TCE - Gatti/ONF - Requiem Verdi - 3 & 5/02/2022

En espérant que le programme ne soit pas modifié ! Deux représentations du Requiem de Verdi sont prévues cette semaine au TCE.

GIUSEPPE VERDI
Messa da Requiem

ELEONORA BURATTO soprano
MARIE-NICOLE LEMIEUX contralto
MICHAEL SPYRES ténor
RICCARDO ZANELLATO basse

CHŒUR DE RADIO FRANCE
ALESSANDRO DI STEFANO chef de chœur
CHŒUR DE L'ARMÉE FRANÇAISE
AURORE TILLAC direction
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
DANIELE GATTI direction

J'y serai demain, en espérant que le programme ne change pas....

Il paraît qu'ils vont mettre le Requiem de Ligeti à la place.

Patzak a écrit:

J'y serai demain, en espérant que le programme ne change pas....

La séance d'hier soir s'est déroulée comme prévu. L'acoustique du TCE n'est pas généreuse pour cette oeuvre. Elle sied mieux à la philharmonie. La quatuor vocal était cependant excellent. Mais je pense que ce que j'ai entendu avec Noseda et l'orchestre de Paris en 2016 demeurera ma madeleine de Proust pour le Requiem de Verdi.

andika a écrit:

Mais je pense que ce que j'ai entendu avec Noseda et l'orchestre de Paris en 2016 demeurera ma madeleine de Proust pour le Requiem de Verdi.

Il faut dire que c'était assez fou comme interprétation! Pas forcément parfait, mais immense.

Xavier a écrit:

Il paraît qu'ils vont mettre le Requiem de Ligeti à la place.

Moi je trouve l'acoustique très bien. (Mais pas eu le courage de me battre avec les replaceurs glottophiles, et autrement c'était complet.)

Ambiance très très grosse soirée, hier au TCE ! Rarement vu cette salle aussi comble, tout semblait complet, avec même des spectateurs debout dans les accès latéraux ou assis sur les marches de côté, toutes les loges pleines... Public particulièrement calme, à part le portable de ma voisine qui n'a cessé de vibrer au fond de son sac, mais ce n'était pas vraiment gênant.

Concert réservé dans le cadre de mon "marathon Requiem" de cette saison (Brahms, Campra, Saint-Saëns, Ropartz ?, Fauré, Dvorak, Mozart, Verdi encore en juin à la PP, et j'en oublie déjà sûrement). Marathon qui a déjà du plomb dans l'aile en raison des diverses annulations. Comme vous, j'étais persuadé que ce serait annulé, mais fort heureusement non !

Chœur chantant masqué. Est-ce pour atteindre l'effectif nécessaire que le chœur de RF était renforcé par le chœur de l'Armée française ? Ou ce croisement d'effectifs permettait-il justement d'éviter les annulations ? D'ailleurs, ne serait-ce pas une solution pour les autres concerts ?

A part l'air très célèbre du Dies irae, je connaissais mal ce Requiem. Hier soir, j'en ai pris plein les oreilles !

Début à peine perceptible à l'orchestre. Impression que Gatti fuyait les moments trop sonores et s'attardait sur les passages pianissimo. Interprétation qui m'a semblé disséquée, tempo lent (concert ayant duré environ 1h40, contre 1h20 environ sur la plupart des versions sur YouTube) et très lisible : on entendait véritablement tout, chaque pupitre étant audible dans cet immense ensemble. Acoustique parfaite au TCE, aucune saturation ce qui paraît incroyable vu l'effectif sur scène (j'étais au premier balcon latéral).

J'ai adoré certains passages, jusqu'aux frissons, jusqu'à la vibration profonde du corps, jusqu'aux larmes. Le passage où les trompettes jouent depuis la salle m'a complétement retourné. Je crois qu'on court tous après ça dans nos différents concerts, et c'est en tous cas mon but ultime. Une spectatrice dans les escaliers disaient que c'était certes "une messe des morts, mais plutôt un hymne à la vie".

