Musiques des Balkans (Serbie, Croatie, Bulgarie, Grèce etc.)

Hello,

Suite à quelques découvertes, je propose d’ouvrir ce fil dédié à la musique des Balkans !

D’une manière générale, la musique des Balkans (région montagneuse du sud-est de l’Europe) me semble posséder un charme et une saveur particuliers. Elle passe très facilement de la nostalgie à une fièvre endiablée voire carrément frénétique.

Le compositeur le plus connu que l’on pourrait rattacher à la musique des Balkans est Bartók avec ses Danses populaires roumaines.

Cependant, mon ambition dans ce fil est qu’on discute de compositeurs plus obscurs (les mauvaises langues diront anecdotiques) dépourvus de sujets propres.

Je commence de ce pas avec Marko Tajčević, compositeur serbe né en 1900 et mort en 1984. Le premier fait d’arme de Tajčević fut une série de concert donnée dans les années 20 et promouvant la musique populaire serbe. Il avait à cette occasion écrit plusieurs pièces, pour voix et piano. L’œuvre de Tajčević est relativement restreinte et fait la part belle aux miniatures.

L’œuvre que j’ai le plus écoutée jusqu’à présent est une suite intitulée Sept danses des Balkans. La version originale pour piano a été enregistrée par Mirjana Rajić pour Genuin. Il s’agit d’une très belle interprétation. L’œuvre en elle-même rappelle les Danses populaires de Bartók : pleine de mélodies très chantantes, elle comporte aussi des rythmes épicés. Il existe une transcription pour orchestre, à moins sens un peu moins bonne que l’original pour piano.

Chez les Croates, j'aime beaucoup Adel i Mara de Hatze, un opéra postromantique du XXe dont le langage est plus riche et étonnant que Gotovac (dont Ero le Plaisantin reste tout de même une très belle œuvre).

pour moi :

Croatie : Dubravko Detoni, Milko Kelemen
Bulgarie : Vassil Kazandjiev
Grèce : Jani Christou
(France : Ivo Malec, Vinko Globokar, André Boucourechliev, Iannis Xenakis)

et chez les plus jeunes, Milica Djordjević et Marko Nikodijević (Serbie).

A l'occasion de la publication par Naxos d'un disque consacré aux œuvres orchestrales de Pancho Vladigerov, je continue mon exploration de la musique des Balkans par un petit tour en Bulgarie.



Vladigerov est considéré comme le plus grand compositeur de ce petit pays d'Europe de l'Est. Né en 1899 et mort en 1978, il a largement contribué à faire connaître sa patrie à l'étranger.

Les Sept danses symphoniques bulgares op.23 constituent une vaste séquence d'une quarantaine de minutes. Il s’agit d’un beau travail très séduisant tant dans les mélodies que dans l'orchestration. Cela fait largement penser au Dvorak des Danses slaves, même si le côté « épicé » et capiteux de l’orchestre évoque bel et bien les bords de la Mer Noire. Par ailleurs, certaines couleurs orchestrales particulièrement chatoyantes semblent héritées de Rimski-Korsakov. Bref, de la bonne musique post-romantique susceptible de plaire au plus grand nombre (et notamment à David, si je ne me trompe pas).

La Rhapsodie Vardar qui suit les danses symphoniques est censée être un tube en Bulgarie. Malheureusement, j’avoue que je ne comprends pas trop pourquoi. Ses thèmes ne m’ont paru ni séduisants ni mémorables. Ce n’est pas désagréable à écouter mais ça ne fait que passer.

La Suite bulgare op.21 est d’une toute autre trempe. Sa marche introductive au ton solennel introduit un Chant à l’atmosphère poétique. Là encore, on pense à Rimski-Korsakov, notamment à celui de Shéhérazade (le solo de violon qui joue une mélodie alambiquée et langoureuse sur un lit d’harmonies orientalisantes). Le morceau suivant est une Chorovodna, qui vu son énergie rythmique est sans doute une danse. La Ratchenitza finale est dans la même veine avec une orchestration plus lourde en cuivres. Le refrain est répété plusieurs fois jusqu’à l’ivresse et procure une conclusion exaltante à cette Suite bulgare, à mon sens la meilleure œuvre du disque.

J’espère vous avoir donné envie d’essayer un peu de Vladigerov. C’est de la musique très bien faite, allez-y sans hésiter.

Tu as bien raison d'en parler !

Il y a des merveilles dans le cycle proposé ces derniers mois par Capriccio (mélodies orchestrales, concertos, pièces symphoniques), j'ai vraiment beaucoup aimé, le langage n'excède pas forcément un postromantisme XXe bon teint, mais l'inspiration, elle, est tout sauf épigonale !