Programme :
Giuseppe Verdi : Requiem
Distribution :
Orchestre National du Capitole de Toulouse
Chœur Orfeón Donostiarra
Jukka-Pekka Saraste, direction
José Antonio Sáinz Alfaro, chef de chœur
Susanne Bernhard, soprano
Aude Extremo, mezzo-soprano
Airam Hernández, ténor
Adam Palka, basse
Pendant que vous étiez tous au TCE, j'étais à la PP pour un deuxième Requiem de Verdi, le second de la saison (après la découverte au TCE avec Gatti). J'ai hésité à vous suivre, mais mon attachement à l'Orchestre de Toulouse a été le plus fort. Je restais sceptique sur le remplacement de Tugan Sokhiev, pour toutes les raisons que l'on sait, autour de la guerre en Ukraine, mais aussi par le choix de Saraste, ayant un vieux souvenir de ce chef (impossible de me rappeler du programme) que j'avais catalogué comme un peu terne. Membre du gang des Finlandais qui travaille patiemment à diriger tous les orchestres du monde...
Chœur et trompettistes dans les couloirs du 4ème étage juste avant d'entrer en scène. L'ambiance n'est pas à la rigolade, concentration extrême, trac assez palpable chez certains, ce qui m'a étonné, considérant le niveau.
Salle pleine, vraiment très très peu de places libres éparpillées ici ou là. Replacement d'autant plus technique, mais réussi, malgré les ouvreuses amorphes et incapables de dire oui ou non. Public très enthousiaste et relativement calme. Voisin de replacement qui se prenait pour un chef, essayant de faire croire à sa compagne qu'il connaissait l’œuvre sur le bout des doigts.
Introduction jouée vraiment très très très lentement... J'ai eu peur que ce tempo soit conservé toute l’œuvre (souvenir du Stabat Mater de Dvorak délibérément outrageusement étiré par Eschenbach au TCE en mars). Heureusement, ce n'était que pour travailler les contrastes avec les défoulements sonores qui suivent (technique que Sokhiev n'aurait pas reniée d'ailleurs).
La suite du Requiem m'a profondément bouleversé. Pas une seconde d'ennui : l'interprétation a duré environ 1h15, effet ressenti 5 minutes. Là où Gatti ne m'avait convaincu que sur les thèmes forte et avait travaillé la densité du son dans un tempo plutôt lent, ouvrant la place à de longues plages d'ennui, Saraste a réussi à mener l'ouvrage à un tempo moyen/rapide, travaillant sur l'ensemble de l’œuvre, de sorte qu'aucun mouvement n'était négligé. Le thème aux cuivres et percussions m'a tiré des larmes frénétiques, le thème le plus célèbre au chœur et orchestre m'a tiré des frissons d'anthologie dans tout le corps (un niveau d'émotion qui ne fait appel à aucune culture, juste viscéral, irrépressible, instinctif, peut-être animal, ou qui fait appel à des souvenirs profonds).
Chanteurs exceptionnels : encore une fois, en comparant avec ma seule autre expérience, les chanteurs du TCE n'était pas d'un niveau égal. Hier soir : mezzo incroyable (puissance inouïe, capacité à couvrir l'orchestre, jeu impérial, fort charisme), soprano touchante (physiquement un peu en retrait par rapport à la mezzo, au point de se demander s'il n'y aurait pas quelques tensions entre les deux, à la voix un peu fragile en début de soirée, mais avec des aigus incroyablement cristallins, et une fragilité finalement touchante, qui a bien servi le dernier mouvement du Requiem, où elle fut bouleversante), ténor efficace et charismatique (loin du style plus bel-canto du TCE) et basse à la voix d'un autre monde, génialement puissante.
Chef sur l'économie de moyens, mais extrêmement précis. Tempo intelligemment choisi, vision intéressante de l’œuvre, il avait des choses à dire et il a su les transmettre. Je révise mon opinion sur ce chef !
Orchestre absolument impeccable. Comme d'habitude, je ne sais dire si ce sont mes origines qui parlent, ou si c'est réellement le cas, mais j'ai le sentiment qu'ils ont encore élevé le niveau. Ils n'avaient rien à envier à Leipzig entendu les deux soirs précédents par exemple.
Chœur qui écrit son histoire parisienne conjointement avec l'ONCT, efficaces et attachants.
Concert enregistré et filmé : ça le méritait !