Pour être parfaitement exhaustif, il y a aussi plusieurs longueurs que je n'ai pas appréciées. L’œuvre est aussi physique pour le spectateur, et mes oreilles et moi étions vraiment fatigués à la fin.

Quatuor de chanteurs intéressant : très heureux de voir Marie-Nicole Lemieux apparaître sur scène (je n'avais pas bien regardé le programme...), les chanteuses m'ont fait meilleure impression que les chanteurs. Le ténor semblait mal en point (à mon goût, il a parfaitement chanté, même si Gatti l'a plusieurs fois pointé du doigt pour qu'il augmente le volume), vu de ma place, je le sentais fiévreux (teint rouge, front luisant, œil humide, et sensation de gêne permanente) ; la basse avait plus de mal à projeter le son, plus difficilement audible. Lemieux, dans un genre de peignoir noir pailleté, visage fermé de bout en bout, mais toujours avec sa prestance impériale (souvenir d'une Dalila magnifique dans cette même salle), et soprano impressionnante, couvrant l'orchestre et le chœur avec une grande facilité apparente.

Impatient d'entendre la version de l'ONCT et de Sokhiev en juin !

Je crois me souvenir que le choeur de l'armée française fait deux apparitions par an en dehors des éternelles commémorations et fête nationale qui sont son ordinaire. En général l'une de ces apparitions est au TCE, l'autre est à la PP si je ne m'abuse ; la portion est très congrue contrairement au choeur Alexandrov (les fameux choeurs de l'armée rouge) qui, en temps normal, va régulièrement à l'étranger.

luisa miller a écrit:

Je crois me souvenir que le choeur de l'armée française fait deux apparitions par an en dehors des éternelles commémorations et fête nationale qui sont son ordinaire.

Il semblerait que ce ne soit plus le cas:
https://orchestrechoeur.garderepublicaine.fr/agenda/?formation=6
(Pour 2022, outre deux soirées au TCE et un concert aux Invalides: Mulhouse, Le Croisic, Bayonne, Versailles.)

Ah ? ça serait une bonne nouvelle ça . Le "chef" des armées s'est réveillé et autorise les choeurs de l'armée française à sortir de leur "zone de confort" ?

Je ne crois pas que ces décisions remontent si haut.

Oui, il me semble qu'ils contribuent souvent, notamment aux Invalides… mais il y a tellement de subdivisions dans ces orchestres militaires que j'ai toujours peur de parler du mauvais orchestre.

DavidLeMarrec a écrit:

Je ne crois pas que ces décisions remontent si haut.

Oui, il me semble qu'ils contribuent souvent, notamment aux Invalides… mais il y a tellement de subdivisions dans ces orchestres militaires que j'ai toujours peur de parler du mauvais orchestre.

D'où l'utilisation de . Cela étant dit, ça n'empêche pas que leur visibilité reste quand même très faible par rapport aux choeurs de l'armée rouge et qu'il est compliqué de se faire une idée de ce qu'est le choeur de l'armée française en dehors des sempiternelles comémorations qui sont quand même leur lot principal dans ce pays.

Tout à fait. Mais le rôle d'un chœur d'armée est-il de servir d'ambassadeur à une démocratie ?

(Par ailleurs, leur culture du gros son mâle n'est pas forcément très exportable… ce n'est vraiment pas comparable au style très artistique de l'Armée Rouge.)

Euh... La dernière fois que j'ai entendu le Chœur de l'Armée française, c'était dans... LUZIFERs ABSCHIED, le quatrième acte de SAMSTAG aus LICHT de Stockhausen - où en plus de chanter du Stockhausen (donc aussi bien du Sprechgesang que du chant diphonique ou de la polyphonie isorythmique...), les choristes (déguisés en moines médiévaux) doivent aussi faire un minimum de chorégraphie et de mime, et jouer des percussions corporelles et/ou instrumentales. Question «sortir de sa zone de confort» et «gros son mâle vs. style artistique», comment dire...

