Philharmonie - Wagner, Ravel, Bartok - Canellakis 4-5/09/19

Mercredi 4 et jeudi 5 septembre, 20h30

Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie de Paris

Richard Wagner
Prélude de Lohengrin
Wesendonck Lieder

Maurice Ravel
Daphnis et Chloé (Suite n° 2)

Béla Bartók
Concerto pour orchestre

Orchestre de Paris
Choeur de l'Orchestre de Paris
Karina Canellakis, direction
Dorothea Röschmann, soprano
Lionel Sow, chef de chœur

Concert de rentrée diffusé sur internet et sur Mezzo.
Programme peu original mais alléchant pour moi, et la 2è suite de Daphnis avec chœur, ce n'est finalement pas si fréquent! (à ma connaissance, la dernière fois, c'était lors du concert d'ouverture de la salle il y a 4 ans et demi, et c'est un grand souvenir! Entre temps Roth a fait le ballet intégral mais sans chœur)

J'imagine qu'il s'agit d'une postulante à la succession de Harding à la tête de l'O P : Laurent Bayle avait indiqué que certains concerts serviraient à jauger les impétrants tant dans leurs qualités proprement artistiques, mais aussi dans leurs relations avec l'orchestre.
A propos de Harding, j'ai lu qu'il mettait provisoirement entre parenthèse sa carrière de chef pour se consacrer à son autre passion : l'aviation !

Belcore

Oui, comme tous ceux qui ont deux concerts cette saison, elle est pressentie. Elle avait fait forte impression la saison dernière (Danses Symphoniques de Rachma). Elle est l'assistance de van Zweden à Dallas (ça va se terminer) et vient de prendre la direction du Philharmonique de la Radio des Pays-Bas (pas le grand orchestre de radio, celui qui est se partage entre Hilversum & Amsterdam, mais qui a déjà une très belle discographie, notamment avec son ancien chef… Zweden).

Harding, oui, va passer l'an prochain comme pilote chez Air France. Il n'avait pas besoin d'inventer ces histoires de ne pas vouloir « changer l'identité de l'orchestre », il avait une excuse toute trouvée.

Xavier a écrit:

Programme peu original mais alléchant pour moi, et la 2è suite de Daphnis avec chœur, ce n'est finalement pas si fréquent! (à ma connaissance, la dernière fois, c'était lors du concert d'ouverture de la salle il y a 4 ans et demi, et c'est un grand souvenir! Entre temps Roth a fait le ballet intégral mais sans chœur)

Pareil, programme très très tradi (comme beaucoup de cette saison de l'OP sans directeur musical…), mais ça me tente assez avec cette cheffe que j'avais beaucoup aimée l'an passé, et Röschmann.

Et puis ce n'est pas comme si les deux première semaines de septembre étaient ensevelies sous la concurrence… En décembre, je ne noterais même pas ce genre de programme, je crois.

Oui c'est aussi l'occasion d'entendre Röschmann, jamais entendue en salle pour ma part.

Xavier a écrit:

Oui c'est aussi l'occasion d'entendre Röschmann, jamais entendue en salle pour ma part.

Moi déjà deux fois (Liederkreise de Schumann en 2010, Mahler 2 avec Franck en 2017), la voix a vraiment de la majesté en salle, assez élancée sans être frêle, de la chair sans être épaisse (dans Mahler 2, très à rebours ce que qu'on entend ordinairement).

Les Wesendonck, si ce n'est pas trop grave, devraient très bien convenir à l'état actuel de sa voix.

J'y étais hier mercredi.

Pour l'anecdote, quelques menus changements en cette rentrée: le panneau lumineux devant le bâtiment, de meilleure qualité, les ouvreurs qui ont été bien renouvelés j'ai l'impression, le format des programmes aussi…

Concert avec Roland Daugareil en 1er violon solo.

