Les début majestueux avec le chœur et l'orchestre n'y est pas pour rien. Le fameux Herr, unser Herrscher. Ici, la sobriété de l'interprétation frappe, la division en deux du chœur dilue un peu le son, qu'on entend moins dense qu'on pourrait l'aimer. L'orchestre quant à lui a des sonorités définitivement baroques, l'Insula orchestra jouant sur des instruments anciens, ce répertoire est parfaitement adapté à cette formation. Mais si on peut douter de la cohésion des chœurs dans le début, il ne tarde pas de nous convaincre dans divers épisodes très intenses comme par exemple dans le choral Ach grosser König. Mais surtout, dans le Ruth wohl déchirant, criant de vérité, avec un fabuleux équilibre et des nuances merveilleuses. Un grand moment d'émotion. Prolongé lors d'un final lumineux et angélique sur les paroles Ach Herr, lass dein lieb Engelein.
On ne perd jamais de vu le drame, grâce à l'engagement de l’Évangéliste mais aussi l'implication de Thomas Dolié en Jésus. L'ensemble des soliste s'avérant être très solide, l'intensité ne baissant jamais, malgré les petites pauses et les jeux de lumières, on reste littéralement captivé et pendu aux lèvres des chanteurs. Enfin, la direction de Laurence Equilbey s'avère sobre et précise de bout en bout. Un geste énergique ne montrant aucun signe de faiblesse au cours de près de deux heures de cette passion passionnante, où entre ombre et lumière, un véritable drame s'est joué autour de la crucifixion du Christ. Le moment des larmes avant celui de la résurrection du dimanche !