Au demeurant, sur le site des chéris à luisa, c'est plus simple: «Pas d'événements à venir.» (À moins bien sûr qu'ils ne soient en train de préparer un concert-surprise à Kiev...)

Ah, mais ce sont réellement des chanteurs lyriques recrutés par l'armée, pas juste des tambours-majors qui chantent sous la douche, hein !  Mais l'esthétique, si, j'insiste, est vraiment « gros son rauque ».

C'est assez facile à vérifier avec leur Faust, leur Requiem de Liszt, etc. (Et ils ont, évidemment, une tradition très métronomique, ce ne sont pas les princes du rubato, même lorsque dirigés par d'autres chefs que Boulanger ou Tillac.)

Pas du tout le même profil que le Chœur de l'Armée Rouge qui à l'oreille sonne comme un chœur russe de culture lyrique qui pourrait aussi bien être symphonique et liturgique…

Citation :

(À moins bien sûr qu'ils ne soient en train de préparer un concert-surprise à Kiev...)

De très belles choses en effet durant cette soirée du jeudi.
Choeur comme orchestre étaient au plus haut niveau. Cela donnait l'impression d'avoir été beaucoup travaillé : attaques parfaites, tout le monde toujours bien ensemble, sauf de petits cafouillages dans les deux fugues du Sanctus et du Libera me (mais c'est habituel !), et de très belles couleurs orchestrales, particulièrement soignées.
A part la basse, au timbre pas très séduisant et ayant parfois quelques petits problèmes de justesse, j'ai beaucoup aimé les solistes.
Eleonora Buratto a été une découverte pour moi : une très très belle voix, sublime entre autres dans le sublime Libera me.
Au début je ne reconnaissais pas la voix de Marie-Nicole Lemieux. Elle m'a semblé très différente, même de timbre ; chantant cette musique italienne comme si elle était italienne. Peut-être le travail avec Gatti ? Très bon ténor aussi, peut-être un cran au-dessous des voix féminines.
Mais ce qui m'a gêné, contrarié, c'est l'adoption par Daniel Gatti d'un tempo presque toujours trop lent, beaucoup trop lent.
Et une certaine lourdeur aussi parfois, avec des basses soulignées, d'énormes coups de grosse caisse dans le Dies irae.
J'ai eu l'imprssion qu'il avait voulu "germaniser" cette oeuvre de Verdi. Dommage !
J'ai donc été impressionné par les beautés musicales de cette exécution, mais son parti-pris m'a empêché d'être vraiment ému et touché. Je suis resté un peu en-dehors. Seule exception, le Tuba mirum, mais comment résister à ce moment-là de l'oeuvre ?

Benedictus a écrit:

Euh... La dernière fois que j'ai entendu le Chœur de l'Armée française, c'était dans... LUZIFERs ABSCHIED, le quatrième acte de SAMSTAG aus LICHT de Stockhausen - où en plus de chanter du Stockhausen (donc aussi bien du Sprechgesang que du chant diphonique ou de la polyphonie isorythmique...), les choristes (déguisés en moines médiévaux) doivent aussi faire un minimum de chorégraphie et de mime, et jouer des percussions corporelles et/ou instrumentales. Question «sortir de sa zone de confort» et «gros son mâle vs. style artistique», comment dire...

Au demeurant, sur le site des chéris à luisa, c'est plus simple: «Pas d'événements à venir.» (À moins bien sûr qu'ils ne soient en train de préparer un concert-surprise à Kiev...)

Tu devrais aller sur FB toi . Mes chéris, comme tu dis ne sont pas si inactifs que tu le penses. Et le colonel Sachnyuk, qui a remplacé le chef mort dans l'accident de noël 2016 est un travailleur acharné, ce qui signifie que même sans évènement majeur, ils continuent à bosser comme des malades. Je ne suis pas certaine que la rigueur soit du même niveau en France .

