Bilan mitigé pour le concert du jeudi soir.
Un très beau Martyre dans l'ensemble, parfois sublime même (j'ai eu les larmes aux yeux au moment habituel, c'est-à-dire au début du II-3), malgré quelques petits moments de flottements tout de même, mais décidément, cette suite Abbado ne fonctionne pas vraiment et s'avère un vrai gâchis par rapport à l'ensemble de la partition.
Pourquoi couper 30% de ce chef d'œuvre qui certes a 2-3 moments un peu faibles, mais certains des plus sublimes passages sont également coupés!...
Je peux comprendre qu'on se passe des deux altos qui ne chantent que 2 minutes, mais voilà, l'absence de la scène des jumeux crée un problème: après le prélude, on entend immédiatement une reprise de ce qu'on vient d'entendre avec seulement un changement d'orchestration, alors que si la scène des jumeaux est intercalée comme elle doit l'être, cette reprise fait davantage sens.
On manque beaucoup de passages contemplatifs des III et IV, ainsi que des reprises importantes du thème de la Croix, notamment sa reprise en majeur au IV.
Hormis le passages des jumeaux avec les deux contraltos, aucune contrainte d'effectifs n'impose de couper tout cela…
Le V (certes pas le plus génial, mais Abbado aurait pu au moins en garder le prélude!) est complètement sabré et les deux dernières minutes qui en sont conservées arrivent comme un cheveu sur la soupe)
Bref, je trouve que cette version n'est pas équilibrée, et que la durée plus longue et les moments plus lents et contemplatifs de la version complète font partie intégrante de l'œuvre.
Du coup, c'est un crève-coeur parce qu'on aurait pris 3 fois plus de plaisir à la version intégrale.
Sinon, magnifique chœur de l'orchestre de Paris encore. (toutefois j'entends des voix parfois plus vibrées qu'avant, j'espère que ce n'est pas une vraie tendance)
J'ai regretté le début un peu rapide à mon goût, mais tout le reste était superbe hormis les petites approximations de mise en place.
Peut-être était-ce mieux fignolé vendredi.
Superbes solos de Fuchs et surtout Piau (et là pour le coup, on se demande pourquoi elles sont deux pour de si courtes interventions qui sont toutes dans la même tessiture), que j'entendais pour la première fois, la voix n'est pas très grande, mais remplit tout de même magnifiquement la salle.
Un peu mitigé aussi pour l'Oiseau de feu, assez réussi dans l'ensemble (et avec l'œuvre intégrale cette fois), mais quand même quelques moments où l'orchestre ne suivait pas complètement la virtuosité réclamée par l'œuvre et par Gergiev. (et aussi des cors souvent mous)
On sent qu'ils peuvent faire encore mieux, mais il est sûr que mon souvenir de l'Oiseau précédent de Gergiev à la Philharmonie à la LSO était difficile à égaler.
Niveau beauté sonore par contre le compte y était.
Beau concert, mais qui aurait pu être encore plus grand que cela.
J'en attendais peut-être trop...