PP – Ligeti, Wagner, Jolas, Brahms – Rattle, LSO – 20/06/22

LUNDI 20 JUIN 2022 – 20h30
Grande salle Pierre Boulez, Philharmonie de Paris

György Ligeti — Atmosphères

Richard Wagner — Prélude de Lohengrin

Betsy Jolas — Histoires vraies *

Johannes Brahms — Symphonie n° 2

London Symphony Orchestra
Sir Simon Rattle, direction
Roger Muraro, piano *

Håkan Hardenberger, trompette *

Salle bien remplie pour la conclusion de la saison symphonique de la Philharmonie. Le concert s’ouvrait par un enchaînement particulièrement heureux entre les Atmosphères de Ligeti et le prélude de Lohengrin : quelqu’un qui ne connaîtrait aucune de ces pièces pourrait très bien penser qu’il s’agit de deux mouvements d’une même œuvre. Simon Rattle n’a du reste pas l’apanage de cette idée : Christoph von Dohnányi l’avait déjà proposée dans cette même salle avec l’Orchestre de Paris en 2018. Le LSO a brillé dans les parties divisées de Ligeti, insaisissables et jouées avec aisance et naturel. Beau prélude wagnérien mais un peu mou et pas assez vivant à mon goût.

L’œuvre de Betsy Jolas m’a plutôt ennuyé : vite répétitive, par épisodes bien séparés mais finalement peu différenciés dans l’écriture (à mes oreilles bien sûr). Le piano semble jouer à côté des autres musiciens, en courtes foucades. La trompette soliste est plus intégrée au tissu orchestral, dialoguant notamment avec ses congénères, jouant souvent en sourdine dans l’aigu (très brillant Hardenberger). Ça m’a évoqué Ives dans l’esprit, mais j’ai trouvé l’orchestration peu inspirée et le tout assez pataud. Moment touchant à la fin lorsque Rattle est descendu au parterre embrasser la compositrice de 95 ans, applaudie depuis la scène par les solistes et l’orchestre.

La symphonie : beaucoup de qualités. Le LSO d’abord : coloré, aéré, des cordes ductiles et différenciées qui font entendre toutes leurs lignes, toujours chantantes. Des vents pudiques qui s'intègrent toujours au tissu orchestral. Pourtant j’ai un peu fait la fine bouche : j’ai trouvé Rattle trop tranquille, se complaisant dans une luminosité aimable et souriante, dans des tempos assez alanguis. (c’était quand même de toute beauté.)

Pavane de Fauré en bis, absolument délicieuse grâce aux pianississimi de la flûte de Gareth Davies et des pizz des cordes.

Mon dernier concert de la saison à la Philharmonie. Ai eu le plaisir de faire la connaissance de Fritelli.  

mickt a écrit:

Le concert s’ouvrait par un enchaînement particulièrement heureux entre les Atmosphères de Ligeti et le prélude de Lohengrin : quelqu’un qui ne connaîtrait aucune de ces pièces pourrait très bien penser qu’il s’agit de deux mouvements d’une même œuvre.

C'est ironique?

Xavier a écrit:

mickt a écrit:

Le concert s’ouvrait par un enchaînement particulièrement heureux entre les Atmosphères de Ligeti et le prélude de Lohengrin : quelqu’un qui ne connaîtrait aucune de ces pièces pourrait très bien penser qu’il s’agit de deux mouvements d’une même œuvre.

C'est ironique?

Non.   On a vraiment l'impression que le délicat enchevêtrement non hiérarchisé de Ligeti vient se réaliser et s'épanouir dans le prélude de Lohengrin. Les couleurs irisées et les harmoniques de cordes rapprochent aussi les deux pièces. (et Ligeti a apparemment cité le prélude de Lohengrin ainsi que celui de l'Or du Rhin comme précurseurs de l'écriture statique d'Atmosphères : https://en.wikipedia.org/wiki/Atmosphères ) (mais évidemment il faut un auditeur peu averti ou très distrait pour penser qu'il s'agit du même compositeur.)

Pour Rheingold je comprends déjà un peu mieux, car un seul accord aussi longtemps, c'est tellement nouveau et inouï qu'on ne peut plus du tout sentir d'harmonie fonctionnelle.
Mais Lohengrin, c'est tellement du pur romantisme... certes plus statique que beaucoup d'autres oeuvres de cette époque, oui.

Ceci dit, je conçois que l'enchaînement des deux puisse assez bien fonctionner.

C'est surtout les premiers instants qui créent l'effet de rapprochement, les cordes qui créent un halo à peine perceptible, après Atmosphères dont la conclusion est indécise.

mickt a écrit:

Moment touchant à la fin lorsque Rattle est descendu au parterre embrasser la compositrice de 95 ans, applaudie depuis la scène par les solistes et l’orchestre.

Merci du CR! Pas pu prendre ce concert, malheureusement.... Je ne pensais pas que Betsy Jolas était encore de ce monde: tu as de la chance de la voir en chair et en os. Je ne comprends pas qu'on ne la programme pas (un peu) plus souvent.

Patzak a écrit:

Je ne pensais pas que Betsy Jolas était encore de ce monde: tu as de la chance de la voir en chair et en os. Je ne comprends pas qu'on ne la programme pas (un peu) plus souvent.