Pour revenir au requiem de Verdi, quid du quatuor de solistes ?

Phénoménal concert en ce qui me concerne, bien placé au 2e balcon presque de face, dans une oeuvre qui ne m'avait jusque là jamais totalement transporté de bout en bout.
C'était l'ONF des très grands soirs, incandescent comme rarement, transcendé par un Gatti qui semble posséder l'oeuvre au plus profond de lui-même. Très impressionnant à voir.
Dès les premières secondes on se doute que la soirée sera exceptionnelle avec l'entrée impalpable des 2 choeurs réunis (en réalité, seuls quelques hommes de l'Armée viennent compléter le choeur de RF).
Dies Irae terrassant avec des montées/descentes des cordes hallucinantes d'intensité et des trompettes supplémentaires dispersées dans les balcons qui nous prennent à la gorge, mais sans jamais saturer (je ne sais pas par quel miracle cela a-t-il été possible dans cette salle !).

J'ai été frappé par le grand geste de Gatti, à la fois très théâtral mais avec une grande rigueur.

Admirable choeur dans le Dies Irae, qu'on entendait très bien malgré les masques, un peu moins ensuite.

Je pense que Verdi n'a pas gaté les solistes dans l'écriture car comme souvent, je n'ai pas été particulièrement emballé par le quatuor, pourtant solide. Spyres m'a paru en difficulté sur ses premières interventions avant de livrer un Hostias quasi murmuré, bouleversant. La basse a fait le job sans marquer particulièrement les esprits. Burratto sonore et vaillante (dommage de ne pas avoir eu Rebeka!), j'ai préféré Lemieux, très habitée.

Public enthousiaste et salle archi complète et très concentrée, dès le début, ce qui n'est pas si fréquent au TCE.

(A noter : orchestre et choeurs non-distanciés, on était même revenu au 1 pupitre pour 2 chez les cordes).

tomseche89 a écrit:

Je pense que Verdi n'a pas gaté les solistes dans l'écriture

En termes de difficulté, assurément. En termes de qualité mélodique / dramatique, on trouvera difficilement parties plus exaltantes dans un autre Requiem, non ?

DavidLeMarrec a écrit:

tomseche89 a écrit:

Je pense que Verdi n'a pas gaté les solistes dans l'écriture

En termes de difficulté, assurément. En termes de qualité mélodique / dramatique, on trouvera difficilement parties plus exaltantes dans un autre Requiem, non ?

C'est certain . Quand j'entends parler d' "opéra sacré" c'est pas complètement faux

Si tous les opéras italiens de cette époque pouvaient avoir la même tension dramatique (et un livret de qualité équivalente), ce serait vraiment bien.

DavidLeMarrec a écrit:

Si tous les opéras italiens de cette époque pouvaient avoir la même tension dramatique (et un livret de qualité équivalente), ce serait vraiment bien.

Y faut quand même pas pousser mémé dans les orties, hein

Benedictus a écrit:

Fais gaffe aux cages cloutées des jumelles terribles toi

Beau concert; bonne acoustique au fond du 2nd balcon comme d'habitude.

L'ONF m'a semblé excellent, ce qui m'a fait tres plaisir. Découvert de nouveaux (nouvelles!) solistes, flute et hautbois notamment. La flutiste était sur scene 1/2 h avant le concert, pas courant; beau son, bel instrument....

Solistes peut-etre meilleurs que jeudi: Spyres pas mal, bel Ingemisco, bien aimé la basse qui a une belle voix contrairement à jeudi.... Bonne soprano, Lemieux bien. Choeurs masqués mais clairs et percutants.