Bizarrement, j'ai un peu baillé pendant toute la partie Wagner, mais j'étais juste un peu fatigué, sinon je n'ai pas tellement de reproches à faire: le prélude de Lohengrin était très bien conduit, très beau, les Wesendonck aussi, même si les deux premiers étaient peut-être un peu lents, enfin ça ne m'a pas trop gêné, car c'était bien fait et très beau.
Mais autant c'était plutôt lisse dans l'orchestre (on a quand même pu goûter à un court solo du magnifique violoncelle d'Eric Picard dans le 2è lied), autant le chant de Röschmann pouvait parfois surprendre par la couleur des voyelles, et c'était toujours plein de relief.

Le concert a vraiment décollé à partir de Daphnis (2è suite avec chœur) qui a été exceptionnel et m'a mis les larmes aux yeux deux fois tellement j'étais inondé de beauté.
A part un mini-souci dans un enchaînement des deux flûtes, ça a été d'une précision, d'une virtuosité remarquables en plus d'être somptueux d'un bout à l'autre, autant à l'orchestre qu'au chœur. (et un équilibre parfait entre les deux)

Le concerto pour orchestre de Bartok a été de la même eau, très inspiré, avec un orchestre de Paris qui s'est vraiment surpassé je trouve.
Le final était pris à une vitesse raisonnable mais avec une énergie et un engagement très importants.
En tout cas je ne saurais dire quel concerto pour orchestre était meilleur entre celui-ci et celui de l'orchestre de Budapest en mars dernier.

Je me suis rendu compte à quel point cette salle m'avait manqué pendant deux mois.
Un grand concert de l'orchestre de Paris, et un beau succès pour Karina Canellakis, qui a vraiment su faire quelque chose de remarquable avec l'orchestre pour ce programme.
Public beaucoup plus attentif que d'habitude, très peu de toux, grand silence à la fin des Wesendonck notamment, pas d'applaudissements entre les mouvements.

Vidéo ici: https://www.arte.tv/fr/videos/091879-000-A/concert-de-rentree-l-orchestre-de-paris-interprete-wagner-ravel-et-bartok/

Tiens, je n'ai pas du tout perçu ça (ni les camarades du jeudi, dont beaucoup ont même quitté la salle avant le Bartók ).

J'ai été frappé par l'impression que chacun jouait pour soi, en fait – avec pour résultat, en ajoutant le fait qu'on est forcément rouillé après deux mois à ne pas jouer ensemble, un manque de fondu, voire une certaine mollesse.

J'étais content d'entendre les œuvres (premiers Wesendonck je crois, premier Prélude de Lohengrin en concert, première Suite 2 de Daphnis, premier Concerto pour orchestre…), ce n'était pas indigne, mais il restait la frustration qu'ils soient en deçà de ce qu'ils font en milieu de saison. (J'ai en revanche adoré Röschmann et Picard, en effet.)

Ah oui, c'est surprenant en effet, considérant qu'il est très improbable que la 2è ait été très inférieure à la 1ère… pour moi c'était vraiment génial, surtout à partir de Ravel. (tout le contraire de la mollesse!)

J'étais le plus enthousiaste de ceux à qui j'ai parlé, je crois (une dizaine). Mais il y avait quand même des choses pas terribles (le timbre des violons au début de Lohengrin, on sentait que certains avaient perdu de la corne pendant un été tranquillou ).

C'était pas indigne comme lorsque l'Orchestre de l'Opéra joue carrément pas en rythme, mais quand même en deçà de ce qu'ils produisent d'ordinaire, d'autant qu'avec Canellakis, ils avaient produit un très très beau concert la dernière fois.

Je trouve ça très sévère, vu comment j'ai été soulevé pendant Ravel et Bartok…
Ca m'intéresserait quand même si tu pouvais jeter un œil/une oreille à la vidéo de mercredi pour voir si tu trouves ça différent ou pas de ce que tu as entendu hier. (mais bon, vu que déjà moi qui y étais, je trouve qu'il n'y a pas un grand rapport entre cette vidéo et ce que j'ai entendu et ressenti mercredi soir, notamment pour Daphnis…)

Je doute que ce soit très différent. Ce n'est pas mon répertoire de prédilection (j'y allais justement pour ça, pour entendre ces choses en salle que je ne vais pas souvent entendre, tandis que l'offre n'est pas encore pléthorique), donc si l'orchestre ne fait pas le petit effort d'aller me chercher, je suis sans doute moins aisément soulevé que toi qui les adores ?

