Marc-Antoine Charpentier : In te Domine speravi ; Dominus illuminatio mea ; Conserva me Domine
André Campra ; Requiem
Les Arts florissants
William Christie, dir.
Quelques mots sur un très beau concert que je n'avais pas eu le temps d'évoquer encore.
Les trois courts (12 min.) motets de Charpentier ont été écrits pour la Semaine sainte. J'y ressens une certaine austérité, contrairement à la suite du programme.
Ils sont écrits tous trois dans le même style, et se ressemblent pas mal, mais on ne s'ennuie pas une seconde.
Le Requiem de Campra est beaucoup plus varié dans son écriture, passant de passages typiques de la musique religieuse à d'autres, avec force vocalises, qui ne dépareraient pas dans une oeuvre lyrique, et on se rappelle alors que Campra était un compositeur d'opéras,
Williams Christie est idéal dans cette musique, et à chaque concert où je l'entends interpréter des grands motets français (c'est le deuxième), je regrette
qu'il n'en joue pas plus souvent. Il y en a des centaines qui dorment dans les bibliothèques.
Il y met beaucoup de séduction, avec une douceur, une sensualité (il emploie le mot dans son livre d'entretiens "Cultiver l'émotion", qui vient de paraître), des accélérations subites dans les passages rapides, une clarté de la polyphonie, tout cela est pour moi irrésistible.
J'ai juste cru entendre étonnamment quelques petits accrocs chez les solistes.
Comme j'aime bien râler, une remarque me vient à l'esprit : ce Requiem a beau être un chef d'oeuvre, pourquoi joue t'on toujours cette oeuvre, alors que Campra a écrit une cinquantaine de grands motets.
On peut imaginer que ce n'est pas le seul chef d'oeuvre,
Alors on les espère un jour !
(Et il y a de Lalande aussi, mais lui n'a pas eu assez de flair pour écrire un Requiem !)