Grande clarté avec Gatti, en effet; mais comme Fritelli, j'ai été frustré par les tempi uniformément lents et les nombreuses pauses. Ca fontionnait un bon moment mais a fini par me lasser. Tres belle fin, comme il faut.

Super d'avoir un concert non annulé, apres 3 en  janvier... Mais j'en ai marre de rester deux heures masqués, deja que le TCE n'est pas comfortable.... Bon, espérons que Nozze (le clou de ma saison) ne seront pas annulées les jours où j'y vais....

J'ai bien aimé la lecture de Gatti : concentrée, équilibrée et assez sobre. Je ne suis pas sûr d'avoir trouvé ça théâtral, les pauses marquées entre mouvements, déjà relevées, avaient plutôt tendance à rompre cet aspect.  L'orchestre était très beau, chaleureux avec beaucoup de densité, et des progressions spectaculaires et maîtrisées dans le Tuba mirum. Je crois que c'était Silvia Careddu à la flûte.

Chez les solistes j'ai préféré les femmes, surtout Lemieux, mais aussi la soprano, même si elle a un peu souffert sur la fin, les deux voix s'équilibraient par ailleurs bien entre elles dans les duos et ensembles. Spyres pas en forme, je crois que c'était la première fois que je l'entendais. Basse plutôt plate.

J'ai compté douze choristes galonnés. Les chœurs m'ont beaucoup plu, on distinguait bien le texte, les articulations, y compris les [sss].

La salle est restée à demi éclairée tout le long, ça m'a dérangé (on voit ses voisins, le garde-corps rouge devant soi, le boulon rouillé gris, la barre jaune qui soutient le projecteur, ça déconcentre). C'était déjà le cas jeudi ? C'est parce que c'est plus favorable aux caméras (c'était filmé samedi) ?

Obscurité habituelle jeudi, mais je m'interrogeais sur la présence d'une caméra sur scène, et grâce à ton message, je comprends mieux ! Ils feront sûrement des montages !

Bonjour tout le monde !

Je n'ai pas écouté les concerts à proprement parler, mais étant dans les fanfares dispersées dans la salle j'ai pu écouter toute la générale et les répétitions précédentes..

Alors geste de Gatti très large mais aussi immense et théâtral que recueilli lorsqu'il le faut..et un travail de détail très poussé. j'ai trouvé les séances de travail passionnantes ! C'est tout de même un monsieur qui en impose...

jpwol a écrit:

Je n'ai pas écouté les concerts à proprement parler, mais étant dans les fanfares dispersées dans la salle j'ai pu écouter toute la générale et les répétitions précédentes..

Alors geste de Gatti très large mais aussi immense et théâtral que recueilli lorsqu'il le faut..et un travail de détail très poussé. j'ai trouvé les séances de travail passionnantes ! C'est tout de même un monsieur qui en impose...

C'était saisissant ces fanfares !

Merci pour ton avis sur Gatti. (je sais qu'il a la réputation d'être rigoureux dans le travail et de très bien connaître les œuvres qu'il dirige.)

J'avoue ne pas partager l’enthousiasme ambiant pour ce concert. Non pas que ça ait été mauvais, mais plutôt disparate en fait.

Disparate dans les choix du chef qui va alterner les moments d'une extrême lenteur comme l'Offertoire (vraiment distendu et qui perd le petit balancement) et puis on avait la fanfare municipale dans d'autres mouvements aux cuivres vraiment trop puissants et criards (sauf ceux en salle tient!). Du coup, on passait de moment presque soporifiques à des moments qui agressaient presque l'oreille. Pour la puissance des cuivres, ça serait peut-être passé à la Philharmonie, mais au TCE c'était vraiment agressif. Sinon en effet orchestre bien (mais quelques petits flottements) et choeur impressionnant (mais des petits faux départs par moments aussi).

