et émotionnel (une fois n'est pas coutume) et sur ce point nous étions servis. Je rejoins l'avis des camarades de David, extatique!

Nouveau sur ce forum,je me permets,d'intervenir au sujet de cette 3ème symphonie qui fut pour moi une grande soirée.
Il semble que les avis soient trés contrastés sur l'interprétation de de Jacub Hrusa.
Pour moi il a parfaitement assimilé les aspirations du compositeur pour cette œuvre gigantesque :construire un monde avec tous les moyens techniques existants
A notre époque nul doute qu'il aurait utilisé les instruments électroniques et le numérique.
La, pour cette symphonie, il s'en tient au cor de postillon,au choeur mixte à la mezzo soprano et au jeu de cloches,conjonction déjà déroutante pour l’époque .
C 'est la que je trouve le chef exceptionnel car il nous embarque dans cette aventure à la découverte de ce monde humain,végétal, animal  sans aucun complexe,puis élève le discours musical en terminant par une sorte d'hymne à l'amour éperdu.
Pour moi le chef construit son interprétation progressivement sur ces critères avec un premier mouvement qui s'anime progressivement au gré des reprises de plus en plus amples et variées ,sait introduire un zeste d'atmosphère "mitte europa"(dont l'orchestre tire ses racines) avec ces bois chaloupés et dissonants,cela peut paraitre décousu mais je pense que c'est dans l'esprit que voulait Mahler  loin de certaines interprétations lisses et aseptisées que l'on entend le plus souvent de nos jours.
je ne reviens pas sur l'analyse musical qui a été bien faite par Pohjola mais noter quelques détails:
L'excellent solo de trombone du premier mouvement ,solo "meurtrier" (souvent l'objet de nombreux couacs)
le cor de postillon admirable de legato (souvent c'est une trompette)dans le haut de la philharmonie avec une seul tout petit accrochage ce qui est remarquable vu la difficulté de la partition.
Le O'Mensch particulièrement sobre de Bernada Finks bien dans le tempo indiqué par Mahler:trés lent,misterioso,absolument ppp
le 5eme mouvement parfaitement mise en place ,gai et bondissant avec le carillonneur à coté des chanteurs.
Un 6ème mouvement pas trop lent ,calme et profondément senti, comme le voulait Mahler ,culminant par une coda thématique puissante.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas écouté une symphonie de Mahler jouée avec un tel engagement  une fougue et un expressionnisme exacerbé qui ,j'en convient ont pu choquer certains.
Mais quand on entend les enregistrements de Mengelberg et les rouleaux piano  de la 4ème et 5ème par le compositeur , le vrai Mahler n'est t'il pas la?

Je fais aussi partie de la #teamextatiques !
La plus merveilleuse 3e de Mahler entendue pour ma part à Paris (sur une petite dizaine). L'impression assez incroyable que Hrusa m'a emmené au cœur de la nature en éveil... Une note, une intention !! Et des sonorités à chaque fois différente du hautbois, de la flûte, du basson... La nostalgie du trombone solo (infaillible), la délicatesse et la poésie du cor de postillon (infaillible aussi)... Tellement plus émouvants que Boston, avec tellement de choses à dire en plus que Jordan/Opéra de Paris !
Complètement captivé du début à la fin, même si j'ai regretté un tout petit manque d'abandon dans le dernier mouvement (le seul mouvement à l'avantage de Jordan).

Seul bémol, le très anonyme O'Mensch de Fink (avec une première attaque bien en-dessous...).

Bref, on veut Hrusa à l'ONP !