Philharmonie - Biennale Quatuors à cordes - Janvier 2020

Encore une biennale très riche avec l'intégrale des quatuors de Beethoven et plein d'autres choses encore : des auditions, des masterclasses (Brendel et Arditti), du contemporain... et la fabrication d'un violoncelle par le CLAC.

https://philharmoniedeparis.fr/fr/programmation/les-week-ends-thematiques/biennale-de-quatuors-cordes-2020

Je vais voir les Jerusalem (Mozart 15, Chostakovitch 2, Beethoven 8 ), Casals (Haydn 33/5, Mozart 21, Beethoven 12), Castalian (Haydn 77/2, Beethoven 15) et Hagen (Beethoven 16, Bartok 3, Schumann avec Gerstein au piano).

Les auditions étaient tellement fabuleuses que je ne suis pas sûr d'être prêt à entendre les grands quatuors établis à aussi peu d'intervalle… (le niveau continue de monter au fil des ans… !)

Peut-être les Borodine, et quand même Ullmann 3 jeudi !

Une petite orgie de quatuors, c'est quand même sympa ; dommage que Gaveau ne fasse plus grand-chose, on pourrait y avoir du quator toutes les semaines, mais à défaut, je ne rate pas la biennale. Bref, Artemis, Goldmund (et CSO/Muti dans la foulée), Jérusalem, Casals, Castalian, Hagen. Si les programmes pouvaient être un peu plus originaux, ça ne serait pas mal.

Un retour rapide et très partiel de ce que j'ai entendu ce week-end (4 concerts dont 3 hier...)

Quatuor Jérusalem : 4 artistes alliant niveau individuel exceptionnel et forte personnalité. Isolément, ce concert aurait tout pour plaire mais dans l'émulation d'une biennale, la concurrence ne leur est pas spécialement favorable.

Casals : un tout autre style, plus informé (archets baroque ou "de transition", prise d'archet à la manière italienne, assez haut sur la baguette) et plus concertant mais aussi plus vivant que les Jérusalem.

Castalian : la bonne surprise du lot, ils n'ont même pas 10 ans de métier mais quel engagement, quel son dense, quel plaisir à jouer ensemble ! Et aussi une sacrée prise de risque que ce 15ème de Beethoven pour la violoniste Sini Simonen.

Hagen + Gerstein : ils approchent les 40 ans de carrière. C'est beaucoup plus hédoniste, très fondu, made in Vienna, beau comme un vernis de Strad, même si on souhaiterait qu'ils s'engagent autant dans Haydn et Beethoven que dans leur Schumann.

De mon côté j'ai donné priorité au petits jeunes : concerts des Dover et Goldmund, audition des Esmé, Rolston, Viano, Callisto, Arménien et Eliot. Plus le concert des Rolston au Louvre avec G. Hoffman et M. da Silva.

Les Dover, Rolston, Esmé, Goldmund et Eliot sont vraiment extraordinaires, chaque fois que j'entends de jeunes quatuors, j'ai l'impression qu'ils surpassent la génération précédente. Lectures exceptionnellement abouties de Haydn (Goldmund), Mozart (Dover), Beethoven (Rolston), Schubert (Esmé), Tchaïkovski (Rolston), avec aussi du Ullmann, Veress, Mirzoyan…

Si vous voulez des programmes originaux, il y aura proquartet en Seine-et-Marne en mai-juin (mais le programme ne paraît pas avant avril), avec de jeunes ensemble, moins renommés que ceux de la biennale, mais souvent d'une grande maturité, et dont on entend régulièrement parler par la suite.

Et dans de beaux lieux !

Plus difficile d'accès en transports (voire sans transports), niveau moins constamment superlatif que ce que j'ai entendu à l'ECMA (Académie Européenne) ou dans les auditions de la PP, mais effectivement très très bien, et programmes assez originaux en général (du bon contemporain, notamment).

Actéon a écrit:

Hagen + Gerstein : ils approchent les 40 ans de carrière. C'est beaucoup plus hédoniste, très fondu, made in Vienna, beau comme un vernis de Strad, même si on souhaiterait qu'ils s'engagent autant dans Haydn et Beethoven que dans leur Schumann.

Je ne m'attendais pas à ce son de la part des Hagen qui sont d'habitude plutôt droits, Vienna version Berg/Webern plutôt que version Wiener Philharmoniker . Je me demandais si la disposition latérale de la salle n'est pas en cause. Par ailleurs, comparé aux Belcea entendus le matin même au TCE, le niveau sonore était particulièrement bas.

L'acoustique au parterre de la salle de la Cité de la Musique est problématique pour la musique de chambre. Il suffit que l'on soit un peu sur le côté (même dans les premiers rangs) pour qu'on se retrouve avec un musicien de dos ou de trois quarts, ou pire, qui en cache un autre. Un violon (ou un alto, ou un violoncelle) projette vraiment le son dans une direction privilégiée. Pour les Jerusalem, j'avais l'altiste de face (et le premier violon de trois quarts arrière qui m'empêchait quasiment d'entendre le second violon), et pour les Casals c'était le contraire. L'expérience est complètement différente. A l'amphithéâtre c'est beaucoup plus homogène.

HS : Vive la Salle Cortot.

En deux mots, très belles découvertes avec les Goldmund (op. 76/5 de Haydn vivant et équilibré, 6 de Mendelssohn totalement échevelé) et les Castalian (op. 77/2 de Haydn et op. 132 de Beethoven d'un engagement phénoménal, et quel son !), Artemis dans leur 489e formation inégaux (j'ai bien aimé l'op. 20/2 de Haydn, moins l'op. 130/133 de Beethoven, assez fade), Jérusalem un peu barbants dans le K 421, mais très convaincants dans le 2e de Chosta et le 8e de Beethoven, maîtrisés et intenses mais sans esbroufe, les Casals très fins et équilibrés, avec un reste d'acidité dans le son qui me gêne un peu (mais par rapport à leurs débuts, où ils étaient insupportables d'aigreur et d'agressivité, c'est vraiment bien mieux), Hagen tournant un peu à vide dans Beethoven 16 et Bartok 3, plus engagés avec Gerstein dans le quintette de Schumann.

Pour ce qu'on m'en a dit, je rajoute Danel moyens, Shangaï pas au niveau et sans intérêt et Modigliani se roulant dans le beau son et ennuyeux à périr (quatre fois Philippe Jordan, m'a-t-on dit avec une pointe de méchanceté).