Programme :
Ravel : La Valse
Gershwin : Concerto en fa
Bartók : Concerto pour orchestre
Distribution :
Orchestre de Paris
Manfred Honeck, direction
Igor Levit, piano
Après un excellent concert à RF, j'avais hâte de retrouver ce chef. Concert initialement réservé pour la Valse, que je porte au pinacle de mon répertoire favori, et le concerto de Gershwin, qui n'est pas si souvent joué (bien qu'il y en ait eu deux programmés cette saison à la PP, si j'ai bien compté) ni si souvent entendu (une fois à Pleyel : OP/Chailly/Bollani, assez mémorable). Le concerto de Bartok m'est beaucoup moins familier, et je l'accueillais avec une bienveillante curiosité. Comme souvent cette saison, c'est le répertoire que je ne maîtrise pas qui m'a le plus convaincu.
Ravel : il n'est pas rare que ce morceau soit joué en ouverture de concert. Le début silencieux s'y prête mal, le silence peinant à s'imposer dans la salle en début de séance. Ainsi, les premières notes du crescendo ont été mangées par les retardataires finissant de s'asseoir. Lecture assez originale du chef, accélérant par moments, ralentissant fortement à d'autres. Ambiance orgue de barbarie sur quelques mesures, qui m'a surpris. Modulations aux percussions intéressantes. C'était plus qu'une version parmi d'autres.
Gershwin : assez déçu dans l'ensemble. Bien sûr, c'est un très beau concerto, plein de mélodies, avec une construction passionnante. J'ai trouvé le son du piano métallique (je me demande si c'est le piano, le pianiste ou ma place... vendredi, c'était très certainement le même Steinway, j'ai entendu un son rond et chaleureux, un peu à la Yamaha, mais j'étais de l'autre côté du premier balcon...), ce qui se prêtait mal à cette partition où j'aimerais presque entendre un piano de saloon ! Interprétation au piano pas franchement passionnante, et accompagnement idem. Je me demande si cette pièce est bien orchestrée (par Gershwin lui-même), car la version pour deux pianos me paraît bien plus convaincante (au disque comme au concert) : l'orchestration ne fait pas la part belle au piano, et on a très fréquemment des forte au piano et à l'orchestre.
Moment gâché par mon voisin de droite qui a eu le hoquet pendant toute la pièce (ce qui ne le gênait pas du tout visiblement). Je me suis replacé à l’entracte, alors que j’avais une place merveilleuse.
Rappel : Gershwin, ‘S Wonderful.
Bartok : magnifique pièce, qui se révèle à l’écoute au concert. Chaque pupitre a son moment, d’où le nom du morceau. C’est un régal à voir : ils sont beaux dans leurs nouveaux uniformes, ils sourient de jouer ensemble. C'est passionnant à suivre, le morceau est monumental, bien qu'il commence, comme La Valse, par un silence. C'est tour à tour mystérieux, chatoyant, mélodieux, dysharmonique, ironique, grinçant, sensuel... Il y a de tout dans ce morceau ! Hautbois sublimes, clarinettes et flûtes incroyables. Chef sachant ménager ses effets. C’était le meilleur moment de la soirée !