Du côté des solistes, Lemieux impressionnante de charisme avec cette force tragique. Buratto magnifique même si un peu courte de graves. Spyres peu à l'aise j'ai l'impression. Et la basse totalement transparente. Mais surtout, la distribution des solistes n'était pas vraiment cohérente là aussi. On avait vraiment des conceptions disparates de ce Requiem : la soprano nous offrait du grand chant verdien opératique, la mezzo une messe tragique avec une déclamation de drame, le ténor un chant belcantiste... et la basse qui fait les notes sans conception aucune.

Bref, un peu difficile pour moi de totalement entrer dans cette partition que j'adore pourtant!

Polyeucte a écrit:

On avait vraiment des conceptions disparates de ce Requiem : la soprano nous offrait du grand chant verdien opératique, la mezzo une messe tragique avec une déclamation de drame, le ténor un chant belcantiste... et la basse qui fait les notes sans conception aucune.

Avis partagé sur les chanteurs ! C'est vraiment ça !

Mon ressenti est également celui-là. J'ai été très déçu par les hommes, beaucoup trop pâles à mon goût. J'ai beaucoup aimé chœur et orchestre, mais on aurait aimé un tempo plus rapide et moins de pauses entre les pièces pour que ça soit parfait. Et contrairement à d'autres avis plus haut, le son saturait nettement dans certains tutti là où j'étais (au parterre), mais à vrai dire cela ne m'a pas dérangé plus que ça.
L'oeuvre est splendide et c'était un superbe concert au global, juste dommage pour les chanteurs...

Polyeucte a écrit:

cuivres vraiment trop puissants et criards (sauf ceux en salle tient!).

Pas du tout mon ressenti. Cuivres bien présents mais pas trop puissants ni criards ama. Etre placé loin ca devait aider sans doute.
(Bien présents, oui: et je me suis demandé si apres son assage à Amsterdam Gatti n'a pas un peu repensé/boosté la place des cuivres).

Patzak a écrit:

Polyeucte a écrit:

cuivres vraiment trop puissants et criards (sauf ceux en salle tient!).

Pas du tout mon ressenti. Cuivres bien présents mais pas trop puissants ni criards ama. Etre placé loin ca devait aider sans doute.
(Bien présents, oui: et je me suis demandé si apres son assage à Amsterdam Gatti n'a pas un peu repensé/boosté la place des cuivres).

Ben j'étais au troisième rang du deuxième balcon, et sur un côté, donc pas vraiment en face. Et par moments, c'était vraiment trop agressif à mon goût, couvrant le reste de l'orchestre et les chanteurs.

Polyeucte a écrit:

Ben j'étais au troisième rang du deuxième balcon, et sur un côté, donc pas vraiment en face.

A peu pres comme moi, donc. J'ai trouvé les cuivres plus présents que souvent, mais dosés à mon gout et bien sonnantes. Mais bon, le dosage est une question de gout, c'est sur.

jpwol a écrit:

Bonjour tout le monde !

Je n'ai pas écouté les concerts à proprement parler, mais étant dans les fanfares dispersées dans la salle j'ai pu écouter toute la générale et les répétitions précédentes..

Alors geste de Gatti très large mais aussi immense et théâtral que recueilli lorsqu'il le faut..et un travail de détail très poussé. j'ai trouvé les séances de travail passionnantes ! C'est tout de même un monsieur qui en impose...

Bravo ! Car c'est le seul passage qui m'ait vraiment transporté; Et contrairement à d'autres parties, cela ne m'a pas semblé trop lent.
On a bien senti en effet qu'il y avait eu un gros travail de mise au point durant les répétitions... y compris dans les changements de tempo plutôt mal venus, en plein milieu des morceaux !

Personnellement je ne trouve pas qu'il y avait trop de cuivres... à la générale Gatti en demandait toujours plus dans certains passages du Dies Irae !
Mais bon mon avis n'est peut-être pas très objectif, c'est rare que je trouve les cuivres trop présents

Le Dies Irae etait superbe....