Dans le Prélude de Lohengrin, par exemple, on entendait dans les aigus que certains violonistes avaient perdu de la corne aux doigts pendant l'été (ça crincrinait de façon bien aigre chez certains), ou encore l'absence de crescendo avant le climax… J'ai été très touché parce que, pour le coup, j'aime l'œuvre et que je ne l'avais jamais entendue en condition du concert (en fosse, c'est pas pareil), mais en termes de réalisation, ça ne m'a pas paru dingue.

DavidLeMarrec a écrit:

Je doute que ce soit très différent. Ce n'est pas mon répertoire de prédilection (j'y allais justement pour ça, pour entendre ces choses en salle que je ne vais pas souvent entendre, tandis que l'offre n'est pas encore pléthorique), donc si l'orchestre ne fait pas le petit effort d'aller me chercher, je suis sans doute moins aisément soulevé que toi qui les adores ?

Ca peut être l'inverse aussi, on peut être plus sévère dans les œuvres qu'on aime…
Qu'est-ce qui ne t'a pas plu dans Daphnis?

Daphnis est là où ça m'a le moins gêné : je reste très contemplatif devant cette œuvre. Seulement deux petites réserves, le peu de fondu (l'impression que chacun joue sa partie sans chercher trop à se conformer aux équilibres globaux) et l'opacité du tutti final (c'est toujours comme ça lorsqu'ils reviennent de vacances). Rien de bien dramatique en l'occurrence. (Les Wesendonck, eux, étaient carrément mous, mais il faut dire que l'orchestration n'en est pas très passionnante.)

Pour les Wesendonck, je suis presque d'accord: j'ai pensé que c'était dû à la direction un peu lente de Canellakis, mais c'est vrai que je n'ai pas été pris d'emblée. (j'ai même trouvé que ça gênait un peu Röschmann)

Petite déception que ce concert après un premier passage très réussi de Canellakis il y a un an. Tout bien joué mais dans une lecture assez droite et impersonelle, sans grands contastes. Des vents brillants mais qui jouent un peu chacun pour soi. Les qualités perçues lors du premier programme, geste souple et battue claire, sont toujours là mais on a l’impression que Canellakis ne s’adresse pas assez aux pupitres individuellement.

J'ai quand même trouvé Röschmann magnifique.

Concert qui a fait l’objet de nombreuses critiques :

https://www.la-croix.com/Culture/Musique/Lorchestre-Paris-quete-chef-succeder-Daniel-Harding-2019-09-05-1201045473
https://www.resmusica.com/2019/09/07/karina-canellakis-ouvre-la-saison-a-la-philharmonie-de-paris/
https://bachtrack.com/fr_FR/critique-wagner-ravel-bartok-roschmann-canellakis-orchestre-de-paris-philharmonie-paris-septembre-2019
https://www.francemusique.fr/emissions/la-chronique-de-guillaume-tion/la-rentree-de-l-orchestre-de-paris-76065

(ce qui me fait penser qu’il n’y a eu, sauf erreur, aucune recension de l’excellent dernier concert de Daniel Harding)

Petit passage en revue des troupes de l’orchestre en ce début de saison, programme en main : débuts du nouveau jeune trompettiste solo ; nouvelle bassoniste, ex-élève de Mandolesi qu’on pouvait voir la guider à certains moments des Wesendonck-Lieder ; nouvelle contrebassiste alors qu’un musicien du rang a été « promu » contrebasse solo ; plus de premier chef d’attaque pour les seconds violons (l’un était déjà parti l’année dernière) : il va y avoir deux postes importants à pourvoir.

L’orchestre ouvre par ailleurs le concours de hautbois solo : Michel Bénet prend sa retraite ?