L'Orchestre de Paris lui a même passé commande d'une œuvre la saison prochaine, The Latest, qui sera jouée avant la 2e de Mahler. Il y aura un concert de musique de chambre avec plusieurs de ses œuvres aussi. Elle avait l'air en forme.

mickt a écrit:

LUNDI 20 JUIN 2022 – 20h30
Grande salle Pierre Boulez, Philharmonie de Paris

György Ligeti — Atmosphères

Richard Wagner — Prélude de Lohengrin

Betsy Jolas — Histoires vraies *

Johannes Brahms — Symphonie n° 2

London Symphony Orchestra
Sir Simon Rattle, direction
Roger Muraro, piano *

Håkan Hardenberger, trompette *

Salle bien remplie pour la conclusion de la saison symphonique de la Philharmonie. Le concert s’ouvrait par un enchaînement particulièrement heureux entre les Atmosphères de Ligeti et le prélude de Lohengrin : quelqu’un qui ne connaîtrait aucune de ces pièces pourrait très bien penser qu’il s’agit de deux mouvements d’une même œuvre. Simon Rattle n’a du reste pas l’apanage de cette idée : Christoph von Dohnányi l’avait déjà proposée dans cette même salle avec l’Orchestre de Paris en 2018. Le LSO a brillé dans les parties divisées de Ligeti, insaisissables et jouées avec aisance et naturel. Beau prélude wagnérien mais un peu mou et pas assez vivant à mon goût.

L’œuvre de Betsy Jolas m’a plutôt ennuyé : vite répétitive, par épisodes bien séparés mais finalement peu différenciés dans l’écriture (à mes oreilles bien sûr). Le piano semble jouer à côté des autres musiciens, en courtes foucades. La trompette soliste est plus intégrée au tissu orchestral, dialoguant notamment avec ses congénères, jouant souvent en sourdine dans l’aigu (très brillant Hardenberger). Ça m’a évoqué Ives dans l’esprit, mais j’ai trouvé l’orchestration peu inspirée et le tout assez pataud. Moment touchant à la fin lorsque Rattle est descendu au parterre embrasser la compositrice de 95 ans, applaudie depuis la scène par les solistes et l’orchestre.

La symphonie : beaucoup de qualités. Le LSO d’abord : coloré, aéré, des cordes ductiles et différenciées qui font entendre toutes leurs lignes, toujours chantantes. Des vents pudiques qui s'intègrent toujours au tissu orchestral. Pourtant j’ai un peu fait la fine bouche : j’ai trouvé Rattle trop tranquille, se complaisant dans une luminosité aimable et souriante, dans des tempos assez alanguis. (c’était quand même de toute beauté.)

Pavane de Fauré en bis, absolument délicieuse grâce aux pianississimi de la flûte de Gareth Davies et des pizz des cordes.

Mon dernier concert de la saison à la Philharmonie. Ai eu le plaisir de faire la connaissance de Fritelli.  

Le plaisir était partagé

En ce qui concerne l'enchaînement Ligeti-Wagner, il aurait fallu être particulièrement dans les nuages pour ne pas s'apercevoir du changement !
Ceci dit, il y a quelques instants de surprise, où on est désappointé, puis très vite "Ah mais c'est Lohengrin !".
J'ai beauoup aimé l'interprétation par Rattle de Lohengrin, très lente, très extatique ; l'arrivée des cuivres n'en est que plus impressionnante.
Mais je crois que, comme pour Salonen, j'aime tout ce que fait Rattle, quels que soient ses choix interprétatifs.

Le Concerto de Betsy Jolas, j'ai réussi à l'écouter avec intérêt, moi qui n'aime pas cette musique, grâce à Hardenberger, qui joue toujours à la perfection, avec une sonorité ronde et douce, très agréable.
Pour la symphonie de Brahms,  il m'a semblé que le pupitre des cordes était allêgé, et donc qu'elles avaient moins de présence, à la manière des orchestres d'instruments d'époque.
Mais ça ne m'étonne pas de ce chef qui n'hésite pas à diriger aussi ces'orchestres.

Le bis a été une divine surprise : je crois n'avoir jamais entendu cette Pavane aussi bien interprétée. Fluidité, légèreté, transparence, clarté, un très léger rubato, c'était parfait, et jamais l'orchestration de Fauré,
que l'on dit peu intéressé par l'orchestration, ne m'a paru dans cette oeuvre, aussi réussie. Quelques minutes d'extase ! Dommage qu'il n'ait pas bissé le bis !

Rendez-vous au 7 septembre.

Fritelli a écrit:

Rendez-vous au 7 septembre.

Tu veux dire le 6 septembre (tu ne vas pas rater l'Eroique quand meme?)

Patzak a écrit:

Fritelli a écrit:

Rendez-vous au 7 septembre.

Tu veux dire le 6 septembre (tu ne vas pas rater l'Eroique quand meme?)

Mais si !
Car j'ai un consternant défaut (parmi d'autres) : Beethoven m'ennuie. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé !
Alors pour moi, Szymanowski, Chausson et Dvorak, c'est tellement mieux !