Daniele Gatti, en bon italien, connait son Verdi. Nulle besoin de partition pour diriger. Tout est dans sa tête, dans son cœur et dans chacun de ses membres. Et ce que l'on peut dire de sa direction, c'est qu'elle est habitée, réfléchie, claire, construite, en un mot, cérébrale. Le soin apporté aux nuances est constant, le phrasé toujours travaillé, la masse orchestrale domptée. Si l'acoustique du Théâtre des Champs-Elysées peut parfois être un peu récalcitrante, elle n'empêche pas d'apprécier les splendeurs de cette oeuvre. Ainsi, la première partie sobre, Requiem & Kyrie, laisse place aux fulgurances fascinantes du Dies Irae. Le tempo, pris de façon raisonnable permet d'apprécier les différents plans sonores, riches, malgré la cohésion et la densité des pupitres. Les cuivres sont saillants, le ton très théâtral. Et surtout, le chœur demeure très clair dans la majeure partie de ses interventions. Notamment dans la périlleuse fugue du Sanctus. Enfin, le Libera Me, loin d'êtres joué dans des effets racoleurs, fait le pari de l'émotion et du recueillement. Ainsi, les accords ponctuant les interventions du chœur sont davantage des réponses que des admonestations.

La quatuor vocal mérite que l'on y consacre quelques lignes. Car ne nous y trompons pas, il s'agit ici du gros point fort de cette interprétation. Les solistes sont chacun d'entre eux très sollicités. La prime revenant à la sublime contralto Marie-Nicole Lemieux. Chacune de ses interventions tenant en haleine l'ensemble du Théâtre des Champs-Elysées. Droite, visage grave, chignon strict, on sent qu'elle prend sa tâche très au sérieux. Dès les premières notes du Liber Scriptus elle conquiert la salle, avec un vibrato à faire pleurer, une ligne musicale jamais prise en défaut et une prosodie à tomber. Son timbre clair, chaud, riche et puissant, sert les notes et les mots avec dévotion. Même lorsqu'elle reprend sa respiration, il se passe quelque chose de musical. Elle poursuit son oeuvre dans le Quid sum miser et le Recordade avant de nous achever d'émotions dans le Lacrymosa. La voix de Marie-Nicole Lemieux est un refuge, comme la lumière que l'on cherche quand on est dans l'obscurité. Au sujet de la soprano Eleonora Buratto, on la découvre peu à peu durant la majeure partie de l'ouvre tout en sachant que son moment n'arrive qu'à la toute fin. Et quel moment. Quel Libera Me venu du fond du cœur. Saluons avant tout la sobriété de son chant, le peu d'effet s grandiloquents mais au contraire, la technique assurée, la justesse à toute épreuve la la précision dans la musicalité. Sa puissance dans les aigus, son aisance à dompter l'orchestre, font de ce passage un moment mémorable. Le ténor Michael Spyres, bien que visiblement fatigué, n'a absolument pas démérité. Sa vigueur dans l'Ingemisco fait mouche, ainsi que sa force de conviction dans ce texte si fort. Son timbre, plein de vie et de clarté a illumine. Enfin, la basse Riccardo Zanellato a impressionné par la profondeur de son timbre, ses attaques toujours bien senties et aussi, dans son travail sur le rythme, surtout dans le Confutatis.

Enfin, les chœurs se sont illustrés de façon remarquables, bien entendu dans l'ensemble de la sequentia mais bien évidemment dans le Libera Me conclusif, où l'alliance des forces du Chœur de Radio France et du Chœur de l'armée française a fait mouche.

Il en résulte un Requiem de Verdi interprété remarquablement. Peut-être pas aussi puissant émotionnellement que d'autres propositions, mais éminemment cérébral dans son architecture et la gestion de ses séquences. De quoi passer tout de même une grande soirée !

Sinon plusieurs critiques sont sorties:

Olyrix

ResMusica

Wanderer

Bachtrack